Métaphore - Figure de style [définition et exemples]
Histoire de la métaphore
La métaphore, du grec metaphorá qui veut dire « transport », est une figure de style très ancienne issue de la rhétorique antique. Aristote, dans sa Poétique, la citait déjà comme l’un des principaux procédés de la langue. À sa suite, de nombreux auteurs antiques ont utilisé et théorisé la métaphore. On peut citer Cicéron et même certains grammairiens arabes. Tous ces auteurs ne s’entendaient pas forcément sur la classification et la définition de cette figure de style.
La métaphore est une figure majeure de la littérature : qu’elle soit antique ou contemporaine, les écrivains y ont très souvent recours. Elle est également utilisée en sciences humaines.
Définition de la métaphore
Une métaphore est une figure de style qui consiste à désigner une idée ou une chose en employant un autre mot que celui qui conviendrait. Ce mot est lié à la chose que l’on veut désigner par un rapport de ressemblance. C’est ainsi que l’on dit que la métaphore est régie par le principe de l’analogie, c’est-à-dire qu’on associe deux choses qui nous semblent similaires.
Pierre Fontanier, dans ses Figures du discours, donne la définition suivante de la métaphore :
Métaphore, en grec μεταφορα [metaphora], transposition, translation ; de μεταφερω [metapherô], transporter, dérivé de φερω [pherô], porter, et de μετα [meta], au delà. En effet, par la Métaphore, on transporte, pour ainsi dire, un mot d’une idée à laquelle il est affecté, à une autre idée dont il est propre à faire ressortir la ressemblance avec la première.
Pierre Fontanier, Les Figures du discours, p. 261 (il souligne)
Il s’agit de traduire le réel sous la forme d’une image. C’est d’ailleurs là que réside la difficulté de la métaphore : en fonction des sensibilités des personnes, des cultures etc., les rapprochements que l’on peut faire peuvent varier et il peut être dur d’identifier cette figure de style.
La métaphore est constituée de deux éléments : le comparé et le comparant. Le premier est l’objet, la personne ou la chose que l’on compare et le second est ce à quoi on le rapproche. Par exemple, si l’on dit : « Cette femme est une véritable déesse », « femme » est le comparé et « déesse » le comparant.
Il existe plusieurs types de métaphore :
la métaphore in praesentia : désigne une métaphore où le comparant et le comparé sont présents tous les deux dans la phrase. Exemple : « Cette femme est une véritable déesse »,
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la métaphore in absentia : désigne une métaphore dont le comparé est absent. On peut prendre l’exemple de Victor Hugo, « l’or du soir », pour désigner le soleil couchant : le comparé, le soleil, n’est pas présent.
la métaphore filée : désigne une métaphore qui s’étend sur plusieurs phrases grâce à l’utilisation d’un champ lexical similaire. Zola est réputé pour son utilisation des métaphores filées.
On peut également citer la catachrèse, une métaphore devenue tellement commune qu’elle est entrée dans la langue courante, comme par exemple : « les pieds d’une table », la « feuille de papier », « courir un danger »…
Enfin, Pierre Fontanier distingue la « métaphore physique » et la « métaphore morale » :
[…] la Métaphore physique, c’est-à-dire, celle où deux objets physiques, animés ou inanimée, sont comparés entre eux ; la Métaphore morale, c’est-à-dire celle où quelque chose d’abstrait, de métaphysique, quelque chose de l’ordre moral se trouve comparé avec quelque chose de physique, et qui affecte les sens, soit que le transport ait lieu du second au premier, ou du premier au second.
Ibid, p. 103, il souligne
Quelle est la différence entre métaphore et comparaison ?
Par sa définition, la métaphore est proche de la comparaison qui, elle aussi, sert à rapprocher deux choses similaires. La seule différence est que la comparaison s’appuie sur un mot qui explicite le rapprochement entre les deux termes (il s’agit le plus souvent de mots comme « tel », « comme », « ainsi que », « autant que » etc.).
La métaphore n’utilise pas cet outil, la comparaison entre les deux termes est donc plus implicite et parfois plus difficile à déceler.
Exemples de métaphores
Voici quelques exemples de métaphores tirés de la littérature. N’hésitez pas à partager les vôtres en commentaire.
Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
Victor Hugo, Demain, dès l’aube, Les Contemplations.
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur
Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage.
Baudelaire, L’Ennemi
Terre arable du songe !
Saint-John Perse, Anabase, X
Je me suis baigné dans le poème de la mer.
Arthur Rimbaud, Le Bateau ivre
Un gros serpent de fumée noire.
Guy de Maupassant, La Peur
Mais Paris est un véritable océan. Jetez-y la sonde, vous n’en connaîtrez jamais la profondeur.
Balzac, Le Père Goriot
Le lac, divin miroir.
Alfred de Vigny
Tu es la terre qui prend racine.
Paul Eluard
Adolphe essaie de cacher l’ennui que lui donne ce torrent de paroles, qui commence à moitié chemin de son domicile et qui ne trouve pas de mer où se jeter.
Balzac, Petites misères de la vie conjugale.
Cet homme (…) mordant et déchirant les idées et les croyances d’une seule parole.
Maupassant, Auprès d’un mort
Soir de Paris ivre du gin
Apollinaire, La Chanson du mal-aimé
Flambant de l’électricité.
Pour aller plus loin :
nono789