Paul Verlaine, Poèmes saturniens : Sérénade
Sûrement le recueil de poésie le plus connu de Paul Verlaine et son premier, les Poèmes saturniens ont été publiés à compte d'auteur en 1866 chez l'éditeur Alphonse Lemerre lorsqu'il n'avait que 22 ans.
Pour citer l'œuvre : Poèmes saturniens , Vanier, 1902, Œuvres complètes, volume I (p. 49-50).
Comme la voix d’un mort qui chanterait
Du fond de sa fosse,
Maîtresse, entends monter vers ton retrait
Ma voix aigre et fausse.
Ouvre ton âme et ton oreille au son
De ma mandoline :
Pour toi j’ai fait, pour toi, cette chanson
Cruelle et câline.
Je chanterai tes yeux d’or et d’onyx
Purs de toutes ombres,
Puis le Léthé de ton sein, puis le Styx
De tes cheveux sombres.
Comme la voix d’un mort qui chanterait
Du fond de sa fosse,
Maîtresse, entends monter vers ton retrait
Ma voix aigre et fausse.
Puis je louerai beaucoup, comme il convient,
Cette chair bénie
Dont le parfum opulent me revient
Les nuits d’insomnie.
Et pour finir, je dirai le baiser
De ta lèvre rouge,
Et ta douceur à me martyriser,
— Mon Ange ! — ma Gouge !
Ouvre ton âme et ton oreille au son
De ma mandoline :
Pour toi j’ai fait, pour toi, cette chanson
Cruelle et câline.
Commentaire de texte de Paul Verlaine : Sérénade
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L'auteur : Paul Verlaine
Paul Verlaine (1844 - 1896) est un écrivain et poète français, compagnon de route d'Arthur Rimbaud à partir de septembre 1871. Archétype du poète maudit, il est vu comme un maître par la génération suivante.