Découvrez 309 magnifiques citations de Jean d'Ormesson
Jean d’Ormesson (ou Jean d’O pour les intimes) est un écrivain, journaliste et philosophe français. Il a été le directeur général du Figaro et est élu à l’Académie française en 1973.
De par son érudition et après la publication d’une quarantaine d’ouvrages, il est considéré comme l’ambassadeur médiatique de l’Académie. Il participe en effet à de nombreuses émissions télévisées pour défendre les travaux des Immortels et transmettre son amour de la littérature.
Jean d’Ormesson a disparu en 2017 et demeure une figure emblématique de la culture française. Dans cet article, nous listons 309 magnifiques citations de cet écrivain hors norme. Bonne lecture et n’hésitez pas à ajouter les citations qui manquent en commentaire.
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Pourquoi y a-t-il quelque chose au lieu de rien ?
Jean d'Ormesson — Comme un chant d'espérance -
La ferme africaine est le plus célèbre des romans de Karen Blixen, à la fois mémoires de la période où elle a vécu dans une plantation de café au Kenya et portrait du début du déclin de l'impérialisme européen. (...) Voici un roman qui traite de la disparition de l'impérialisme et de déplacement, de sauvagerie, de beauté et de lutte humaine. Célébré comme l'une des plus grandes élégies pastorales du modernisme, c'est par-dessus tout un livre sur l'Afrique.
Jean d'Ormesson — Les 1001 livres qu'il faut avoir lus dans sa vie -
Vivre est une occupation de tous les instants.
Jean d'Ormesson — Un hosanna sans fin -
La légèreté est belle quand elle est alliée à la profondeur.
Jean d'Ormesson -
Je crois que ce que nous appelons réalité est une sorte de rêve solide, cohérent, continu, passager et fragile, lié à . Je l'espace et au temps. Comme la scène d'un théâtre dont nous serions les acteurs, où nous entrerions en naissant et d'où nous sortirions en mourant. Je crois que le temps mêlé à l'espace, est une bulle dont nous sommes prisonniers. Une parenthèse dans l'éternité. Je crois que la mort est le but et le sommet d'une vie dont elle marque le retour à l'éternité primitive. Je crois que la vie est une aventure, une crise, un paradoxe et une ironie. Je crois que la mort est une victoire camouflée en défaite et le seuil à franchir pour entrer dans une justice et une vérité dont nous ne poursuivons ici-bas que les ombres. P.258-259
Jean d'Ormesson — Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit -
L'extraordinaire postérité du Grand Meaulnes n'est pas seulement liée au fait qu'il soit le seul roman d'Alain-Fournier, mort dans les tranchées au début de la guerre, à l'âge de vingt-huit ans : elle est due avant tout à la beauté énigmatique de son univers, à son atmosphère onirique et au charisme de ses héros, adolescents qui fuient l'entrée dans le monde adulte.
Jean d'Ormesson — Les 1001 livres qu'il faut avoir lus dans sa vie -
Mille et un livres! C'est beaucoup - et c'est peu. C'est beaucoup pour une seule personne, pour vous ou pour moi. Et je doute que même les plus cultivés d'entre nous aient une connaissance approfondie des héros et des aventures de chacun de ces ouvrages. C'est peu, et même très peu, au regard des centaines et des centaines de milliers de livres qui ont vu le jour, à un rythme sans cesse croissant, depuis vingt ou vingt-cinq siècles - Jean d'Ormesson
Jean d'Ormesson — Les 1001 livres qu'il faut avoir lus dans sa vie -
L'intelligence : c'est de ne pas savoir faire ce que font les autres. L'intelligence, c'est de ne pas être doué. Les dons servent à quelque chose tandis que l'intelligence, ça ne sert à rien.
Jean d'Ormesson — Tant que vous penserez à moi -
Ce qui nous unissait, c'était l'amitié. C'était aussi le mécontentement. Sous des noms divers, le mécontentement est le sentiment dominant de notre temps. Les gens ne sont pas heureux. Ils se plaignent. Ils ont peur.
Jean d'Ormesson — Casimir mène la grande vie -
Il a compris très vite que savoir presque tout ne vous apporte presque rien.
Jean d'Ormesson — Casimir mène la grande vie -
Le président de ce petit pays était un homme charmant. Il avait tué pas mal de monde, mais il était drôle et cultivé.
Jean d'Ormesson — Casimir mène la grande vie -
Les religions servent à ça : donner de l'espoir que tout ne sera pas fini après notre fin inévitable. Et imposer du même coup, par un système de punitions et de récompenses dans l'autre monde, une morale collective à l'humanité.
Jean d'Ormesson — Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit -
Avant les hommes pas de mal. Pas l’ombre du moindre mal. Mais dès que les hommes surgissent, malheureux et coupables en dépit de leurs triomphes, le mal est comme chez lui en même temps que la pensée et il règne presque en maître. pourquoi ne règnerait-il pas sur moi puisqu’il règne sur nous tous ?
Jean d'Ormesson — Je dirai malgré tout que cette vie fut belle -
p 80 - Le rêve du Vieux (extrait) Il n'y a jamais eu qu'un roman : c'est le roman de l'univers. Et il y a un seul romancier : c'est moi. [...]. Il y a l'amour, le savoir, l'intelligence, la curiosité, l'ambition et tous leurs succédanés : la rivalité, la haine, l'envie, la jalousie, la fureur, la bêtise, la folie. Il y a la guerre, le chagrin, le malheur, la révolte. Vous mettez tous cela ensemble, vous secouez le puzzle, vous en faites tomber des morceaux, vous peignez des Vierges, des courtisanes et des pommes, vous sculptez des saints et des héros, vous élevez des pyramides, des temples, des cathédrales, des échangeurs et des ponts suspendus, vous écrivez des romans, des tragédies, des Mémoires, des symphonies, des systèmes de l'univers, des manuels du pêcheur ou du parfait bricoleur et des théogonies. Vous aimezn vous souffrez, vous vous souvenez, vous vous massacrez, vous découvrez des vieux : c'est le roman du monde.
Jean d'Ormesson — C’est une chose étrange à la fin que le monde -
n’avez-vous pas compris que ce qui nous tire vers le bas et nous précipite dans le malheur, c’est ce culte du bonheur et la folie de sa recherche ?
Jean d'Ormesson — Je dirai malgré tout que cette vie fut belle -
Comme dans n'importe quel jeu, il y a dans le jeu de l'histoire, avant et après la vie et la pensée, des gagnants et des perdants, des vainqueurs et des vaincus. Les hommes attribuent souvent les hasards qui ont décidé de leur destin à ce qu'ils appellent leur étoile. Il n'y a pas de grande figure, de conquérant, de découvreur, d'inventeur, de créateur qui n'ait pas, au moins une fois dans sa vie, été servi par le hasard. Une rencontre. Une occasion. Une situation passagère à saisir par les cheveux. Les Grecs anciens honoraient un petit dieu appelé Kairos, qui veillait sur l'instant opportun, sur le moment précis où il fallait s'emparer de l'avenir. L'empereur Napoléon, qui plus que personne, croyait à son étoile, avait l'habitude de demander à l'officier à qui il avait l'intention de confier un commandement s'il était heureux - c'est-à-dire s'il avait de la chance.
Jean d'Ormesson — Comme un chant d'espérance -
Ce qu'il y a de commode, et de dangereux, dans le passé, c'est qu'il est là, tout fait, pesant, insistant, agressif et inerte. L'avenir, évidemment, est plus riche de promesses, plus allègre, plus vivant. Mais il faut savoir le deviner. Et, mieux encore, l'inventer.
Jean d'Ormesson — Dieu, les affaires et nous. Chroniques d'un demi siècle -
Selon Jorge Luis Borges, le genre littéraire qu'est le "roman d'imagination raisonnée" est apparu pour la première fois en espagnol dans cette oeuvre. (...) Ce roman qui triomphe de l'association habituellement établie entre la fantaisie et la brièveté, explore une thèse unique : la possibilité d'enregistrer les sentiments et les événements d'une vie puis de les reproduire mécaniquement pour tous. (...) La fantaisie joue ainsi sur l'approche littéraire. Fable qui traite de l'immortalité et du désir de préserver les souvenirs du bonheur, L'invention de Morel est aussi un conte humoristique sur la perception erronée de soi, une parodie de l'ambiguïté et de la fidélité en amour, ainsi que l'un des premiers exemples littéraires situés aux confins de la fiction. (...) Adolfo Bioy Casares - L'invention de Morel
Jean d'Ormesson — Les 1001 livres qu'il faut avoir lus dans sa vie -
La vie est naturellement une vallée de larmes. Elle est aussi une vallée de roses." Jean d'Ormesson
Jean d'Ormesson -
A quelques mètres à peine de la terrasse de San Miniato où je suis en train d'écrire sous le pâle soleil du printemps, il traîne encore, ce vieux journal au papier quadrillé et à la couverture rouge taché ici et là par les embruns de l'Egée, dans la malle magique des souvenirs évanouis. Il me suffit de l'ouvrir, un demi-siècle après le voyage, pour que l'air de la mer envahisse la Toscane. Et que le vent du soir se lève dans ma mémoire. Car ce qui a été ne peut pas cesser d'être. P. 186
Jean d'Ormesson — Tous les hommes en sont fous -
Peu de temps après le procès du roi, Malesherbes lui-même est envoyé à la guillotine. En descendant de la charrette au petit matin, il heurte un pavé et manque et manque de tomber. Il s'écrit avec un sourire : _ Encore une journée qui commence bien ! Un Romain serait rentré chez lui.
Jean d'Ormesson — Et moi, je vis toujours -
Peut-être le faut-il - le faut-il? parler un peu de moi. Deux mots. Pas un de plus. Les autres ne cessaient jamais, collés à leurs passions, d'être ce qu'ils étaient. Chateaubriand était un épicurien à l'imagination religieuse ; Malraux, c'était l'Asie, l'Espagne, l'engagement, le culte de l'art contre la mort ; Montherlant, de la hauteur tempérée par l'alternance ; Aragon, un paysan de Paris saisi par le communisme ; Jules Romain, l'âme des foules travaillée par le canular ; Gide, le combat sans répit et toujours contrôlé du désir et du dépouillement ; Claudel jetait sur l'univers son filet catholique. Ah! bravo! Encore bravo. Fanfares, cours magistraux et obsèques nationales. Adeline aimait son fourneau ; Proust aimait les chauffeurs, les duchesses, les pavés mal assemblés où le pied se tordait, les madeleines trempées dans le thé ; Picasso, la peinture et ses révolutions ; Einstein, l'espace et le temps en train de se confondre jusqu'à ne plus faire qu'un. Mon grand-père aimait le passé, le Professeur aimait son livre, Éric ne pensait qu'à une chose, et ce n'était pas à Leïla : c'était à changer le monde. Tout cela, qui faisait les livres et la vie, était construit sur le roc et toujours semblable à soi-même. Moi, qu'est-ce que j'étais donc, qu'est-ce que je pouvais bien être? Je vais vous le dire : je n'étais rien.
Jean d'Ormesson — Casimir mène la grande vie -
Pour plusieurs raisons qui apparaîtront bientôt, ces récits répétés ont pesé sur ma vie. Et d'abord parce qu'ils ont provoqué chez moi une soif ardente de voyages. Quoi ! Il y avait des pays où les magnolias poussaient à trois mille mètres d'altitude et dont ni mon grand-père, ni le doyen Mouchoux, ni Stendhal, ni Flaubert, ni Aragon, que je lisais ne m'avais rien dit ! J'étouffais. Plessis-lez-Vaudreuil m'apparaissait soudain sous les traits d'une prison. P. 66
Jean d'Ormesson — Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit -
il y avait quelques années déjà que je n'avais rien publié. Avec raison. La masse prodigieuse des nouveaux livres me remplissait d'un découragement contre lequel le silence seul était capable de lutter. Je me disais que nous allions vers un temps où il y aurait plus d'auteurs que de lecteurs ... seuls quelques esprits d'exception, ivres de littérature, refuseraient encore de se dire écrivains. P. 38-39 NDL : Comme il était clairvoyant, ce livre date de 1985 et depuis il se publie de plus en plus de livres.
Jean d'Ormesson — Le Vent du soir -
Déployés dans l'espace et dans le temps, notre savoir et notre puissance sont bornés avec rigueur, là-haut, dans le passé, par notre fameux mur de Planck, et là-bas, dans l'avenir, par notre non moins fameuse mort. Tout ce que nous pouvons faire, et en deçà et au-delà, c'est inventer, rêver, imaginer. P. 19
Jean d'Ormesson — Comme un chant d'espérance -
Dieu est dans le temps, dans la lumière, dans la marche des astres. Il est aussi dans le vent et dans l'eau, dans la fleur qui s'ouvre, dans la chenille qui devient papillon, dans l'éléphant qui voit le jour, dans l'autruche qui sort de sa coquille, dans tout ce qui naît et qui change.
Jean d'Ormesson — Comme un chant d'espérance -
Presque autant que le temps, moins cruelle, plus tendre, moins secrète et moins mystérieuse, mais tout aussi répandue à travers tout l’univers, la lumière m’a toujours semblé murmurer en silence quelque chose de Dieu.
Jean d'Ormesson — Comme un chant d'espérance -
Le besoin d’être seuls que ressentent tant d’êtres très heureux ou très malheureux, c’est d’abord un besoin d’être seuls pour mieux retourner dans leur tête, sans avoir à répondre aux questions, sans avoir à être attentifs pour être polis, les images de bonheur ou de désespoir qui se bousculent sous leur crâne.
Jean d'Ormesson — Un amour pour rien -
La vie et la mort sont unies si étroitement qu'elles n'ont de sens que l'une par l'autre.
Jean d'Ormesson — Histoire du Juif errant -
Avant le tout, il n'y avait rien. Après le tout, qu'y aura-t-il ? Que seraient les hommes sans le tout ? Rien du tout. Ils n'existeraient même pas puisqu'ils sont comme une fleur et comme un fruit du tout. Nous sommes un très petit, un minuscule fragment du tout. Mais que serait le tout sans les hommes ? Personne ne pourrait rien en dire puisqu'il n'y a que les hommes pour en parler. Le tout, sans les hommes, serait absent et mort.
Jean d'Ormesson — Presque rien sur presque tout -
Rivarol ou Chamfort : lequel des deux glisse à un bel esprit qui laisse des papiers griffonnés dépasser largement de la poche de son habit : "Méfiez vous ! Si on ne vous connaissait pas, on vous les volerait " ? (p.56)
Jean d'Ormesson — Qu'ai-je donc fait ? -
Je n'aime pas beaucoup les souvenirs : j'oublie. Je n'aime pas beaucoup les lettres : je les perds.
Jean d'Ormesson — Tant que vous penserez à moi -
... Alcquié...qui ouvrait son cours de khâgne à Louis-le-Grand par ces fortes paroles proférées en bégayant et avec un accent du Sud-Ouest : - Vous avez entendu trois rumeurs me concernant : que j'étais homo-homosexuel, que je fréquentais les b-bordels et que j'avais ramassé ma femme dans une m-maison de passe... De ces trois assertions, il n'y en a que d-deux de vraies. (p.161)
Jean d'Ormesson — Je dirai malgré tout que cette vie fut belle -
Je souffrais d’une maladie infantile difficile à détecter : l’absence de rébellion.
Jean d'Ormesson — Je dirai malgré tout que cette vie fut belle -
Devant Hitler, elle ne pensait à rien. Elle éprouvait un malaise. Elle le dissimulait en partie à cause de son amant. Elle ne se privait pourtant pas d'en parler à mots couverts avec lui. _ Il me fait un peu peur, lui disait-elle. _ Aux autres aussi, grâce à Dieu. Et beaucoup plus qu'un peu, répondait Rudolf Hess. _ Et à toi ? _ C'est mon chef.
Jean d'Ormesson — Le Bonheur à San Miniato -
Enfin, tu ne t'imagines tout de même pas que c'est toi qui décides de ton sort ?
Jean d'Ormesson — La Création du monde -
Autant que toute mort, et peut-être plus encore, toute naissance est une énigme.
Jean d'Ormesson — Un hosanna sans fin -
... ce que nous sommes d'abord, c'est des victimes. Les victimes d'un sort - vivre et mourir - que nous n'avons pas choisi et qui nous est imposé. (p.18)
Jean d'Ormesson — Un hosanna sans fin -
Mon oncle et ma tante racontaient volontiers leurs promenades ... l'enterrement auquel ils avaient assisté d'un frère du maharajah de Jodhpur qui portait le titre enivrant de maître des éléphants. Ces irrésistibles animaux lui étaient si attachés que, le jour des obsèques, au passage du cercueil qui défilait devant eux, ils levaient l'un après l'autre leur trompe en signe d'adieu et les spectateurs bouleversés voyaient des larmes couler de leurs yeux. P. 60-61
Jean d'Ormesson — Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit -
La beauté..., la beauté... Ce qui compte, voyez-vous, ce n'est ni la beauté ni le bonheur, ni peut-être le malheur. C'est d'avoir fait quelque chose de sa vie et qu'il en reste un parfum dans le souvenir et dans le coeur.
Jean d'Ormesson — Tous les hommes en sont fous -
Je me sentais bien. Un curieux sentiment m'envahissait, qui allait plus loin que le silence des organes et la souplesse des mouvements. Quelque chose qui allait jouer un grand rôle tout au long de ma vie : c'était le bonheur.
Jean d'Ormesson — Et moi, je vis toujours -
L'or - toujours la grammaire - est un autre nom de l'argent.
Jean d'Ormesson — La Douane de mer -
Ses derniers mots. Une beauté pour toujours. Tout passe. Tout finit. Tout disparaît. Et moi qui m'imaginais vivre pour toujours, qu'est-ce que je deviens ?
Jean d'Ormesson -
J'ai beaucoup pensé à rien. J'ai aimé presque tout de cette sacrée existence. Et ses vides autant que ses pleins. La vie m'avait tant donné, avec tant de surprises et de générosité, que je ne redoutais pas la mort qui en était l'achèvement. J'avais été enchanté d'arriver, je n'étais pas fâché de partir.
Jean d'Ormesson — La Douane de mer -
Qu'est-ce que nous pouvions faire d'autre que d'accepter l'histoire? Une histoire insidieuse, un peu basse, un peu lâche. Nous nous étions préparés à des morts héroïques, au crucifix sur l'échafaud, à la foi confessée. Nous n'avions pas beaucoup d'armes contre la dévaluation, contre la hausse du prix de la vie, contre l'évolution économique et sociale, contre la justice, peut-être, et l'avenir,et l'intelligence, contre tous les sables mouvants où, sous l'oeil triomphant de Karl Marx, de lord Keynes, du Docteur Freud, d'Einstein et de Picasso - ah! comme nous avions raison de nous méfier du génie! -s'enfonçait notre maison.
Jean d'Ormesson — Au plaisir de Dieu -
Le plaisir est une herbe folle qui pousse entre les pierres. Le bonheur est un lac très calme qui brille sous le soleil. La joie est une tempête qui tombe du ciel pour nous élever vers lui.
Jean d'Ormesson — Guide des égarés -
Ce classique littéraire est littéralement ce qu'annonce le titre : une seule journée dans la vie d'un prisonnier d'un camp de travail stalinien en 1951. Ivan Denissovitch Choukov est condamné à trois jours d'isolement cellulaire pour n'avoir pas quitté son lit, mais la menace est vaine, et on ne lui impose que de laver les sols avant de pouvoir prendre son petit déjeuner. "Une journée d'Ivan Denissovitch", Alexandre Soljenitsyne
Jean d'Ormesson — Les 1001 livres qu'il faut avoir lus dans sa vie -
Il nous est seulement permis de nous raccrocher, dans le délire de la raison et dans le désespoir, à cette folle espérance : Dieu n'existe pas, mais il est. Il n'est rien d'autre que rien - c'est à dire tout.
Jean d'Ormesson — Comme un chant d'espérance -
Dieu est caché partout, mais il règne au dessous de nous dans ce que notre ignorance appelle le vide, le néant et le rien............... Il n'y a pas de vide parce que, hors de l'espace et du temps, le vide est plein de Dieu. Et le néant n'existe pas parce qu'il se confond avec Dieu.
Jean d'Ormesson — Comme un chant d'espérance -
Une langue qui faiblit c’est un pays qui vacille.
Jean d'Ormesson — Je dirai malgré tout que cette vie fut belle -
J’aime rêver. La science ne rêve pas. Mais ce qu’elle découvre est la plus formidable de toutes les manières de rêver. Plus que les livres, plus que les tableaux et les monuments, plus que les paysages, plus peut-être que l’amour. J’ai rêvé le monde et la science qui tente de le comprendre. (…) Je ne suis ni savant ni poète. J’aime les histoires. La plus belle histoire du monde, c’est l’histoire de ce monde qui n’existe que parce que nous le rêvons.
Jean d'Ormesson — Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit -
Le monde n’est rien d’autre que la représentation que nous nous en faisons. Sans sujet, pas d’objets – ou des objets de pur néant.
Jean d'Ormesson — Comme un chant d'espérance -
Les hauts de Hurlevent sont un modèle de catastrophe dans laquelle plonge une femme innocente, capable d'exprimer le désespoir pur et dur. Pour Georges Bataille, c'est "l'un des meilleurs romans jamais écrits".
Jean d'Ormesson — Les 1001 livres qu'il faut avoir lus dans sa vie -
A chaque instant de notre vie, nous sommes en train de mourir.
Jean d'Ormesson — C’est une chose étrange à la fin que le monde -
Une des fonctions les plus mystérieuses et les plus constantes du temps est d'élever le hasard à la dignité de la nécessité. Le monde avance à coup de rencontres et le temps qui passe les transforme en fatalité.
Jean d'Ormesson — Tous les hommes en sont fous -
La journée, d'un bout à l'autre, avait été glorieuse.Dès le matin, les volets à peine ouverts, une sorte de transparence s'était installée dans l'espace et le temps. Par un de ces mécanismes pleins d'évidence et de mystère, un ciel sans nuages promettait du bonheur. La nuit n'était pas tombée que tout un pan de ma vie s'écroulait. Javier apparaissait, posait ses sacs, me mettait la main sur l'épaule, disait : "Pandora est morte." Quelque chose basculait. Le vent du soir se levait.
Jean d'Ormesson — Le Vent du soir -
J'étais très gai. Il n'est pas impossible que j'aie toujours voulu le beurre, l'argent du beurre, et le cul de la crémière par-dessus le marché. J'ai eu le beurre, l'argent du beurre. Le cul de la crémière par-dessus le marché, c'était la littérature - et c'était plus difficile. (p.42)
Jean d'Ormesson — Qu'ai-je donc fait ? -
Le livre est irremplaçable. On le dit menacé par l'image et par l'ordinateur. J'espère pourtant – et je crois – que le rôle du livre est loin d'être terminé. Plus que la machine, évidemment, et plus aussi que l'image, si forte, mais peut-être justement trop forte, c'est le livre qui permet le mieux les jeux féconds du souvenir, du rêve, de l'imagination.
Jean d'Ormesson — Odeur du temps -
- Le plus difficile, dit Leila, n'est pas de faire ce qu'on veut, mais de savoir ce qu'on veut faire. Que voulons-nous ? page 70.
Jean d'Ormesson — Casimir mène la grande vie -
A Munich, à Bucarest, à Rio, au cours Hattemer par courriers interposés, à l'Ecole Bossuet, à Clermont-Ferrand , à Nice, j'étais presque toujours premier ou deuxième - sauf en cosmologie -... sans me donner trop de mal. A Henri-IV, tout à coup, au milieu de petits génies venus d'un peu partout, avec de grandes espérances, je me retrouvais, stupeur et désespoir, parmi les derniers. Je souffrais beaucoup.Je serrais les dents. (pp.133,134)
Jean d'Ormesson — Je dirai malgré tout que cette vie fut belle -
Les bourgeois ont un faible pour l'argent - même celui qu'ils n'ont pas et après lequel ils ne cessent jamais de courir.
Jean d'Ormesson — Et moi, je vis toujours -
Plus massif que jamais, Jean Gabin était magnifique. -- Le pic à glace ! criait-il. -- Je l'ai ! répondait Montand. -- Eric, Leila et moi, dans la première voiture ! répétait mon grand-père pour la cinquième ou sixième fois. Adeline et le Professeur avec toi dans la seconde ! Catherine Deneuve entrait, flanquée d'un flic galonné. les deux voitures étaient en bas. Je serrais ma caméra contre un cœur en déroute. Il était onze heures et quarante-six minutes. Coup d'œil à droite. Coup d'œil à gauche. La rue de Fleurus était vide. Nous montâmes en voiture.
Jean d'Ormesson — Casimir mène la grande vie -
Une des caractéristiques les plus remarquables de l'intelligence [...], c'est qu'elle n'a jamais empêché qui que ce soit de se tromper gravement.
Jean d'Ormesson — Saveur du temps : Chroniques du temps qui passe -
Si quelque chose a marqué mon enfance, c'est l'amour. Un amour calme, sans tempête, sans fureur. Mais un amour fort. L'amour durable des parents entre eux. L'amour exigeant des parents pour leurs enfants. L'amour, mêlé de respect, des enfants pour les parents.
Jean d'Ormesson — Je dirai malgré tout que cette vie fut belle -
Chaque homme n'a qu'une vie, peu d'années, beaucoup de souffrances et de malheurs qui s'achèvent par la mort. Dis à ceux qui viendront après nous de croire et d'espérer et de faire quelque chose de leur passage si bref sur cette terre et parmi les autres hommes.
Jean d'Ormesson — La gloire de l'Empire -
Dieu est dans la nature sur le mode de l’absence, et il est hors de la nature sur le mode de la présence.
Jean d'Ormesson — Comme un chant d'espérance -
Pendant la guerre des six jours un village israëlien avait été encerclé par les arabes et avait été considéré comme perdu par Tsahal.Contre toute attente,il fut pourtant délivré et des journalistes venus de partout demandèrent au rabbin du cru,qui passait pour un saint homme comment il expliquait cet heureux dénouement - C'est très simple dit le rabbin,il y a eu une action, et il y a eu un miracle. - Quellle était l'action? demandèrent les journalistes? - Nous n'avons jamais cessé de réciter des psaumes et de chanter des quantiques. - Et quel a été le miracle? Tsahal est arrivé et les anges du ciel sont descendus sur nous. - Les anges du ciel? s'écrièrent les journalistes qui avaiet été élevés à la rude école des faits et buvaient des boissons fortes. - C'étaient des parachutistes,dit le rabbin.
Jean d'Ormesson — Histoire du Juif errant -
«Longtemps, j'ai été jeune. J'ai eu de la chance.»
Jean d'Ormesson — Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit -
Le monde est une vallée de larmes. Et une vallée de roses. La vie est une fête. Une fête délicieuse et très gaie. Et une fête sinistre. Comme l'indiquent avec évidence ses premiers pas hors du rien entre surabondance et absence, l'univers est un oxymore.
Jean d'Ormesson — Comme un chant d'espérance -
Dieu nous a donné la vie pour que nous soyons heureux. Pour que nous nous supportions et que nous nous aimions les uns les autres. Et pour que nous chantions les louanges de l'Eternel dans les interstices de la pensée et du mal.
Jean d'Ormesson — Comme un chant d'espérance -
Le temps passait. Qu'est-ce qu'il fait d'autre ?
Jean d'Ormesson — Casimir mène la grande vie -
extrait de ARAGON Tes yeux sont si profonds qu’en me penchant pour boire J’ai vu tous les soleils y venir se mirer S’y jeter à mourir tous les désespérés Tes yeux sont si profonds que j’y perds la mémoire
Jean d'Ormesson — Et toi mon coeur pourquoi bats-tu -
Le passé m'ennuie.Il est mort. Qu est-ce qu'on en fait ? Il était pour mon grand père le seul motif de vivre. Il le consolait des rigueurs d'aujourd'hui.
Jean d'Ormesson — Casimir mène la grande vie -
La vie m’a toujours paru délicieuse – et le monde, plein de larmes.
Jean d'Ormesson — C'était bien -
La politique est la forme moderne de la tragédie. Elle remplace sur notre théâtre la fatalité antique. L'avenir n'est à personne. J'essaie de le soumettre à ma volonté.
Jean d'Ormesson — La conversation -
Depuis toujours, le projet est aussi beau - et parfois plus beau - que la réalité. C'est vrai pour l'amour, c'est souvent vrai - hélas ! - pour la littérature. (p.95) Je n'ai oublié ni C qui valait mieux que moi ni la façon dont je me suis conduit avec elle. (p.169)
Jean d'Ormesson — Qu'ai-je donc fait ? -
Ce qu'il y a de mieux dans ce monde, de plus beau, de plus excitant, ce sont les commencements. L'enfance et les matins ont la splendeur des choses neuves. L'existence est souvent terne. Naître est toujours un bonheur. Il y a dans tout début une surprise et une attente qui seront peut-être déçues mais qui donnent au temps qui passe sa couleur et sa vigueur.
Jean d'Ormesson — C’est une chose étrange à la fin que le monde -
De Frédéric Barberousse et d’Henri VI, empereurs romains germaniques, d’Henri II Plantagenêt, de Richard Cœur de Lion et de Jean sans Terre, rois d’Angleterre, de Philippe Auguste et de Saint Louis, rois de France, de Simon de Montfort aussi, et de Baudouin de Flandre à Joachim de Flore, à saint Dominique, à sainte Claire, à saint Antoine de Padoue, à sainte Élisabeth de Hongrie. à saint Bonaventure, à saint Albert le Grand, à saint Thomas d’Aquin, et à Roger Bacon, sans oublier l’Arabe Averroès et le Juif Maimonide, en passant par les papes Innocent III et Grégoire IX, l’ancien cardinal Hugolin d’Ostie, c’est une sacrée galerie de portraits qui se présente à nous.
Jean d'Ormesson — Histoire du Juif errant -
Le monde est beau. Il n’y a que nous pour le gâcher, avec nos erreurs et nos fautes.
Jean d'Ormesson — Histoire du Juif errant -
En 100 ans ,nous avons connu plus de changements qu'en 10 000 ans .Quelle accéleration tout va si vite .Le present n'est qu'un morceau d'avenir qui se mue aussitot en passé .
Jean d'Ormesson -
J'aime beaucoup les soirs, vous savez. J'aime aussi beaucoup les matins. Pour moi qui ne change jamais, rien n'est plus beau que ces instants où, à la différence du grand jour ou de la nuit déjà close, quelque chose enfin, quelque chose déjà, est en train de changer. Comme c'est plaisant, ces matins où la journée s'annonce, où elle est contenue toute entière! Tous les plaisirs du jour sont dans les matinées. Le monde n'est fait que de matins.
Jean d'Ormesson — Histoire du Juif errant -
En face et à la place d’un hasard aveugle et d’une nécessité qui serait surgie de nulle part, une autre hypothèse, tout aussi étrange et à peine plus absurde, mais peut-être plus rassurante, en tous cas plus romanesque et largement répandue, met au cœur du big bang ce mélange de tout, de rien et d’éternité que nous avons pris l’habitude d’appeler Dieu.
Jean d'Ormesson — Comme un chant d'espérance -
Ce que j'aime, c'est admirer.
Jean d'Ormesson — Je dirai malgré tout que cette vie fut belle -
La vie est un élan vers la mort. Nous ne pouvons rien sur la mort. Mais nous pouvons, sinon tout, du moins beaucoup dans notre vie et sur notre vie. Vivre consiste à oublier la mort qui est notre seul destin et à profiter des quelques années, des quelques saisons qui nous ont été accordées dans un coin reculé de l'univers par la puissance inconnue.
Jean d'Ormesson — Je dirai malgré tout que cette vie fut belle -
En France il faut parler des réformes et il ne faut pas les faire. Les Français sont conservateurs et révolutionnaires. Ils adorent les révolutions et ils adorent leurs droits acquis. Les réformes ils les vomissent.
Jean d'Ormesson — Dieu, les affaires et nous. Chroniques d'un demi siècle -
Comme le doute, comme le chagrin, le bonheur cherche tous les prétextes possibles pour se perpétuer.
Jean d'Ormesson — Histoire du Juif errant -
l'amour tout entier n'est guère peut-être qu'une imposture née de notre ennui et de nos grandes espérances.
Jean d'Ormesson — Un amour pour rien -
Le souvenir n'est rien d'autre qu'une espèce d'imagination, appuyée sur du réel et bloquée par l'histoire. Chacun crée sa propre histoire, chacun invente son réel. p213
Jean d'Ormesson — Histoire du Juif errant -
Rien n'est plus difficile pour chacun d'entre nous que de situer ce qu'il a fait et de se situer soi-même à sa juste mesure.
Jean d'Ormesson — C’était bien -
Cette vie foisonnante de l'histoire est si merveilleusement riche qu'elle réduit à néant les inventions sans génie d'une imagination essoufflée.
Jean d'Ormesson — La Gloire de l'empire -
Toute mort est un mystère parce que toute vie est un mystère.
Jean d'Ormesson — Voyez comme on danse -
Tout le problème est de s'élever, de se distinguer, sans se séparer des autres hommes.
Jean d'Ormesson — Entretien avec Pascale Frey - Janvier 1994 -
La seule façon pour Dieu de s'exonérer d'une responsabilité écrasante, c'est de ne pas exister. On peut pardonner à Dieu s'il n'existe pas. S'il existe, je crains qu'il ne faille trop souvent le maudire.
Jean d'Ormesson -
Tout le bonheur du monde est dans l'inattendu.
Jean d'Ormesson — Libération - 23 Décembre 2000 -
La plus haute tâche de la tradition est de rendre au progrès la politesse qu'elle lui doit et de permettre au progrès de surgir de la tradition comme la tradition a surgi du progrès.
Jean d'Ormesson — Réponse au discours de réception à l'Académie française de Madame Yourcenar -
On peut supprimer les classes de latin et de grec mais pas les siècles durant lesquels Socrate et Virgile ont irrigué nos intelligences.
Jean d'Ormesson — Extrait de l'interview du Figaro du 21 janvier 2017 -
Une certaine légèreté demande plus d'efforts que la pesanteur, les leçons de morale, la gravité, l'ennui qui s'en dégage. Mais elle est liée aussi à une certaine grâce, au charme, au plaisir.
Jean d'Ormesson — Entretien avec Pascale Frey - Janvier 1994 -
Depuis le big bang, tout commence à mourir à l'instant même de naître. L'univers n'est qu'un élan vers l'usure et la mort.
Jean d'Ormesson — Voyez comme on danse -
La culture est proche d'une façon d'être, d'un coup de foudre, d'une fête toujours inachevée du bonheur.
Jean d'Ormesson — La culture vivante, 2008 -
J’emportais souvent, dans mes voyages, un de ces volumes de la « Pléiade » qui vous permettent de transporter toute une bibliothèque sur papier bible dans un format assez restreint. Et je choisissais Proust une fois sur deux ou trois
Jean d'Ormesson — Le vagabond qui passe sous une ombrelle trouée (1990)