Découvrez 309 magnifiques citations de Jean d'Ormesson
Jean d’Ormesson (ou Jean d’O pour les intimes) est un écrivain, journaliste et philosophe français. Il a été le directeur général du Figaro et est élu à l’Académie française en 1973.
De par son érudition et après la publication d’une quarantaine d’ouvrages, il est considéré comme l’ambassadeur médiatique de l’Académie. Il participe en effet à de nombreuses émissions télévisées pour défendre les travaux des Immortels et transmettre son amour de la littérature.
Jean d’Ormesson a disparu en 2017 et demeure une figure emblématique de la culture française. Dans cet article, nous listons 309 magnifiques citations de cet écrivain hors norme. Bonne lecture et n’hésitez pas à ajouter les citations qui manquent en commentaire.
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Il y a des jours, des mois, des années interminables où il ne se passe presque rien. Il y a des minutes et des secondes qui contiennent tout un monde.
Jean d'Ormesson — Voyez comme on danse -
Si c'est un grand plaisir d'être reconnu par ses amis, c'est peut-être encore plus flatteur d'être reconnu par ses adversaires.
Jean d'Ormesson — Entretien avec Yves Calvi, 26 novembre 2014 -
Il y a quelque chose de plus fort que la mort, c’est la présence des absents, dans la mémoire des vivants.
Jean d'Ormesson -
les hommes découvrent et ils inventent. Quand ils découvrent, les unes après les autres, les lois cachées de la nature et ce qu'ils appellent la vérité, ils font de la science. Quand ils se livrent à leur imagination et qu'ils inventent ce qu'ils appellent de la beauté, ils font de l'art. La vérité est contraignante comme la nature. La beauté est libre comme l'imagination. Copernic découvre. Galilée découvre. Newton découvre. Einstein découvre. Et chacun d'eux détruit le système qui le précède. Homère invente. Virgile invente. Dante invente. Michel-Ange, Titien, Rembrandt, Shakespeare, Racine, Bach et Mozart, Baudelaire, Proust inventent. Et aucun d'entre eux ne détruit les oeuvres qui le précèdent.
Jean d'Ormesson — C’est une chose étrange à la fin que le monde -
Le plus cruel, quand on vieillit, c'est ce vide, peu à peu, qui se fait autour de soi. Admirés et aimés, les maîtres s'en vont les premiers. Et puis les amis, ceux qui ont été à l'école avec vous, ou qui ont fait la fête ou du ski ou l'amour avec vous. Et enfin les plus jeunes que vous, ceux qui auraient dû venir à vos obsèques alors que c'est vous qui assistez aux leurs.
Jean d'Ormesson — Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit -
Il y a des minutes et des secondes qui contiennent tout un monde.
Jean d'Ormesson -
La naissance est le lieu de l'inégalité. L'égalité prend sa revanche avec l'approche de la mort.
Jean d'Ormesson -
Mourir ne me dérange pas. Je suis juste ennuyé par la perspective de ne plus pouvoir savoir ce qui va se passer.
Jean d'Ormesson -
Il y a quelque chose de plus fort que la mort, c'est la présence des absents dans la mémoire des vivants.
Jean d'Ormesson -
Le portable entre nos mains prend la place du chapelet. Facebook est une communion sans Dieu, mêlée de confession. "Un jour je m'en irai, sans en avoir tout dit" (2013)
Jean d'Ormesson -
Le présent est une prison sans barreaux, un filet invisible, sans odeur et sans masse, qui nous enveloppe de partout. Il n'a ni apparence ni existence, et nous n'en sortons jamais. Aucun corps, jamais, n'a vécu ailleurs que dans le présent, aucun esprit, jamais, n'a rien pensé qu'au présent. C'est dans le présent que nous nous souvenons du passé, c'est dans le présent que nous nous projetons dans l'avenir. Le présent change tout le temps et il ne cesse jamais d'être là. Et nous en sommes prisonniers.
Jean d'Ormesson — C’est une chose étrange à la fin que le monde -
Nous avons roulé de progrès en progrès. Ils ont toujours tout changé de notre façon de sentir, de penser et de vivre. Ils n'ont jamais rien changé à notre humaine condition
Jean d'Ormesson — C’est une chose étrange à la fin que le monde -
Allez tranquillement parmi le vacarme et la hâte et souvenez-vous de la paix qui peut exister dans le silence. Sans aliénation, vivez autant que possible en bons termes avec toutes personnes. Dites doucement mais clairement votre vérité. Ecoutez les autres, même les simples d'esprit et les ignorants: ils ont eux aussi leur histoire. Evitez les individus bruyants et agressifs: ils sont une vexation pour l'esprit. Ne vous comparez avec personne : il y a toujours plus grands et plus petits que vous. Jouissez de vos projets aussi bien que de vos accomplissements. Ne soyez pas aveugle en ce qui concerne la vertu qui existe. Soyez vous-même, j Surtout n'affectez pas l'amitié. Non plus ne soyez cynique en amour car il est, en face de tout désenchantement, aussi éternel que l'herbe. Prenez avec bonté le conseil des années en renonçant avec grâce à votre jeunesse. Fortifiez-vous une puissance d'esprit pour vous protéger en cas de malheur soudain. Mais ne vous chagrinez pas avec vos chimères. De nombreuses peurs naissent de la fatigue et de la solitude. Au-delà d'une discipline saine, soyez doux avec vous-même. Vous êtes un enfant de l'univers. Pas moins que les arbres et les étoiles. Vous avez le droit d'être ici. Et, qu 'il vous soit clair ou non, l'univers se déroule sans doute comme il le devait. Quels que soient vos travaux et vos rêves, gardez, dans le désarroi bruyant de la vie, la paix de votre cœur. Avec toutes ses perfidies et ses rêves brisés, le monde est pourtant beau. Texte Anonyme
Jean d'Ormesson — Comme un chant d'espérance -
La vie n'est pas une fête perpétuelle. Merci pour les roses, merci aussi pour les épines.
Jean d'Ormesson -
BONAPARTE Nulle société ne peut exister sans morale. Il n'y a pas de bonne morale sans religion. il n'y a donc que la religion qui donne à l'Etat un appui ferme et durable. Une société sans religion est comme un vaisseau sans boussole. J'ai été mahométan en Egypte, j'aurais été bouddhiste en Inde. Je suis catholique ici pour le bien du peuple parce que la majorité est catholique.
Jean d'Ormesson — La conversation -
Je dis que tout meurt et disparaît. Et que quelque chose, pourtant, subsiste, chez ceux qui restent, de ce qui a disparu. Que quelque chose, pourtant, subsiste, chez les vivants, de ce qui a vécu. C'est ce que nous appelons le souvenir. La mort n'est pas la fin de tout puisqu'il y a le souvenir. Les hommes rêvent de fantômes, de revenants, de forces spirituelles et mystérieuses, dont on ne sait presque rien, dont on attend presque tout. Le premier des fantômes, le premier des revenants, la plus formidable de toutes les forces spirituelles, vous le savez bien, c'est le souvenir. p267
Jean d'Ormesson — Histoire du Juif errant -
LE TRAIN DE MA VIE A la naissance, on monte dans le train et on rencontre nos Parents. On croit qu'ils voyageront toujours avec nous. Pourtant, à une station, nos Parents descendront du train, nous laissant seuls continuer le voyage. Au fur et à mesure que le temps passe, d'autres personnes montent dans le train. Et elles seront importantes : notre fratrie, nos amis, nos enfants, même l'amour de notre vie. Beaucoup démissionneront (même éventuellement l'amour de notre vie), et laisseront un vide plus ou moins grand. D'autres seront si discrets qu'on ne réalisera pas qu'ils ont quitté leurs sièges. Ce voyage en train sera plein de joies, de peines, d'attentes, de bonjours, d'au-revoirs et d’adieux. Le succès est d'avoir de bonnes relations avec tous les passagers pourvu qu'on donne le meilleur de nous-mêmes On ne sait pas à quelle station nous descendrons, donc vivons heureux, aimons et pardonnons. Il est important de le faire car lorsque nous descendrons du train, nous ne devrons laisser que de beaux souvenirs à ceux qui continueront leur voyage. Soyons heureux avec ce que nous avons et remercions le ciel de ce voyage fantastique. Aussi, merci d'être un des passagers de mon train. Et si je dois descendre à la prochaine station, je suis content d'avoir fait un bout de chemin avec vous. Je veux dire à chaque personne qui lira ce texte que je vous remercie d’être dans ma vie et de voyager dans mon train.
Jean d'Ormesson -
Il lui arrivait de rêver tout à coup à sa Galilée natale, à une femme qui lui avait plu et qui lui plaisait peut-être encore, à sa mère qui était morte quand il avait sept ou huit ans, à des plaisirs évanouis. Alors, il fermait les yeux et toutes ces visions fugitives faisaient une sorte de théâtre à l'intérieur de sa tête et le remplissaient d'un bonheur qui ne se distinguait guère de la tristesse. p30
Jean d'Ormesson — Histoire du Juif errant -
En face de l'argent, qu'y a-t-il? Il y a ceux qui n'en ont pas. On dirait que le monde moderne est fait d'argent et de pauvres. L'argent coule à flots : sur les palais des congrès, sur les aéroports, sur les avions, sur les trains à grande vitesse, sur les autoroutes et leurs échangeurs, sur les porte-avions et sur les sous-marins, sur les centrales nucléaires, sur les usines, sur les laboratoires, sur les hôpitaux qui manquent pourtant cruellement de ressources. Il ne coule pas sur les pauvres.
Jean d'Ormesson — Qu'ai-je donc fait ? -
Voilà ce que je suis, un miracle. À des milliards et des milliards d’exemplaires.
Jean d'Ormesson — Presque rien sur presque tout -
L'amour est torture, enchantement, violence, douceur, conversation, silence. Il est bonheur et chagrin. Il es profondeur et légèreté. Il est léger comme de la cendre.
Jean d'Ormesson — Guide des égarés -
On peut tout dire de l'amour. Tout ce qu'on en dit est vrai, et le contraire aussi.
Jean d'Ormesson -
- La Sicile ? .... disait Vintimille. - Elle est belle, disait Isaac. Nous irons à Noto, qui est baroque, à Ségeste et à Agrigente, qui sont des morceaux de Grèce égarés en Sicile, nous nous promènerons à Monreale, qui est arabe et normande, nous monterons jusqu'à Enna et jusqu'à Erice qui sont farouches et superbes, nous nous recueillerons, mon maître, devant les squelettes des capucins de Palerme et sur le tombeau de Frédéric II, qui frappa le monde de stupeur. p276
Jean d'Ormesson — Histoire du Juif errant -
Les livres ne survivent pas grâce aux histoires qu'ils racontent. Ils survivent grâce à la façon dont elles sont racontées. La littérature est d'abord un style qui éveille l'imagination du lecteur.
Jean d'Ormesson -
Avec son passé qui n'est plus, son avenir qui n'est pas encore et sont éternel présent toujours en train de s'évanouir entre souvenir et projet, le temps est la plus prodigieuse de toutes les machineries. Aucun phénomène de la nature, aucune invention humaine, aucune combinaison de l'esprit, aucune intrigue de roman, de cinéma, de théâtre ou d'opéra, si compliquée qu'elle puisse être, ne lui parvient à la cheville.
Jean d'Ormesson — Comme un chant d'espérance -
Selon une division quatripartite, qui rivalise avec la division tripartite chère à Georges Dumézil et dont on retrouve les traces en Inde, en Chine et jusque chez les Wisigoths, les cochers étaient répartis en quatre groupes qui correspondaient à la fois à une division géographique, à une division religieuse et cosmique et à une division sociale : les Bleus, les Verts, les Blancs et les Rouges. Les Bleus et les Blancs représentaient les quartiers riches, favorables à l'orthodoxie et au gouvernement d'un petit nombre. Les Verts et les Rouges représentaient les quartiers populaires à tendance démocratique et inclinaient vers l'hérésie. Le célèbre Palio, la course qui se déroule à Sienne sur la Piazza del Campo incurvée en coquille vers le Palazzo Pubblico et où chaque cavalier est le champion d'une contrade, c'est-à-dire d'un quartier, peut donner, en petit et, malgré sa splendeur, en modeste, une idée de ces courses de chars de Byzance qui laissaient loin derrière elles la passion populaire de nos matches de football ou de rugby. Les deux groupes principaux étaient les Bleus et les Verts. Démétrios était Vert. p364
Jean d'Ormesson — Histoire du Juif errant -
L'idée que notre naissance est une condamnation à mort est difficile à supporter. Aussi les hommes ont-ils imaginé comme une solution de rechange. Ils se sont mis en tête qu'une espèce de seconde vie, mais cette fois éternelle, sans dettes, sans souffrances, ..... Les religions servent à ça : donner l'espoir que tout ne sera pas fini après notre fin inévitable.
Jean d'Ormesson — Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit -
L'islam est une belle et grande religion. Son prophète est l'un des hommes très rares qui ont bouleversé le monde et transformé de fond en comble le destin des hommes. (« La Chronique du temps qui passe », Le Figaro Magazine, nº 13827, 11 février 1989, p. 9)
Jean d'Ormesson -
«Personne ne sait jamais ce qu'on gagne avec une naissance. On n'y gagne que des espérances, des illusions et des rêves. Il faut attendre la mort pour savoir enfin ce qu'on perd.» - (Le vagabond qui passe sous une ombrelle trouée)
Jean d'Ormesson -
Dans une interview : Jean d'Ormesson expliquait pourquoi il ne fallait pas mourir en même temps qu' une star en expliquant qu'Edith Piaf avait éclipsé la mort de Jean Cocteau, en mourant quelques heures après lui, le 11/10/1963. L'écrivain doit faire attention à tout ce qu'il écrit, il doit faire attention à tout ce qu'il dit. Il doit faire attention à la façon dont il meurt.
Jean d'Ormesson -
Tâchons de dépasser ce qui nous oppose et de multiplier ce qui nous unit.
Jean d'Ormesson -
Les honneurs, je n'aime ça qu'au singulier. Au pluriel, ce n'est pas intéressant, même si je ne les méprise pas.
Jean d'Ormesson -
La vie est belle parce qu'elle a une fin.
Jean d'Ormesson -
Les "Fables" de La Fontaine constituent, pour au moins 2 raisons, un monument impérissable : d'abord elles sont destinées aux enfants qui ne cesseront pas, plusieurs siècles après leur auteur, sous les régimes les plus divers, monarchie ou république, de les apprendre par coeur et de les réciter, les jours de fête, aux parents épanouis; et puis elles sont pleines de charme, de grâce, de drôlerie et de beautés. Ecrivains, mes frères, et écrivaines, mes soeurs, si vous voulez durer, écrivez de belles choses avec simplicité et arrangez-vous surtout pour que les jeunes gens les lisent. Car le monde, vous savez bien, n'est pas fait de souvenirs : il n'est fait que de promesses, de matins et d'enfants.
Jean d'Ormesson — Une autre histoire de la littérature française, tome 2 -
Dans une éternité et un infini qui sont fermés à jamais aux êtres dans le temps, Dieu est le nom le plus commode pour le néant et pour le tout.
Jean d'Ormesson -
Je compris encore une fois combien Proust avait raison quand il écrivait, avec ce génie fulgurant qui n'est pas toujours, comme on le répète, interminable et diffus, mais très souvent percutant : " On est moral dès qu'on est malheureux.
Jean d'Ormesson — Un amour pour rien -
La beauté est un mystère qui danse et chante dans le temps et au-delà du temps. Depuis toujours et à jamais. Elle est incompréhensible.... Elle est dans l'oeil qui regarde, dans l'oreille qui écoute autant que dans l'objet admiré... Elle est liée à l'amour. Elle est promesse de bonheur. A la façon de la joie, elle est une nostalgie d'ailleurs.
Jean d'Ormesson — Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit -
La science, la morale, l'histoire se passent très bien de Dieu. Ce sont les hommes qui ne s'en passent pas.
Jean d'Ormesson -
Le plus souvent opposés l'un à l'autre, le hasard et la nécessité sont étroitement liés. On dirait que le hasard est l'agent secret de la nécessité et que l'un et l'autre sont au service de Dieu.
Jean d'Ormesson — Comme un chant d'espérance -
Ne vous laissez pas abuser. Souvenez-vous de vous méfier. Et même de l’évidence : elle passe son temps à changer. Ne mettez trop haut ni les gens ni les choses. Ne les mettez pas trop bas. Non, ne les mettez pas trop bas. Montez. Renoncez à la haine: elle fait plus de mal à ceux qui l’éprouvent qu’à ceux qui en sont l’objet. Ne cherchez pas à être sage à tout prix. La folie aussi est une sagesse. Et la sagesse, une folie. Fuyez les préceptes et les donneurs de leçons. Jetez ce livre. Faites ce que vous voulez. Et ce que vous pouvez. Pleurez quand il le faut. Riez. J’ai beaucoup ri. J’ai ri du monde et des autres et de moi. Rien n’est très important. Tout est tragique. Tout ce que nous aimons mourra. Et je mourrai moi aussi. La vie est belle.
Jean d'Ormesson — C'était bien -
Phrases trouvées dans un reportage : - Voilà ce que je suis, un miracle à des milliards et des milliards d'exemplaires. - Tant qu'il y aura des livres, des gens pour en écrire et des gens pour en lire tout ne sera pas perdu dans ce monde qu'en dépit de ses tristesses et de ses horreurs nous avons tant aimé. - Mourir ne me dérange pas. Je suis juste ennuyé par la perspective de ne plus pouvoir savoir ce qui va se passer.
Jean d'Ormesson -
L'histoire est une parenthèse au cœur de l'éternité.
Jean d'Ormesson — Comme un chant d'espérance -
L'argent tombe sur le monde, comme une vérole sur le pauvre peuple, bien après la pensée, bien après l'émotion, le cri, le rire, la parole, et après l'écriture. Maintenant qu'il est là, et bien là, il est difficile de s'en passer. Sa suppression entraînerait des souffrances plus grandes que ses excès. Qu'on le veuille ou non, il est devenu une espèce de malédiction âprement recherchée. Poussons le bouchon un peu loin : il est la forme prise par le mal pour se faire adorer. L'argent, écrit Cioran, a ruiné le monde. Pendant des milliards d'années, il n'y a pas de mal dans l'univers. Le mal naît avec la pensée. Il prospère avec l'argent.
Jean d'Ormesson — Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit -
Vivre est une occupation de tous les instants. Une expérience du plus vif intérêt. Une aventure unique. Le plus réussi des romans. Souvent un emmerdement. Trop souvent une souffrance. Parfois, pourquoi pas ? une chance et une grâce. Toujours une surprise et un étonnement à qui il arrive de se changer en stupeur.
Jean d'Ormesson — Un hosanna sans fin -
Souvent, je suis triste. Le monde n'est pas très gai. Et moi, je me désole de moi-même. Alors, je trompe mon monde en riant. La gaieté est la forme de ma mélancolie.
Jean d'Ormesson — Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit -
Lors de sa parution en 1891, les critiques éludent le livre à cause de son "immoralité", Tess d'Urberville n'épargne pas au lecteur l'amertume de la vie dans la campagne anglaise, et la passion de Hardy, souvent romancée, pour le paysage du Wessex est contrebalancée par la peinture au réalisme sinistre que fait le roman de l'injustice sociale. Dans Tess, Hardy décrit un monde dans lequel l'esprit humain est meurtri par les forces, non du destin mais de la hiérarchie sociale.
Jean d'Ormesson — Les 1001 livres qu'il faut avoir lus dans sa vie -
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort, c’est la présence des absents, dans la mémoire des vivants. »
Jean d'Ormesson -
Nous n'avons plus de héros, nous n'avons plus de maîtres.Nous avons remplacé la surprise par la fatigue et l'admiration par le ricanement. Extrait de " C'était bien
Jean d'Ormesson -
Les hommes sont libres. Ou ils se croient libres. Ils sont, en vérité, si étroitement maintenus dans un fragment dérisoire de l'espace et dans leur époque d'où il leur est interdit de s'échapper que leur fameuse liberté, dont ils font si grand cas, n'est que trompe-l'œil et illusion.
Jean d'Ormesson — Comme un chant d'espérance -
En face et à la place d'un hasard aveugle et d'une nécessité qui serait surgie de nulle part, une autre hypothèse, tout aussi étrange et à peine plus absurde, mais peut-être plus rassurante, en tout cas plus romanesque et largement répandue, met au cœur du big bang ce mélange de tout, de rien et d'éternité que nous avons pris l'habitude d'appeler Dieu.
Jean d'Ormesson — Comme un chant d'espérance -
La souffrance existe avant les hommes, mais le mal n'apparaît qu'avec eux.
Jean d'Ormesson — Comme un chant d'espérance -
Rendu célèbre par le film d'Alain Corneau, ce roman (Tous les matins du monde) a pour principale héroïne la musique. (...) Plus accessible que d'autres oeuvres de son auteur, il séduit par l'amour de la musique qu'il exprime de la première à la dernière page : "La musique est simplement là pour parler de ce dont la parole ne peut parler. En ce sens elle n'est pas tout à fait humaine.
Jean d'Ormesson — Les 1001 livres qu'il faut avoir lus dans sa vie -
Le matin, à peine réveillé, je guettais à travers les volets la lumière du soleil sur le point de se lever et je me jetais hors de mon lit pour profiter d'un jour qui ressemblerait à la veille et qui ressemblerait au lendemain. L'été, j'entendais de ma fenêtre le bruit déchirant du râteau manié par l'aide-jardinier sur les graviers de la cour. Sur le palier, au seuil du billard, il y avait un gong venu je ne sais d'où sur lequel ceux qui passaient frappaient d'un air distrait pour annoncer les repas régis par des règles sévères et auxquels aucun d'entre nous n'aurait pris le risque de se présenter en retard ou en tenue négligée. Rien ne m'amusait ni ne me faisait peur autant que le téléphone, composé d'une manivelle et d'un cornet de bois, qui permettait à mon grand-père d'obtenir une demoiselle qu'on entendait très mal et qui ne comprenait jamais rien. Deux fois par mois, M. Machavoine, horloger de son état, venait remonter en silence les horloges du château. Il se glissait dans le billard, dans le petit salon, dans le grand salon, dans la bibliothèque, dans la salle à manger, dans la salle à manger des enfants, dans l'office, dans l'immense cuisine, dans la vingtaine de chambres – aucune n'avait de salle de bains – qui restaient ouvertes toute l'année. Il vérifiait si les pendules, si les horloges, si les cartels donnaient bien l'heure exacte, et il les remontait. Il m'arrivait de le suivre de pièce en pièce dans un état de conscience extrêmement diminué et avec une fascination qui m'étonnait moi-même. Ses gestes de chirurgien, de contrôleur et de mécanicien me jetaient dans une torpeur bienheureuse dont je ne me réveillais qu'à son départ. Dans le soir qui tombait, nous nous promenions à bicyclette autour des étangs mélancoliques ou le long des layons des forêts de la Haute-Sarthe, entre les chevreuils et les sangliers, libres et sauvages comme nous. À mon retour, quand je rentrais de promenade, que je pénétrais dans le vestibule encombré de trophées de chasse et de râteliers chargés de fusils et que je m'apprêtais à gravir quatre à quatre l'escalier de pierre vers les deux salons bourrés de portraits de famille et de fauteuils en tapisserie, l'odeur de bois brûlé, de vieux cuir, de renfermé me prenait à la gorge. Je m'ennuyais beaucoup. J'étais très heureux – et je ne m'en doutais pas. Chez nous ! Chez nous ! Tout cela avait pris longtemps des allures d'éternité. Et tout cela était fini.
Jean d'Ormesson — Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit -
Il meurt en pleine gloire à quatre-vingt-quatre ans. S'il avait vécu plus vieux encore ou s'il était né plus tard, il aurait été adulé en 1789 - et guillotiné en 1793. Mais avisé comme il l'était, il n'aurait pas, lui, le philosophe des Lumières, raté sa fuite à Varennes. Je l'aurais rencontré, toujours vif et subtil, aux côtés de Talleyrand, en Louisiane ou à Londres.
Jean d'Ormesson — Et moi, je vis toujours -
Rien n'est plus difficile que de contraindre les mots à traduire les événements, les idées, les passions, les sentiments. Toute expression est trahison. Nous avons trop souvent vu Saint Louis travesti en brigand, Jeanne d'Arc en hystérique et Staline en père des peuples, la tolérance en violence et la violence en liberté, pour ne pas nous méfier des pouvoirs trompeurs du langage et de l'écriture.
Jean d'Ormesson — Au plaisir de Dieu -
Je crois que la littérature, qui est probablement bien autre chose, est d'abord source de plaisir. Je crois, comme Corneille, comme Molière, comme Boileau, comme Racine, qu'il s'agit de plaire au lecteur et au public, qui est le juge suprême. A ce souci de retenir le lecteur et de lui donner un peu de bonheur en compagnie de ce qu'il y a de mieux dans notre pensée, dans nos passions et dans leur expression, se joint une préoccupation, n'ayons pas honte de le dire, franchement didactique et pédagogique. J'ai pensé, je l'avoue, aux jeunes gens que les manuels, souvent excellents, qu'on leur propose font bâiller et qui voudraient pourtant en savoir un peu plus, sans se décrocher les mâchoires, sur les textes à leur programme : dans la gaieté, dans l'allégresse devant le génie ou le talent, ces portraits visent à fournir sur les auteurs un minimum d'informations. (extrait de l'avant-propos, par l'auteur)
Jean d'Ormesson — Une autre histoire de la littérature française : Coffret 2 volumes -
Faut-il à tout prix imposer aux autres une vérité dont ils ne veulent pas - et qui peut-être n'existe pas ? Mieux vaut parfois aimer les autres que de leur dire notre vérité.
Jean d'Ormesson — Guide des égarés -
Évoquant un entretien avec Alain Robbe-Grillet. Ce dernier s'écria: « Le nouveau roman ? Au début c'était seulement une blague mais quand on a vu que ça prenait, on a poussé le machin ! »
Jean d'Ormesson -
Le portable entre nos mains prend la place du chapelet. Facebook est une communion sans Dieu, mêlée de confessions.
Jean d'Ormesson — Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit -
Ceux qui ne croient pas en Dieu font preuve d'une crédulité qui n'a rien à envier à celle qu'ils reprochent aux croyant.
Jean d'Ormesson — C’est une chose étrange à la fin que le monde -
Vous savez quoi? Tout change. Le climat, à ce qu'on dit. Ou la taille des gens. Les régimes, les frontières, les monnaies, les vêtements, les idées et les moeurs. Une rumeur court : le livre se meurt. Voilà près de trois mille ans que les livres nous font vivre. Il paraît que c'est fini. Il va y avoir autre chose. Des machines. Ou peut-être rien du tout. Et le roman ? Il paraît que le roman est déjà mort. Ah! bien sûr, il y a encore de beaux restes. Des réussites. Des succès. Des...comment dites-vous?... des best-sellers. Pouah ! Les romans aussi, c'est fini. Nous les avons trop aimés.
Jean d'Ormesson -
La littérature n'est pas faite d'abord d'histoires, quelques belles ou séduisantes qu'elles puissent être, ni de passions, ni d'expérience : elle est faite d'abord de mots. La littérature n'est pas un message. Elle n'est pas non plus une plaisanterie, une gaudriole, un divertissement. Il y a quelque chose de presque indéfinissable, quelque chose d'obscur et de lumineux, qui règne sur la littérature : ce quelque chose est le style. S'il fallait résumer en deux mots l'image que nous nous faisons de la littérature, nous dirions : le plaisir et le style. Ils ne cessent de se mêler et de s'entrecroiser. Le plaisir : les histoires, l'intrigue, les personnages, la surprise et la gaieté, l'intelligence et la hauteur, le souvenir et l'espérance. Tout cela n'est rien et ne peut rien être sans le dieu mystérieux qui règne sur les mots et qui donne son statut à la littérature : le style.
Jean d'Ormesson — Une autre histoire de la littérature française, tome 2 -
J'ai toujours été étonné. Je n'en suis pas encore revenu, je n'en reviens toujours pas, je n'en reviendrai jamais. Dès l'enfance, d'être là. Une espèce d'étranger dans un monde d'emblée étrange. J'étais étonné d'être bavarois, d'être roumain, d'être carioca - c'est-à-dire brésilien de Rio.Et puis j'ai été étonné d'être normalien. Etonné d'être en fin de compte quelque chose, même au rabais, comme une espèce de philosophe. Etonné d'avoir pénétré dans le Saint des saints et d'être devenu un écrivain. Je me mettais assez bas dans un monde mis très haut. Dès mes plus jeunes années, j'étais porté à l'admiration. (p.178)
Jean d'Ormesson — Je dirai malgré tout que cette vie fut belle -
J'ai aimé les livres plus que tout.
Jean d'Ormesson — Et moi, je vis toujours -
La vie pour vous sera si belle que, malgré les échecs et les souffrances que nous connaissons tous, vous aurez, je vous le dis, un peu de mal à la quitter.
Jean d'Ormesson — Histoire du Juif errant -
le temps est la seule chose au monde que tout le monde connaît et éprouve, et qu'on ne peut ni voir, si sentir, ni toucher, ni diriger ni modifier ni définir... il devrait être interdit d'en parler.
Jean d'Ormesson — Histoire du Juif errant -
Que vois-tu ? Je vois des maisons des champs et des arbres. Eh bien tout ça est à moi. Maintenant ferme les yeux, que vois-tu ? Rien. Eh bien tout ça est à toi.
Jean d'Ormesson — Au plaisir de Dieu -
Il n'est pas exclu, je suis si faible et si bête, que je me sois trompé et que vous n'existiez pas. Parce que mon rêve aura été beau et qu'il m'aura empêché de sombrer dans l'absurde et dans le désespoir, parce que, légende ou réalité, vous m'aurez fait vivre un peu au-dessus de ma bassesse inutile, je n'en bénirai pas moins votre grand et saint nom. P. 264
Jean d'Ormesson — Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit -
Et, à travers les visages et les larmes de ceux qui se souvenaient, je voyais surgir tout un passé qui, pour moi et quelques autres, avait été presque tout et dont il ne restait presque rien. P. 14
Jean d'Ormesson — Le Vent du soir -
On me dira que j'étais, que je suis, que j'ai toujours été partial. Je dirai que personne ne peut jamais juger personne et que le coeur des êtres humains est plus insaisissable que la mer ou le feu. P. 44
Jean d'Ormesson — Tous les hommes en sont fous -
- Qui est Marie? me dit A. - C'est une femme, lui dis-je. - Une femme? - Oui, lui dis-je. Enfin, un être humain. Un homme. - Un homme? - La Terre est peuplée d'hommes. Et les hommes règnent sur la création. Ils sont la mesure de toute chose. Ils ont une idée de l'infini. Ils sont à l'image de l'absolu. Les hommes assurent souvent qu'il n'y a rien au-dessus des hommes. Il y a même des philosophes qui ont pensé et écrit qu'il n'y aurait pas d'univers s'il n'y avait pas d'homme. Ils soutiennent que c'est l'homme qui est la cause de l'univers et non pas l'univers qui est la cause de l'homme. L'homme a inventé la science, la morale, la peinture, la sculpture, la Bourse, l'Etat, le socialisme, le théâtre, la musique, le calembour et le golf. N'avez-vous jamais, sur Urql, entendu parler de ce centre de toutes choses, de ce chef-d'oeuvre qu'est l'homme?
Jean d'Ormesson — La Douane de mer -
Mes vies se sont confondues avec les livres. Les bibliothèques et les librairies ont été mon destin. Vivre, pour moi, pour tous les moi où je me suis glissée les uns après les autres, c'était d'abord lire un livre.
Jean d'Ormesson — Et moi, je vis toujours -
Je n’étais pas à plaindre. Grâce à Dieu, je pensais peu.
Jean d'Ormesson — Le rapport Gabriel -
Je ne sais pas si Dieu existe mais, depuis toujours, je l’espère avec force. Parce qu’il faudrait qu’existe tout de même ailleurs quelque chose qui ressemble d’un peu plus près que chez nous à une justice et à une vérité que nous ne cessons de rechercher, que nous devons poursuivre et que nous n’atteindrons jamais. De temps en temps, je l’avoue, le doute l’emporte sur l’espérance. Et, de temps en temps, l’espérance l’emporte sur le doute. Ce cruel état d’incertitude ne durera pas toujours. Grâce à Dieu, je mourrai.
Jean d'Ormesson — C’est une chose étrange à la fin que le monde -
Je t'aime dans le temps. Je t'aimerai jusqu'au bout du temps. Et quand le temps sera écoulé, alors, je t'aurai aimée. Et rien de cet amour, comme rien de ce qui a été, ne pourra jamais être effacé.
Jean d'Ormesson -
S'il y a un Dieu, il est caché, il est ailleurs, il est hors du temps, il n'obéit pas à nos lois et nous ne pouvons rien dire de lui. Nous ne pouvons décréter ni qu'il existe ni qu'il n'existe pas. Nous avons seulement le droit d'espérer qu'il existe. S'il n'existe pas, notre monde est absurde. S'il existe, mourir devient une fête et la vie, un mystère. Je préfère, de loin, le mystère à l'absurde. J'ai même un faible pour le secret, pour l'énigme, pour un mystère dont la clé nous serait donnée quand nous serons sortis de ce temps qui est notre prison. Kant parle quelque part d'une hirondelle qui s'imagine qu'elle volerait mieux si l'air ne la gênait pas. Il n'est pas impossible que le temps soit pour nous ce que l'air est pour l'hirondelle. Tant pis ! Je prends le risque. Si tout n'est que néant, si les portes de la nuit s'ouvrent et que derrière il n'y a rien, être déçu par ma mort est le dernier de mes soucis puisque je ne serai plus là et que je n'en saurai rien. J'aurai vécu dans un rêve qui m'aura rendu heureux. Je m'amuse de cette vie qui se réduit à presque rien s'il en existe une autre. Les malheurs , trop réels, les ambitions, les échecs, les grands desseins, et les passions elles-mêmes si douloureuses et si belles, changent un peu de couleurs. Avec souvent quelques larmes, je me mets à rire de presque tout. Les imbéciles et les méchants ont perdu leur venin. Pour un peu, je les aimerais. Une espèce de joie m'envahit. je n'ai plus peur de la mort puisqu'il n'est pas interdit d'en attendre une surprise. Je remercie je ne sais qui de m'avoir jeté dans une histoire dont je ne comprends pas grand-chose mais que je lis comme un roman difficile à quitter et que j'aurai beaucoup aimé. J'ignore s'il y a un Dieu ailleurs, autre chose après la mort, un sens à cette vie et à l'éternité, mais je fais comme si ces promesses étaient déjà tenues et ces espérances, réalisées. Et je souhaite avec confiance qu'une puissance inconnue veille, de très loin, mais beaucoup mieux que nous, sur ce monde et sur moi.
Jean d'Ormesson — Qu'ai-je donc fait ? -
La naissance est le lieu de l'inégalité. L'égalité prend sa revanche avec l'approche de la mort.
Jean d'Ormesson -
Ce qui éclaire l’existence, c’est l’espérance.
Jean d'Ormesson — C'était bien -
Quand ma fille Héloïse avait 6 ans, on lui demandait : " Que fait ton papa ? " Elle répondait : " Quand il écrit très vite avec un stylo, c'est qu'il écrit un article. Quand il ne fait rien avec un crayon, c'est qu'il écrit un livre.
Jean d'Ormesson -
L'allégresse et l'angoisse. Ce qu'il y a peut-être de plus remarquable à la fois dans l'histoire et dans l'existence de chacun d'entre nous, c'est cette sorte d'équilibre qui n'est jamais rompu entre le bonheur et le malheur. On dirait qu'une force mystérieuse les empêche l'un et l'autre de s'installer pour toujours.
Jean d'Ormesson — Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit -
Il était le second Adam. Le premier avait légué au monde le péché originel. Lui portait sur ses épaules le poids écrasant du péché perpétuel. p174
Jean d'Ormesson — Histoire du Juif errant -
Et, jouant avec la vieille canne, décolorée par le temps, entamée par la vie, qu'il faisait rouler entre ses mains noueuses, il se remit à parler. Et, soir après soir, dans le plus beau salon du monde, sous les étoiles de la nuit qui jetaient leur lueur sur le bassin de Saint-Marc et le palais des Doges, il nous raconta, à Marie et à moi, tout ce que je viens de vous raconter. Et tout ce que je vais encore, si vous avez un peu de temps pour écouter des fables qui ressemblent à des choses vraies, ou peut-être plutôt des choses vraies qui ressemblent à des fables, vous raconter maintenant. p176
Jean d'Ormesson — Histoire du Juif errant -
Aux prochaines élections, votez pour Ali-Baba, au moins vous serez sûrs de n'avoir que 40 voleurs...
Jean d'Ormesson -
Il y a quelque chose de mieux que de s'agiter : c'est de s'ennuyer. J'écrirais volontiers un éloge de la paresse et de l'ennui. L'ennui est cet état béni où l'esprit désoccupé aspire à faire sortir du néant quelque chose d'informe et déjà d'idéal qui n'existe pas encore. L'ennui est la marque en creux du talent, le tâtonnement du génie. Voyager n'est pas mal. Le succès, c'est très bien. Etre heureux, qui ne le souhaite? S'ennuyer est bien mieux. C'est quand vous êtes perdu que vous commencez à être sauvé. La vie la plus banale, allumer un feu dans une cheminée, se promener dans les bois - Rousseau avait besoin de marcher pour aiguiser ses idées -, ronger son frein et son coeur parce qu'on n'est bon à rien, maudire le monde autour de soi, s'abandonner aux songes, ou,mieux encore ne rien faire du tout, ou, en tout cas le moins possible - avant, bien sûr de se jeter dans le travail à corps perdu -, peut mener autrement loin.
Jean d'Ormesson — Qu'ai-je donc fait ? -
Je ne fais rien d'autre que de marcher. Je n'ai pas de famille, pas de patrie, pas de maison, pas de foyer,. Je ne suis nulle part chez moi. Du coup, je n'ai ni terres, ni possessions, ni intérêts à défendre. N'ayant pas d'intérêts, je n'ai guère d'opinions. N'ayant guère d'opinions, je suis à part de ce monde que je parcours sans fin. Je marche devant moi, je regarde, je vois ce que les autres font et j'écoute ce qu'ils disent. p190
Jean d'Ormesson — Histoire du Juif errant -
Il marchait. Il marcha jusqu'à la nuit. Il s'était déjà beaucoup éloigné de la ville lorsque la faim s'empara de lui. Et la soif. Les passions, les ambitions, les idées, les projets ne viennent qu'en seconde ligne. Il faut d'abord boire, et manger, et dormir, et tout le reste. Sans jamais en souffler mot dans les torrents de livres et de films qui nous tombent sur la tête, nous passons notre temps à mener notre corps au garage, à le ravitailler et à le vidanger. De "la Princesse de Clèves" au "Soulier de satin", en passant par "Adolphe" et par "La Chartreuse de Parme", on dirait que nos héros sont munis d'une dispense de trimbaler un corps. Ils n'ont le droit que de faire l'amour parce que l'amour est le lien entre le rêve et la machine. Nous sommes une machine avant d'être un esprit et une âme. Il peut y avoir des machines sans esprit et sans âme. Dans ce monde au moins, il n'y a pas d'esprit ni d'âme sans qu'il y ait une machine. Ashavérus avait soif. Et il avait faim. La nuit tombait. Il aperçut une lumière qui brillait dans une maison. Il poussa la porte après l'avoir frappée de son bâton et il entra dans la maison. p117
Jean d'Ormesson — Histoire du Juif errant -
La découverte du passé est réservé à l'avenir. Les hommes par la pensée, font en sens inverse le chemin suivi par l'histoire. Plus le monde vieillit, plus il en apprend sur sa jeunesse. Les hommes, à leurs débuts, ne savaient rien sur l'origine des choses. Ils en savent de plus en plus grâce au temps qui se déroule. Le passé s'éclaire à mesure qu'il s'éloigne.
Jean d'Ormesson — C’est une chose étrange à la fin que le monde -
Le monde n'a peut-être aucun sens : "Life is but a tale told by an idiot, full of sound and fury, signifying nothing." Ce qu'il y a pourtant de surprenant, c'est que tout ce qui s'y passe, et même la souffrance et le mal et la sottise et l'absurdité, ait l'air de faire un tout et d'avancer cahin-caha. Lorsque Macbeth, sur le point de périr, s'écrie que le monde est un tumulte dépourvu de tout sens, il donne, mieux que personne, un peu plus de sens au monde. p428
Jean d'Ormesson — Histoire du Juif errant -
Un écrivain doit faire attention à tout ce qu'il écrit, à tout ce qu'il dit. Et il doit faire attention à la façon dont il meurt. C'est très mauvais pour un écrivain de mourir en même temps que Piaf
Jean d'Ormesson -
C'est quand il y a quelque chose au-dessus de la vie que la vie devient belle.
Jean d'Ormesson -
Je n'ai pas la foi mais j'ai l'espérance.
Jean d'Ormesson -
Le temps est la seule chose au monde que tout le monde connaît et éprouve et qu'on ne peut ni voir, ni sentir, si toucher, si diriger, ni modifier, ni définir... il devrait être interdit d'en parler.
Jean d'Ormesson — Histoire du Juif errant -
Qu'ai-je aimé dans cette vie que j'aurai tant aimée ? C'est une question que chacun de nous, à moins de se résigner à passer pour un veau, doit bien finir par se poser. Il y a dans toute existence au moins deux interrogations auxquelles se mêle un peu d'angoisse. L'une au début : "que faire" ? Elle m'a tourmenté jusqu'aux larmes. L'autre à la fin : "qu'ai-je donc fait" ?
Jean d'Ormesson -
Nous sommes des rats dératés qui courent dans tous les sens, des grelots déchaînés et sonores, des pantins ivres d'eux-mêmes, des nains aux rêves de géants.
Jean d'Ormesson — C’est une chose étrange à la fin que le monde -
Si l'on imaginait la souffrance avec assez de vivacité, on n'aurait plus le courage de faire du mal à personne ...
Jean d'Ormesson -
En dépit de tant de malheurs et de tant de chagrins, c’est un bonheur d’être né.
Jean d'Ormesson — Je dirai malgré tout que cette vie fut belle -
Le train de la vie À la naissance, on monte dans le train et on rencontre nos parents. Et on croit qu’ils voyageront toujours avec nous. Pourtant, à une station, nos parents descendront du train, nous laissant seuls continuer le voyage… Au fur et à mesure que le temps passe, d’autres personnes montent dans le train. Et elles seront importantes : notre fratrie, nos amis, nos enfants, même l’amour de notre vie. Beaucoup démissionneront (même éventuellement l’amour de notre vie), et laisseront un vide plus ou moins grand. D’autres seront si discrets qu’on ne réalisera pas qu’ils ont quitté leurs sièges. Ce voyage en train sera plein de joies, de peines, d’attentes, de bonjours, d’au-revoirs et d’adieux. Le succès est d’avoir de bonnes relations avec tous les passagers pourvu qu’on donne le meilleur de nous-mêmes. On ne sait pas à quelle station nous descendrons, donc vivons heureux, aimons et pardonnons. Il est important de le faire car lorsque nous descendrons du train, nous ne devrons laisser que de beaux souvenirs à ceux qui continueront leur voyage. Soyons heureux avec ce que nous avons et remercions le ciel de ce voyage fantastique. Aussi, merci d’être un des passagers de mon train. Et si je dois descendre à la prochaine station, je suis content d’avoir fait un bout de chemin avec vous.
Jean d'Ormesson — L'enfant qui attendait un train -
J'aimais beaucoup lire. Ou faire semblant de lire. A la différence du théâtre ou du cinéma qui vous imposent leur rythme, il y a un style de lecture très proche de la rêverie. N'allez pas croire qu'il s'agisse de paresse. C'est à peu près l'opposé. Au lieu de lire bêtement, à la suite, le livre qui vous est proposé, vous vous arrêtez, au contraire, à chaque ligne pour ajouter au texte quelque chose de votre cru. Pour enrichir l'extérieur d'un apport intérieur. Pour y mêler vos sentiments et votre propre expérience. Pour vous approprier l'oeuvre étrangère qui vous est proposée.
Jean d'Ormesson — Je dirai malgré tout que cette vie fut belle -
Puisque rien ne peut sortir de rien, comment l’univers peut-il sortir du néant ?
Jean d'Ormesson — Comme un chant d'espérance -
Il paraît que même chez nous, en France, où elle a longtemps prospéré, la vie littéraire, si brillante durant un demi-millénaire, est en train de s'étioler. Ce n'est pas qu'on n'écrive plus : les manuscrits fleurissent comme jamais. Les gens ne lisent peut-être plus, mais ils écrivent. Mannequins, cyclistes, confiseurs, footballeurs, assureurs, repris de justice y vont de leur production et, en nombre de navets, chaque rentrée littéraire bat les records de l'année précédente.
Jean d'Ormesson — Qu'ai-je donc fait ?