72 citations de Manon Lescaut à refourguer pour le bac
Manon Lescaut, paru en 1731, est le roman le plus connu de l’Abbé Prévost. Cet ouvrage constitue le 7e tome d’une œuvre plus large, intitulée Mémoires d’un jeune homme de qualité.
Manon Lescaut puise son originalité dans un mélange des genres, combinant tragédie classique, roman d’aventure et roman psychologique. La trame de l’histoire, riche en rebondissements et en aventures, est centrée sur les émotions amoureuses de Manon Lescaut et de son amant des Grieux. Cette histoire d’amour ajoute une dimension morale à cet ouvrage, mettant en garde contre les ravages des passions amoureuses.
Manon Lescaut fait partie du programme du bac de français, dans l’objet d’étude « Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle » des classes de première générale et technologique.
Dans le but de préparer au mieux cette épreuve, nous vous proposons une liste de 72 citations emblématiques tirées de Manon Lescaut de l’Abbé Prévost. Vous pourrez peut-être les utiliser dans votre composition de bac, ou simplement profiter de cette lecture pour vous plonger à nouveau dans les aventures de Manon et de son amant !
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Il ne fallait pas compter sur elle dans la misère. Elle aimait trop l'abondance et les plaisirs pour me les sacrifier. Je la perdrai, m'écriai-je. Malheureux Chevalier ! Tu vas donc perdre encore tout ce que tu aimes ! Cette pensée me jeta dans un trouble si affreux, que je balançai, pendant quelques moments, si je ne ferais pas mieux de finir tous mes maux par la mort. Cependant je conservai assez de présence d'esprit pour vouloir examiner auparavant s'il ne me restait nulle ressource.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Comme il n y avait rien, après tout, dans le gros de ma conduite, qui pût me déshonorer absolument, du moins en la mesurant sur celle des jeunes gens d'un certain monde, et qu'une maîtresse ne passe point pour une infamie dans le siècle où nous sommes, non plus qu'un peu d'adresse à s'attirer la fortune du jeu, je fis sincèrement à mon père le détail de la vie que j'avais menée. A chaque faute dont je lui faisais l'aveu, j'avais soin de joindre des exemples célèbres, pour en diminuer la honte. Je vis avec une maîtresse, lui disais-je, sans être lié par les cérémonies du mariage : M. le duc de... en entretient deux, aux yeux de tout Paris ; M. de... en a une depuis dix ans, qu'il aime avec une fidélité qu'il n'a jamais eue pour sa femme ; les deux tiers des honnêtes gens de France se font honneur d'en avoir. J'ai usé de quelque supercherie au jeu : M. le marquis de... et le comte de... n'ont point d'autres revenus ; M. le prince de... et M. le duc de... sont les chefs d'une bande de chevaliers du même Ordre.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Je ne répondis rien. Il continua: Qu'un père est malheureux, lorsqu'après avoir aimé tendrement un fils, et n'avoir rien épargné pour en faire un honnête homme, il n'y trouve à la fin qu'un fripon qui le déshonore !
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Rien n'est plus admirable et ne fait plus d 'honneur à la vertu,que la confiance avec laquelle on s' adresse aux personnes dont on connaît la probité .Si elles ne sont pas toujours en état d'offrir du secours, on est sûr qu'on obtiendra du moins de la bonté et de la compassion. Le cœur, qui se ferme avec tant de soin au reste des hommes, s' ouvre naturellement en leur présence , comme une fleur s' épanouit à la lumière du soleil, dont elle n'attend qu' une douce influence .
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Un cœur de père est le chef-d’œuvre de la nature...
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Je fis encore quelques pas vers la porte, en tournant la tête, et tenant les yeux fixés sur elle. Mais il aurait fallu que j'eusse perdu tous sentiments d'humanité pour m'endurcir contre tant de charmes. J'étais si éloigné d'avoir cette force barbare que, passant tout d'un coup à l'extrémité opposée, je retournai vers elle, ou plutôt, je m'y précipitai sans réflexion.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Des Grieux :Elle me paraît si charmante que moi ,qui n' avais jamais pensé à la différence des sexes , ni regardé une fille avec un peu d'attention,moi,dis-je dont tout le monde admirait la sagesse et la retenue ,je me trouvais enflammé tout d' un coup jus qu' au transport !
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Je puis mourir, disais-je ; je le devrais même, après tant de honte et de douleur ; mais je souffrirais mille morts dans pouvoir oublier l'ingrate Manon.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Vous serez donc la plus riche personne de l'univers, me répondit-elle ; car, s'il n'y eut jamais de l'amour tel que le vôtre, il est impossible d'être aimé plus tendrement que vous l'êtes.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Il se retira aussitôt sans jeter les yeux sur elle, en ajoutant, d'une voix plus basse, que les femmes de France ne valaient pas mieux que celles d'ltalie.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
On ne ferait pas une divinité de l'amour, s'il n'opérait souvent des prodiges.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Rien n'est plus honorable, et ne fait plus d'honneur à la vertu, que la confiance avec laquelle on s'adresse aux personnes dont on connaît parfaitement la probité. On sent qu'il n'y a point de risque à courir. Si elles ne sont pas toujours en état d'offrir du secours, on est sûr qu'on en obtiendra du moins de la bonté et de la compassion. Le cœur, qui se ferme avec tant de soin au reste des hommes, s'ouvre naturellement en leur présence, comme une fleur s'épanouit à la lumière du soleil, dont elle n'attend qu'une douce influence.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Après tout, l'amour est un bon maître ; la fortune ne saurait nous causer autant de peines qu'il nous fait goûter de plaisirs.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
J' éprouvai alors qu' on peut aimer l' argent sans être avare .
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Mademoiselle, mademoiselle, lui dit-il, avec un sourire forcé, j'ouvre en effet les yeux, et je vous trouve bien moins novice que je ne me l'étais figuré. Il se retira aussitôt sans jeter les yeux sur elle, en ajoutant, d'une voix plus basse, que les femmes de France ne valaient pas mieux que celles d'Italie.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Il me paraissait si impossible que Manon m' eût trahi, que je craignais de lui faire injure en la soupçonnant.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Tous mes sentiments n'étaient qu'une alternative perpétuelle de haine et d'amour, d'espérance ou de désespoir, selon l'idée sous laquelle Manon s'offrait à mon esprit.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Parmi les douze filles qui étaient enchaînées six par six par le milieu du corps, il y en avait une dont l'air et la figure étaient si peu conformes à sa condition, qu'en tout autre état je l'eusse prise pour une personne de premier rang. Sa tristesse et la saleté de sont linge et de ses habits l'enlaidissaient si peu que sa vue m'inspira du respect et de la pitié
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Qu'il vous ai aisé de vaincre, lorsqu'on n'oppose rien à vos armes
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Mourons, me répéta-t-elle ; ou du moins, donne-moi la mort, et va chercher un autre sort dans les bras d'une amante plus heureuse. Non, non, lui dis-je, c'est pour moi un sort digne d'envie que d'être malheureux avec vous.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
L'amour est plus fort que l'abondance, plus fort que les trésors et les richesses, mais il a besoin de leurs secours ; et rien n'est plus désespérant, pour un amant délicat, que de se voir ramené par là, malgré lui, à la grossièreté des âmes les plus basses.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Un coeur de père est le chef-d'oeuvre de la nature.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Que les résolutions humaines soient sujettes à changer, c’est ce qui ne m’a jamais causé d’étonnement ; une passion les fait naître, une autre passion peut les détruire.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Ce sentiment était vrai ; cependant, dans le temps que je faisais si peu de cas des biens du monde, je sentais que j'aurais eu besoin d'en avoir du moins une petite partie, pour mépriser encore plus souverainement tout le reste.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
N'augmentez pas mon désespoir, lui dis-je, en me forçant de vous désobéir. Il est impossible que je vous suive. Il ne l'est pas moins que je vive, après la dureté avec laquelle vous me traitez. Ainsi je vous dis un éternel adieu. Ma mort, que vous apprendrez bientôt, ajoutai-je tristement, vous fera peut-être reprendre pour moi des sentiments de père. Comme je me tournais pour le quitter : Tu refuses donc de me suivre ? s'écria-t-il avec une vive colère. Va, cours à ta perte. Adieu, fils ingrat et rebelle. Adieu, lui dis-je dans mon transport, adieu, père barbare et dénaturé.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Les uns prennent part aux richesses des grands en servant à leurs plaisirs : ils en font des dupes ; d'autres servent à leur instruction : ils tâchent d'en faire d'honnêtes gens ; il est rare, à la vérité, qu'ils y réussissent, mais ce n'est pas là le but de la divine Sagesse : ils tirent toujours un fruit de leurs besoins, qui est de vivre aux dépens de ceux qu'ils instruisent, et de quelque façon qu'on le prenne, c'est un fond excellent de revenu pour les petits, que la sottise des riches et des grands.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Je connaissais Manon ; je n'avais déjà que trop éprouvé que quelque fidèle et quelque attachée qu'elle me fût dans la bonne fortune, il ne fallait pas compter sur elle dans la misère. Elle aimait trop l'abondance et les plaisirs pour me les sacrifier.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Mais il en resta une, fort jeune, qui s'arrêta seule dans la cour, pendant qu'un homme d'un âge avancé, qui paraissait lui servir de conducteur, s'empressait pour faire tirer son équipage des paniers. Elle me parut si charmante que moi, qui n'avais jamais pensé à la différence des sexes, ni regardé une fille avec un peu d'attention, moi, dis-je, dont tout le monde admirait la sagesse et la retenue, je me trouvai enflammé tout d'un coup jusqu'au transport. J'avais le défaut d'être excessivement timide et facile à déconcerter ; mais loin d'être arrêté alors par cette faiblesse, je m'avançai vers la maîtresse de mon cœur.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Je résolus de mourir, et je me jetai sur un lit, avec le dessein de ne le quitter qu'avec la vie.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Tout le reste d'une conversation si désirée, ne pouvait manquer d'être infiniment tendre. La pauvre Manon me raconta ses aventures, et je lui appris les miennes. Nous pleurâmes amèrement en nous entretenant de l'état où elle était, et de celui d'où je ne faisais que sortir.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Elle me dit, d'un ton timide, qu'elle confessait que son infidélité méritait ma haine ; mais que, s'il était vrai que j'eusse jamais eu quelque tendresse pour elle, il y avait eu, aussi, bien de la dureté à laisser passer deux ans sans prendre soin de m'informer de son sort et qu'il y en avait beaucoup encore à la voir dans l'état où elle était en ma présence, sans lui dire une parole. Le désordre de mon âme, en l'écoutant, ne saurait être exprimé. Elle s'assit. Je demeurai debout, le corps à demi tourné, n'osant l'envisager directement. Je commençai plusieurs fois une réponse, que je n'eus pas la force d'achever. Enfin, je fis un effort pour m'écrier douloureusement : - Perfide Manon ! Ah ! perfide ! perfide !
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Il était six heures du soir. On vint m'avertir, un moment après mon retour, qu'une dame demandait à me voir. J'allai au parloir sur-le-champ. Dieux ! quelle apparition surprenante ! j'y trouvai Manon. C'était elle, mais plus aimable et plus brillante que je ne l'avais jamais vue. Elle était dans sa dix-huitième année. Ses charmes surpassaient tout ce qu'on peut décrire. C'était un air si fin, si doux, si engageant ! l'air de l'Amour même. Toute sa figure me parut un enchantement.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Ne vous ai-je pas promis, me dit-elle, que je trouverais des ressources ? Je l'aimais avec trop de simplicité pour m'alarmer facilement.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Tous les mouvements de son âme semblaient se réunir dans ses yeux.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Je demeurai plus de vingt-quatre heures la bouche attachée sur le visage et sur les mains de ma chère Manon. Mon dessein était d'y mourir; mais je fis réflexion, au commencement du second jour, que son corps serait exposé, après mon trépas, à devenir la pâture des bêtes sauvages. Je formai la résolution de l'enterrer et d'attendre la mort sur sa fosse. J'étais déjà si proche de ma fin, par l'affaiblissement que le jeûne et la douleur m'avaient causé, que j'eus besoin de quantité d'efforts pour me tenir debout. Je fus obligé de recourir aux liqueurs que j'avais apportées. Elles me rendirent autant de force qu'il en fallait pour le triste office que j'allais exécuter. Il ne m'était pas difficile d'ouvrir la terre, dans le lieu où je me trouvais. C'était une campagne couverte de sable. Je rompis mon épée, pour m'en servir à creuser, mais j'en tirai moins de secours que de mes mains. J'ouvris une large fosse. J'y plaçai l'idole de mon cœur après avoir pris soin de l'envelopper de tous mes habits, pour empêcher le sable de la toucher. Je ne la mis dans cet état qu'après l'avoir embrassée mille fois, avec toute l'ardeur du plus parfait amour. Je m'assis encore près d'elle. Je la considérai longtemps. Je ne pouvais me résoudre à fermer la fosse. Enfin, mes forces recommençant à s'affaiblir et craignant d'en manquer tout à fait avant la fin de mon entreprise, j'ensevelis pour toujours dans le sein de la terre ce qu'elle avait porté de plus parfait et de plus aimable. Je me couchai ensuite sur la fosse, le visage tourné vers le sable, et fermant les yeux avec le dessein de ne les ouvrir jamais, j'invoquai le secours du Ciel et j'attendis la mort avec impatience. Ce qui vous paraîtra difficile à croire, c'est que, pendant tout l'exercice de ce lugubre ministère, il ne sortit point une larme de mes yeux ni un soupir de ma bouche. La consternation profonde où j'étais et le dessein déterminé de mourir avaient coupé le cours à toutes les expressions du désespoir et de la douleur Aussi, ne demeurai-je pas longtemps dans la posture où j'étais sur la fosse, sans perdre le peu de connaissance et de sentiment qui me restait.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Que prétendez-vous donc ? m'écriai-je encore. Je prétends mourir, répondit-elle, si vous ne me rendez votre coeur, sans lequel il est impossible que je vive. Demande donc ma vie, infidèle ! repris-je en versant moi-même des pleurs, que je m'efforçai en vain de retenir. Demande ma vie, qui est l'unique chose qui me reste à te sacrifier ; car mon coeur n'a jamais cessé d'être à toi.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Mon erreur sera mon excuse.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Il est sûr que, du naturel tendre et constant dont je suis, j'étais heureux pour toute ma vie, si Manon m'eût été fidèle.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Le poison du plaisir vous a fait écarter du chemin. Quelle perte pour la vertu !
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Le soir, il nous fit conduire au logement qu'on nous avait préparé. Nous trouvâmes une misérable cabane composée de planches et de boue, qui consistait en deux ou trois chambres de plain-pied, avec un grenier au-dessus. Il y avait fait mettre six chaises et quelques commodités nécessaires à la vie.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Manon quitta mes cheveux, se jeta dans un fauteuil, et fit retentir la chambre de longs éclats de rire .
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Je sens bien que je n'ai jamais mérité ce prodigieux attachement que vous avez pour moi. Je vous ai causé des chagrins, que vous n'avez pu me pardonnez sans une bonté extrême. J'ai été légère et volage, et même en vous aimant éperdument , comme je l'ai toujours fait, je n'étais qu'une ingrate. Mais vous ne sauriez croire combien je suis changée. Mes larmes, que vous avez vu couler si souvent depuis notre départ de France, n'ont pas eu une seule fois mes malheurs pour objet. J'ai cessé de les sentir aussitôt que vous avez commencé à les partager. Je n'ai pleuré que de tendresse et de compassion pour vous.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Il demeura quelque temps à me considérer sans me répondre. Comme je n'en avais pas à perdre, je repris la parole pour lui dire que j'étais fort touché de ses bontés ; mais que la liberté étant le plus cher de tous les biens, surtout à moi, à qui on la ravissait injustement, j'étais résolu de me la procurer cette nuit même à quelque prix que ce fût ; et de peur qu'il ne lui prît envie d'élever la voix pour appeler au secours, je lui fis voir une honnête raison de silence que je tenais sous mon justaucorps. Un pistolet ! me dit-il. Quoi, mon fils ! vous voulez m'ôter la vie, pour reconnaître la considération que j'ai eue pour vous ?
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Elle pèche sans malice, disais-je en moi même; elle est légère et imprudente, mais elle est droite et sincère. Ajoutez que l'amour suffisait seul pour me fermer les yeux sur toutes ses fautes.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Le coeur n'a pas besoin de se consulter longtemps pour sentir que, de tous les plaisirs, les plus doux sont ceux de l'amour.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Je lui dis qu’une entreprise, telle que je la méditais, ne pouvait paraître raisonnable qu’après avoir réussi.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Je n' ai pleuré que de tendresse et de compassion pour vous . Je ne me console point d' avoir pu vous chagriner un moment de ma vie . Je ne cesse point de me reprocher mes inconstances , et de m' attendrir , en admirant de quoi l' amour vous a rendu capable , pour une malheureuse qui n' en était pas digne , et qui ne payerait pas bien de tout son sang , ajouta-t-elle avec une abondance de larmes , la moitié des peines qu' elle vous a causées .
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
En dépit du plus cruel de tous les sorts, je trouvais ma félicité dans ses regards et dans la certitude que j'avais de son affection. J'avais perdu, à la vérité, tout ce que le reste des hommes estime; mais j'étais le maître du coeur de Manon, le seul bien que j'estimais.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Elle me parut si charmante que moi, qui n’avais jamais pensé à la différence des sexes, ni regardé une fille avec un peu d’attention, moi, dis-je, dont tout le monde admirait la sagesse et la retenue, je me trouvai enflammé tout d’un coup jusqu’au transport.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
L'amour est plus fort que l'abondance, plus fort que les trésors et les richesses, mais il a besoin de leur secours; et rien n'est plus désespérant, pour un amant délicat, que de se voir ramené par là, malgré lui, à la grossièreté des âmes les plus basses.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Je me suis étonné mille fois, en y réfléchissant, d'où me venait alors tant de hardiesse et de facilité à m'exprimer ; mais on ne ferait pas une divinité de l'amour, s'il n'opérait souvent des prodiges.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Pouvez-vous prétendre que ce que vous appelez le bonheur de la vertu soit exempt de peines, de traverses et d'inquiétudes? Quel nom donnerez-vous à la prise, aux crois, aux supplices et aux torture des tyrans? Direz-vous, comme font les mystiques, que ce qui tourmente le corps est un bonheur pour l'âme? Vous n'oseriez le dire ; c'est un paradoxe insoutenable. Ce bonheur que vous relevez tant, est donc mêlé de mille peines ; ou pour parler plus juste, ce n'est qu'un tissu de malheurs, au travers desquels on tend à la félicité. Or, si la force de l'imagination fait trouver du plaisir dans ces maux mêmes, parce qu'ils peuvent conduire à un terme heureux qu'on espère, pourquoi traitez-vous de contradiction et d'insensée, dans ma conduite, une disposition toute semblable? J'aime Manon ; je tends au travers de mille douleurs à vivre heureux et tranquille auprès d'elle.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
La plupart des grands et des riches sont des sots: cela est clair à qui connait un peu le monde. Or il y a là-dedans une justice admirable. S'ils joignaient l'esprit aux richesses, ils seraient trop heureux, et le reste des hommes trop misérable. Les qualités du corps et de l'âme sont accordées à ceux ci, comme des moyens pour se tirer de la misère et de la pauvreté. Les uns prennent part aux richesses des grands, en servant à leurs plaisirs; ils en font des dupes ; d'autres servent à leur instruction, ils tâches d'en faire d'honnêtes gens
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Lorsque nous nous vîmes si proche de Paris, c'est-à-dire presque en sûreté, nous prîmes le temps de nous rafraîchir, n'ayant rien mangé depuis notre départ d'Amiens. Quelque passionné que je fusse pour Manon, elle sut me persuader qu'elle ne l'était pas moins pour moi. Nous étions si peu réservés dans nos caresses que nous n'avions pas la patience d'attendre que nous fussions seuls. Nos hôtes et nos postillons nous regardaient avec admiration et je remarquai qu'ils étaient surpris de voir deux enfants de notre âge qui paraissaient s'aimer jusqu'à la fureur. Nos projets de mariage furent oubliés à Saint-Denis. Nous fraudâmes les droits de l'Eglise, et nous nous trouvâmes époux sans y avoir fait réflexion.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Le commun des hommes n’est sensible qu’à cinq ou six passions, dans le cercle desquelles leur vie se passe, et où toutes leurs agitations se réduisent. Ôtez-leur l’amour et la haine, le plaisir et la douleur, l’espérance et la crainte, ils ne sentent plus rien.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
L'unique chose que je veux conclure ici , c'est qu'il n'y a point de plus mauvaise méthode pour dégouter un coeur de l'amour que de lui en décrier les douceurs et de lui promettre plus de bonheur dans l'exercice de la vertu.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
J' ai été légère et volage ; et même en vous aimant éperdument, comme j'ai toujours fait , je n' étais qu' une ingrate . Mais ne sauriez croire combien combien je suis changée .
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Crois-tu qu'on puisse être bien tendre lorsqu'on manque de pain ?
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Mon âme ne suivit pas la sienne. Le Ciel ne me trouva point, sans doute, assez rigoureusement puni. Il a voulu que j'aie traîné, depuis, une vie languissante et misérable. Je renonce volontairement à la mener jamais plus heureuse.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Mourons, me répéta-t-elle ; ou du moins, donne-moi la mort, et va chercher un autre sort dans les bras d'une amante plus heureuse.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Le cœur d'un père est le chef-d’œuvre de la nature.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
On ne peut réfléchir sur les préceptes de la morale, sans être étonné de les voir tout à la fois estimés et négligés.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Il n'y a point de plus mauvaise méthode pour dégoûter un cœur de l'amour, que de lui en décrier les douceurs et de lui promettre plus de bonheur dans l'exercice de la vertu. De la manière dont nous sommes faits, il est certain que notre félicité consiste dans le plaisir ; je défie qu'on s'en forme une autre idée; or le cœur n'a pas besoin de se consulter longtemps pour sentir que, de tous les plaisirs, les plus doux sont ceux de l'amour. Il s'aperçoit bientôt qu'on le trompe lorsqu'on Iui en promet ailleurs de plus charmants, et cette tromperie le dispose à se défier des promesses les plus solides.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Ah ! les expressions ne rendent jamais qu'à demi les sentiments du cœur.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
La plupart des grands et des riches sont des sots : cela est clair à qui connait un peu le monde. Or il y a là-dedans une justice admirable. S'ils joignaient l'esprit aux richesses, ils seraient trop heureux, et le reste des hommes trop misérable. Les qualités du corps et de l'âme sont accordées à ceux-ci, comme des moyens pour se tirer de la misère et de la pauvreté.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Je me serais donné mille fois la mort, si je n'eusse pas eu, dans mes bras, le seul bien qui m'attachait à la vie. Cette seule pensée me remettait. Je la tiens du moins, disais-je; elle m'aime, elle est à moi.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Manon parut s' effrayée à la vue d' une si triste demeure . C' était pour moi qu' elle s' affligeait , beaucoup plus qu' elle-même . Elle s' assit , lors que nous fûmes seuls , et elle se mit à pleurer amèrement .
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Il faut compter ses richesses par les moyens qu’on a de satisfaire ses désirs.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Ne vois-tu pas, ma pauvre chère âme, que, dans l’état où nous sommes réduits, c’est une sotte vertu que la fidélité ? Crois-tu qu’on puisse être bien tendre lorsqu’on manque de pain ?
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
On se demande la raison de cette bizarrerie du cœur humain, qui lui fait goûter des idées de bien et de perfection, dont il s'éloigne continuellement dans la pratique.
Antoine François Prévost — Manon Lescaut -
Mon coeur s'ouvrit à milles sentiments de plaisir, dont je n'avais jamais eu l'idée. Une douce chaleur se répandit dans toutes mes veines. J'étais dans une espèce de transport, qui m'ôta pour quelque temps la liberté de la voix, et qui ne s'exprimait que par mes yeux.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut -
Son conseil était sage ; mais il aurait fallu l’être aussi pour le suivre.
Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut