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Un lecteur, ou une lectrice, ouvre ce livre, le feuillette, le fait traduire, comprend vaguement que l'auteur a dû faire partie d'un complot subversif difficile à identifier. Les événements dont il est question sont lointains, on n'en garde qu'un souvenir contradictoire, la plupart des historiens les classent parmi les révoltes sans lendemain. Le narrateur commence par avoir envie de se suicider, ne le fait pas, rencontre une femme qui transforme son existence. Dora est une jeune et jolie veuve, avocate, dont le mari, disparu prématurément, possédait une vaste bibliothèque. Des livres anciens, des manuscrits rares, l'ouvre d'un collectionneur. [..] Il y a aussi une pianiste célèbre, Clara, une personnage mystérieux, François, ce dernier étant peut-être un espion chinois. Le ton général est très critique sur la société du temps de l'auteur, mais la société, au fond, à quelques transformations techniques près, est toujours la même. Les références chinoises abondent, ce qui est plutôt curieux pour un auteur occidental de cette période. Que veut-il Que cherche-t-il ? Le narrateur semble mener une vie clandestine organisée très libre, notamment sur le plan amoureux. Comme il pense à des tas de choses à la fois, son récit donne souvent l'impression d'une un tableau cubiste. Parfois on est perdu, mais on s'y retrouve toujours. Philippe Sollers — Passion fixe
Je vais continuer d'écrire sur ma mère. Elle est la seule femme qui ait vraiment compté pour moi et elle était démente depuis deux ans. Annie Ernaux — Une Femme
Clinique de Pontoise ... J'ai longtemps vu traîner un Madame Figaro ou figurait sur la couverture une fille aux seins nus sous une robe en voile. Il y avait écrit en gros caractères OSEZ LA TRANSPARENCE ! En France, 11 % des femmes ont été, sont atteintes d'un cancer du sein. Plus de trois millions de femmes. Trois millions de seins couturés, scannérisés, marqués de dessins rouges et bleus, irradiés, reconstruits, cachés sous les chemisiers et les tee-shirts, invisibles. Il faudra bien oser les montrer un jour, en effet. Annie Ernaux — L'usage de la photo
Parce que les étés finissaient pas se ressembler et qu’il était de plus en plus lourd de n’avoir souci que de soi, que l’injonction de “se réaliser” tournait à vide à force de solitude et de discussions dans les mêmes cafés, que le sentiment d’être jeune se muait en celui d’une durée indéfinie et morne, qu’on constatait la supériorité sociale du couple sur le célibataire, on tombait amoureux avec plus de détermination que les autres fois et, un moment d’inattention au calendrier Ogino aidant, on se retrouvait mariés et bientôt parents. Annie Ernaux — Les années
À nouveau, nous nous adressions la parole sur ce ton particulier, fait d'agacement et de grief perpétuel, qui faisait toujours croire, à tort, que nous nous disputions et que je reconnaîtrais, entre une mère et une fille, dans n'importe quelle langue. Annie Ernaux — Une Femme
Il avait faim. Quelle sensation ça fait de s’étaler la serviette sur les genoux et de voir arriver des nourritures qu’on n’a pas décidées, préparées, touillées, surveillées, des nourritures toutes neuves, dont on n’a pas reniflé toutes les étapes de la métamorphose. Je l’ai oublié. Bien sûr, le restaurant parfois, rare, il faut prendre une baby-sitting, et c’est de l’extraordinaire, des plats avec parfum de fric et je-te-sors-ce-soir-ma-jolie. Pas sa fête à lui, biquotidienne, tranquille, pas besoin de remercier, chic du céleri rémoulade, le bifteck saignant, les pommes de terre sautées fondantes dans le caquelon. Quand je me sers des pommes de terre en face de lui, ça fait une demi-heure que je les respire, les pré-mâche presque, toujours à goûter, la quantité de sel, le degré de cuisson, à couper l’appétit, le vrai, celui qui est désir et salive. Mais, lui, qu’il mange au moins, qu’il paie mes efforts, intraitable déjà, qu’il nettoie les plats, les restes me font horreur, comme une peine perdue, du gâchis d’énergie, et puis traîner dans le frigo un passé de nourriture qu’il faudra regoûter, resservir, maquiller, j’en ai mal au cœur d’avance (page 164 folio). Annie Ernaux — La femme gelée
En passant, l'une de mes institutrices a dit une fois que la maison était jolie, une vraie maison normande. Mon père a cru qu'elle parlait ainsi par politesse. Ceux qui admiraient nos vieilles choses, la pompe à eau dans la cour, le colombage normand, voulaient sûrement nous empêcher de posséder ce qu'ils possédaient déjà, eux, de moderne, l'eau sur l'évier et un pavillon blanc. Annie Ernaux — La place
Sortant d'Auchan, un très vieil homme plié en deux, flottant dans un imperméable, avance tout doucement avec une canne en traînant des chaussures avachies. Sa tête tombe sur la poitrine, je ne vois que son cou. De la main libre, il tient un cabas hors d'âge. Il m'émeut comme un scarabée admirable venu braver les dangers d'un territoire étranger pour rapporter sa nourriture. Annie Ernaux — Regarde les lumières, mon amour
La forme de son livre ne peut donc surgir que d'une immersion dans les images de sa mémoire pour détailler les signes spécifiques de l'époque, l'année, plus ou moins certaine, dans laquelle elles se situent - les raccorder de proche en proche à d'autres, s'efforcer de réentendre les paroles des gens, les commentaires sur les évènements et les objets, prélevés dans la masse des discours flottants, cette rumeur qui apporte sans relâche les formulations incessantes de ce que nous sommes et devons être, penser, croire, craindre, espérer. Ce que ce monde a imprimé en elle et ses contemporains, elle s'en servira pour reconstituer un temps commun, celui qui a glissé d'il y a si longtemps à aujourd'hui - pour, en retrouvant la mémoire de la mémoire collective dans une mémoire individuelle, rendre la dimension vécue de l'Histoire. Annie Ernaux — Écrire la vie
La honte ne cessait pas de menacer les filles. Leur façon de s'habiller et de se maquiller, toujours guettée par le trop: court, long, décolleté, étroit, voyant, etc., la hauteur de leurs talons, leurs fréquentations, leurs sorties et leurs rentrées à la maison, le fond de leur culotte chaque mois, tout d'elles était l'objet d'une surveillance généralisé de la société. A celles qui étaient obligées de quitter le giron familial, elle fournissait la Maison de la Jeune Fille, la cité universitaire séparée de celle des garçons, pour les protéger des hommes et du vice. Rien, ni l'intelligence, ni les études, ni la beauté, ne comptait autant que la réputation sexuelle d'une fille, c'est-à-dire sa valeur sur le marché du mariage, dont les mères, à l'instar de leurs mères à elles, se faisaient les gardiennes : si tu couches avant d'ètre mariée, personne ne voudra plus de toi - sous- entendu, sauf un autre rebut du marché côté masculin, un infirme ou un malade, ou pire, un divorcé. La fille mère ne valait plus rien, n'avait rien à espérer, sinon l'abnégation d'un homme qui accepterait de la recueillir avec le produit de la faute. Jusqu'au mariage, les histoires d'amour se déroulaient sous le regard et le jugement des autres. Annie Ernaux — Les années
Trois cent soixante-cinq repas multipliés par deux, neuf cents fois la poêle, les casseroles sur le gaz, des milliers d'oeufs à casser, de tranches de barbaque à retourner, de packs de lait à vider. Toutes les femmes, le travail naturel de la femme. Avoir une profession, comme lui, bientôt, ne m'y fera pas échapper, au frichti. Quelle tâche un homme est-il obligé de se coltiner, tous les jours, deux fois par jour, simplement parce qu'il est homme. Annie Ernaux — La femme gelée
Moins on a d’argent et plus les courses réclament un calcul minutieux, sans faille. Plus de temps. Faire la liste du nécessaire. Cocher sur le catalogue des promos les meilleures affaires. C’est un travail économique incompté, obsédant, qui occupe entièrement des milliers de femmes et d’hommes. Annie Ernaux — Regarde les lumières, mon amour
Elle a toujours eu honte de l'amour. ils n'avaient pas de caresses ni de gestes tendres l'un pour l'autre. devant moi, il l'embrassait d'un coup de tête brusque, comme par obligation, sur la joue. Il lui disait souvent des choses ordinaires mais en la regardant fixement, elle baissait les yeux et s'empêchait de rire, j'ai compris qu'il lui faisait des allusions sexuelles. Annie Ernaux — La place
Mon père, fils d’ouvrier, ayant fait fortune dans l’édification d’une usine, était sombre, préoccupé, levé très tôt, pour aller à son bureau. Il se taisait beaucoup et son athéisme était radical. Il a fait, à mon égard, quelques gestes significatifs : m’amener, très jeune, voir un télescope, m’offrir un microscope, m’emmener visiter une grotte préhistorique, attirer mon attention sur la pensée anarchiste... Philippe Sollers — Légende
Ludivine Sereni, bartleby /2 Cette rumeur serait-elle la basse et vile rumeur, la Fama, celle « qui remplit les peuples de mille bruits où elle annonçait également ce qui était arrivé et ce qui ne l’était pas » ? Ou bien est-elle celle dont parle Marcel Detienne dans l’Ecriture d’Orphée ? : A qui sait écouter, toute rumeur fait signe. C’est alors une voix ponctuelle, instantanée, comme un atome de rumeur constituée, de celle qui relayée de bouche en bouche et d’oreille en oreille, se métamorphose en récit formel déjà, chacun y ajoutant ou en retirant quelque chose, par une procédure inconsciente mais toujours en une création multiple. Si le consultant singulier peut donner un sens à une voix prélevée dans un essaim de sens, c’est assurément que les dieux ne cessent de faire signe aux hommes en leur envoyant des rêves, en leur dépêchant des vols d’oiseaux, des messages en même temps que des voix oraculaires. Toute rumeur, alors, trouve sa source dans le dieu sous le nom de Phémios comme l’aède au palais d’Ithaque. Et c’est auprès de Zeus que se tient docile et prête à partir la rumeur messagère, la puissance appelée ossa dont le nom est associé à une sorte de divination par les sons (otteia).(C’est moi qui souligne) J La rumeur veut que Bartleby ait travaillé un temps au service des Lettres au rebut. Ces lettres, messages de vie, qui courent vers la mort, sont pour l’éternité repliées sur elles-mêmes. Or, n’est-ce pas de cette façon que l’avoué retrouve pour la dernière fois Bartleby, dans cette prison à l’architecture égyptienne — et quoi de plus juste pour un scribe ? Bartleby replié sur lui-même, telle une lettre, disparaît doucement. La formule, sa répétition, ne faisait qu’accroître le repli de l’être-du-rien. Retiré dans les abîmes, d’où nul être humain ne ressort vivant, le scribe s’éteint doucement, dans un pieux et blanc silence, tel qu’il l’a toujours fait. Mais ne peut-on pas aussi voir dans cette étrange nouvelle, une démonstration de l’écriture percurrente d’Herman Melville ? Et comment distinguer, sinon dans la forme, Bartleby de la Baleine Blanche ?... [4] C’est l’histoire de l’encre comme sang, épousant ce blanc qui sonne comme un silence, un rien avant tout commencement... Le roman se fait tout seul, et ton roman est universel si tu veux... Philippe Sollers — L'Infini, n°17
Mais les signes de ce qui m'attendait réellement, je les ai tous négligés. Je travaille mon diplôme sur le surréalisme à la bibliothèque de Rouen, je sors, je traverse le square Verdrel, il fait doux, les cygnes du bassin ont reparu, et d'un seul coup j'ai conscience que je suis en train de vivre peut-être mes dernières semaines de fille seule, libre d'aller où je veux, de ne pas manger ce midi, de travailler dans ma chambre sans être dérangée. Je vais perdre définitivement la solitude. Peut-on s'isoler facilement dans un petit meublé, à deux. Et il voudra manger ses deux repas par jour. Toutes sortes d'images me traversent. Une vie pas drôle finalement. Mais je refoule, j'ai honte, ce sont des idées de fille unique, égocentrique, soucieuse de sa petite personne, mal élevée au fond. Un jour, il a du travail, il est fatigué, si on mangeait dans la chambre au lieu d'aller au restau. Six heures du soir cours Victor-Hugo, des femmes se précipitent aux Docks, en face du Montaigne, prennent ci et ça sans hésitation, comme si elles avaient dans la tête toute la programmation du repas de ce soir, de demain peut-être, pour quatre personnes ou plus aux goûts différents. Comment font-elles ? [...] Je n'y arriverai jamais. Je n'en veux pas de cette vie rythmée par les achats, la cuisine. Pourquoi n'est-il pas venu avec moi au supermarché. J'ai fini par acheter des quiches lorraines, du fromage, des poires. Il était en train d'écouter de la musique. Il a tout déballé avec un plaisir de gamin. Les poires étaient blettes au coeur, "tu t'es fait entuber". Je le hais. Je ne me marierai pas. Le lendemain, nous sommes retournés au restau universitaire, j'ai oublié. Toutes les craintes, les pressentiments, je les ai étouffés. Sublimés. D'accord, quand on vivra ensemble, je n'aurai plus autant de liberté, de loisirs, il y aura des courses, de la cuisine, du ménage, un peu. Et alors, tu renâcles petit cheval tu n'es pas courageuse, des tas de filles réussissent à tout "concilier", sourire aux lèvres, n'en font pas un drame comme toi. Au contraire, elles existent vraiment. Je me persuade qu'en me mariant je serai libérée de ce moi qui tourne en rond, se pose des questions, un moi inutile. Que j'atteindrai l'équilibre. L'homme, l'épaule solide, anti-métaphysique, dissipateur d'idées tourmentantes, qu'elle se marie donc ça la calmera, tes boutons même disparaîtront, je ris forcément, obscurément j'y crois. Mariage, "accomplissement", je marche. Quelquefois je songe qu'il est égoïste et qu'il ne s'intéresse guère à ce que je fais, moi je lis ses livres de sociologie, jamais il n'ouvre les miens, Breton ou Aragon. Alors la sagesse des femmes vient à mon secours : "Tous les hommes sont égoïstes." Mais aussi les principes moraux : "Accepter l'autre dans son altérité", tous les langages peuvent se rejoindre quand on veut. Annie Ernaux — La femme gelée
Werth n’en pouvait plus... Tout l’ennuyait, le fatiguait de plus en plus, le dégoûtait... Les demandes des uns, les supplications des autres ; l’atmosphère de malveillance implacable qui entoure la prostitution douce ; la niaiserie dépendante des garçons exigeant sans cesse d’être assistés, maternés, poussés, pistonnés... Pour quelques instants agréables (et encore), quel prix à payer... Téléphones, lettres, démarches, arbitrages... Conseils, indulgence à n’en plus finir, tutelle, pourboires déguisés... A ce jeu de la résignation, Werth était devenu une sorte de saint malgré lui, gardant quand même sa réserve ponctuée de soubresauts rageurs... Il ne vivait pas du tout son homosexualité comme le font la plupart, désormais, de façon triomphante, agressive, militante, dure, prononcée... L’obscénité en vitrine... Boîtes sado-maso, valse du cuir... Torses, poils, muscles, piscines d’argile, mer gluante... Floc-floc des râles et des grognements... La seule chose qui avait toujours fait peur à Werth, c’est que sa mère apprenne ses goûts par la presse... Qu’il y ait comme ça un scandale mettant en cause sa situation, d’ailleurs péniblement acquise, de grand professeur... Déjà, l’hostilité des collègues, l’inlassable calomnie des ratés universitaires... Rien à voir avec le gauchisme viril de Pasolini... Les sous-prolétaires dans le cambouis, sur la plage... Avec le risque d’assassinat au bout, c’est d’ailleurs ce qui a fini par arriver... Non, les Français sont plus réservés, que voulez-vous, ils souffrent de plus en plus, en demi-teintes... Proust dans une boîte de New York ? Charlus et Jupien dans les bains-douches directs de la 72e Rue ? Werth se battait, sans illusions, pour une sorte de sensualité atténuée, une variante d’épicurisme... Bouddhiste, japonisant, légèrement affaissé.. Philippe Sollers — Femmes
Acqua Alta. La ville est à fleur d'eau, elle se laisse envahir par elle. C'est l'inondation, et il faut installer sur des tréteaux des passerelles de planches. Restons sur les quais, des bottes sont nécessaires, mais on peut aussi retrousser ses pantalons et marcher pieds nus dans cette prairie liquide. Tu enlèves tes souliers à talons, tu danses un peu. Tu te souviens ? La main dans la main près de l'église ? Comme on a ri au soleil ? Philippe Sollers — Dictionnaire amoureux de Venise
« Je me revois, à l’automne 1963, arrivant pour la première fois, de nuit, à Venise. Je viens de Florence, me voici tout à coup sur la place Saint-Marc. La précision de la scène est étonnante : debout, sous les arcades, regardant la basilique à peine éclairée, je laisse tomber mon sac de voyage, ou plutôt il me tombe de la main droite, tant je suis pétrifié et pris. J’entends encore le bruit sourd qu’il fait sur les dalles. Je sais, d’emblée, que je vais passer ma vie à tenter de coïncider avec cet espace ouvert, là, devant moi. J’ai ressenti une émotion du même genre, mais moins forte, en pénétrant, à Pékin, dans la Cité Interdite et, surtout, en allant aux environs visiter le temple du Ciel au toit bleu. C’est un mouvement bref de tout le corps violemment rejeté en arrière, comme s’il venait de mourir sur place et, en vérité, de rentrer chez soi. Etre dehors est peut-être une illusion permanente : il n’y aurait que du dedans et nous nous acharnerions à ne pas le savoir. La nuit (il était très tard, il n’y avait personne ni sur la place, ni dans les ruelles) favorisait ce choc semblable à celui qu’on ressent dans l’épaule en tirant un coup de fusil. Détonation silencieuse, vide, plein, vide ; évidence intime. [...] Casanova (Mémoires) : « Je me suis déterminé à solliciter ma grâce auprès des inquisiteurs d’Etat vénitiens [...] je l’ai obtenue. Ce fut le 14 septembre 1774. Mon entrée à Venise, au bout de dix-neuf ans, me fit jouir du plus beau moment de ma vie. » Philippe Sollers Venise éternelle, les voyageurs photographes au siècle dernier éditions Jean-Claude Lattès, 1993, p.34 39. Philippe Sollers
Les critiques de ce livre sont plutôt négatives, cela ne m'étonne pas plus que tant, mais je tiens quand même à défendre ce que j'ai aimé. Certaines longueurs, certes. Un style pas toujours digeste ? Par moment, c'est également vrai. D'ailleurs, l'auteur retrouvera par la suite une sobriété plus grande. Des inepties ? Cela par contre non, je ne suis pas d'accords. L'auteur touche juste et fait preuve d'une grande subtilité. Je me suis procuré ce livre après avoir lu une interview de son auteur sur le net. Ce qu'il disait de Lacan avait titillé ma curiosité et j'avais choisi ce pavé parmi d'autres livres à la bibliothèque de mon quartier. Je l'ai dévoré en 5 jours. Franchement, l'un des meilleurs livres que j'ai lu. Riche. Dense, Intelligent. Subtile. Critique. C'est vrai aussi que je n'aime ni le nouveau roman, ni le roman actuel. Un livre qui se lit comme on regarde un film, je ne croche généralement pas. Je suis plutôt un lecteur d'essai et de philosophie. Mais ce livre m'a réconcilié avec la littérature. J'ai depuis lu quatre ou cinq livres de Sollers que je ne connaissais pas. Je ne lis jamais les journaux littéraires et provincial, je ne connaissais pas son auteur. J'ai découvert quelqu'un qui défend une sensibilité qui est aussi la mienne : une certaine profondeur pas toujours policée de l'âme, l'homme hétérosexuel, l'Italie, une certaine façon de lire la Bible, Picasso. J'y ai découvert un auteur pour la vie. Merci Monsieur Sollers. Philippe Sollers — Femmes