Faire d’une pierre deux coups : définition et origine de l’expression
Sommaire
Contrairement à certaines formules ayant recours à des métaphores complexes, l’expression « faire d’une pierre deux coups » véhicule une image particulièrement simple à comprendre, qui se passe généralement d’explications.
Mais si celle-ci vous semble encore quelque peu obscure, nous vous proposons dans cet article de clarifier la définition et l’origine de cette expression.
Définition de l’expression « faire d’une pierre deux coups »
« Faire d’une pierre deux coups », c’est atteindre deux objectifs avec une seule et même manœuvre, action ou moyen ; c’est, plus généralement, saisir l’opportunité de réaliser deux actions simultanément.
On emploie cette expression pour souligner le fait que ce double objectif accompli nous a permis de gagner en temps, en efficacité, ou en bénéfices. En règle générale, « faire d’une pierre deux coups » nous permet de tirer pleinement avantage d’une situation.
Par exemple, lorsque vous lisez l’un de nos articles sur La langue française, ou que vous vous lancez dans l’un de nos jeux, comme nos quiz ou nos mots croisés, vous apprenez des choses tout en vous divertissant : on peut donc dire que vous faites d’une pierre deux coups !
Origine de l’expression « faire d’une pierre deux coups »
C’est sans doute parce que la métaphore parle d’elle-même qu’il est difficile de remonter à l’origine de l’expression « faire d’une pierre deux coups ». Ce que l’on sait, c’est que Montaigne fut le premier à employer la formule dans la littérature française, en 1570 — mais il est fort probable que l’expression ait été utilisée à l’oral depuis plus longtemps encore.
Une chose est sûre, cette expression est de plus en plus populaire au fil du temps :
Vraisemblablement, la locution est issue du vocabulaire chasseur ou guerrier. La fronde, l’une des armes les plus anciennes conçues par l’Homme, consiste justement à lancer des pierres sur sa proie pour la tuer ou l’assommer.
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Le fait de toucher deux cibles avec une seule pierre, au sens propre comme au sens figuré, traduit bien cette notion d’efficacité que le proverbe véhicule encore aujourd’hui. Cette origine semble la plus plausible, d’autant que l’équivalent anglophone de l’expression est « to kill two birds with one stone » — tuer deux oiseaux d’une seule pierre.
Cependant, certains linguistes se sont amusés à établir d’autres théories, dont nous vous laisserons jauger la crédibilité. D’aucuns voient, par exemple, une analogie entre le « coup » et le « cou » : à l’origine, l’expression renverrait à l’idée de « faire d’une pierre deux cous (coups) de lapin ». Ce rapprochement ne semble pas si incongru, quand on considère que le terme « coup du lapin » provient justement d’une technique consistant à tuer le lapin d’un « coup » derrière le « cou ».
En 1842, dans son Dictionnaire étymologique, historique et anecdotique des proverbes et des locutions proverbiales de la langue française, le grammairien Pierre-Marie Quitard imagine quant à lui une autre origine plus fantaisiste :
Un bon vivant qui consacrait sa vie à la bonne chère et à l’amour, s’était logé dans un entresol au-dessus de la cuisine d’un restaurateur et au-dessous de la chambre de sa belle ; et, quand il voulait jouir du double avantage de sa position, il lançait au plafond une pierre qui, retombant sur le parquet, avertissait à la fois cette belle et ce restaurateur toujours fidèles à l’appel. Pouvait-il mieux faire d’une pierre deux coups ?
Pierre-Marie Quitard, Dictionnaire étymologique, historique et anecdotique des proverbes et des locutions proverbiales de la langue française
Difficile d’être certain de l’étymologie exacte de cette formule : ce qui est sûr, c’est que sa signification, elle, est restée inchangée au fil des siècles. Et vous, connaissez-vous une autre théorie sur l’origine de cette expression ? N’hésitez pas à nous en faire part en commentaires !
Exemples de l’usage de l’expression « faire d’une pierre deux coups »
Et d’ailleurs, je voulais être à la fois son père, son bienfaiteur, et, lâchons le mot, son amant ; faire d’une pierre deux coups, une bonne action et une bonne amie.
Honoré de Balzac, La Comédie humaine
Aux frais de son éditeur, membre du comité, rappelle-t-il en plissant les yeux, il faisait donc d’une pierre deux coups en se renseignant aussi sur la tombe de mon père. Joignant l’astuce à l’économie, il s’est donc rendu dans ce pays montagneux (…)
Alix de Saint-André, Papa est au Panthéon
Jérôme, décide, de son côté, d’épouser Juliette, faisant ainsi d’une pierre deux coups, il la libère de son prétendant officiel, et il aide Jérôme à reconquérir Alissa délivrée de ses scrupules.
André Gide, La porte étroite
La garce elle me vitriole et il faut que je la boucle. Quelle haine. Elle m’a toujours haïe, elle a fait d’une pierre deux coups en me mariant à Albert, elle assurait ses plaisirs et mon malheur. Je ne voulais pas l’admettre, je suis trop propre, trop blanche, mais ça saute aux yeux.
Simone de Beauvoir, La femme rompue