À la bonne franquette : définition et origine de l’expression

Sommaire

• Définition de l’expression « à la bonne franquette » 
• Origine de l’expression « à la bonne franquette » 
• Exemples de l’usage de l’expression « à la bonne franquette » 

« À la bonne franquette » : c’est une expression que l’on utilise parfois en passant à table, que l’on prononce au cours d’un moment de convivialité, et qu’on lit sur le fronton de nombreux restaurants et auberges. Selon certains, il s’agit même d’un art de vivre, voire d’une philosophie.

Mais d’où provient cette formule, et comment a-t-elle pris le sens qu’on lui connait aujourd’hui ? Découvrons-le dans cet article sur l’origine et la définition de l’expression « à la bonne franquette » — et non, taisons ce doute immédiatement, « Franquette » n’est pas le féminin de « Franck ».

Définition de l’expression « à la bonne franquette » 

« À la bonne franquette » est une locution adverbiale (elle s’écrit donc toujours de cette manière) qui signifie « en toute simplicité, sans cérémonie, sans façon ». On emploie souvent cette formule autour d’une table, pour préciser qu’il s’agit d’un repas sobre et ordinaire, et que les convives peuvent agir sans faire de manières, comme s’ils étaient chez eux. 

Plus généralement, « à la bonne franquette » désigne tout événement ou comportement spontané et simple, « sans prise de tête » comme on le dirait dans notre langage moderne. Utilisée de façon péjorative, l’expression peut aussi vouloir dire « vulgairement, sans élégance, sans distinction ». 

Autrefois, cette locution avait pour synonyme « à la fortune du pot », ou « à la bonne flanquette » — cette dernière demeurant employée, à la marge, dans certains patois régionaux. Plus couramment, on pourra recourir aux formules « comme à la maison » ou « sans chichi » pour traduire la même idée.

Origine de l’expression « à la bonne franquette » 

Le mot « franquette » descend d’un ancien dialecte régional, vraisemblablement normand ou picard : il n’était ni plus ni moins qu’un dérivé de « franc ». « À la franquette » voulait donc dire « franchement », « sincèrement ». On peut notamment le lire dans le texte original du Médecin malgré lui, de Molière, en 1666 : 

Et testigué ! Ne lantiponez point davantage ; et confessez à la franquette que v’estes médecin.

Molière, Médecin malgré lui

C’est au cours du XVIII^e siècle que l’adjectif « bonne » vient se greffer à l’expression, qui devient « à la bonne franquette ». La variante « à la bonne flanquette » est beaucoup plus rare :

D’après l’historien de la langue Claude Duneton, l’expression « à la bonne franquette » naît par opposition à la formule « à la française », qui désigne alors un art de vivre luxueux et guindé, à l’heure où la bourgeoisie se réunit dans des salons distingués.

Vivre et manger « à la bonne franquette » serait donc une réponse de « la plèbe » à ces manières excessives, une façon d’exister chichement et simplement, sans s’embarrasser de conventions ridicules. 

Exemples de l’usage de l’expression « à la bonne franquette » 

Et toi, tu aimais ça, le commerce ? Pour ça, je crois que oui. Il était prêt à toutes les concessions. Tu vois, je le savais. Mais ça a raté. Je n’ai jamais pu l’acheter. Un restaurant, oui, à la bonne franquette. Tu vois ce que je veux dire ? Prix fixe, trois plats, pas plus, un menu, pas de carte. Le lundi, un seul plat. Une bonne choucroute. Bien garnie. Bien chaude. Tu vois ?

Marguerite Duras, Des journées entières dans les arbres

Bien des années après cela, je suis dans une salle à l’architecture désuète, moulurée d’or, et dont les fauteuils recouverts de velours sont occupés par des gens en tenue de soirée, fort différents des personnages à la bonne franquette qu’abrite la construction de toile d’un cirque forain.

Michel Leiris, La règle du jeu

Mylène n’y était plus, ils la trouvèrent dans la salle à manger, occupée à disposer les serviettes dans les verres, comme au restaurant. Asseyez-vous, dit-elle. Excusez-moi, ça va être à la bonne franquette, j’ai pas eu le temps d’aller au marché.

Françoise de Maulde, Le séjour à Hollywood 

C’est alors que le sommeil me prit, la joue contre le portefeuille, que je devais avoir l’air de serrer dans mes bras. Autour de moi, des boiseries craquaient à la bonne franquette. Au-dessus de la cheminée, une pendule gonflée de minutes historiques sonna trois heures.

Antoine Blondin, Monsieur Jadis ou L’école du soir

Le jeune Amadeus passe pour avoir eu le goût des lourdes plaisanteries à la bonne franquette, point rares dans ce pays plus tard, avec ses confrères, il se montrait, dit-on, sarcastique et sec.

Marguerite Yourcenar, En pèlerin et en étranger

Les Montfuronais qui jusque-là l’avaient tenu en suspicion, commencèrent à l’enrober dans leur cercle, afin, plus tard, de l’assimiler. Il avait fallu tout ce temps à Montfuron pour que la population, le voyant débonnaire et à la bonne franquette, cessât de cultiver l’image d’abord alarmante qu’elle avait dessinée dans son imagination collective.

Pierre Magnan, Les secrets de Laviolette

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