La langue française

Accueil > Expressions françaises > Éclairer sa lanterne : définition et origine de l’expression

Éclairer sa lanterne : définition et origine de l’expression

Vous avez sans doute déjà entendu l’expression « éclairer sa lanterne », particulièrement courante dans la langue française. Mais que signifie-t-elle ? Dans cet article, on vous explique la définition et l’origine de l’expression « éclairer sa lanterne ». Bonne lecture !

Définition de l’expression « éclairer sa lanterne »

Lorsqu’on propose « d’éclairer la lanterne » de quelqu’un, on lui offre de lui expliquer quelque chose, de lui apporter les clés de compréhension nécessaires pour appréhender un sujet ou une situation. « Éclairer sa lanterne » à autrui rappelle, métaphoriquement, l’idée de tendre une lampe à quelqu’un, pour l’aider à y « voir plus clair ».

On retrouve ici l’association fréquente entre la lumière, d’une part, et l’intelligence ou la compréhension, d’autre part. Ne dit-on pas de quelqu’un de peu perspicace qu’il « n’est pas une lumière » ou, plus familièrement encore, qu’il « n’a pas la lumière à tous les étages » ? À l’inverse, une « idée lumineuse » désigne une pensée particulièrement brillante et inspirée.

Dans le même esprit, « éclairer la lanterne » de quelqu’un, c’est donc lui apporter cette lumière figurée, cette clairvoyance qui lui permettra de saisir les tenants et les aboutissants d’une question, ou de se sortir des méandres d’un problème épineux.

Origine de l’expression « éclairer sa lanterne »

Pour remonter à la source de l’expression « éclairer sa lanterne », il nous faut plonger dans la littérature du XVIIIe siècle, et plus particulièrement dans une fable de Florian intitulée « Le singe qui montre la lanterne magique ».

Dans ce conte animalier, un singe facétieux, voulant épater ses congénères, emprunte la lanterne magique de son maître pour leur offrir un spectacle extraordinaire. Mais dans sa précipitation, il oublie un détail crucial : allumer la lanterne ! Les animaux ont beau écarquiller les yeux, ils ne voient rien des merveilles promises.

[…]
Voyez… Les spectateurs, dans une nuit profonde,
Écarquillaient leurs yeux et ne pouvaient rien voir
L’appartement, le mur, tout était noir.
Ma foi ! disait un chat, de toutes les merveilles
Dont il étourdit nos oreilles,
Le fait est que je ne vois rien.
Ni moi non plus, disait un chien.
Moi, disait un dindon, je vois bien quelque chose ;
Mais je ne sais pour quelle cause
Je ne distingue pas très bien.
Pendant tous ces discours, le Cicéron moderne
Parlait éloquemment et ne se lassait point.
Il n’avait oublié qu’un point :
C’était d’éclairer sa lanterne.

Jean-Pierre Claris de Florian, Fables , « Le singe qui montre la lanterne magique »

De cette fable est d’abord née l’expression « oublier d’éclairer sa lanterne », signifiant omettre un élément essentiel pour se faire comprendre. Au fil du temps, la formule s’est peu à peu transformée, pour donner naissance à notre « éclairer sa lanterne » contemporain.

Exemples de l’usage de l’expression « éclairer sa lanterne »

Il s’agissait d’un cas de folie circulaire et périodique, mais pour le mener à bien j’avais besoin de lumières que je ne possédais pas. C’est alors qu’un ami, le professeur Paul Thiéry, chirurgien des hôpitaux, me mit en relation avec l’éminent Joseph Babinsky, qui voulut bien éclairer ma lanterne, ce qui me permit de traiter sans erreur la partie pour ainsi dire scientifique du drame.

André Breton, Nadja

Mais non. C’est une fête de commerçants. Comme tu veux. J’ai reçu une lettre du syndic à laquelle je ne comprends absolument rien. Si tu pouvais éclairer ma lanterne. C’est au sujet du ravalement. Écoute ce charabia.

Loleh Bellon, De si tendres liens

Auteurs inconnus, formules grecques, digressions étymologiques achèvent de me convaincre de mon ignorance. Ici ou là, pourtant, un exemple me repêche, une pointe d’humour me rassérène, un élément emprunté à la vie quotidienne éclaire ma lanterne.

Jean-Pierre Keller, La Solitude du coupeur de nattes

Rentré dans ma chambre, j’interrogeai vainement mon calepin pour savoir ce que cette débauche pouvait bien célébrer. On était le 25 juillet. En quoi sainte Anne, dont c’était la fête, intéressait-elle les habitants de Monteux au point de s’attirer un aussi brillant hommage ? Sidonie éclaira ma lanterne dès le lendemain matin.

Michel Tournier, Le Médianoche amoureux
Partager :
ou Nous soutenir

Nicolas Lafarge-Debeaupuis

Nicolas Lafarge-Debeaupuis

Nicolas Lafarge-Debeaupuis est rédacteur indépendant, et prête ses mots à différents médias et entreprises. Se décrivant volontiers comme « un geek avec une plume », il se sent dans son élément naturel lorsqu’il écrit sur des sites web tels que La langue française.

Tous les articles de Nicolas Lafarge-Debeaupuis >

Découvrez chaque semaine une expression ou proverbe par courriel

Chaque mercredi, on vous fait découvrir la signification et l'origine d'une expression ou proverbe francophone.


Commentaires

Chambaron

Que faire avec les expressions qui finissent par devenir contradictoires avec leur sens d'origine ? Doit-on continuer de les employer à tort parce que de toute façon tout le monde se trompe ou doit-on les remettre sur les rails ?
J'avais découvert cette inversion aberrante de « l'allumage de la lanterne » il y a quelques années et depuis je n'emploie plus l'expression que dans sa version d'origine, à la grande surprise de mes interlocuteurs.
Ce n'est bien sûr pas la seule : les « cris d'orfraie » (au lieu d'effraie), « par dessus la jambe », « vent debout » et une bonne dizaine d'autres de ma collection sont répétées en permanence à contre-emploi. L'usage dit populaire a bon dos mais doit-on continuer de le perpétuer et de perpétrer ces petits meurtres quotidiens dus à l'ignorance ?
J'espère que vous jetterez un coup d'oeil (et non « un oeil ») à mon commentaire et continuerez de nous éviter de voir les choses par le « gros bout » de la lorgnette (et non le petit).

Répondre

Laisser un commentaire

Vous devez vous connecter pour écrire un commentaire.

Se connecter S'inscrire