L'assonance – Figure de style [définition et exemples]
Définition de l'assonance
Une assonance est une figure de style qui consiste à répéter un même son vocalique dans un groupe de mots ou dans un ensemble de phrases. Dans le langage poétique, les jeux de sonorités créés par l’assonance apportent une musicalité aux vers, entraînent un effet de rythme et déclenchent une émotion.
En produisant un écho, comme dans la première strophe de la Chanson d’Automne, bercée par une assonance, Paul Verlaine renforce le ton mélancolique et nostalgique du poème.
Les sanglots longs
Paul Verlaine
Des violons
De l'automne
Blessent mon cœur
D’une langueur
Monotone.
Figure de diction fondée sur la continuité phonique, l’assonance est souvent comparée à une rime discrète, dont elle prolonge l’effet. Cependant, à la différence de la rime, l’assonance ne tient pas compte des consonnes qui entourent la voyelle.
Par exemple, dans cet extrait de Phèdre, l’assonance repose sur la répétition de la voyelle « i » :
Tout m’afflige et me nuit et conspire à me nuire.
Jean Racine
Selon Marcel de Grève, « l’assonance pourrait, dans ce sens, être considérée comme une rime imparfaite ou élémentaire. Elle n’exige que l’homophonie de la voyelle tonique, sans tenir compte des consonnes qui la précèdent ou qui la suivent. Chaste et frappe, par exemple, forment une assonance ; frappe et nappe forment une rime. Déjà, au Moyen Age, dans la poésie française, les poèmes les plus anciens n’avaient pas de rimes mais seulement des assonances. C’était même un élément essentiel de leur versification. Il importait peu que les deux voyelles en jeu fussent écrites de la même façon : l’orthographe n’avait rien à voir en cette question ; mais il était indispensable que ces voyelles se prononçassent pareillement, de sorte qu’un o ouvert ne pouvait assoner avec un o fermé. »
Maurice Grammont (1866 – 1946), linguiste comparatiste, indo-européaniste, phonéticien et dialectologue français, dans son Petit Traité de versification française, ajoute les précisions suivantes concernant l'assonance :
Les vers de nos plus anciens poèmes n’ont pas de rimes, mais seulement des assonances. On dit que deux vers assonent entre eux quand leur dernière voyelle tonique est la même voyelle. Cette condition est suffisante, mais strictement nécessaire ; que les phonèmes ou sons qui suivent ou précèdent immédiatement cette voyelle se ressemblent ou soient absolument différents dans les deux vers, peu importe ; que les deux voyelles en jeu soient écrites de la même manière ou non, il n’importe pas davantage : l’orthographe n’a rien à voir en cette question ; mais il est indispensable que ces voyelles se prononcent pareillement, qu’elles aient le même timbre ; ainsi un o ouvert ne saurait assoner avec un o fermé.
Maurice Grammont, Petit Traité de versification française, Armand Colin, 1908 (p. 30-38).
Figure de style très utilisée en poésie, l’assonance se retrouve aussi dans certains proverbes, textes littéraires, correspondances, publicité, facilitant ainsi la mémorisation du message véhiculé.
- A bon chat, bon rat ;
- Qui vole un oeuf vole un bœuf ;
- Zéro tracas, zéro blabla.
Quelle différence entre l'assonance et l'allitération ?
L'allitération et l'assonance sont deux figures de style qui visent à créer des effets sonores. À la différence de l’assonance, fondée sur la répétition de phonèmes vocaliques, l’allitération consiste à répéter des phonèmes consonantiques, à l'intérieur d'un même vers ou d'une même phrase.
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Par exemple, dans une fable de Jean de la Fontaine, le loup s’adresse à l’agneau, répétant le même son autour de la consonne « r » :
Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?
Jean de La Fontaine, Le loupe et l’agneau
Autre exemple autour de la consonne « s » dans ces vers de Phèdre :
De ce sacré Soleil dont je suis descendue
Racine, Phèdre, Acte
Voir d’autres exemples d’allitérations >
Les allitérations et les assonances forment une harmonie imitative, autre figure de style qui se définit comme une répétition de sonorités permettant de suggérer certaines impressions visuelles, auditives et tactiles.
Par exemple, dans la tragédie Andromaque, Oreste prononce ces vers en associant le sens des mots et le son « s », suggérant le sifflement ou le glissement des serpents :
Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?
Jean Racine
Histoire et étymologie de l'assonance
Le mot assonance provient du latin adsonare, qui signifie « répondre à un son par un autre son, répondre en écho ».
Ce procédé stylistique était utilisé au Moyen Âge par les poètes, la poésie médiévale n'ayant pas de rimes mais que des assonances.
Par exemple, dans la plus antique des toutes les Chansons de geste : La Chanson de Roland, qui date du XIe siècle :
Rollant reguardet Oliver al visage
La Chanson de Roland
Teint fut e pers desculuret et pale.
[ Roland regarde Olivier au visage
Il était blafard et livide, sans couleur et pâle]
Par la suite, le terme s’est généralisé, désignant n’importe quel retour d’une sonorité vocalique, qui donne une certaine tonalité ou couleur à l’expression, au vers, à la phrase où il apparaît.
En savoir plus sur la définition de l’assonance >
Exemples d’assonances
Sur la mousse des nuages
Paul Éluard, Liberté
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
Paul Verlaine, Poèmes saturniens
Oh ! qui verra deux fois ta grâce et ta tendresse,
Alfred de Vigny, La maison du berger
Ange doux et plaintif qui parle en soupirant ?
Qui naîtra comme toi portant une caresse
Dans chaque éclair tombé de ton regard mourant,
Dans les balancements de ta tête penchée,
Dans ta taille indolente et mollement couchée,
Et dans ton pur sourire amoureux, et souffrant ?
L'aurore grelottante en robe rose et verte
Charles Baudelaire, Crépuscule du matin
C’est à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d’Hamilcar.
Gustave Flaubert, Salammbô
L’horizon tout entier s’enveloppe dans l’ombre
Les trophées, Heredia
Il pleure dans mon cœur comme il pleut sur la ville, quelle est cette langueur qui pénètre mon cœur ?
Paul Verlaine, Romances sans paroles.
Le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui
Stéphane Mallarmé, Le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui
Va-t-il nous déchirer avec un coup d’aile ivre
De Corneille vieilli sait consoler Paris.
Boileau, Épîtres
Je t’ai préféré même à ceux dont les parents
Corneille, Cinna
Ont jadis dans mon camp tenu les premiers rangs.
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Consultez notre guide des figures de style en français.