Hyperbole - Figure de style [définition et exemples]
Histoire de l'hyperbole
L'histoire de l'hyperbole (du grec hyperballein, « jeter au-dessus ») a commencé avec la littérature antique. À cette époque, l'hyperbole a en effet été abondamment employée dans l'épopée et le théâtre. Il s'agissait de mettre en valeur les attributs des dieux, ou des personnages puissants pour insister sur leur caractère surnaturel, le fait qu'ils soient au-dessus du reste de l'humanité.
On peut citer l'exemple de L'Iliade où le bouclier d'Ajax est composé de sept peaux de boeuf, pour montrer sa force exceptionnelle. Cette figure de style a ensuite été reprise dans la littérature du Moyen Âge, là encore dans l'épopée. La plus connue, La Chanson de Roland, en contient beaucoup, dans le même but de mise en valeur des héros.
Par la suite, cette figure de style a servi dans le registre polémique et satirique pour dénoncer, avec une certaine outrance, les choses ou les personnes contre lesquelles les auteurs s'insurgent. Dans ce contexte, l'hyperbole est souvent employée avec ironie. La Bruyère, dans Caractères, l'utilise pour peindre les défauts qu'il veut dénoncer.
J'entends Théodecte de l'antichambre ; il grossit sa voix à mesure qu'il s'approche. Le voilà entré : il rit, il crie, il éclate ; on bouche ses oreilles, c'est un tonnerre.
La Bruyère, Caractères
De nos jours, l'hyperbole est très utilisée dans le domaine de la publicité : on veut convaincre que le produit mis en avant est forcément le meilleur parmi tous ceux du marché.
Définition de l'hyperbole
L'hyperbole est une figure de l'exagération qui repose sur le grossissement exagéré d'une caractéristique, d'une idée ou d'un sentiment dans un but de mise en valeur (positive ou négative). On utilise souvent d'autres figures de style pour construire une hyperbole comme la métaphore ou la comparaison.
Ainsi, dire que quelqu'un est un « géant », c'est recourir à une métaphore mais aussi faire une hyperbole puisque l'on grossit démesurément le trait pour mettre en valeur la taille de la personne. On utilise également beaucoup de superlatifs pour construire une hyperbole. Ces derniers sont des mots qui expriment un degré très élevé (« beaucoup », « extrêmement », « le moins », « le plus » etc.) L'une des hyperboles les plus célèbres de la littérature française est d'ailleurs basée sur une accumulation de superlatifs :
Je m’en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plusétourdissante, la plus inouïe, la plus singulière, la plus extraordinaire, la plusincroyable, la plus imprévue, la plus grande, la plus petite, la plus rare, la plus commune, la plus éclatante, la plus secrète jusqu’à aujourd’hui, la plus brillante, la plus digne d’envie […]
Madame de Sévigné, Lettres
De la même façon que certaines métaphores se sont en quelque sorte « figées » et sont rentrées dans le langage courant. On dit ainsi qu'on « meurt » de soif ou de faim, qu'on a une « tonne » de travail, que telle chose est à « mourir » de rire etc.
Pierre Fontanier, dans ses Figures du discours, classe l'hyperbole dans les figures d’expression par réflexion. Selon le linguiste, « l’Hyperbole augmente ou diminue les choses avec excès, et les présente bien au-dessus ou bien au-dessous de ce qu’elles sont, dans la vue, non de tromper, mais d’amener à la vérité même, et de fixer, par ce qu’elle dit d’incroyable, ce qu’il faut réellement croire » (p. 123, il souligne). Surtout, pour fonctionner, l’hyperbole ne doit pas se faire sentir comme une exagération :
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Il y a même plus, l’Hyperbole, pour être une beauté d’expression et pour plaire, doit porter le caractère de la bonne foi et de la franchise, et ne paraître, de la part de celui qui parle, que le langage même de la persuasion. Ce n’est pas tout, il faut que celui qui écoute puisse partager jusqu’à un certain point l’illusion, et ait besoin peut-être d’un peu de réflexion pour n’être pas dupe, c’est-à-dire, pour réduire les mots à leur juste valeur. Tout cela suppose que l’Hyperbole, en passant la croyance, ne doit pas passer la mesure ; et qu’elle ne doit pas heurter la vraisemblance, en heurtant la vérité.
Pierre Fontanier, Les Figures du discours, p. 123-124
Il ajoute les précisions d’ordre étymologique suivantes :
Hyperbole, en grec Υπερβολη [hyperbolê], excès, dérivé de υπερβαλλω [hyperballô] excéder, surpasser de beaucoup : de υπερ [hyper], au delà, et de βαλλω [ballô], jeter. Et, en effet, par l’Hyperbole, on se jette au delà de la vérité, soit qu’on présente les choses bien au-dessus ou bien au-dessous de ce qu’elles sont réellement, ou de ce qu’il faut les croire. (p. 263, il souligne)
Ibid
Exemples d'hyperboles
Un des spectacles où se rencontre le plus d’épouvantement est certes l’aspect général de la population parisienne, peuple horrible à voir, hâve, jaune, tanné.
Balzac, La Fille aux yeux d'or
Ses moindres actions lui semblent des miracles.
Molière, Tartuffe
Il prouvait admirablement qu’il n’y a pas d’effet sans cause et que, dans le meilleur des mondes possibles, le château de Thunder-ten-Tronkh était le plus beau château et madame le baronne la meilleure des baronnes possibles.
Voltaire, Candide
C'étaient des hommes géants sur des chevaux colosses.
Victor Hugo, Les Misérables
Serais-je donc le seul lâche sur la terre ?
Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit
Console-moi ce soir, je me meurs d'espérance.
Musset, La Nuit de mai
Sa peccadille fut jugée un cas pendable
La Fontaine, Fables, Les Animaux malades de la peste
Manger l’herbe d’autrui ! quel crime abominable !
Toute lune est atroce et tout soleil amer.
Arthur Rimbaud, Le bateau ivre
Mon jeu, mon seul jeu, était le jeu le plus pur : la nage.
Paul Valéry, Variétés
Je ne suis qu'un amas de crimes et d'ordures.
Molière, Tartuffe
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