Pléonasme - Figure de style [définition et exemples]
Qu’est-ce qu’un pléonasme ?
Le pléonasme est une figure de style qui consiste à répéter des mots, idées ou expressions de sens identique dans une même phrase ou un énoncé.
Très utilisé en littérature et dans le langage courant, le pléonasme met en relief des termes dans la phrase qui ont le même sens, afin de créer un effet d’insistance.
Caractérisé de « redondance maladroite » par Henri Suhamy, le pléonasme est souvent considéré comme une faute grammaticale ou lexicale, surtout dans un contexte non littéraire. On parle alors de périssologie ou discours superflu. Les fameuses expressions « descendre en bas », « monter en haut », « panacée universelle » ou « prévenir d’avance » sont des pléonasmes involontaires ou inconscients marquant des erreurs syntaxiques, et une méconnaissance de la langue française. Certaines précisions apportées sont inutiles pour la compréhension de l’expression ou de la phrase.
Patrick Bacry dans « Les figures de style » donne l’exemple du mot « constellé » : « quand le ciel est constellé, il est pléonastique d’ajouter qu’il est constellé d’étoiles puisque le mot constellé à lui seul signifie semé d’étoiles. »
Dans ses Figures du discours, Pierre Fontanier définit le pléonasme comme « une figure par laquelle on ajoute à l’expression de la pensée, pour en augmenter la clarté ou l’énergie, des mots d’ailleurs inutiles pour l’intégrité grammaticale ».
Effectivement, loin d’être une simple répétition, le pléonasme dit « volontaire » est un procédé littéraire qui peut convaincre le lecteur ou l’auditoire en insistant sur des expressions, renforçant ainsi la phrase ou l’énoncé.
Cette intention stylistique prend tout son sens dans un des vers des imprécations de Camille dans Horace, destinées à la ville de Rome :
Que le courroux du ciel allumé par mes vœux
Pierre Corneille, Horace, Acte IV, Scène 5
Fasse pleuvoir sur elle un déluge de feux !
Puissé-je de mes yeux y voir tomber la foudre !
Sur cet extrait, l’analyse de Pierre Fontanier est très pertinente : « Puissé-je voir de mes yeux veut dire là : Puissé-je voir, et voir réellement, et à n’en pouvoir douter, la foudre tomber sur elle ! Puissé-je en être assurée par mes propres yeux, et non par le témoignage d’autrui ! Il veut dire surtout : Puissé-je voir, et même plus que voir la foudre tomber sur elle ! Puissé-je repaître mes yeux de ce spectacle ! et en faire ma joie, mes délices ! Le pléonasme a donc là un objet et un caractère un peu différent que lorsqu’on a dit : Je l’ai vu de mes yeux. Il fait plus qu’ajouter à l’énergie du discours ; il lui communique toute la fureur de la passion terrible de Camille ; il le rend, s’il fait le dire, forcené, frénétique. »
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Le pléonasme peut aussi être employé en vue de produire un effet humoristique. Cité par Pierre Bacry, San Antonio s’amuse de la figure de style dans cet extrait :
[…] avant de se laisser décapiter la tête entre le menton et le cou, comme dirait un pléonaste distingué…
San Antonio, Ménage tes méninges
Origine et étymologie du pléonasme
Apparu au XVIIe siècle, le terme pléonasme est issu du grec ancien πλεονασμός / pleonasmos qui signifie « surabondance, excès ». Il est étymologiquement très proche de la redondance, qui provient du latin « redundans » signifiant « qui déborde ».
Figure de style consistant en un redoublement de l’idée dans deux phrases ou membres d’une phrase, la redondance se caractérise par une abondance de répétitions parfois excessives, souvent des termes synonymes, créant une lourdeur et une obscurité dans la phrase.
Cependant, le pléonasme est différent de la synonymie car il se compose de deux éléments qui ne se trouvent pas sur le même plan syntaxique.
Exemples de pléonasmes
Découvrez les trois cents pléonasmes les plus courants en français >
De nombreux écrits littéraires et citations, des extraits de la presse écrite, des chansons mais aussi des expressions du langage courant emploient des pléonasmes.
- Littérature et poésie :
Je ne sentis point cette horreur qui fait dresser les cheveux sur la tête, et qui glace le sang dans les veines, quand les dieux se communiquent aux mortels.
Fénélon, Les aventures de Télémaque
C’est tenir un propos de sens bien dépourvu.
Molière, Le Tartuffe
Je l’ai vu, dis-je, vu, de mes propres yeux vu,
Ce qu’on appelle vu : faut-il vous le rebattre
Aux oreilles cent fois, et crier comme quatre ?
Et quand il forcera la Nature à se taire,
Pierre Corneille, Nicomède
Trois sceptres à son trône attachés par mon bras,
Parleront au lieu d’elle, et ne se tairont pas.
Mais plus personne plus personne
Claude Roy, Les autres étés
Ne se servira de mon cœur à moi
Ni de ta voix à toi qui résonne
Dans mon oreille et mon corps à moi.
Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Victor Hugo, Demain dès l’aube
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
Il était habile chirurgien, mais il n’entendait rien à la médecine, et appliquait ce maudit émétique à tous les maux. C’était sa panacée universelle.
Georges Sand, Histoire de ma vie
En vain, la plus triste vieillesse m’accable de son poids pesant.
Alexandre Duval, Joseph
Tout ce que vous avez décrit s’est avéré exact.
Frédéric Dard, Du plomb pour ces demoiselles
- Presse quotidienne :
Avec ce type d’informations, les villes seront à même de prévoir à l’avance les mesures à prendre pour limiter les épisodes de pollution.
Boursorama.com, 27 juin 2017
Différents groupes de travail vont se pencher sur les premières priorités.
La Voix du Nord, 17 juillet 2017
- Quelques pléonasmes utilisées dans le langage courant :
- Sortir dehors
- Se réunir ensemble
- Au jour d’aujourd’hui
- Applaudir à deux mains
- Un don gratuit
- Un bref résumé
- Deux jumeaux, trois triplés…
- Il était son seul et unique enfant.
- Achever complètement
- Collaborer ensemble
- Marcher à pied
- Le but final d’une action
- Être contraint malgré soi
- Une dune de sable
- Comme par exemple
- Incessamment sous peu
- Une heure de temps
Pour en savoir plus, consultez notre guide complet des figures de style.