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Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal : Le Masque

les fleurs du mal Charles Baudelaire

Les Fleurs du mal est un recueil de poèmes de Charles Baudelaire, englobant la quasi-totalité de sa production en vers, de 1840 jusqu'à sa mort survenue fin août 1867. Publié le 25 juin 1857, le livre scandalise aussitôt la société contemporaine, conformiste et soucieuse de respectabilité. C'est une œuvre majeure de la poésie moderne. Ses 163 pièces rompent avec le style convenu. Elle rajeunit la structure du vers par l'usage régulier d'enjambements, de rejets et de contre-rejets. Elle rénove la forme rigide du sonnet.

Ce poème est dans la section « Spleen et idéal ».

Pour citer l'œuvre : Les Fleurs du mal (1868) Michel Lévy frèresŒuvres complètes, vol. I (p. 114-115).

XXI

LE MASQUE

STATUE ALLÉGORIQUE DANS LE GOÛT DE LA RENAISSANCE

À ERNEST CHRISTOPHE
statuaire


Contemplons ce trésor de grâces florentines ;
Dans l’ondulation de ce corps musculeux
L’Élégance et la Force abondent, sœurs divines.
Cette femme, morceau vraiment miraculeux,
Divinement robuste, adorablement mince,
Est faite pour trôner sur des lits somptueux,
Et charmer les loisirs d’un pontife ou d’un prince.

— Aussi, vois ce souris fin et voluptueux
Où la Fatuité promène son extase ;
Ce long regard sournois, langoureux et moqueur ;
Ce visage mignard, tout encadré de gaze,
Dont chaque trait nous dit avec un air vainqueur :


« La Volupté m’appelle et l’Amour me couronne ! »
À cet être doué de tant de majesté
Vois quel charme excitant la gentillesse donne !
Approchons, et tournons autour de sa beauté.

O blasphème de l’art ! ô surprise fatale !
La femme au corps divin, promettant le bonheur,
Par le haut se termine en monstre bicéphale !

Mais non ! Ce n’est qu’un masque, un décor suborneur,
Ce visage éclairé d’une exquise grimace,
Et, regarde, voici, crispée atrocement,
La véritable tête, et la sincère face
Renversée à l’abri de la face qui ment.
— Pauvre grande beauté ! le magnifique fleuve
De tes pleurs aboutit dans mon cœur soucieux ;
Ton mensonge m’enivre, et mon âme s’abreuve
Aux flots que la Douleur fait jaillir de tes yeux !

— Mais pourquoi pleure-t-elle ? Elle, beauté parfaite
Qui mettrait à ses pieds le genre humain vaincu,
Quel mal mystérieux ronge son flanc d’athlète ?

— Elle pleure, insensé, parce qu’elle a vécu !
Et parce qu’elle vit ! Mais ce qu’elle déplore
Surtout, ce qui la fait frémir jusqu’aux genoux,
C’est que demain, hélas ! il faudra vivre encore !
Demain, après-demain et toujours ! — comme nous !


Commentaire de texte de Charles Baudelaire : Le Masque

Pas de commentaire de texte pour le moment.

L'auteur : Charles Baudelaire

Charles Baudelaire est un poète français. Né à Paris le 9 avril 1821, il meurt dans la même ville le 31 août 1867. À la croisée entre le Parnasse et le symbolisme, chantre de la « modernité », il occupe une place considérable parmi les poètes français. Les Fleurs du mal (1857) et Les Paradis artificiels (1860) sont ses deux recueils de poésie les plus connus.

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Commentaires

Gue

coucou j’aimerais avoir un commentaire la dessus.

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Michel Caubet

Je vous propose un commentaire de ce texte.

Michel Caubet, Agrégé de Lettres.

Répondre
La langue française

Bonjour,
Avec plaisir, vous pouvez me contacter à [email protected]

Nicolas.

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