L'imparfait
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Utilisé pour décrire une action qui est en train de se dérouler dans le passé, l’imparfait de l’indicatif est, comme le passé simple, un temps du passé. Le temps composé de la conjugaison française qui correspond à l’imparfait est le plus-que-parfait.
À travers différents exemples, cet article vous éclaire sur la conjugaison de l’imparfait : dans quelles circonstances employer l’imparfait de l’indicatif et comment se forme-t-il ?
Quand utiliser l’imparfait ?
L’imparfait de l’indicatif indique que l’action s’est déroulée dans le passé, mais de manière inachevée. Elle n’est donc pas délimitée dans le temps, elle est en cours dans le passé : « Les enfants jouaient dans la cour. ».
L’action peut être simultanée par rapport à une autre : « Pendant que vous faisiez la sieste, je rangeais la maison. »
Dans un récit littéraire, l’imparfait permet de rapporter les circonstances secondaires, commenter l’évènement principal et décrire les personnages, le décor, les lieux et les objets. Très cher à de nombreux auteurs, l’imparfait permet de rédiger de longs portraits et des scènes détaillées.
Cependant, couchés côte à côte sur le même oreiller, les deux enfants dormaient. Claude, qui avait huit ans, ses petites mains rejetées hors de la couverture, respirait d’une haleine lente, tandis qu’Étienne, âgé de quatre ans seulement, souriait, un bras passé au cou de son frère.
Emile Zola, L’Assommoir
L’imparfait est un temps qui convient pour marquer les répétitions et les habitudes (imparfait itératif) :
- « Quand nous étions jeunes, nous aimions ramasser des champignons dans les bois. »
- « Tous les étés, ma cousine réunissait toute la famille. »
Il s’emploie également pour évoquer une supposition, souvent dans des subordonnées introduites par la conjonction de subordination « si » :
- « Il réagit comme si c’était simple pour lui. »
Lorsque le discours indirect est introduit par un verbe au passé, l’imparfait doit être utilisé dans la seconde proposition, pour respecter concordance des temps : « Il a pensé que j’étais moins motivée. »
L’imparfait peut prendre une valeur modale, notamment lorsqu’il exprime une hypothèse ou qu’il atténue une demande :
- « Si j’étais un animal, je serais un hamster. » ;
- « Si vous veniez avec nous, nous vous ferions découvrir la région. »
- « Combien de croissants vous fallait-il ? »
Imparfait ou passé simple ?
Dans un récit, l’action principale est souvent au passé simple car elle occupe le premier plan alors que l’imparfait est en arrière-plan. Le passé simple, réservé à la langue écrite, est également un temps du récit qui situe l’action dans le passé lointain mais il s’agit d’une action ponctuelle et soudaine.
Il est très fréquent que ces deux temps soient utilisés de manière conjointe pour décrire une scène. Par exemple :
Les deux amis s’assirent en riant. D’abord et par un regard plus rapide que la parole, chaque convive paya son tribut d’admiration au somptueux coup d’œil qu’offrait une longue table, blanche comme une couche de neige fraîchement tombée, et sur laquelle s’élevaient symétriquement les couverts couronnés de petits pains blonds. Les cristaux répétaient les couleurs de l’iris dans leurs reflets étoilés, les bougies traçaient des feux croisés à l’infini, les mets placés sous des dômes d’argent aiguisaient l’appétit et la curiosité. Les paroles furent assez rares. Les voisins se regardèrent. Le vin de Madère circula.
Honoré de Balzac, La peau de chagrin
Ces deux temps, utilisés dans un contexte passé, sont régulièrement confondus car les terminaisons des premières personnes de certains verbes sont très proches : j’aimai / j’aimais. À l’écrit, les deux temps se distinguent par la présence du s mais à l’oral, aucune différence ne s’entend car la prononciation est identique.
Pour bien les distinguer, il faut analyser la phrase dans son ensemble. Le passé simple décrit une action passée qui est terminée tandis que la situation passée décrite avec l’imparfait dure dans le temps.
- « Je l’aperçus au loin et traversai la rue pour la rejoindre. »
Dans cette phrase, le verbe « traversai » est conjugué au passé simple et non à l’imparfait (traversais) car il s’inscrit dans la continuité de l’action « j’aperçus ». L’évènement décrit est ponctuel et soudain. Une astuce consiste à ajouter des marqueurs de temps en début de phrase comme « Tout à coup, soudain… » pour le passé simple et « Pendant longtemps » pour l’imparfait.
Comment se forme l’imparfait de l’indicatif ?
Mis à part quelques particularités, la conjugaison de l’imparfait est régulière.
Pour tous les groupes de verbes, l’imparfait se forme sur le radical de la première personne du pluriel du présent de l’indicatif, en enlevant le terminaison « ons » pour la remplacer par les terminaisons suivantes : -ais, -ais, -ait, -ions , -iez, -aient
Par exemple, pour le verbe du 1er groupe aimer, la conjugaison du présent de l’indicatif à la première personne du pluriel est : « nous aimons ». L’imparfait va donc se former sur le radical « aim ». Idem pour le verbe danser (nous dansons au présent)
Verbe aimer | Verbe danser |
j’aimais tu aimais il/elle/on aimait nous aimions vous aimiez ils/elles aimaient |
je dansais tu dansais il/elle/on dansait nous dansions vous dansiez ils/elles dansaient |
Voici deux autres exemples avec des verbes du 2e groupe et des verbes du 3ème groupe :
Verbe finir | Verbe croire |
je finissais tu finissais il/elle/on finissait nous finissions vous finissiez ils/elles finissaient |
je croyais tu croyais il/elle/on croyait nous croyions vous croyiez ils/elles croyaient |
Conjugaisons irrégulières de l’imparfait
Attention, quelques verbes du 1er groupe présentent quelques irrégularités.
Les verbes qui se terminent par -yer
Ces verbes s’écrivent avec un i en complément du y à la deuxième et à la troisième du pluriel de l’imparfait.
Verbe essuyer | Verbe balayer |
j’essuyais tu essuyais il/elle/on essuyait nous essuyions vous essuyiez ils/elles essuyaient |
je balayais tu balayais il/elle/on balayait nous balayions vous balayiez ils/elles balayaient |
Les verbes qui se terminent par -ier
À l’imparfait de l’indicatif, le radical de ces verbes se termine par i. Par conséquent, même si on ne l’entend pas précisément à l’oral, les deuxième et troisième personnes du pluriel conservent le i de la terminaison, ils s’écrivent donc avec deux i.
Verbe prier |
je priais tu priais il/elle/on priait nous priions vous priiez ils/elles priaient |
Les verbes qui se terminent par -iller
Ces verbes conservent également le i après -ill à la deuxième et à la troisième personne du pluriel.
Verbe briller | Verbe travailler |
je brillais tu brillais il/elle/on brillait nous brillions vous brilliez ils/elles brillaient |
je travaillais tu travaillais il/elle/on travaillait nous travaillions vous travailliez ils/elles travaillaient |
Les verbes qui se terminent par -gner
Ces verbes conservent le i après -gn à la deuxième et à la troisième personne du pluriel.
Verbe gagner | Verbe régner |
je gagnais tu gagnais il/elle/on gagnait nous gagnions vous gagniez ils/elles gagnaient |
je plaignais tu plaignais il/elle/on plaignait nous plaignions vous plaigniez ils/elles plaignaient |
Il faut donc faire attention à ne pas omettre ces i dans vos écrits.
D’autres verbes qui ne sont pas du 1er groupe présentent également la particularité de garder le i à l’imparfait aux deux premières personnes du pluriel : cueillir, voir, fuir, rire, peindre, craindre, plaindre…
Verbe rire | Verbe plaindre | Verbe cueillir |
je riais tu riais il/elle/on riait nous riions vous riiez ils/elles riaient |
je plaignais tu plaignais il/elle/on plaignait nous plaignions vous plaigniez ils/elles plaignaient |
je cueillais tu cueillais il/elle/on cueillait nous cueillions vous cueilliez ils/elles cueillaient |
Les verbes qui se terminent par -ger
Quand ils sont conjugués à l’imparfait, ces verbes conservent la voyelle e devant le a.
Verbe nager | Verbe songer |
je nageais tu nageais il/elle/on nageait nous nagions vous nagiez ils/elles nageaient |
je songeais tu songeais il/elle/on songeait nous songions vous songiez ils/elles songeaient |
Les verbes qui se terminent par -cer
Il ne faut pas oublier d’ajouter une cédille au c qui se trouve avant le a pour faire entendre le son « ss ».
Verbe lancer | Verbe placer |
je lançais tu lançais il/elle/on lançait nous lancions vous lanciez ils/elles lançaient |
je plaçais tu plaçais il/elle/on plaçait nous placions vous placiez ils/elles plaçaient |
Pour réviser les conjugaisons de l’imparfait :