La proposition subordonnée conjonctive
Une proposition subordonnée conjonctive est une proposition qui dépend syntaxiquement et sémantiquement d’une proposition principale. Il existe deux types de conjonctives : la complétive conjonctive et la circonstancielle conjonctive. Elles ont deux fonctions très différentes. Leur seul point commun est la nature du mot qui les introduit : il s’agit toujours d’une conjonction de subordination ou d’une locution conjonctive, et c’est pour cette raison qu’elles s’appellent toutes deux « conjonctives ». Pour une vue d’ensemble des mots introduisant une proposition subordonnée, voir ici.
Il existe une conjonctive qui est complément de phrase, elle renseigne sur les circonstances dans lesquelles se déroule l’action de la principale. Elle appartient au groupe des circonstancielles :
- Quand le chat n’est pas là, les souris dansent.
Il existe une conjonctive qui est complément de verbe, le verbe de la principale. Elle appartient au groupe des subordonnées complétives :
- Je veux que tu viennes.
La différence entre les deux est tellement importante que l’on en vient à n’entendre aujourd’hui par « proposition subordonnée conjonctive » que ce second type, celui qui appartient aux complétives.
C’est l’occasion pour nous de présenter dans cet article les deux grands types de propositions subordonnées que sont les complétives et les circonstancielles. Le troisième grand type, celui des relatives, donne lieu à un autre article, accessible ici.
Les propositions subordonnées complétives
Présentation et typologie
Une proposition subordonnée complétive est essentielle à la construction de la phrase et le plus souvent elle ne peut pas être supprimée (contrairement à la proposition subordonnée circonstancielle). Elle est souvent l’équivalent d’un groupe nominal (GN).
On trouve plusieurs types de subordonnées complétives, selon la manière dont elles sont introduites par rapport à la principale. Le tableau ci-dessous en fait la synthèse (les éléments soulignés sont des subordonnées complétives, les éléments non soulignés sont les propositions principales) :
La proposition subordonnée complétive conjonctive
On l’appelle également « conjonctive pure ». Elle est toujours introduite par la conjonction de subordination « que » ou par les locutions conjonctives « à ce que » et « de ce que ».
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Elle occupe le plus souvent la fonction de complément d’objet direct (COD) ou indirect (COI) du verbe de la proposition principale :
- Je veux que tu viennes. La subordonnée « que tu viennes » est COD de « veux ».
- Je travaille à ce que le projet réussisse. La subordonnée « à ce que le projet réussisse » est COI de « travaille ».
Elle peut également être complément d’une forme impersonnelles, comme dans l'exemple suivant :
- Il faut que nous prenions un parapluie.
Elle peut également être le sujet de la proposition principale, comme dans l'exemple suivant :
Qu’il soit parti ne fait aucun doute. Comme il y a dix ans.
René Roger, Rigueurs de la légende
Elle peut aussi être attribut du sujet :
Mais, don juan, mon problème est que j’ai toujours l’impression de faire de mon mieux, alors que manifestement je me trompe.
Carlos Castaneda, Histoires de pouvoir
Elle peut être complément de l’adjectif :
D’une manière générale, l’influence qu’exerce mon œuvre sur les jeunes écrivains n’est pas assez soulignée. Je suis heureux que vous vous en rendiez compte.
Romain Gary, Vie et mort d’Émile Ajar
Les propositions subordonnées circonstancielles
Présentation et typologie
Une proposition subordonnée circonstancielle n’est pas essentielle à la construction de la phrase et elle peut être supprimée (contrairement à la proposition subordonnée complétive) excepté dans le cas de la circonstancielle conjonctive corrélative. Elle peut être déplacée, et a la même fonction qu’un complément circonstanciel.
On trouve plusieurs types de subordonnées circonstancielles, selon la circonstance qu’elles expriment (temps, cause, but, conséquence, concession, condition, comparaison) et selon la manière dont elles sont introduites par rapport à la principale. Le tableau ci-dessous en fait la synthèse (les éléments soulignés sont des subordonnées complétives, les éléments non soulignés sont les propositions principales) :
La proposition subordonnée circonstancielle conjonctive
Une proposition subordonnée circonstancielle conjonctive est soit introduite par une conjonction de subordination ou une locution conjonctive ; soit par un système corrélatif faisant intervenir une conjonction de subordination (on précise alors, en la qualifiant de « corrélative »).
Il est question ci-dessous de certaines subordonnées circonstancielles conjonctives, et du mode auquel le verbe doit être conjugué.
Par exemple, la proposition subordonnée circonstancielle conjonctive de temps peut exprimer la simultanéité grâce aux conjonctions de subordination quand, lorsque, pendant que, tandis que, comme, tant que ; la succession grâce à après que, dès que, aussitôt que, depuis que ; et l’anticipation grâce à avant que, jusqu’à ce que.
Attention à après que :
On a tendance à utiliser le mode subjonctif pour conjuguer le verbe qui suit après que, car la règle impose d’utiliser le subjonctif après bien que.
Une guerre « propre » selon la propagande, bien qu’il soit déjà tombé sur l’Irak « plus de bombes sur les l’Allemagne pendant toute la durée de la seconde guerre mondiale » (Le Monde de ce soir) […].
Annie Ernaux, Passion simple
Cependant, il faut employer l’indicatif avec après que :
Cela se produit surtout au sortir des querelles familiales, après qu’elle a sangloté longtemps sur son lit.
Henri Thomas, Sous le lien du Temps
La proposition subordonnée circonstancielle conjonctive de cause ensuite, peut, en fonction de la conjonction employée, exprimer la cause de différentes manières. Elle donne la cause avec parce que, elle la justifie avec puisque, et elle la rejette avec non que.
La proposition subordonnée circonstancielle conjonctive de concession est introduite par bien que, encore que, quoique. Ces conjonctions de subordination sont suivies du subjonctif.
Pour aller plus loin :