La proposition subordonnée : le guide complet
Sommaire
Une proposition subordonnée est dépendante d’une proposition principale à laquelle elle se rattache. À elles deux, elles forment l’un des types de phrase complexe. Il faut donc repartir de la distinction entre phrase simple et phrase complexe pour comprendre le rôle et la définition d’une proposition, et comprendre alors ce qu’est une proposition subordonnée. Nous avons concocté ce guide sur les propositions subordonnées pour vous aider à y voir plus clair !
Phrase simple et phrase complexe
Phrase et proposition
Une phrase est une unité syntaxique et sémantique autonome, c’est-à-dire que quels que soient ses éléments, ils doivent former une unité avec une cohérence syntaxique et sémantique (de sens) et cette unité doit être autonome, c’est-à-dire qu’elle ne doit pas être dépendante d’un autre élément pour fonctionner.
Pour véhiculer une information et avoir du sens, une phrase doit donc présenter au moins une relation prédicative entre un élément sujet et un élément prédicat (quelque chose que l’on déclare à propos du sujet).
La relation prédicative ou contenu prédicatif est ce que l’on appelle en grammaire française une proposition. Une phrase simple est formée d’une seule proposition / relation prédicative :
Et une phrase complexe est formée de plusieurs propositions / relations prédicatives :
Les différents types de phrases complexes
Les propositions formant une phrase complexe sont liées entre elles soit par relation d’association, soit par relation de dépendance.
Les propositions liées entre elles par relation d’association sont soit juxtaposées (Paul rit, Pierre pleure) soit coordonnées (Paul rit mais Pierre pleure).
Deux propositions sont juxtaposées si elles sont placées de part et d’autre d’une virgule, d’un point-virgule, ou de deux points. Deux propositions sont coordonnées si elles sont placées de part et d’autre d’une conjonction de coordination (mais, ou, et, donc, or, ni et car) ou d’un adverbe de liaison (ainsi, aussi, en effet, d’ailleurs, ensuite, puis, enfin, finalement).
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La phrase complexe est alors formée de deux propositions indépendantes.
Lorsque deux propositions sont juxtaposées ou coordonnées, elles gardent leur autonomie syntaxique, l’une ne prime pas sur l’autre et l’une ne dépend pas de l’autre.
Phrase complexe par subordination
Dans une phrase complexe, si les propositions repérées sont liées entre elles par relation de dépendance, alors elles ne sont pas sur le même plan syntaxique. L’une (la subordonnée) dépend de l’autre (la principale). Une proposition subordonnée est donc une proposition dépendante syntaxiquement et sémantiquement de la proposition principale à laquelle elle se rattache. Malgré cette relation dissymétrique, elles forment bien une phrase complexe puisqu’on trouve deux relations prédicatives :
On peut également trouver des phrases complexes comportant plusieurs subordonnées. Dans ce cas l’une des subordonnées est souvent enchâssée dans l’autre :
Jamais il n’oblige à cette réserve, dans laquelle toute femme qui se respecte est forcée de se tenir aujourd’hui, pour contenir les hommes qui l’entourent.
Laclos, Les Liaisons dangereuses
La subordonnée « qui se respecte » est enchâssée dans la subordonnée « dans laquelle toute femme est forcée de se tenir aujourd’hui ».
Pour pouvoir fonctionner correctement, la proposition qui est subordonnée à l’autre doit subir des aménagements. Il peut s’agir de l’ajout d’un mot subordonnant :
Quand elle est descendue du camion, la dernière, elle m’est apparue telle que je l’ai connue jusqu’à la fin, digne et avec une belle allure au milieu de nous tous qui étions déjà fatigués par les épreuves.
J. M. G. Le Clézio, Étoile errante
Ici la proposition principale est « elle m’est apparue telle que je l’ai connue jusqu’à la fin, digne et avec… ». La proposition subordonnée se signale par le mot subordonnant « quand » : « Quand elle est descendue du camion, la dernière ».
L’aménagement peut également consister en un changement du mode et du temps du verbe :
L’homme de Baudelaire ne fait, où qu’il aille, que [bercer son] infini sur le fini des mers.
Marguerite Yourcenar, Le tour de la prison
L'aménagement peut aussi être un changement dans l’ordre des mots :
À moins de disparaître comme vous êtes venue, vous serez obligée d’attendre que s’arrête d’elle-même la machine infernale que vous avez mise en marche.
J.-P. Giraudoux, La Veuve enchantée
Le verbe « s’arrête » précède son sujet (« la machine infernale que vous avez mise en marche »).
Les méthodes de classement des propositions subordonnées
Le rôle exercé par la subordonnée dans la phrase
On répartit traditionnellement les subordonnées en fonction des trois grands rôles qu’une proposition subordonnée peut avoir dans la phrase. Les trois grands types sont donnés ici, et donneront lieu à des précisions spécifiques dans des articles connexes.
Proposition subordonnée complétive
Une subordonnée peut jouer le rôle de complément. Elle est alors l’équivalent d’un groupe nominal (GN) qui complète l’antécédent, présent dans la principale. C’est la proposition subordonnée complétive (voir notre article article sur la proposition subordonnée conjonctive >).
Le plus souvent elle complète le verbe de la principale, comme dans « Je voudrais que la pluie s’arrête » où elle est COD (« Je voudrais cela ») ; ou comme dans « Je m’attends à ce qu’il réussisse » où elle est COI (« Je m’attends à cela »). Lorsqu’elle complète le verbe, elle est appelée subordonnée complétive conjonctive pure.
Proposition subordonnée relative
Une proposition subordonnée peut également jouer le rôle de qualifiant. Elle est alors l’équivalent d’un adjectif qui qualifie l’antécédent, présent dans la principale. C’est la proposition subordonnée relative (voir notre article article complet sur la proposition subordonnée relative >).
Elle est toujours introduite par un pronom relatif. Elle peut être l’épithète d’un terme de la principale, comme dans l'exemple suivant :
Elle n’a point, comme nos femmes coquettes, ce regard menteur qui séduit quelquefois et nous trompe toujours.
Laclos, Les Liaisons dangereuses
Elle est alors appelée subordonnée relative adjective épithète.
Proposition subordonnée circonstancielle
Une subordonnée peut enfin jouer le rôle de l’adverbe. Elle renseigne sur les circonstances dans lesquelles s’est déroulée l’action décrite dans la principale. C’est la proposition subordonnée circonstancielle :
Pendant qu’il s’élançait joyeux vers les dernières lueurs du soleil, nous rattrapions au hasard les couronnes dont chacun parait aussitôt le front de sa voisine.
Nerval, Les Filles du feu
Voir notre article article sur la proposition subordonnée circonstancielle >
La nature du connecteur
Une autre manière de classer les subordonnées consiste à prendre pour critère non plus leur rôle dans la phrase et à l’égard de la principale, mais la manière dont elles sont introduites et à la nature du connecteur. Cette méthode repose sur une connaissance fine des différences entre une conjonction de subordination et un pronom relatif, entre une locution conjonctive et un adjectif ou adverbe interrogatif, etc.
Dans ce classement, on commence par présenter les cas où la subordonnée n’est introduite par aucun mot subordonnant, comme c’est le cas dans les propositions subordonnées infinitives (J’entends les oiseaux chanter) et dans les propositions subordonnées participiales (Les livres étant au grenier, elle monta les escaliers). C’est également le cas de certaines propositions subordonnées circonstancielles, dans lesquelles la subordination repose sur un phénomène de parataxte, c’est-à-dire la juxtaposition de deux propositions entre lesquelles le lien de dépendance n'est qu'implicite (Entendait-elle parler de son mari, aussitôt elle devenait grave).
On trouve ensuite les propositions subordonnées qui se signalent par un démarcatif non-subordonnant (Je ne sais pas quand il viendra) ou ayant une valeur de subordination (« ce regard menteur qui séduit quelquefois et nous trompe toujours », Je voudrais que la pluie s’arrête).
Classement des mots signalant une subordonnée
Les mots permettant d’introduire une subordonnée se répartissent en deux grandes catégories, selon qu’ils sont subordonnants ou non. Les mots subordonnants sont les conjonctions de subordination et locutions conjonctives, les pronoms relatifs et locutions pronominales.
Les mots non subordonnants sont les déterminants, pronoms, adjectifs et adverbes interrogatifs :
Cas particuliers
Le clivage
Le clivage permet d’opérer une extraction au moyen d’un présentatif (c’est, voici/voilà, il y a) et d’un pronom relatif :
- C’est dans cette rue que se trouve ma maison.
Bien que le pronom relatif signale normalement une subordonnée relative, on ne peut relever le clivage parmi les relatives car le segment « que se trouve ma maison » ne qualifie pas « cette rue », il vient compléter la structure entamée par le « c’est… que ».
À ce titre, on prêtera attention à la distinction entre :
- C’est dans cette rue que se trouve ma maison. (clivage)
- C’est la rue que je prends le matin. (subordonnée relative)
Les propositions insérées
Les propositions insérées ne sont introduites par aucun mot de liaison, apparaissent après une autre proposition ou au sein de cette autre proposition. Elles se signalent par un détachement net par la ponctuation (virgules, tirets, parenthèses).
La proposition incise permet d’indiquer que l’on rapporte les paroles d’une personne (C’est complètement raté, se dit Georges). Son sujet est inversé et elle comporte un verbe de pensée ou de parole. D’un point de vue global, l’élément rapporté (ici « c’est complètement raté ») est considéré comme un équivalent de COD du verbe de l’incise (« Georges se dit que c’était complètement raté »).
La proposition incidente permet d’introduire un commentaire (L’opération a raté, c’est évident). Elle est aussi détachée d’une autre proposition mais elle repose sur moins de critères syntaxiques et sémantiques que l’incise.