L'épanadiplose – Figure de style [définition et exemples]
Définition de l’épanadiplose
Une épanadiplose est une figure de style qui consiste à répéter, à la fin d’une phrase, le même mot ou locution que celui situé en début d’une proposition précédente.
L’épanadiplose, par sa symétrie encadrante, met en valeur un mot, un groupe de mots ou une idée, qui produit un effet d’insistance.
Dans cet extrait du roman Le Chiendent, l’épanadiplose, en accentuant le mot « mère », rythme la phrase :
La mère est enfin prête ; très élégante la mère.
Raymond Queneau, Le Chiendent
L'épanadiplose est représentée par l’usage de « deux propositions juxtaposées, séparées par une virgule ou un point-virgule », selon Nicole Ricalens-Pourchot, docteur en linguistique, et « lorsque, de deux propositions corrélatives, l'une commence et l'autre finit par le même mot » pour le grammairien Dumarsais.
D’ailleurs, l’étymologie de l’épanadiplose vient du mot grec ἐπαναδίπλωσις (epanadíplôsis), signifiant « redoublement à la suite ». Il est composé du préfixe ἐπὶ(sur), de ἀνά (nouveau), et de διπλόος (double).
L’épanadiplose est également une figure de narration utilisée dans de nombreux genres littéraires. Nommée épanadiplose narrative, elle reprend une scène initiale à la fin de l’histoire ou de l’intrique, suggérant ainsi un bouclage du récit sur lui-même ou une impression de cyclicité, un écho. Par exemple, le roman du romancier hongrois, László Krasznahorkai, Tango de satan, utilise ce procédé.
Il ne faut pas confondre l’épanadiplose avec l’épanalepse qui consiste à placer un même mot en tête et en fin de phrase ou de vers, comme dans cet extrait de Sonnet à Marie :
Le temps s'en va, le temps s'en va, ma Dame.
Pierre Ronsard
Les usages de l’épanadiplose
La littérature, la poésie, le cinéma ont recours à l’épanadiplose pour donner une cohérence au récit, en reprenant, à la fin d’une œuvre, le motif, l’évènement ou la configuration initiale décrite dans l’incipit.
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- En littérature, cette forme de répétition est fréquemment employée comme dans Paul et Virginie, roman de Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre, ou encore dans le conte philosophique L’alchimiste de Paul Coelho.
Emile Zola débute son récit Germinal avec Etienne, abattu, marchant seul sur la route vers Montsou, dans le froid, et le termine avec le même personnage, quittant Montsou, mais sous le soleil et l’espoir.
- En poésie, il est fréquent de trouver une répétition entre le premier et le dernier vers. Par exemple, le poème Clair de Lune de Victor Hugo est construit sur ce retour cyclique.
La lune était sereine et jouait sur les flots.
Victor Hugo
La fenêtre enfin libre est ouverte à la brise,
La sultane regarde, et la mer qui se brise,
Là-bas, d'un flot d'argent brode les noirs îlots.
[…]
Ce sont des sacs pesants, d'où partent des sanglots.
On verrait, en sondant la mer qui les promène,
Se mouvoir dans leurs flancs comme une forme humaine... -
La lune était sereine et jouait sur les flots.
- Au cinéma, on parle d’épanadiplose lorsqu'une scène initiale du film est reprise à la chute, au dénouement ou à la fin.
Forrest Gump est une belle illustration de la figure de style avec la plume d’oiseau, volant dans les airs au début et à la fin du film.
La vie d’Adèle présente également deux plans identiques : le film commence sur l’héroïne marchant dans la rue pour prendre le bus, et se termine sur Adèle, adulte, marchant dans la rue pour rentrer chez elle.
Patrick Schulmann, réalisateur, scénariste et acteur français, utilise régulièrement l’épanadiplose. Au début du film P.R.O.F.S, un élève pose la question « Qu’est-ce qu’une épanadiplose ? » pour obtenir la réponse à la fin du film, dans une scène où un des personnages s’exclame « C’est ça une épanadiplose ».
- L’épanadiplose apparaît également dans de célèbres comptines, rythmant la mélodie : « Alouette, gentille alouette ! Alouette je te plumerai… »
Exemples d’épanadiploses
L'homme peut guérir de tout, non de l'homme.
Georges Bernanos, Nous autres Français
L'enfance sait ce qu'elle veut. Elle veut sortir de l'enfance.
Jean Cocteau, La difficulté d'être
Le pré est vénéneux mais joli en automne
Guillaume Apollinaire, Alcools
Les vaches y paissant
Lentement s’empoisonnent
[…]
Le gardien du troupeau chante tout doucement
Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent
Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l’automne
Un âne immobile sur un terre-plein, pareil à une statue d'âne.
[…] Mais elle était du monde, où les plus belles choses
François de Malherbe, Consolation à M. du Périer
Ont le pire destin,
Et rose elle a vécu ce que vivent les roses
L'espace d'un matin.
[…]
Les chefs combattent pour la victoire, les compagnons pour leur chef.
Tacite, La Germanie
[...] des jambes avec des jointures, des veines dans ces jambes, du sang dans ces veines [...]
Pascal, Pensées
Je suis comme je suis.
Jacques Prévert, Paroles
Un âne immobile sur un terre-plein, pareil à une statue d'âne.
Gilbert Cesbron, Journal sans date
L’homme est un loup pour l’homme.
Thomas Hobbes, Léviathan
Vous voulez en savoir plus ? Consultez notre guide des figures de style en français.