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Dévorer

[devɔre]
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Définitions de « dévorer »

Dévorer - Verbe

  • Consommer de la nourriture avec excès de voracité et rapidité, typiquement attribué aux animaux prédateurs.

    Mazelle Piquegrain, effrayée, leva son aile droite pour se protéger des coups. Aussitôt, le renard surgit et, ni une ni deux, dévora toutes les poules.
    — Gudule, La fiancée du singe : Quinze contes d'animaux
  • Avaler la nourriture avec une grande avidité.

    (Absolument) (Familier)
    — Cet homme ne mange pas, il dévore.
  • (Fig.) Lire une œuvre littéraire avec un intérêt intense et rapide.

    Dans sa jeunesse, il a dévoré Jules Verne.
    — Il ne lit pas les livres, il les dévore.
  • (Fig.) Occulter ou réprimer un sentiment profondément ressenti.

    Dévorer ses chagrins, etc.
    — Dévorer un affront, une injure.
  • (Fig.) Anéantir ou consumer totalement par destruction.

    Pendant de longs siècles, la maison resta bien fragile. […]. En Champagne et sur le plateau agricole de Porcien,c’est en chaume qu’elle était couverte à la fin du XVIIIe siècle.Les incendies fréquents , calamités de l’ancienne France,dévoraient des villages en un clin d’œil : […].
    — Octave Guelliot, Villages et maison des Ardennes
  • (Par analogie) Souffrir intensément d'une sensation physique ou émotionnelle accablante.

    Il y avait deux longues heures que nous marchions,dans les champs,sous le soleil qui tombait du ciel comme une pluie de feu ;la sueur ruisselait sur mon corps et la soif ,une soif ardente ,me dévorait.
    — Octave Mirbeau, Le Père Nicolas

Expressions liées

  • Dévorer avec avidité, goulûment
  • Dévorer du pain, des fruits
  • Dévorer quelqu'un de baisers, de caresses (le couvrir de baisers, de caresses.)
  • Dévorer son chagrin, ses larmes
  • Dévorer son dîner
  • Dévorer un affront, une insulte
  • Dévorer un agneau, une proie
  • Dévoré de poux, par les poux
  • Dévoré par la maladie, par la fièvre
  • Dévoré par la soif, par la passion

Étymologie de « dévorer »

Du latin devorare (avaler, dévorer, engloutir), formé de la préposition de, et vorare (voir VORACE). On retrouve ce mot dans le provençal et l'espagnol devorar et l'italien divorare.

Usage du mot « dévorer »

Évolution historique de l’usage du mot « dévorer » depuis 1800

Fréquence d'apparition du mot « dévorer » dans le journal Le Monde depuis 1945

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Synonymes de « dévorer »

Antonymes de « dévorer »

Citations contenant le mot « dévorer »

  • Je n'aime pas les hommes, j'aime ce qui les dévore.
    André Gide — Le Prométhée mal enchaîné, Gallimard
  • Soyez sobres, veillez. Votre partie adverse, le Diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer.
    Saint Pierre — Epîtres
  • Chocolat ! Voilà bien un mot qui évoque des extases indescriptibles. Est-il un homme, une femme ou un enfant qui n'en a pas désiré, qui n'en a pas dévoré, et qui l'instant d'après, n'a pas rêvé d'en dévorer encore ?
    Elaine Gonzales
  • Il faut dévorer la vie.
    Björk
  • Il ne faut pas vouloir dévorer la vie.
    Gabrielle Roy — La route d'Altamont
  • Tu ne songes qu'à dévorer ton bonheur ; c'est pourquoi il t'échappe ; il ne tient pas à être dévoré par toi.
    Wilhelm Reich — Ecoute petit homme
  • En Afrique, au pays des Egyptians, proche la seconde cataracte du Nil, habitent, parmi les roseaux, d’énormes lézards de trois toises et plus de longueur, de figures difformes et de mœurs sanguinaires, dont le seul métier est, quand ils ne dorment pas étendus au soleil sur la vase chaude, de guetter les hommes et les animaux qui se hasardent sur les bords du fleuve, pour s’en saisir et les dévorer.[…] Nonobstant leur aspect farouche, leur voracité insatiable, et la dureté telle de leurs écailles que point ne sauroit la percer un robuste archer de son vireton le plus aigu, ces animaux féroces sont pourvus d’une sensibilité exquise ; à ce point que souventes fois les ai moi-même ouys geignants ou se lamentants es rozeaux, poussants des sanglots qui semblent mugissement de bœufs, et versants, ainsi qu’il m’a été assuré, larmes qui jaillissent du pertuis de leurs yeux, comme de pommes d’arrosoirs. […] Maintes foys, au dire de mes guides, gens réputés pour leur prud’homie et leur grande honnêteté, aucuns voyageurs, trompés par l’effusion de ces larmes, et s’assurant que tant de gémissements ne pouvoient provenir que de coeurs vrayment marris de tant de crimes et assassinats, s’estant voulu approchier des pélunques èsquelles se tiennent ces grands lézards, furent eux-mêmes saysis et méchamment dévorés par ces traîtres et hypocrites qui pleurent non par douleur vraye de leurs péchiés, mais par feintise pour engaigner les trop crédules, et bien et commodément se remplir le ventre en les dévorant.
    Jean de Mandeville — Livre des merveilles du monde (Extrait du journal Le Courrier de Vaugelas
  • Je me rappelle le jour où j’ai compris que j’étais devenu adulte. Je vivais déjà avec Marie, nous avions Agustín depuis deux ou trois ans, je travaillais depuis des années comme je le fais toujours plus ou moins aujourd’hui, charpentier ici et là, bricoleur à droite et à gauche, électricien quand il faut, plombier ou même jardinier si on me le demande, ni trop souvent ni trop peu, juste ce qu’il faut pour maintenir le juste équilibre, rapporter à la maison ma part de revenus et me garder du temps à moi, ne pas me perdre tout entier en chantiers. Marie était déjà traductrice, traduisait déjà Lodoli et d’autres auteurs qu’elle aimait. C’est-à-dire que notre vie était déjà à peu près ce qu’elle est maintenant, et que nous en étions satisfaits, nous songions souvent que nous avions de la chance, nous nous plaisions à V., nous avions des amis, nous sentions que c’était un endroit où nous étions susceptibles de rester un bon moment encore, bref nous allions bien.Et un matin je me suis levé et je me suis dit que ça y est, tu es grand. J’ai réalisé qu’il fallait que j’arrête de me répéter ces mots, plus tard quand je serai grand. Que c’était fait : j’étais grand. Je l’étais devenus à mon insu. Sans que personne vienne me prévenir. J’ai compris qu’il n’y aurait pas d’épreuve. Pas de monstre à vaincre ni de noeud à trancher. Pas de coup de gong solennel. Pas de voix paternelle pour me souffler à l’oreille ces mots, c’est maintenant, t’y voilà. J’ai compris qu’il n’y aurait nulle ligne à franchir. Nul cap à passer. Nul obstacle à surmonter. Qu’être grand simplement désormais ce serait ça : la continuation de ce présent, de cette lente translation, de ce glissement presque imperceptible, seulement décelable à l’érosion de certaines de mes facultés, au grisonnement de mes tempes et de celles de Marie, à notre renoncement de plus en plus fréquent à telle ou telle folie qui autrefois nous aurait semblé le sel même de la vie, à la taille chaque année accrue d’Agustín, à son énergie toujours plus fascinante. À son appétit d’ogre lui aussi décidé à nous dévorer chaque jour un peu plus.J’ai réalisé qu’il ne se passerait rien. Qu’il n’y avait rien à attendre. Que toujours ainsi les semaines continueraient de passer, que le temps continuerait d’être cette lente succession d’années plus ou moins investies de projets, de désirs, d’enthousiasmes, de soirées plus ou moins vécues. De jours tantôt habités avec intensité, imagination, lumière, des jours pour ainsi dire pleins, comme on dit carton plein devant une cible bien truffée de plombs. Tantôt abandonnés de mauvais gré au soir venu trop tôt. Désertés par excès de fatigue ou de tracas. Perdus. Laissés vierges du moindre enthousiasme, De la moindre récréation, du moindre élan véritable. Jours sans souffle, concédés au soir trop tôt venu, à la nuit tombée malgré nos efforts pour différer notre défaite, et résignés alors nous marchons vers votre lit en nous jurant d’être plus rusés le lendemain – plus imaginatifs, plus éveillés, plus vivants.
    Sylvain Prudhomme — Par les routes – L’Arbalète

Traductions du mot « dévorer »

Langue Traduction
Anglais devour
Espagnol devorar
Italien divorare
Allemand verschlingen
Chinois 吞食
Arabe افترس
Portugais devorar
Russe пожирать
Japonais むさぼり食う
Basque irentsi
Corse devore
Source : Google Translate API


Sources et ressources complémentaires

SOMMAIRE

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.