Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « emporté »
Emporté
[ɑ̃pɔrte]
Définitions de « emporté »
Emporté - Adjectif
-
Qui a tendance à se mettre en colère facilement.
L'homme emporté et furieux ne connaît personne, il se connaît à peine lui-même. Il n'est capable de rien entendre; la colère lui fait prononcer une multitude de paroles vagues, dont il perd jusqu'au souvenir; […].
— « Œuvres oratoires de Jacques-Denis Cochin, curé de Saint-Jacques du Haut-Pas »
Emporté - Nom commun
-
Personne sujette à des accès fréquents et intenses de colère.
Celui-ci se battait en homme dont la tête conduisait le bras, et celui-là comme un emporté, dont une colère aveugle guidait les mouvements au hasard.
— Voltaire, Zadig ou la Destinée
Expressions liées
-
Autant en emporte le vent (des paroles, des promesses ou des menaces ne se réalisent pas, des choses s'oublient.)
Il me promet monts et merveilles, autant en emporte le vent
- Avoir le bras emporté par un boulet
- Caractère violent et emporté
- Crime emportant peine capitale
-
Emporter de haute lutte
Le baron était bien trop occupé de la nouvelle démarche qu'il comptait faire en tempête aux Beaux-Arts, pour emporter de haute lutte l'engagement [à la Comédie pour sa maîtresse]
— Émile Zola, Paris - Emporter la balance (déterminer la préférence, prévaloir.)
-
Emporter la bouche (donner une sensation de brûlure.)
S'emporter la bouche avec du poivre
— Enf. terr. - Emporter sa proie dans ses serres
- Emporter un blessé
- Emporter un enfant dans ses bras
- Emporter un livre, un ouvrage dans son sac
- Emporter un secret au tombeau (garder à tout jamais secret.)
- Glace à emporter
- Il ne l'emportera pas en paradis (menace adressée à celui qui a fait du tort qu'il en subira tôt ou tard la conséquence.)
- Jeune fille emportée par la tuberculose
- L'emporter dans une discussion
-
L'emporter sur (avoir la supériorité, le dessus lorsqu'on est en lutte, en compétition, en concurrence.)
Dialectiquement parlant, c'est l'impérialisme et ses valets qui ont écrit notre histoire, nous devons renverser les choses car la superstructure ne devrait pas l'emporter sur l'infrastructure.
— Alain Mabanckou, Petit Piment - L'emporter sur ses adversaires
- L'inondation emporte un pont
- La colère l'emporte jusqu'à dire
-
La forme emporte le fond (un vice de forme fait perdre la cause, entraîne l'annulation.)
Si l’on ne considère que la forme, les Chinois sont incontestablement le peuple le plus poli de la terre ; mais le code de la politesse est si compliqué, le formulaire si extravagant dans ses exigences, que la forme emporte le fond dans la plupart des cas.
— Émile Bard, Les Chinois chez eux - La tempête emporte un toit
- Le bonheur l'emporte sur le malheur
- Le cheval emporte son cavalier au galop
- Le courant emporte la barque
-
Le diable m'emporte si (indiquant qu'on ne fera pas ou qu'on ne contestera pas quelque chose.)
Je sens le besoin d'aimer, et que le diable m'emporte si je peux aimer une abstraction!
— Sand, Histoire de ma vie - Le diable m'emporte si je m'en souviens
- Le mouvement qui emporte l'univers
- Le remède emporte la fièvre
- Le sujet emporte l'orateur
- Le train emporte les voyageurs
- Le vent emporte la voie (le vent empêche les chiens de sentir la voie.)
- Le vent emporte les feuilles, les paroles
- Le vice l'emporte souvent sur la vertu
- Les avantages l'emportent sur les inconvénients
-
Ne pas l'emporter au paradis (menace adressée à celui qui a fait du tort qu'il en subira tôt ou tard la conséquence.)
En trahissant ses amis pour quelques pièces d'or, il savait qu'il ne pas l'emporter au paradis.
— Émile Dufresne, Citation fictive générée à l'aide d'intelligence artificielle - Que le diable m'emporte, vous emporte (expression marquant l'impatience.)
- Que le meilleur l'emporte
- S'emporter comme une soupe au lait
- Son ardeur emporte tous les obstacles
- Une douleur que le temps emporte
- Vendre à emporter
-
À l'emporter (que l'on emporte avec soi.)
Après la fermeture des cafés, chacun prenait un litre à l'emporter pour aller finir la soirée chez l'un ou chez l'autre
— Gérald Clavien, Un Hiver en Arvêche, Lausanne
Étymologie de « emporté »
Du français emporter, composé du préfixe em- et du verbe porter.Usage du mot « emporté »
Évolution historique de l’usage du mot « emporté » depuis 1800
Fréquence d'apparition du mot « emporté » dans le journal Le Monde depuis 1945
Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.
Antonymes de « emporté »
Citations contenant le mot « emporté »
-
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,Dans la nuit éternelle emporté sans retour,Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âgesJeter l’ancre un seul jour ?Ô lac ! l’année à peine a fini sa carrière,Et près des flots chéris qu’elle devait revoir,Regarde ! je viens seul m’asseoir sur cette pierreOù tu la vis s’asseoir !Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes ;Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés ;Ainsi le vent jetait l’écume de tes ondesSur ses pieds adorés.Un soir, t’en souvient-il ? nous voguions en silence ;On n’entendait au loin, sur l’onde et sous les cieux,Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadenceTes flots harmonieux.Tout à coup des accents inconnus à la terreDu rivage charmé frappèrent les échos :Le flot plus attentif, et la voix qui m’est chèreLaissa tomber ces mots :« Ô temps, suspends ton vol ! et vous, heures propices,Suspendez votre cours !Laissez-nous savourer les rapides délicesDes plus beaux de nos jours !Assez de malheureux ici-bas vous implorent,Coulez, coulez pour eux ;Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;Oubliez les heureux.Mais je demande en vain quelques moments encore,Le temps m’échappe et fuit ;Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l’auroreVa dissiper la nuit.Aimons donc, aimons donc ! de l’heure fugitive,Hâtons-nous, jouissons !L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive ;Il coule, et nous passons ! »Temps jaloux, se peut-il que ces moments d’ivresse,Où l’amour à longs flots nous verse le bonheur,S’envolent loin de nous de la même vitesseQue les jours de malheur ?Hé quoi ! n’en pourrons-nous fixer au moins la trace ?Quoi ! passés pour jamais ? quoi ! tout entiers perdus ?Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,Ne nous les rendra plus ?Éternité, néant, passé, sombres abîmes,Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimesQue vous nous ravissez ?Ô lacs ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !Vous que le temps épargne ou qu’il peut rajeunir,Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,Au moins le souvenir !Qu’il soit dans ton repos, qu’il soit dans tes orages,Beau lac, et dans l’aspect de tes riants coteaux,Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvagesQui pendent sur tes eaux !Qu’il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,Dans l’astre au front d’argent qui blanchit ta surfaceDe ses molles clartés !Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,Que les parfums légers de ton air embaumé,Que tout ce qu’on entend, l’on voit ou l’on respire,Tout dise : Ils ont aimé !
Alphonse de Lamartine — Méditations poétiques -
Pouvait-on appeler ça un village? Autrefois, dans le temps, il avait dû y avoir une place avec des gros pavés, des maisons tout autour ; une place close et se possédant. La route nationale avait tout éventré et tout emporté.
Jules Romain — Les Copains -
Il y a un vaisseau qui a emporté ma bien-aiméeIl y a dans le ciel six saucisses et la nuit venant on dirait des asticots dont naîtraient les étoilesIl y a un sous-marin ennemi qui en voulait à mon amourIl y a mille petits sapins brisés par les éclats d’obus autour de moiIl y a un fantassin qui passe aveuglé par les gaz asphyxiantsIl y a que nous avons tout haché dans les boyaux de Nietzsche de Gœthe et de CologneIl y a que je languis après une lettre qui tardeIl y a dans mon porte-cartes plusieurs photos de mon amourIl y a les prisonniers qui passent la mine inquiète […]
Guillaume Apollinaire — Calligrammes -
En une demi-heure, elle me raconte sa vie : russe, jamais mariée, nombreux voyages, toute l’Europe ou presque. (Apollinaire m’apparaît soudain ayant hérité en imagination de ce vagabondage). Apollinaire né à Rome. Elle ne me dit rien du père. Elle me parle de l’homme avec lequel elle vit depuis vingt-cinq ans, son ami, un Alsacien, grand joueur, tantôt plein d’argent, tantôt sans un sou […] Elle me dépeint Apollinaire comme un fils un peu tendre, intéressé, souvent emporté…
Paul Léautaud — Journal -
Lettre CXXV :Le Vicomte de Valmont à la Marquise de Merteuil.La voilà donc vaincue, cette femme superbe qui avait osé croire qu’elle pourrait me résister ! Oui, mon amie, elle est à moi, entièrement à moi, et depuis hier, elle n’a plus rien à m’accorder.Je suis encore trop plein de mon bonheur, pour pouvoir l’apprécier ; mais je m’étonne du charme inconnu que j’ai ressenti. Serait-il donc vrai que la vertu augmentât le prix d’une femme, jusque dans le moment même de sa faiblesse ? Mais reléguons cette idée puérile avec les contes de bonnes femmes. Ne rencontre-t-on pas presque partout une résistance plus ou moins bien feinte au premier triomphe ? et ai-je trouvé nulle part le charme dont je parle ? ce n’est pourtant pas non plus celui de l’amour ; car enfin, si j’ai eu quelquefois, auprès de cette femme étonnante, des moments de faiblesse qui ressemblaient à cette passion pusillanime, j’ai toujours su les vaincre et revenir à mes principes. Quand même la scène d’hier m’aurait, comme je le crois, emporté un peu plus loin que je ne comptais : quand j’aurais, un moment, partagé le trouble et l’ivresse que je faisais naître ; cette illusion passagère serait dissipée à présent ; et cependant le même charme subsiste. J’aurais même, je l’avoue, un plaisir assez doux à m’y livrer, s’il ne me causait quelque inquiétude. Serai-je donc, à mon âge, maîtrisé comme un écolier, par un sentiment involontaire et inconnu ? Non : il faut, avant tout, le combattre et l’approfondir. […]Paris, ce 29 octobre 17**.
Pierre Choderlos de Laclos — Les Liaisons dangereuses -
[…] « j’ai voulu suivre un pétale de rose. Il a dansé sur la cascade, puis une pie l’a emporté dans les branches d’un chêne. Il a repris sa course avec le vent et, la nuit, a rêvé parmi les colonnes de marbre. Le voici sur la table d’un poète, lequel déjà l’immortalise, non sans mentir un peu. Dans un monde meilleur que le mien, je choisirais, je crois, d’être un pétale. »
Alain Bosquet — Le tourment de Dieu
Traductions du mot « emporté »
Langue | Traduction |
---|---|
Anglais | carried away |
Espagnol | llevado lejos |
Italien | portato via |
Allemand | weggetragen |
Chinois | 被带走 |
Arabe | اندفع |
Portugais | arrebatado |
Russe | увлекся |
Japonais | 持ち去られた |
Basque | eramanak |
Corse | purtatu via |