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Emporté

Définitions de « emporté »

Trésor de la Langue Française informatisé

EMPORTÉ, ÉE, part. passé et adj.

I.− Part. passé de emporter*.
II.− Emploi adj.
A.− Rare. [En parlant de la peau] Qui est à vif, arrachée. [Avoir] toute une joue emportée (Zola, Joie de vivre,1884, p. 1113).J'avais un talon emporté après cette diablesse de trotte (Pourrat, Gaspard,1922, p. 31).
B.− Qui est violent, fougueux, en proie à une passion. Mes baisers emportés pleuvaient de toutes parts sur ce corps défait, comme une grêle (Gracq, Syrtes,1951, p. 160).
P. ext. et cour. Qui se laisse fréquemment aller à la colère. Caractère violent et emporté. Je suis violent, emporté, querelleur, et jusqu'à présent malheureux en duels comme en amour (Sue, Atar Gull,1831, p. 11).Esprits emportés ou impulsifs (Mounier, Traité caract.,1946, p. 665):
Ce jeune homme me plaît. Vif comme la poudre, prompt comme son épée, emporté, même un peu colère, mais loyal et franc comme l'or! Sandeau, Mllede La Seiglière,1848, p. 240.
Spéc. [En parlant du cheval] Devenu furieux et n'obéissant plus. Le galop d'un cheval emporté (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Ermite, 1886, p. 1057).

Wiktionnaire

Nom commun - français

emporté \ɑ̃.pɔʁ.te\ masculin (pour une femme, on dit : emportée)

  1. Celui qui s’emporte facilement et souvent.
    • Celui-ci se battait en homme dont la tête conduisait le bras, et celui-là comme un emporté, dont une colère aveugle guidait les mouvements au hasard. — (Voltaire, Zadig ou la Destinée, IX. La femme battue, 1748)
    • C’est un emporté dangereux et violent.
    • C’est une folle, une emportée.

Adjectif - français

emporté \ɑ̃.pɔʁ.te\ masculin

  1. Qui est enclin à s’emporter.
    • L'homme emporté et furieux ne connaît personne, il se connaît à peine lui-même. Il n'est capable de rien entendre; la colère lui fait prononcer une multitude de paroles vagues, dont il perd jusqu'au souvenir; […]. — (« Œuvres oratoires de Jacques-Denis Cochin, curé de Saint-Jacques du Haut-Pas », dans la Collection intégrale et universelle des orateurs chrétiens, publiés par l'Abbé Migne, tome 98 (vol. 31 de la 2e série), Paris, chez J.-P. Migne, 1866, p. 587)
    • On s’injuriait à table. On injuriait même le supérieur, homme emporté mais faible. — (Jean Fournée, Bourg-Achard, dans Aspects du monachisme en Normandie, J. Vrin, 1979, page 133)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

EMPORTÉ, ÉE. adj.
Qui est enclin à s'emporter. C'est un homme emporté avec qui on ne saurait vivre en paix. C'est une femme emportée au dernier point. Un caractère violent et emporté. Il se prend quelquefois comme nom. C'est un emporté. C'est une folle, une emportée.

Littré (1872-1877)

EMPORTÉ (an-por-té, tée) part. passé.
  • 1Ôté, enlevé d'un lieu. Les blessés emportés par leurs camarades. Des tableaux de haut prix emportés par le vainqueur.
  • 2Retranché. Il a eu le poignet emporté d'un coup de canon, Sévigné, 468. Elle [une fleur] est nuancée, bordée, huilée, à pièces emportées [à découpures], La Bruyère, XIII. Les rochers que nous gravissons depuis trois jours ont tellement usé et percé nos souliers que les semelles en sont presque entièrement emportées, Genlis, Adèle et Théod. t. II, lett. 38, p. 312, dans POUGENS.
  • 3Pris de vive force. Le bastion emporté par les assaillants. Nos dehors emportés, nos remparts assaillis, Mairet, Sophon. I, 1.
  • 4Retranché du nombre des vivants. Ce vieillard emporté par une pleurésie. Marie-Thérèse, aussitôt emportée que frappée par la maladie, se trouve toute vive et tout entière entre les bras de la mort, sans presque l'avoir envisagée, Bossuet, Marie-Thér.
  • 5 Fig. Entraîné. Et son cœur emporté par l'erreur qui l'abuse Cherche partout la mort que chacun lui refuse, Corneille, Mort de Pomp. V, 3. Par quel trouble me vois-je emporté loin de moi ? Racine, Phèd. II, 2. Nos sentiments, nos cœurs l'un vers l'autre emportés, Voltaire, Orphel. IV, 4. Je vois d'un zèle faux nos prêtres emportés, Voltaire, Henr. VI, 109. Il apprend qu'un régiment vient de s'emparer du village de Borodino et de son pont qu'il aurait dû rompre, mais qu'emporté par ce succès, il a franchi ce passage malgré les cris de son général, Ségur, Histoire de Napol. VII, 9.
  • 6Vif, qui se laisse aller. Cette ardeur d'un héros, ce courage emporté, Voltaire, Mér. III, 1. Amours emportés, Voltaire, Scyth. III, 1.
  • 7Qui se laisse aller à des emportements de colère. Homme emporté. Caractère emporté. Il n'y avait point d'erreur si prodigieuse où l'ardeur de la dispute n'entraînât l'esprit emporté de Luther, Bossuet, Var. II, § 41. Mais un père à ce point doit-il être emporté ? Racine, Théb. I, 5.

    Cheval emporté, cheval qu'on ne peut plus maintenir, qui a pris le mors aux dents.

    Il se dit aussi des choses. On est las de M. Jurieu et de ses discours emportés, Bossuet, Déf. 1er disc, § 1.

    Substantivement. Celui, celle qui se laisse aller à la colère. C'est un emporté. C'est une folle, une emportée. Dieux ! que cet emporté me donne de tourment ! Corneille, Veuve, III, 7. Vous allez vous emporter ; retirez-vous, je vous prie, je n'aime pas les emportés, Dufrény, Esprit de contrad. SC. 18.

    Celui qui se laisse aller à ses passions. Combien de maisons à demi éteintes voient tous les jours finir dans les débauches et dans la santé ruinée d'un emporté toute l'espérance de leur postérité et toute la gloire des titres qu'une longue suite de siècles avait amassés sur leur tête ! Massillon, Serm. pour le vendredi de la 2e semaine de carême, 1.

    Celui qui va trop loin, qui exagère les conséquences. Les chefs de nos calvinistes n'en usèrent pas d'une autre sorte ; et encore que par honneur ils blâmassent ces emportés, nous ne voyons pas qu'on en fît aucune justice, Bossuet, Variat. 10.

SYNONYME

EMPORTÉ, VIOLENT ; EMPORTEMENT, VIOLENCE. Emporté et violent diffèrent comme emportement et violence. Or l'emportement se manifeste toujours au dehors par une explosion ; la violence peut être muette, sans geste, sans signe. De plus la violence implique que quelque acte violent a été commis ; l'emportement peut s'exhaler en simples paroles ou manifestations extérieures.

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Étymologie de « emporté »

→ voir emporter
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « emporté »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
emporté ɑ̃pɔrte

Fréquence d'apparition du mot « emporté » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « emporté »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « emporté »

  • Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,Dans la nuit éternelle emporté sans retour,Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âgesJeter l’ancre un seul jour ?Ô lac ! l’année à peine a fini sa carrière,Et près des flots chéris qu’elle devait revoir,Regarde ! je viens seul m’asseoir sur cette pierreOù tu la vis s’asseoir !Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes ;Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés ;Ainsi le vent jetait l’écume de tes ondesSur ses pieds adorés.Un soir, t’en souvient-il ? nous voguions en silence ;On n’entendait au loin, sur l’onde et sous les cieux,Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadenceTes flots harmonieux.Tout à coup des accents inconnus à la terreDu rivage charmé frappèrent les échos :Le flot plus attentif, et la voix qui m’est chèreLaissa tomber ces mots :« Ô temps, suspends ton vol ! et vous, heures propices,Suspendez votre cours !Laissez-nous savourer les rapides délicesDes plus beaux de nos jours !Assez de malheureux ici-bas vous implorent,Coulez, coulez pour eux ;Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;Oubliez les heureux.Mais je demande en vain quelques moments encore,Le temps m’échappe et fuit ;Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l’auroreVa dissiper la nuit.Aimons donc, aimons donc ! de l’heure fugitive,Hâtons-nous, jouissons !L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive ;Il coule, et nous passons ! »Temps jaloux, se peut-il que ces moments d’ivresse,Où l’amour à longs flots nous verse le bonheur,S’envolent loin de nous de la même vitesseQue les jours de malheur ?Hé quoi ! n’en pourrons-nous fixer au moins la trace ?Quoi ! passés pour jamais ? quoi ! tout entiers perdus ?Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,Ne nous les rendra plus ?Éternité, néant, passé, sombres abîmes,Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimesQue vous nous ravissez ?Ô lacs ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !Vous que le temps épargne ou qu’il peut rajeunir,Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,Au moins le souvenir !Qu’il soit dans ton repos, qu’il soit dans tes orages,Beau lac, et dans l’aspect de tes riants coteaux,Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvagesQui pendent sur tes eaux !Qu’il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,Dans l’astre au front d’argent qui blanchit ta surfaceDe ses molles clartés !Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,Que les parfums légers de ton air embaumé,Que tout ce qu’on entend, l’on voit ou l’on respire,Tout dise : Ils ont aimé !
    Alphonse de Lamartine — Méditations poétiques
  • Pouvait-on appeler ça un village? Autrefois, dans le temps, il avait dû y avoir une place avec des gros pavés, des maisons tout autour ; une place close et se possédant. La route nationale avait tout éventré et tout emporté.
    Jules Romain — Les Copains
  • Il y a un vaisseau qui a emporté ma bien-aiméeIl y a dans le ciel six saucisses et la nuit venant on dirait des asticots dont naîtraient les étoilesIl y a un sous-marin ennemi qui en voulait à mon amourIl y a mille petits sapins brisés par les éclats d’obus autour de moiIl y a un fantassin qui passe aveuglé par les gaz asphyxiantsIl y a que nous avons tout haché dans les boyaux de Nietzsche de Gœthe et de CologneIl y a que je languis après une lettre qui tardeIl y a dans mon porte-cartes plusieurs photos de mon amourIl y a les prisonniers qui passent la mine inquiète […]
    Guillaume Apollinaire — Calligrammes
  • En une demi-heure, elle me raconte sa vie : russe, jamais mariée, nombreux voyages, toute l’Europe ou presque. (Apollinaire m’apparaît soudain ayant hérité en imagination de ce vagabondage). Apollinaire né à Rome. Elle ne me dit rien du père. Elle me parle de l’homme avec lequel elle vit depuis vingt-cinq ans, son ami, un Alsacien, grand joueur, tantôt plein d’argent, tantôt sans un sou […] Elle me dépeint Apollinaire comme un fils un peu tendre, intéressé, souvent emporté
    Paul Léautaud — Journal
  • Lettre CXXV :Le Vicomte de Valmont à la Marquise de Merteuil.La voilà donc vaincue, cette femme superbe qui avait osé croire qu’elle pourrait me résister ! Oui, mon amie, elle est à moi, entièrement à moi, et depuis hier, elle n’a plus rien à m’accorder.Je suis encore trop plein de mon bonheur, pour pouvoir l’apprécier ; mais je m’étonne du charme inconnu que j’ai ressenti. Serait-il donc vrai que la vertu augmentât le prix d’une femme, jusque dans le moment même de sa faiblesse ? Mais reléguons cette idée puérile avec les contes de bonnes femmes. Ne rencontre-t-on pas presque partout une résistance plus ou moins bien feinte au premier triomphe ? et ai-je trouvé nulle part le charme dont je parle ? ce n’est pourtant pas non plus celui de l’amour ; car enfin, si j’ai eu quelquefois, auprès de cette femme étonnante, des moments de faiblesse qui ressemblaient à cette passion pusillanime, j’ai toujours su les vaincre et revenir à mes principes. Quand même la scène d’hier m’aurait, comme je le crois, emporté un peu plus loin que je ne comptais : quand j’aurais, un moment, partagé le trouble et l’ivresse que je faisais naître ; cette illusion passagère serait dissipée à présent ; et cependant le même charme subsiste. J’aurais même, je l’avoue, un plaisir assez doux à m’y livrer, s’il ne me causait quelque inquiétude. Serai-je donc, à mon âge, maîtrisé comme un écolier, par un sentiment involontaire et inconnu ? Non : il faut, avant tout, le combattre et l’approfondir. […]Paris, ce 29 octobre 17**.
    Pierre Choderlos de Laclos — Les Liaisons dangereuses
  • […] « j’ai voulu suivre un pétale de rose. Il a dansé sur la cascade, puis une pie l’a emporté dans les branches d’un chêne. Il a repris sa course avec le vent et, la nuit, a rêvé parmi les colonnes de marbre. Le voici sur la table d’un poète, lequel déjà l’immortalise, non sans mentir un peu. Dans un monde meilleur que le mien, je choisirais, je crois, d’être un pétale. »
    Alain Bosquet — Le tourment de Dieu

Traductions du mot « emporté »

Langue Traduction
Anglais carried away
Espagnol llevado lejos
Italien portato via
Allemand weggetragen
Chinois 被带走
Arabe اندفع
Portugais arrebatado
Russe увлекся
Japonais 持ち去られた
Basque eramanak
Corse purtatu via
Source : Google Translate API

Antonymes de « emporté »

Combien de points fait le mot emporté au Scrabble ?

Nombre de points du mot emporté au scrabble : 10 points

Emporté

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