Personnification - Figure de style [définition et exemples]
Sommaire
Qu’est-ce qu’une personnification ?
La personnification est une figure de style qui consiste à attribuer un statut d’être humain à une réalité non humaine : une chose inanimée, une entité abstraite ou un animal. Dans cette figure de style se trouve un comparé inanimé et un comparant animé.
Dans Les figures du discours, Pierre Fontanier définit la personnification comme une figure d’expression par fiction, une de ces figures rendant « une pensée plus sensible ou plus riante (…), sous des traits qu’elle n’a pas naturellement ».
Pour le grammairien, il s’agit de « faire d’un être inanimé, insensible, ou d’un être abstrait et purement idéal, une espèce d’être réel et physique, doué de sentiment et de vie, enfin de qu’on appelle une personne ; et cela, par simple façon de parler, ou par une fiction toute verbale, s’il faut le dire. »
Que ce soit dans la poésie, les romans, au théâtre ou même dans les slogans publicitaires tel que le célèbre Vache qui rit, la personnification, selon Pierre Bacry (Les figures de style) « vise à donner à l’idée, à la description, au récit, une tournure plus vive, qui frappe par une certaine originalité qu’enrichit le lexique de l’action ». À la fois étonnante et inattendue, elle alimente les écrits et les discours.
La personnification se situe le plus couramment au niveau d’un verbe décrivant une action typiquement humaine, comme dans ces vers de Victor Hugo.
Dans le premier exemple, le verbe pleurer se conjugue avec la douleur profonde, lui conférant ainsi une qualité humaine :
Ainsi pleurait cette douleur profonde
Victor Hugo, Les contemplations
Nous pouvons citer un second exemple, extrait de Quatre-vingt-treize, où le canon, objet inanimé, s’anime tel un être vivant :
Cette masse court sur ses roues, a des mouvements de bille de billard, penche avec le roulis, plonge avec le tangage, va, vient, s’arrête, paraît méditer, reprend sa course, traverse comme une flèche le navire d’un bout à l’autre, pirouette, se dérobe, s’évade, se cabre, heurte, ébrèche, tue, extermine.
Victor Hugo, Quatre-vingt-treize
Le procédé de l’apostrophe (ô) est également employé pour s’adresser de manière directe aux personnes ou aux choses personnifiées :
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Alphonse de Lamartine, Le Lac
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Grâce à la personnification, l’auteur va rendre sa description plus vivante, de manière méliorative ou péjorative selon le message qu’il cherche à transmettre. En règle générale, le procédé stylistique est assez explicite.
Citons par exemple Les Fables de Jean de La Fontaine, dans lesquelles on trouve plus de 125 animaux qui prennent vie : ils parlent et raisonnent de manière tout à fait naturelle. À travers ces animaux personnifiés, caractérisés par une majuscule dans les vers, l’auteur dénonce les défauts humains comme la fierté dans La Grenouille qui veut se faire plus grosse que le Bœuf, l’avarice dans La Cigale et la Fourmi, et bien d’autres encore.
Une Grenouille vit un Bœuf
Jean de La Fontaine, Fables, La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Boeuf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle qui n’était pas grosse en tout comme un œuf,
Envieuse s’étend, et s’enfle, et se travaille
Pour égaler l’animal en grosseur,
Disant : Regardez bien, ma sœur ;
Est-ce assez ? dites-moi ; n’y suis-je point encore ?
Nenni. M’y voici donc ? Point du tout. M’y voilà ?
Vous n’en approchez point. La chétive Pécore
S’enfla si bien qu’elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,
Tout petit prince a des ambassadeurs,
Tout marquis veut avoir des pages.
Personnification ou allégorie ?
Dans son ouvrage Pragmatique des figures du discours, Marc Bonhomme précise « qu’au cours de l’histoire, le sort de la personnification semble lié à celui de l’allégorie dont elle est l’outil privilégié. »
Même si pour ces deux figures de styles, il s’agit de la représentation d’une chose qui repose souvent sur une métaphore ou une comparaison, il ne faut pas confondre la personnification et l’allégorie.
Une allégorie représente de façon concrète et animée une idée abstraite en lui donnant vie comme La Grande Faucheuse qui symbolise la mort dans un poème de Victor Hugo.
Comme l’explique Pierre Bacry dans Les figures de style, « ce n’est pas la nature du comparant qui distingue la personnification de l’allégorie mais celle du comparé. Il faut en effet, pour qu’il y ait allégorie, que le comparé (ce que l’allégorie représente) soit une notion abstraite. »
Origine et étymologie de la personnification
Apparu au XVIIIe siècle, le terme personnification représente l’action de personnifier, verbe dérivé de personne, provenant du mot d’origine latine « persona », qui désigne le masque de théâtre ou de scène.
Cette figure de style existe depuis la littérature antique, à travers les personnifications divines. En effet, les Grecs associaient souvent des concepts ou des idées à de de nombreuses puissances divines surnaturelles. Zeus, Roi des dieux de la mythologie grecque, représentait le ciel et la foudre. Parmi ces trois épouses, on peut citer Métis, qui était la personnification de la ruse et de la sagesse.
Nous pouvons également évoquer une partie de l’histoire de Léda, femme du roi de Sparte Tyndare, que Zeus voulait séduire. Pour ce faire, il se métamorphosa en cygne avec la complicité de la déesse Aphrodite, elle-même transformée en aigle.
Exemples de personnifications
Dans l’état où je suis, la mort aurait beau jeu. Elle n’aurait qu’à entrer et me prendre. Elle est dans ma chambre. Elle est dans ma vie.
Réjean Ducharme, L’Avalée des avalés
Les arbres font le gros dos sous la pluie.
Jules Renard, Journal (1887-1910)
Le crépuscule ami s’endort dans la vallée.
Alferd de Vigny, La Maison du berger
Le Pot de fer proposa
Jean de la Fontaine, Fables
Au Pot de terre un voyage.
Un filet de sang passa sous la porte, traversa la salle commune, sortit dans la rue, prit le plus court chemin parmi les différents trottoirs, descendit les escaliers et remonta des parapets, longea la rue aux Turcs, prit un tournant à droite (…)
Gabriel Garcia Marquez, Cent ans de solitude
Le soleil aussi attendait Chloé, mais lui pouvait s’amuser à faire des ombres.
Boris Vian, L’Écume des jours
Dans la brume tiède d’une haleine de jeune fille, j’ai pris place.
Henri Michaux, L’Espace du dedans
Vois sur ces canaux
Charles Baudelaire, L’invitation au voyage
Dormir ces vaisseaux.
L’Habitude venait me prendre dans ses bras et me portait jusque dans mon lit comme un petit enfant.
Marcel Proust, Du côté de chez Swann
Devant la trombe, le tonnerre se tait. Il semble qu’il ait peur.
Victor Hugo, Les Travailleurs de la mer
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Merci,,pour ces éclaircissements et richesses de la langue francaise