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Religion

Variantes Singulier Pluriel
Féminin religion religions

Définitions de « religion »

Trésor de la Langue Française informatisé

RELIGION, subst. fém.

I.
A. − Au sing., gén. en empl. abs. Rapport de l'homme à l'ordre du divin ou d'une réalité supérieure, tendant à se concrétiser sous la forme de systèmes de dogmes ou de croyances, de pratiques rituelles et morales (v. infra B). Foi et religion; philosophie et religion; morale et religion; philosophie, psychologie, sociologie, théologie de la religion; le besoin de religion; indifférence en matière de religion. Le mot religion [chez les anciens] ne signifiait pas ce qu'il signifie pour nous; sous ce mot nous entendons un corps de dogmes, une doctrine sur Dieu, un symbole de foi sur les mystères qui sont en nous et autour de nous; ce même mot, chez les anciens, signifiait rites, cérémonies, actes de culte extérieur. La doctrine était peu de chose; c'étaient les pratiques qui étaient l'important; c'étaient elles qui étaient obligatoires et qui liaient l'homme (ligare, religio) (Fustel de Coul.,Cité antique, 1864, p. 210).Les travailleurs ont besoin de poésie plus que de pain (...) seule la religion peut être la source de cette poésie. Ce n'est pas la religion, c'est la révolution qui est l'opium du peuple (S. Weil,Pesanteur, 1943, p. 180).V. fanatisme ex. 1:
1. Si l'on admet que les rapports avec le sacré constituent l'essentiel de la religion, la distance apparaît avec la philosophie. Mais il reste à s'entendre sur la notion du sacré; si l'on admet que le sacré inspire le respect et la crainte, une autre distance s'éclaire, avec la magie qui suppose audace et contrainte. On n'hésite point à reconnaître la religion dans le christianisme ou l'islamisme; on discute la part de religion que contiennent les grandes conceptions orientales de la vie et de la mort, les représentations et les pratiques des « primitifs »... Traité sociol., 1968, p. 80.
Guerre de religion. V. guerre A 1 en partic.
B. − Forme particulière que revêt pour un individu ou une collectivité cette relation de l'homme au divin ou à une réalité supérieure.
1.
a) Au sing. et au plur. Ensemble des croyances relatives à un ordre surnaturel ou supra-naturel, des règles de vie, éventuellement des pratiques rituelles, propre à une communauté ainsi déterminée et constituant une institution sociale plus ou moins fortement organisée. On est contraint à la foi. Croire de force, tel est le résultat. Mais avoir foi ne suffit pas pour être tranquille. La foi a on ne sait quel bizarre besoin de forme. De là les religions. Rien n'est accablant comme une croyance sans contour (Hugo,Travaill. mer, 1866, p. 303).V. confession A p. ext., culte B 2 a:
2. Pour la plupart des civilisés, les églises ne sont que des musées où reposent les religions mortes. L'attitude des touristes qui profanent les cathédrales d'Europe montre à quel point la vie moderne a oblitéré le sens religieux. L'activité mystique a été bannie de la plupart des religions. Carrel,L'Homme, 1935, p. 158.
P. métaph. V. dogmatique ex. 2 et infra au fig.:
3. C'est en tant que religion, que la doctrine communiste exalte et alimente les ferveurs des jeunes gens d'aujourd'hui. Leur action même implique une croyance; et s'ils transfèrent leur idéal du ciel sur la terre, ainsi que je fais avec eux, ce n'en est pas moins au nom d'un idéal qu'ils luttent et, au besoin, se sacrifient. Gide,Journal, 1933, p. 1182.
SYNT. Les préceptes, les pratiques, la morale d'une religion; religions fondées, organisées, historiques; histoire des religions; embrasser, professer, pratiquer une religion; abandonner, abjurer, renier une religion; se convertir à une religion; changer de religion; enseigner, fonder une religion.
[Suivi d'un adj. ou d'un compl. déterminatif]
[Suivi d'un adj. caractérisant le système de croyances envisagé] Religions animistes, fétichistes, totémiques; religions dogmatiques, savantes. Seules les religions polythéistes ou panthéistes créent les idoles et sont créées par les idoles dans un échange passionné et continu d'idées, de sensations, de sentiments. Les religions monothéistes, au contraire hostiles à l'idole, ou bien triomphent avec le secours de l'idole, ou bien meurent sur place sans pouvoir se renouveler (Faure,Espr. formes, 1927, p. 249).
[Suivi d'un adj. ou d'un compl. donnant une indication d'ordre géogr. ou hist.] Religions anciennes, antiques, archaïques, primitives; religions actuelles; religions vivantes. L'homme, à cette voix dont l'accent le ranime [dans l'Apologie de Pascal], se remet donc à parcourir l'Univers, cherchant quelle religion est la vraie, comme il avait déjà fait pour les philosophies. (...) Ici serait venue une énumération des principales religions connues, celle de Mahomet, celle des anciens Grecs et Romains, celle des Égyptiens, celle de la Chine. Aucune de ces religions ne satisfait l'homme de Pascal, pas plus que tout à l'heure ne l'ont satisfait les philosophies (Sainte-Beuve,Port-Royal, t. 3, 1848, p. 371).
[Suivi d'un adj. ou d'un compl. déterminant la doctrine ou la communauté religieuse envisagée ou indiquant le nom de son fondateur] Les religions païennes; la religion judaïque, juive; la religion des Juifs, d'Israël, de Moïse; la religion chrétienne, des chrétiens, du Christ, de l'Évangile; la religion catholique, anglicane, orthodoxe, protestante, mahométane, musulmane, islamique; la religion de l'Islam, de Mahomet (v. supra ex. de Sainte-Beuve); la religion bouddhiste; la religion de Bouddha. Ce qu'il y a de plus probable, c'est qu'ils [les Druzes] sont, comme les Maronites, une tribu arabe du désert qui, ayant refusé d'adopter la religion du Prophète, et persécutée par les nouveaux croyants, se sera réfugiée dans les solitudes inaccessibles du haut Liban, pour y défendre ses dieux et sa liberté (Lamart.,Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 109):
4. ... pour lui [Passavant], le magnétisme, qui est d'abord une force organique, mais qui devient une force spirituelle lorsqu'on l'oriente dans ce sens, finit par être l'organe d'une vision divine. Et celle-ci est également le but que se propose le culte dans la religion catholique; rite et sacrement constituent une magie sacrée, grâce à laquelle la nature devient l'organe de l'esprit. Béguin,Âme romant., 1939, p. 75.
b) Locutions
Religion domestique. [Dans l'Antiquité ou chez les peuples dits « primitifs »] Culte rendant hommage au(x) dieu(x) d'une famille, d'un foyer. La religion est encore domestique dans les peuplades qui vivent en familles, et c'est ce qui a été cause que quelques voyageurs, n'apercevant point chez elles de culte public, ont conclu qu'elles n'avoient aucune religion (Bonald,Législ. primit., t. 1, 1802, p. 312).Dans cette religion primitive chaque dieu ne pouvait être adoré que par une famille. La religion était purement domestique (Fustel de Coul.,Cité antique, 1864, p. 33).
Religion naturelle. [P. oppos. à religion positive (v. positif I A) et à religion révélée] Ensemble des connaissances relatives à Dieu, à ses attributs, aux principes de l'action morale, obtenues par les seules lumières de la raison et de la conscience, indépendamment de toute révélation. La religion parfaite et définie n'a pas été donnée à l'homme dès le principe. Aussi peut-on distinguer plusieurs phases dans le progrès de la religion. − 1 oReligion naturelle. C'est celle qui est inscrite par Dieu au cœur de l'homme, indépendamment de toute révélation extérieure. Cette religion comporte la connaissance de l'existence de Dieu, la notion de ses perfections et l'idée de devoirs à lui rendre (Bible1912).
[Princ. chez les philosophes du xviiies. et p. réf. à eux] Elle croyait à cette sorte de religion naturelle préconisée et peu définie par les philosophes du dix-huitième siècle. Elle se disait déiste et repoussait avec un égal dédain tous les dogmes, toutes les formes de religion (Sand,Hist. vie, t. 2, 1855, p. 364).[La conception de la religion naturelle] leur permettait de se détacher sans remords des religions positives auxquelles ils avaient cessé de croire, et de conserver néanmoins une religiosité très vive, à laquelle la « religion naturelle » fournissait un aliment suffisant (Lévy-Bruhl,Mor. et sc. mœurs, 1903, p. 202).V. déisme ex.
Religion patriarcale. V. patriarcal A 1.Religion positive. V. positif I A 1 et B 3 b p. méton.Religion révélée. Religion qui repose sur une révélation*.
Religion universelle. [P. oppos. à religion nationale, religion particulière, religion d'un peuple] Religion à vocation œcuménique, c'est-à-dire qui n'est pas destinée à un groupe social déterminé, mais s'adresse à tous les hommes, de tous les pays et de tous les temps. Vous voudriez faire une religion particulière, comme si la religion vraie n'étoit pas universelle et de toutes les nations! (Saint-Martin,Homme désir, 1790, p. 232).Les religions universelles font abstraction des liens nationaux naturels et s'adressent absolument à tous les hommes, leur offrant le salut ou une voie qui y conduit. Le bouddhisme, le christianisme et l'Islam, religions universelles les plus importantes, sont aussi des religions qui ont été fondées, alors que le développement des religions nationales se présente surtout comme spontané (Friest. 41967).
[Chez Bergson] Religion statique et religion dynamique. Si la frange d'intuition qui entoure son intelligence [de l'individu] s'élargit assez pour s'appliquer tout le long de son objet, c'est la vie mystique. La religion dynamique qui surgit ainsi s'oppose à la religion statique, issue de la fonction fabulatrice, comme la société ouverte à la société close (Bergson,Deux sources, 1932, p. 285).
Religion à mystères. V. mystère I A.
Religion d'État ou religion de l'État. Religion déclarée comme la religion officielle d'un état et qui exclut les autres religions ou ne fait que les tolérer. La religion catholique, apostolique et romaine est la religion de l'État (Charte de 1814,art. 6 ds Littré).Le plus mauvais état social, à ce point de vue, c'est l'état théocratique, comme l'islamisme et l'ancien état pontifical, où le dogme règne directement d'une manière absolue. Les pays à religion d'état exclusive comme l'Espagne ne valent pas beaucoup mieux. Les pays reconnaissant une religion de la majorité ont aussi de graves inconvénients (Renan,Souv. enf., 1883, p. xiv).
La religion d'amour. Le christianisme. Après la conquête de Jérusalem par les Arabes, la plupart des chrétiens durent se convertir à l'islamisme pour échapper aux supplices. Mais ils ne renoncèrent pas à la religion d'amour (Adam,Enf. Aust., 1902, p. 202).
c) [En empl. abs., la détermination venant du cont.] J'en étais à cette phrase, que je répétais souvent avec onction et désespoir: − Oh! musulmans! oh! musulmans! Il n'y a plus d'Islam! La religion est perdue! (Gobineau,Nouv. asiat., 1876, p. 232).Vous savez que la religion condamne avec force les injures qu'elle range sous le titre des homicides par intention. Je ne suis pas l'ami de Desjardins. Mais je ne le suis pas non plus de ceux qui ne veulent voir dans la religion qu'une autorité et qu'une discipline, et qui voudraient garder le christianisme sans le Christ (Claudel,Corresp.[avec Gide], 1912, p. 192).
Les secours de la religion. Les sacrements de l'Église. M. l'Archevêque de Paris s'est présenté chez l'acteur [Talma] pour lui offrir les secours de la religion (Delécluze,Journal, 1826, p. 354).Le troisième jour, Claude expirait, privée des secours de la religion, et on refusa de l'enterrer en terre chrétienne (Aragon,Beaux quart., 1936, p. 36).
En partic. [Au xvieet xviies.; gén. avec une majuscule] La Religion (pour religion réformée ou religion prétendue réformée). Le protestantisme, le calvinisme. Dieu me damne! camarade, je sens une odeur d'hérétique. Je gage (...) que vous êtes de la Religion (Mérimée,Chron. règne Charles IX, 1829, p. 44).Je rappelle que M. de La Mothe, l'aïeul de toute cette famille, celui qui ne portait sa robe qu'à la Chambre des comptes, s'était fait huguenot, qu'il ne se convertit qu'après la Saint-Barthélemy, et que plusieurs de ses fils restèrent de la Religion ou n'abjurèrent que tard (Sainte-Beuve,Port-Royal, t. 1, 1840, p. 63).
d) P. méton.
Instruction religieuse, catéchisme. J'étais un bon élève en tout; en religion aussi (Martin du G.,Thib., Pénitenc., 1922, p. 796).
Ceux qui appartiennent au monde de la religion; les gens d'Église. La religion, l'armée, le gouvernement, s'engagent dans la lutte (Clemenceau,Iniquité, 1899, p. vii).Il (...) rédigea une longue lettre, pour laquelle il n'accepta aucun salaire. Trop heureux, disait-il, d'obliger la religion (Queffélec,Recteur, 1944, p. 147).
2. [La religion de qqn]
a) Attitude théorique, morale, pratique de l'individu à l'égard du divin à l'intérieur ou non d'une religion constituée. Une religion individuelle, intérieure; religion du cœur; une religion éclairée, formaliste; la religion de Pascal. Si le grand adolescent se trouve en présence d'une religion d'adulte, il arrive au contraire que, à la troisième adolescence, il adhère à une religion profonde et personnelle. Il cherche alors à comprendre et à justifier sa foi, à s'engager au service de Dieu, à pratiquer une prière intérieure et personnelle (MantoyPsychol.1971):
5. Son système [de la mère de Lamartine] n'était point un art, c'était un amour. Voilà pourquoi il était infaillible. Ce qui l'occupait par-dessus tout, c'était de tourner sans cesse mes pensées vers Dieu et de vivifier tellement ces pensées par la présence et par le sentiment continuels de Dieu dans mon âme, que ma religion devînt un plaisir et ma foi un entretien avec l'invisible. Il était difficile qu'elle n'y réussît pas, car sa piété avait le caractère de tendresse comme toutes ses autres vertus. Lamart.,Confid., 1849, p. 78.
En empl. abs. Manifestations intérieures ou extérieures de cette attitude; sentiment religieux, pratique religieuse. Synon. foi, dévotion, piété.Il y a le plus de religion, là où il y a le plus d'amour, il y a le plus d'amour là où il y a le plus d'unité (Claudel,Corresp.[avec Gide], 1908, p. 84):
6. À mon sens, le christianisme est avant tout religieux, et la religion n'est point une méthode: elle est une vie, une vie supérieure et surnaturelle, mystique par sa racine et pratique par ses fruits, une communion avec Dieu, un enthousiasme profond et calme, un amour qui rayonne, une force qui agit, une félicité qui s'épanche, bref la religion est un état de l'âme. Amiel,Journal, 1866, p. 270.
[Surtout dans des loc.] Avoir beaucoup, peu de religion; avoir de la religion; esprit, sentiment de religion; exercices de religion. Elle ne manque pas de religion, et même elle a obtenu de grandes bénédictions, l'an passé, au pèlerinage de sainte Anne (Loti,Mon frère Yves, 1883, p. 193).Les actions de la vie, dont il s'agit ici, ne doivent pas être comprises, on le sait, des seules œuvres de religion, ou de piété (prières, jeûnes, aumônes, etc...) (Teilhard de Ch.,Milieu divin, 1955, p. 33).THÉOL. Vertu de religion. Vertu par laquelle l'homme rend à Dieu le culte et l'hommage qui lui sont dus dans un esprit de soumission et de révérence profonde. [Bérulle et Condren] professeront bien la même doctrine, laquelle, chez l'un et chez l'autre, a eu pour point de départ une facilité merveilleuse à la vertu de religion, un désir, un besoin intense d'exalter la grandeur divine (Bremond,Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 346).Avec la majorité des exégètes modernes, il faut comprendre que le Christ fut exaucé « en conséquence, à cause de » sa crainte de Dieu, donc de sa vertu de religion. Le terme est choisi pour signaler que le Sauveur, au sein même de sa détresse, gardait un respect vigilant et soigneux de la volonté de son Père (Bible Suppl.1981).
b) Loc. fig.
Éclairer la religion de qqn. Fournir à quelqu'un les explications, les renseignements nécessaires sur une question. Celui-là recueillant des lèvres de celui-ci tous les renseignements de nature à éclairer sa religion sur le compte de ses employés (Courteline,Ronds-de-cuir, 1893, 2etabl., 3, p. 81).Je n'en reste pas moins perplexe sur l'étymologie de ce vocable. Pouvez-vous éclairer ma religion à ce sujet? (Benoit,Atlant., 1919, p. 149).
Surprendre la religion de qqn. Tromper, abuser quelqu'un. Surprendre la religion du prince, la religion des juges, la religion d'un tribunal (Ac. 1835, 1878). Il s'agissait de découvrir le mensonge à l'aide duquel monsieur votre frère a surpris la religion de cette noble famille (Balzac,Splend. et mis., 1844, p. 320).
(Sur ce point) ma religion est faite. Mon opinion est arrêtée. La France dans son immense majorité désire le travail dans l'ordre! Là-dessus ma religion est faite (Proust,Guermantes 1, 1920, p. 246).En ce qui me concerne, ma religion est faite. Il me reste à convaincre (...) ceux qui pourraient me croire l'instrument d'une intrigue à laquelle je ne comprends rien (Cocteau,Bacchus, 1952, ii, 8, p. 143).
C. − P. anal. ou au fig.
1. Doctrine, philosophie proposant des valeurs considérées comme absolues; valeur érigée en absolu, à laquelle on voue un respect quasi religieux. La religion de l'amour, de la patrie, de la science, du progrès. Encore un peu de temps, elle [la bourgeoisie] affirmera avec nous la religion de Hegel, de Lessing, d'Anacharsis Clootz, de Diderot, de Molière, de Spinoza, la religion qui ne reconnaît ni pontife, ni empereur, ni improducteur, la religion de l'humanité (Proudhon,Confess. révol., 1849, p. 372):
7. À la révolution jacobine qui essayait d'instituer la religion de la vertu, afin d'y fonder l'unité, succéderont les révolutions cyniques, qu'elles soient de droite ou de gauche, qui vont tenter de conquérir l'unité du monde pour fonder enfin la religion de l'homme. Camus,Homme rév., 1951, p. 167.
Vx. Être de la religion de qqn. Se réclamer de sa doctrine; partager ses opinions, ses goûts. On avait à vaincre plus d'un préjugé de goût, d'éducation et presque de famille [pour goûter Homère] on était trop, en France, de la religion de Racine pour ne pas pencher avec prédilection du côté de Virgile (Sainte-Beuve,Virgile, 1857, p. 211).
Religion séculière. Ensemble de valeurs constituant ,,un idéal terrestre et purement humain (anthropocentrique) qui, chez ceux qui sont devenus étrangers à la religion proprement dite (théocentrique), lui sert de substitut`` (Foulq. Sc. soc. 1978). La religion séculière garde le prestige et la force du prophétisme, elle suscite en petit nombre des fanatiques et ceux-ci à leur tour mobilisent et encadrent des masses, moins séduites par la vision d'avenir que révoltées contre les malheurs du présent (R. Aron,L'Opium,p. 428, ibid.).
2. Sentiment de respect, de vénération profonde (pour une doctrine, une valeur, une personne). Avoir la religion de qqc.; avoir de la religion pour qqc.; avoir la religion du serment, du secret. Tu n'admires pas assez, tu ne respectes pas assez. Tu as bien l'amour de l'art, mais tu n'en as pas la religion. Si tu goûtais une délectation profonde et pure dans la contemplation des chefs-d'œuvre, tu n'aurais pas parfois sur leur compte de si étranges réticences (Flaub.,Corresp., 1847, p. 68):
8. ... ce que l'auteur de la France juive reproche justement à ce malheureux [l'homme moderne], c'est de ne pas savoir vivre (...) il n'a pas tort de noter une perversion plus profonde: le besoin, la nostalgie et comme la religion de la servitude, de la bienheureuse servitude qui dispense de vouloir, d'agir... Bernanos,Gde peur, 1931, p. 373.
Locutions
Avec religion. Avec un respect religieux; avec de grands scrupules. Après s'être occupée de ces recherches avec religion et scrupule (Sue,Atar-Gull, 1831, p. 37).L'arbre sous lequel je demeurais existe encore (...) j'y vais en pèlerinage et je m'assieds dessous avec religion (Vallès,Réfract., 1865, p. 55).
Se faire une religion de + inf. Se faire une obligation scrupuleuse et absolue de. Il se fait une religion de tenir sa parole (Ac.1798-1935).M. Duhamel ne consacre pas ces bas désirs, ces velléités brûlantes, perfides, ces maléfices qu'il y découvre [dans la conscience]. Il ne se fait pas une religion de les accueillir, de les respecter, de les favoriser en quelque sorte (Massis,Jugements, 1924, p. 195).
II. − [Dans la relig. chrét.]
A. − [Surtout dans des loc.] État religieux, c'est-à-dire état des personnes qui s'engagent par des vœux à suivre la règle propre à un ordre ou à une congrégation religieuse. Ce bénédictin a trente ans de religion. Habit de religion (Ac. 1798-1935). Pendant le noviciat de Marguerite et ses premières années de religion, les carmels de l'observance bérullienne lisent, relisent, savent par cœur la vie d'une autre « petite personne », Catherine de Jésus, morte en 1627 au second carmel de Paris (Bremond,Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 538).
Entrer en religion. Se faire religieux ou religieuse. Synon. prendre l'habit, prendre le voile.Je parvins à comprendre la beauté de la prière dans la solitude, et j'eus pour idée fixe d'entrer en religion, suivant la belle expression de nos pères (Balzac,Méd. camp., 1833, p. 235).Quelqu'un qui, venu du « monde », entre en art, y entre comme on entre en religion (Du Bos,Journal, 1928, p. 132).
Mettre une personne en religion. Faire entrer une personne en religion. Et il donne la raison qui, le plus souvent meut les parents à mettre leurs enfants en religion. C'est que les moines (...) se trouvent incapables d'hériter (A. France,Rabelais, 1909, p. 5).
Nom de religion. Nom pris par une personne entrant en religion, et qui remplace son nom laïque. J'ai oublié leurs noms de famille, je ne me rappelle que leurs noms de religion: Mary-Agnès et la sœur Anne-Joseph (Sand,Hist. vie, t. 3, 1855, p. 143).Mademoiselle X, en religion sœur sainte Geneviève, sœur Angèle (Ac.1935).Sa sœur Agathe, en religion sœur Marie des anges, cloîtrée aux carmélites de Toulouse (Vogüé,Morts, 1899, p. 86).
Vœux de religion. Vœux d'obéissance, de chasteté et de pauvreté prononcés par un chrétien qui s'engage dans l'état religieux. Le chapitre général de 1233 les astreignit [des oblats] aux trois vœux de religion comme les pères (Huysmans,Oblat, t. 1, 1903, p. 190).Je dois vous donner lecture du décret de l'Assemblée qui suspend jusqu'à nouvel ordre les vœux de religion (Bernanos,Dialog. Carm., 1948, 4etabl., 1, p. 1651).
B. −
1. Anciennement. Établissement monastique, couvent. Quand elle [la mère Angélique] lui parla [à saint François de Sales] d'entrer dans l'Ordre de la Visitation, il lui répondit avec humilité que cet Ordre était peu de chose, que ce n'était presque pas une religion (Sainte-Beuve,Port-Royal, t. 1, 1840, p. 244).
2. [Actuellement, dans le vocab. de l'admin. relig.] On appelle religion ou Institut religieux toute association de chrétiens qui ont émis des vœux publics et s'engageant à vivre conformément aux règles ou constitutions de leur société (...). Un Institut dont les membres émettent des vœux solennels est un ordre: tels les Bénédictins; si ce sont des vœux simples, c'est une congrégation religieuse (Marcel1938).
Absol., vx. La Religion ou la religion. L'Ordre de Malte. Ce chevalier avait servi tant d'années la religion. Les galères de la religion (Ac. 1835-1935). Monsieur, vous êtes de la Religion, vous appartenez à l'Ordre de Malte? (La Varende,Manants du Roi, 1938, p. 37).
REM. 1.
Religionnel, -elle, adj.Qui provient de la religion, de ceux qui ont une religion. [M. Deletre] y avait fait [dans l'Encyclopédie] l'article Fanatisme (...): cet article lui barra bien des chemins. Il y gagna d'avoir contre lui la haine religionnelle, comme il l'appelait, la plus forte de toutes et la plus acharnée (Sainte-Beuve,Nouv. lundis, t. 4, 1863, p. 344).
2.
Religionnette, subst. fém.Religion facile et sans valeur. Je me vois raconter cela à des prêtres! Ils me diront que je n'ai pas à m'occuper d'idées mystiques et ils me présenteront en échange une religionnette de femme riche (Huysmans,En route, t. 1, 1895, p. 71).
Prononc. et Orth.: [ʀ əliʒjɔ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1130 « monastère » iglise de religiun (Lois de Guillaume, éd. J. E. Matzke, 1, § 1); ca 1175 (Benoît de Ste-Maure, Chron. ducs de Normandie, 835 ds T.-L.); 2. ca 1150 « état d'une personne engagée par vœu dans un ordre monastique » [estre] de religïon (Wace, St Nicolas, 379, ibid.); 1174-76 prendre saint abit de religïun (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 3327); 1283 entrer en religion (Philippe de Beaumanoir, Coutumes de Beauvaisis, éd. A. Salmon, § 624, t. 1, p. 310). B. 1remoit. xiies. « ensemble des croyances, des pratiques impliquant des relations avec la divinité » commune religion [catholica religio] (Psautier de Cambridge, Symbolum apostolorum, 20, p. 289b: treis deus u seinurs dirre par commune religion sumes deveed); spéc. a) 1533 ceulx de la religion « les Protestants » (ds Herminjard, III, p. 84, d'apr. Richard, Kirchenterminologie, p. 21); 1568 ceux de la religion prétendue réformée (ds Haag, France protestante, Pièces justificatives, p. 84, ibid., p. 54); 1690 guerres de la religion (Fur.); 1701 guerres de religion (Id.); b) 1588 religion chrestienne (Montaigne, Essais, I, 23, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 120); ca 1590 religion Catholique (Id., op. cit., I, 56, p. 320); c) ca 1590 religion de Mahumet (Id., op. cit., II, 12, p. 532). C. 1. Ca 1145 « pratique, piété, dévotion (liées à l'adhésion d'une personne à une doctrine religieuse » estre de grant religïon (Wace, Conception N.-D., 1166 ds T.-L.); ca 1175 eclesïau religïon (Benoît de Ste-Maure, op. cit., 10211, ibid.); 1234 fausse relegïon (Huon de Méry, Tournoiement Antechrist, 867, p. 54, ibid.); 2. p. ext. a) ca 1210 « conscience, respect scrupuleux » (Herbert de Dammartin, Fouque de Candie, 1910, ibid.: Viex est et sages, de grant religïon); 1541 avoir [les sermens] en grande religion (Calvin, Instit., III, p. 143 ds Hug.); b) 1690 surprendre la religion [de quelqu'un] « abuser de sa bonne foi » (Fur.); c) 1797 éclairer la religion [de quelqu'un] (Idées sur la compétence du Conseil de guerre... concernant les prévenus d'embauchage, p. 6 ds Quem. DDL t. 13). Empr. au lat.religio « attention scrupuleuse; conscience »; spéc. « scrupule religieux, sentiment religieux, crainte pieuse; vénération, pratique religieuse, culte; croyance religieuse, religion » et « caractère sacré; engagement sacré; chose sainte, objet sacré ». Dans la lang. chrét. « vie religieuse, monastère; profession religieuse » (ves. ds Blaise Lat. chrét.; v. aussi Nierm.), « ordre religieux » (1143 ds Du Cange), « ensemble des vérités et des devoirs religieux » (s.d. ds Blaise Latin. Med. Aev.). L'orig. du mot lat. est discutée (Ern.-Meillet; Théol. cath. t. 13, col. 2182 sqq.). Fréq. abs. littér.: 11 287. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 23 242, b) 17 528; xxes.: a) 12 531, b) 11 239. Bbg. Meslin (M.). Qu'est-ce que la Religion? Foi Lang. 1977, n o4, pp. 241-248. − Quem. DDL t. 13. − Richard Kirchenterminologie 1959, pp. 20-22, 53-54.

Wiktionnaire

Nom commun - français

religion \ʁə.li.ʒjɔ̃\ féminin

  1. Système de représentation du monde et de croyances fondé sur la foi, et consolidé par l’accomplissement de rites dans le cadre d’un culte rendu à une ou plusieurs puissances, souvent célestes.
    • Et que se peut refuser la faiblesse humaine, pendant que le monde lui accorde tout ? N’est-ce pas là qu’on apprend à faire servir à l’ambition, à la grandeur, à la politique, et la vertu, et la religion, et le nom de Dieu ? — (Bossuet, Oraison funèbre d’Henriette d’Angleterre, 1670)
    • La femme de l’orateur ayant mis la tête à la fenêtre, et avisant un homme qui doutait que le pape fût antéchrist, lui répandit sur le chef un plein… O ciel ! à quel excès se porte le zèle de la religion dans les dames ! — (Voltaire, Candide, ch. 3, 1759)
    • L’aumônier répondit : Que sa religion, son état, les bonnes mœurs et l’honnêteté ne lui permettaient pas d’accepter ces offres.
      Orou répliqua : — Je ne sais ce que c’est que la chose que tu appelles religion ; mais je ne puis qu’en penser mal, puisqu’elle t’empêche de goûter un plaisir innocent, auquel nature, la souveraine maîtresse, nous invite tous ; de donner l’existence à un de tes semblables ; de rendre un service que le père, la mère et les enfants te demandent ; de t’acquitter avec un hôte qui t’a fait un bon accueil, et d’enrichir une nation, en l’accroissant d’un sujet de plus.
      — (Diderot, Supplément au voyage de Bougainville, 1796)
    • Son enfance s’était passée calme et décolorée dans les pratiques religieuses ou plutôt superstitieuses qui, au Mexique, forment le fond de la religion. — (Gustave Aimard, Les Trappeurs de l’Arkansas, Éditions Amyot, Paris, 1858)
    • Je crois confusément à beaucoup de choses ; par dessus tout, à l’existence de Dieu, sinon aux dogmes de la religion […] — (Henri Barbusse, L’Enfer, Éditions Albin Michel, Paris, 1908)
    • Les ouvriers n’ont même pas complètement tort lorsqu’ils regardent la religion comme un luxe bourgeois, parce qu’en effet la religion n’a pas de ressources pour faire perfectionner les machines et pour donner des moyens de travailler plus rapidement. — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, chapitre VII, La Morale des producteurs, 1908, page 363)
    • Toutes les religions et toutes les morales ont tendu à jeter un voile sur la gesticulation fornicatoire qui est, cependant, à la base de la vie […] — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 118)
    • La Gaule était restée longtemps en dehors de cette christianisation. Pendant près de deux siècles, le paganisme résista aux entreprises de la nouvelle religion. — (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
    • […] et c’est seulement après 1967 que le philosophe laïque syrien Sadiq Jalal al-Azm refusa hautement de voir dans la religion une voie d’avenir efficace. — (Panayiotis Jerasimof Vatikiotis, L’Islam et l’État, 1987, traduction d’Odette Guitard, 1992, pages 108-109)
  2. (Religion) Culte qu’on rend à la divinité.
    • Affichant non sans panache un athéisme militant, il appelle à en finir avec une certaine tolérance envers les religions monothéistes, intrinsèquement intolérantes et pétries de haine. — (Basile de Koch, Histoire universelle de la Pensée : de Cro-Magnon à Steevy, 2005)
    • La religion antique, chrétienne, hindoue, juive, japonaise, musulmane ; une religion de la nature, païenne, primitive, polythéïste ; une fausse religion, une religion nouvelle.
    • La religion dominante; une religion minoritaire, opprimée, persécutée, disparue.
    • (Par extension) Une religion laïque.
  3. (Sens courant) Doctrine religieuse.
    • Les Deux sources de la morale et de la religion est un ouvrage de Bergson (1932).
    • Le livre de M. Charles Baudelaire intitulé Les Fleurs du Mal est un défi jeté aux lois qui protègent la religion et la morale. […] À côté de ces pièces et de quelques autres où l’immortalité de l’âme les plus chères croyances du christianisme sont mises à néant, il en est d’autres qui sont l’expression de la lubricité la plus révoltante […] — (Rapport de la Direction Générale de la Sûreté publique du 7 juillet 1857, au Ministre de l’Intérieur)
    • […] et, quand M. de Bonald est venu réclamer à la Chambre, en 1816, au nom de la religion catholique redevenue religion de l’État, le rétablissement de l’indissolubilité du mariage, il s’est bien gardé de réclamer en même temps et au même titre le rétablissement de l’éternité des vœux ecclésiastiques. — (Alexandre Dumas fils, La Question du divorce, 12e édition, 1880, page 176)
  4. Foi ; croyance ; piété ; dévotion.
    • La religiosité, soit au lieu de la réalité l’apparence, remplace donc la religion au Morvan, du moins d’après quelques écrivains. — (abbé Guignot, Essai sur Quarré-les-Tombes ; ses sarcophages mérovingiens et sa station préhistorique, impr. Bousrez, Tours, 1895, page 49)
    • Toute l’histoire de Julie était dans ce cri profond, cri de nature et d’amour auquel les femmes sans religion succombent ; Arthur la saisit et la porta sur le canapé. — (Honoré de Balzac, La Femme de trente ans, Paris, 1832)
  5. (En particulier) Conception particulière de la foi qu’un croyant fidèle à l’Église exprime dans son œuvre.
    • La religion de Pascal, de Claudel, de Mauriac, de Bernanos, de Teilhard de Chardin.
    • Une religion qui serait seulement faite de conventions extérieures, d’attitudes et de formes serait sans action sur la conscience et ne changerait rien aux secrets de la vie intime. — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
  6. (Droit canon) État des personnes s’étant engagées par des vœux solennels à suivre une règle au sein d’un ordre monastique.
    • Ce bénédictin a trente ans de religion.
    • Mademoiselle X., en religion sœur sainte Geneviève, sœur Angèle.
  7. (Désuet) (Absolument) Ordre de Malte.
    • Ce chevalier avait servi tant d’années la religion. — Les galères de la religion.
  8. (Désuet) (Absolument) Religion prétendue réformée.
    • — Beaucoup de huguenots, oui, Monsieur, répondit brusquement La Hurière ; puis se reprenant : Ah ! pardon, dit-il ; ces Messieurs sont peut-être de la religion ?
      — Moi, de la religion ! s’écria Coconnas ; allons donc ! je suis catholique comme notre saint-père le pape.
      — (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre IV)
  9. Scrupule, obligation rigoureuse qu’on s’impose, respect de règles presque sacrées.
    • Si tu veux être un homme remarquable, il faut faire de ta parole une seconde religion, et y tenir comme à ton honneur. — (Honoré de Balzac, La Femme de trente ans, Paris, 1832)
    • Si l’orthographe est devenue une religion, Monsieur P. passe à coup sûr auprès des téléspectateurs pour en être le grand-prêtre.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

RELIGION. n. f.
Culte qu'on rend à la divinité. La religion juive. Le religion chrétienne. La religion naturelle. La religion révélée. La vraie religion. Une fausse religion. La religion de Mahomet. Être de telle ou telle religion. Professer, pratiquer une religion. Faire profession d'une religion. Fonder une nouvelle religion. Se faire une religion à sa mode. Embrasser une religion. Changer de religion. Abandonner, abjurer sa religion. Renoncer à sa religion. Se convertir à la religion chrétienne, à la religion catholique. Le religion du pays. Religion d'État. La religion dominante. La religion de nos pères. Les préceptes, les pratiques d'une religion. C'est un point de religion. Il ne sait pas, il ne connaît pas sa religion. Les guerres de religion, Les guerres occasionnées par la différence des religions, et particulièrement les guerres entre les catholiques et les protestants au seizième siècle. La religion prétendue réformée ou, absolument la Religion se disait de la Religion réformée, du protestantisme.

RELIGION désigne aussi la Conception personnelle que quelqu'un se fait de la religion. La religion de Pascal. Chacun se fait sa religion. Il signifie aussi Foi, croyance, piété, dévotion. La religion console, élève, purifie l'âme. Il a toujours eu de la religion. Les secours de la religion. C'est un homme qui a beaucoup de religion. C'est un homme sans religion. Il n'a guère de religion. Il n'a pas de religion. Il se dit encore de l'État des personnes engagées par des vœux à suivre une certaine règle autorisée par l'Église. Ce bénédictin a trente ans de religion. Habit de religion. Mademoiselle X., en religion sœur sainte Geneviève, sœur Angèle. Mettre une fille en religion, La faire religieuse. Entrer en religion, Se faire religieux ou religieuse.

RELIGION se disait absolument de l'Ordre de Malte. Ce chevalier avait servi tant d'années la religion. Les galères de la religion.

RELIGION se dit encore d'un Sentiment très scrupuleux, d'une obligation rigoureuse qu'on se fait. Se faire une religion d'une chose, s'en faire un point de religion. Il se fait une religion de tenir sa parole. La religion du serment, Le respect scrupuleux du serment. Surprendre la religion de quelqu'un, Abuser quelqu'un par des subterfuges, par des sophismes. Éclairer la religion des juges, la religion d'un tribunal, Les renseigner.

Littré (1872-1877)

RELIGION (re-li-ji-on) s. f.
  • 1Ensemble de doctrines et de pratiques qui constitue le rapport de l'homme avec la puissance divine. La religion juive. La religion chrétienne. La religion païenne. La religion de Mahomet, de Bouddha. Le chevalier d'Harcourt s'y était opposé, disant que c'était une affaire entre les couronnes de France et d'Espagne, dont la religion ne se devait point mêler, Pellisson, Lett. hist. t. II, p. 194. Je vois des foisons de religions en plusieurs endroits du monde et dans tous les temps… j'aurais refusé également la religion de Mahomet, et celle de la Chine, et celle des anciens Romains, et celle des Égyptiens, par cette seule raison que, l'une n'ayant pas plus de marques de vérité que l'autre, la raison ne peut pencher plutôt vers l'une que vers l'autre, Pascal, Pens. XIV, 3, édit HAVET. Je vois la religion chrétienne fondée sur une religion précédente, Pascal, ib. XIV, 3. Le déisme, presque aussi éloigné de la religion chrétienne que l'athéisme, qui y est tout à fait contraire, Pascal, ib. XI, 10 bis. La seule religion chrétienne est proportionnée à tous, étant mêlée d'extérieur et d'intérieur ; elle élève le peuple à l'intérieur, et abaisse les superbes à l'extérieur, Pascal, ib. XI, 3. Toute religion est fausse, qui, dans sa foi, n'adore pas un Dieu comme principe de toutes choses, et qui, dans sa morale, n'aime pas un seul Dieu comme objet de toutes choses, Pascal, ib. XXIII, 4. La vraie religion doit avoir pour marque d'obliger à aimer son Dieu, Pascal, ib. XI, 1. Ceux à qui Dieu a donné la religion par sentiment du cœur sont bienheureux et bien légitimement persuadés, Pascal, ib. VIII, 6. Fondement de la religion : c'est les miracles, Pascal, ib. XXIII, 18. La religion catholique n'oblige pas à découvrir ses péchés indifféremment à tout le monde ; elle souffre qu'on demeure caché à tous les autres hommes ; mais elle en excepte un seul, à qui elle commande de découvrir le fond de son cœur, Pascal, ib. II, 8. Il [Jésus-Christ] leur [aux apôtres] apprend le caractère de cette haine qu'ils auront à porter, c'est que ce sera une haine de religion ; qu'on les excommuniera, et qu'on les aura tellement en exécration qu'on croira rendre service à Dieu de les exterminer, Bossuet, Méd. sur l'Év. 2e partie, 17° jour. Par où ont-ils [les incrédules] deviné que tout ce qu'on pense de ce premier être [Dieu] soit indifférent, et que toutes les religions qu'on voit sur la terre lui soient également bonnes ? Bossuet, Anne de Gonz. Il [un roi] protége la religion en toutes choses, et il connaît, en protégeant la religion, que c'est la religion qui le protége lui-même, puisqu'elle fait le plus puissant motif de la soumission que tant de peuples rendent aux princes, Bossuet, Instr. à Louis XIV, en 1675. La religion s'intéresse dans ses infortunes [du cardinal de Retz] ; la ville royale s'émeut, et Rome même menace, Bossuet, le Tellier. Je n'ai jamais douté, dit-il [Condé], des mystères de la religion, quoi qu'on ait dit, Bossuet, Louis de Bourbon. Ce superbe croit s'élever au-dessus de tout et au-dessus de lui-même, quand il s'élève, ce lui semble, au-dessus de la religion qu'il a si longtemps révérée, Bossuet, Anne de Gonz. On énerve la religion quand on la change, et on lui ôte un certain poids qui seul est capable de tenir les peuples, Bossuet, Reine d'Anglet. Ils [les princes] ont trop fait sentir aux peuples que l'ancienne religion se pouvait changer, Bossuet, ib. N'oublions pas ce qui faisait la joie de la reine : Louis est le rempart de la religion ; c'est à la religion qu'il fait servir ses armes redoutées par mer et par terre, Bossuet, Mar.-Thér. Dans un âge où l'on ne sait pas encore sa religion, M. de Montausier défendait la sienne, Fléchier, Duc de Mont. L'esprit docile admet la vraie religion ; et l'esprit faible, ou n'en admet aucune, ou en admet une fausse, La Bruyère, XVI. Si c'est le grand et le sublime de la religion qui éblouit ou qui confond les esprits forts, ils ne sont plus des esprits forts, mais de faibles génies et de petits esprits ; si c'est au contraire ce qu'il y a d'humble et de simple, ils sont à la vérité des esprits forts, et des esprits plus forts que tant de grands hommes si éclairés, si élevés et néanmoins si fidèles, La Bruyère, XVI. La religion vient des dieux, elle est au-dessus des rois, Fénelon, Tél. XXIII. Observez la religion : le reste meurt, elle ne meurt jamais, Fénelon, ib. X. La religion est environnée de deux écueils, également dangereux à l'homme, également injurieux à la divinité, savoir, de l'impiété et de la superstition, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. I, p. 194, dans POUGENS. Ce n'est pas assez pour une religion d'établir un dogme ; il faut encore qu'elle le dirige, Montesquieu, Espr. XXIV, 19. Comme on peut juger parmi les ténèbres celles qui sont les moins épais ses, et parmi les abîmes ceux qui sont les moins profonds, ainsi l'on peut chercher entre les religions fausses celles qui sont les plus conformes au bien de la société, Montesquieu, ib. XXIV, 1. On a beau dire qu'il n'est pas de l'intérêt du prince de souffrir plusieurs religions dans son État…, Montesquieu, Lettres pers. 85. En fait de religion les plus proches sont les plus grandes ennemies, Montesquieu, ib. 60. Genève n'est plus la Genève de Calvin… le christianisme raisonnable de Locke est la religion de presque tous les ministres, et l'adoration d'un être suprême jointe à la morale est la religion de presque tous les magistrats, Voltaire, Lett. Cideville, 12 avr. 1756. Les religions durent toujours plus que les empires, Voltaire, Mœurs, 53. La religion n'étant que la correspondance de la pensée et de la spiritualité de l'homme avec la pensée divine, avec l'esprit universel, il s'ensuit qu'elle ne peut prendre aucune forme étroite ou légale, Mirabeau, Collection, t. V, p. 267.

    Les guerres de religion, les guerres occasionnées par la différence de religion, et, particulièrement, les guerres entre catholiques et protestants en France pendant le XVIe siècle.

    Paix de religion, traité conclu à la diète d'Augsbourg, entre l'empereur et les princes protestants d'Allemagne, en 1555.

    Religion de l'État, religion d'État, celle que l'État déclare être la sienne, exclusivement à toutes les autres qu'il ne fait que tolérer. La religion catholique, apostolique et romaine est la religion de l'État, Charte de 1814, art. 6.

    Religion naturelle, religion qu'on suppose indépendante de toute révélation et qui est une forme du déisme. Songe que du très haut la sagesse éternelle A gravé de sa main dans le fond de ton cœur La religion naturelle, Voltaire, Poëmes, Pour et contre. J'entends par religion naturelle les principes de morale communs au genre humain, Voltaire, Phil. Newt. I, 6.

  • 2La religion prétendue réformée, la religion réformée, ou, absolument, la religion, la croyance des calvinistes. Pour prévenir les désordres dont on était menacé par les gens de la religion, La Fayette, Mém. cour de France, Œuv. t. III, p. 19, dans POUGENS.
  • 3Foi, piété, croyance. Il a beaucoup de religion. Il est sans religion. Je parle de cette foi respectueuse qui est saisie d'une horreur de religion à la seule présence du sanctuaire, qui approche de l'autel comme Moïse du buisson sacré, Massillon, Avent, Disp. à la comm. Les épicuriens, qui n'avaient nulle religion, recommandaient l'éloignement des affaires publiques, l'étude et la concorde, Voltaire, Dict. phil. Religion, 1. L'oubli de toute religion conduit à l'oubli des devoirs de l'homme, Rousseau, Ém. IV.
  • 4Sentiment de respect, de scrupule, comparé au sentiment religieux. Vous savez que M. de Grignan n'est pas sur ses intérêts comme sur ceux du roi son maître : il a une religion et un zèle pour ceux-ci, qui ne se peut comparer qu'à la négligence qu'il a pour les siens, Sévigné, 183. Ce m'est une religion que la vénération que j'ai pour cette maison [de Toiras], Sévigné, 22 mai 1682. Tous les Juifs y étaient accourus [à Jérusalem], afin de célébrer la pâque selon leur coutume ; or chacun sait la religion de ce peuple pour toutes ses cérémonies, Bossuet, Sermons, Bonté et rigueur de Dieu, 2. Saint Paul observe deux choses dans la religion du serment : l'une, qu'on jure par plus grand que soi ; l'autre, qu'on jure par quelque chose d'immuable, Bossuet, Polit. VII, I, 3. Ce peuple [les Juifs] est le seul… qui devait être le dépositaire des secrets divins ; il les a aussi conservés avec une religion qui n'a pas d'exemple, Bossuet, Hist. II, 13. On lui attribuait un courage à toute épreuve, une religion inviolable pour sa parole, Hamilton, Gramm. 6. Ils opposèrent à cette demande la religion sacrée du dépôt, qui ne leur permettait pas de livrer à qui que ce fût cette somme du vivant de celui qui la leur avait confiée, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. IX, p. 552, dans POUGENS. Si tout meurt avec nous, …les soins du nom et de la postérité sont frivoles, … la religion des tombeaux, une illusion vulgaire, Massillon, Carême, Avenir.

    Se faire une religion d'une chose, s'en faire une obligation indispensable. Vous dirai-je qu'il se fit une religion d'écouter les raisons des parties et de lire tous leurs mémoires, quelque longs et ennuyeux qu'ils pussent être ? Fléchier, Lamoignon. Ne se fit-elle pas une religion de donner un frein à sa langue ? Fléchier, Dauph.

    Violer la religion du serment, manquer à son serment.

    Surprendre la religion du prince, la religion des juges, la religion d'un tribunal, surprendre la justice du prince, des juges, d'un tribunal, les tromper par un faux exposé. Il ne disait point qu'on avait surpris la religion de la cour en accusant milord Peterborough d'avoir hasardé les troupes de la reine Anne, parce que ce n'était pas une affaire de religion, Voltaire, Jenni, 4.

    Voltaire se trompe ; il prend cette locution comme un néologisme de son temps, et il le blâme. Cette locution est beaucoup plus ancienne ; elle se trouve déjà dans la première édition du Dictionnaire de l'Académie, en 1696.

  • 5L'état des personnes engagées par des vœux à une certaine règle autorisée par l'Église. Un religieux avec son habit de religion, Pascal, Prov. VI. Mlle de la Basinière est en religion, tout auprès de Mme de la Fayette ; quelques intérêts de famille et une très désagréable humeur ont causé cette retraite où elle s'ennuie fort, Sévigné, 400. Il [le concile de Latran] appelle les nouveaux ordres monastiques de nouvelles religions… ces nouvelles religions ne font point des Églises nouvelles ; ce n'est pas la singularité de créance, mais la profession d'une piété plus particulière… qui leur donne le titre de religion, Bossuet, Réfut. cat. Ferry, préambule. Ne soyez pas les meurtriers barbares des enfants mêmes que vous consacrez à la religion, Massillon, Prof. relig. 1.

    Entrer en religion, se faire religieux ou religieuse. Toutes les langues et toutes les sciences lui sont infuses ; enfin c'est un prodige [Madame Angélique Arnauld, abbesse de Port-Royal], d'autant plus qu'elle est entrée à six ans en religion, Sévigné, 388. Je ne vais point dans cette maison, que je n'en sorte avec regret, et que je ne me repente de n'être point entrée en religion, Maintenon, Lett. à Mme de St-Géran, 27 août 1704.

    Mettre une fille en religion, la faire religieuse.

    Couvent. La reine a envoyé par les religions pour faire prier Dieu, afin qu'il plût à sa sainte bonté de détourner le roi d'un dessein qu'il a [épouser une des nièces de Mazarin], Patin, Lett. t. II, p. 183. Ma tante de Maignelai la mit [la nièce de l'Épinglière] dans une religion où elle mourut huit ou dix ans après en réputation de sainteté, Retz, I, 55. Les parents jettent leurs enfants dans les religions sans vocation, et les empêchent d'y entrer contre leur vocation, Bossuet, Pensées chrét. et mor. 42. Un religieux qui s'est sauvé dans le fond d'une religion, de peur de goûter ni de voir même les plaisirs du monde, Fléchier, Sermons, Jour de Noël.

    Nom de religion, nom que des religieux, des religieuses prennent en entrant au couvent. La sœur de M. Pascal, qui s'appelait en religion sœur Euphémie, Racine, Hist. de Port-Royal, part. 2.

    Fig. et par plaisanterie. Cette personne veut être de la religion de saint Joseph, avec quatre pantoufles sous le lit, elle veut se marier.

  • 6 Absolument. La religion, l'ordre de Malte. Les galères de la religion.

HISTORIQUE

XIe s. Yglise de religium [monastère], Lois de Guill. 1.

XIIIe s. Du grant ator que ele avoit, Bien puet cognoistre qui la voit, Qu'el n'est pas de religion, la Rose, 3441. Puet l'en trover religion En seculiere maison ? ib. 11127. Servise de voie à cimetire est de droit privé, et por ce le puet l'en chalongier au signor cui la teneure est ; et cest servise puet estre aquis por la religion de l'enterrement, Liv. de just. 138. Cil qui sunt en religion ne poent pas revenir au siecle, Beaumanoir, LVI, 1. Quant il veut entrer en religion, Beaumanoir, XXI, 4. Religions est cele vertus qui nos fait curious de Dieu et faire son servise, Latini, Trésor, p. 421. Quicunques n'est fors et fiers [ferme] en sa loi et en sa religion, à peine puet estre loiaus hom ; car qui n'est loiaus vers son Dieu, comment sera il loiaus vers les homes ? Latini, ib.

XVe s. Et delibera s'en aller à Romme et se mettre en une religion auprès, Commines, V, 7.

XVIe s. Quant au mot de religion, combien que Ciceron le déduise tres bien du mot de relire… j'estime que ce mot est opposé à la trop grande licence et excessive que la pluspart du monde s'est permise. - Religion donc comporte autant comme une retraite et discretion meure et bien fondée, Calvin, Instit. 66. Y a-il une telle religion à fleschir le genouil, ou envelopper un corps mort, qu'on ne puisse laisser ces choses sans crime ? Calvin, ib. 969. Et lui defendit que jamais elle ne parlast à ce marchand, ou qu'elle la mettroit en religion, Marguerite de Navarre, Nouv. VII. Pour atteindre au sommet d'une telle equité, Il faut la pieté joincte à la charité, Et la religion dont reliez nous sommes, Ronsard, 662. Ceux de la religion, grande pitié que j'use maintenant de ce mot, pour dire ceux de la ligue ou faction, Pasquier, Lett. t. I, p. 272. Ce que ces trois filles s'estoient rendues religieuses en mesme monastere, signifioit que vostre amye et ses deux compagnes se marioient ; car, comme l'on dit, le mariage est la grande religion, l'Amant ressuscité, p. 433, dans LACURNE. Nos rois… Ploians la pieté au joug de leur service, Gardent religion pour ame de police, D'Aubigné, Tragiques, Princes.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

RELIGION. Ajoutez :

PROVERBE

Religion en emporte une autre (XVIe siècle), Journ. offic. 17 juin 1876, p. 4262, 3e col.
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Étymologie de « religion »

Prov. religio, religion ; espagn. religion ; ital. religione ; du lat. religionem, dont l'étymologie est douteuse entre relegere, recueillir, et religare, relier. Pour relegere, on dit que religare aurait fait religatio (ce qui est inexact, car re-lig-io se conçoit, exemple opt-io), et on cite la phrase : religentem esse oportet, religiosum nefas (voy. FREUND) ; en ce sens, religio voudrait dire recueil (c'est probablement le sens primitif de lex), recueil de formules religieuses, de pratiques. Pour religare, on cite la phrase d'Aulu-Gelle (II, 28) : falsa religione alligare, alium [deum] pro alio nominando ; ce serait une formule qui liait les dieux, et l'homme à eux. En latin, religio, au sens d'état monastique, se trouve dès le Ve siècle.

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Du latin religio lui-même d’origine incertaine. Gaffiot le rattache à relego, relegěre (« rassembler de nouveau, recueillir de nouveau »), à la suite de Cicéron[1], avec le sens de « religion, scrupule religieux »[2]. D’autres auteurs anciens rattachent religio à religo, religāre (« lier, attacher »)[3].
La question n’était pas tranchée dans l’Antiquité, et elle continue à faire débat aujourd’hui. Voir une courte bibliographie ancienne dans Ernout, Meillet, André – 1994, s. v. [4]
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Phonétique du mot « religion »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
religion rœliʒjɔ̃

Fréquence d'apparition du mot « religion » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « religion »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « religion »

  • Votre vie quotidienne est votre temple et votre religion.
    Khalil Gibran
  • Il semble […] que la populace ne mérite pas une religion raisonnable.
    François Marie Arouet, dit Voltaire — Essai sur les mœurs, De la religion de la Chine
  • Le blasphème fait partie de la religion populaire.
    Antonio Machado
  • Si l'athéisme se propageait, il deviendrait une religion aussi intolérable que les anciennes.
    Gustave Le Bon — Aphorismes du temps présent
  • Le religieux parfait prie si bien qu'il ignore qu'il prie. Le communisme est si profondément une religion - terrestre - qu'il ignore qu'il est une religion.
    Jacques Maritain — Humanisme intégral, Aubier
  • Toutes les religions ont raison au fond et tort dans la forme. Texte : Dieu. Traducteur, trahisseur. Une religion est un traducteur.
    Victor Hugo — Tas de pierres, Éditions Milieu du monde
  • Le 9 juillet commémore le martyre du Bab, précurseur de la religion bahaïe. L’occasion d’en savoir plus sur cette minorité qui s’inscrit dans la continuité des religions monothéistes et proclame l’unité spirituelle de l’humanité.
    Le Monde.fr — Qu’est-ce que le bahaïsme, religion monothéiste venue d’Iran ?
  • Religion sans moralité : arbre sans fruit. Moralité sans religion : arbre sans racines.
    Cardinal Spellman
  • L’argent est la religion du sage.
    Euripide
  • L'art et la religion ne sont pas deux choses, mais plutôt l'envers et l'endroit d'une même étoffe.
    Alain
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Traductions du mot « religion »

Langue Traduction
Anglais religion
Espagnol religión
Italien religione
Allemand religion
Chinois 宗教
Arabe دين
Portugais religião
Russe религия
Japonais 宗教
Basque erlijioa
Corse religione
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Synonymes de « religion »

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Antonymes de « religion »

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Religion

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