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Les genres littéraires

Qu’est-ce qu’un genre littéraire ?

Un genre littéraire désigne une classe ou une catégorie de productions littéraires aux caractéristiques identiques. Selon le genre littéraire auquel le texte appartient, on retrouve des similitudes dans le style, le thème ou la présentation, certains faisant appel à des procédés d’écriture spécifiques.

Les genres littéraires ne doivent pas être confondus avec les registres littéraires (comique, dramatique, réaliste, fantastique, satirique…). 

Même si leur classement est complexe et fait encore débat aujourd’hui, nous vous proposons de découvrir les principaux genres et sous-genres qui caractérisent les œuvres littéraires.

Quels sont les différents genres littéraires ?

Cinq genres littéraires se distinguent, chacun regroupant des sous-genres. Les principaux sont classés dans les catégories suivantes :

  • Le genre narratif
  • Le genre poétique
  • Le genre théâtral
  • Le genre épistolaire
  • Le genre argumentatif

Pour vous aider à mieux les identifier, nous vous proposons un tour d’horizon de ces genres et sous-genres littéraires, illustrés par des exemples. Si vous souhaitez en savoir plus, un article détaillé approfondit chacun des genres littéraires décrits ci-dessous.

Le genre narratif

Le roman

Le roman appartient au genre narratif, sans doute le plus connu et représenté dans sa catégorie. Il désigne un long récit écrit en prose, dans lequel les destins de nombreux personnages se croisent au fil d’évènements fictifs. Même si les histoires racontées par le narrateur peuvent être inspirées de faits réels, la façon d’écrire et la complexité de l’intrigue dépend de l’auteur. Dans le roman traditionnel, les sentiments sont décrits de façon détaillée par le narrateur qui sait tout de ses personnages.

De célèbres auteurs comme Émile Zola, Gustave Flaubert, Honoré de Balzac, Stendhal, sont reconnus pour leurs œuvres romanesques, devenues de grands classiques. Citons comme exemple un des vingt romans de la série des « Rougon-Macquart », écrite par Émile Zola : L’assommoir, œuvre appartenant au registre réaliste

Ce roman, dans lequel l’auteur dénonce les conditions du milieu ouvrier au XIXe siècle, décrit avec une grande précision les personnages, l’environnement et les faits.

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Quand Gervaise s’éveilla, vers cinq heures, raidie, les reins brisés, elle éclata en sanglots. Lantier n’était pas rentré. Pour la première fois, il découchait. Elle resta assise au bord du lit, sous le lambeau de perse déteinte qui tombait de la flèche attachée au plafond par une ficelle. Et, lentement, de ses yeux voilés de larmes, elle faisait le tour de la misérable chambre garnie, meublée d’une commode de noyer dont un tiroir manquait, de trois chaises de paille et d’une petite table graisseuse, sur laquelle traînait un pot à eau ébréché. On avait ajouté, pour les enfants, un lit de fer qui barrait la commode et emplissait les deux tiers de la pièce. La malle de Gervaise et de Lantier, grande ouverte dans un coin, montrait ses flancs vides, un vieux chapeau d’homme tout au fond, enfoui sous des chemises et des chaussettes sales ; tandis que, le long des murs, sur le dossier des meubles, pendaient un châle troué, un pantalon mangé par la boue, les dernières nippes dont les marchands d’habits ne voulaient pas. Au milieu de la cheminée, entre deux flambeaux de zinc dépareillés, il y avait un paquet de reconnaissances du mont-de-piété, d’un rose tendre. C’était la belle chambre de l’hôtel, la chambre du premier, qui donnait sur le boulevard.

Émile Zola, L’Assommoir

Il existe plusieurs types de romans : roman sentimental, roman d’aventure, roman policier, roman de science-fiction…

La nouvelle

Contrairement au roman, la nouvelle, qui est une sous-catégorie du genre narratif, raconte une histoire plus vraisemblable, une action unique où figurent peu de personnages. Elle se présente sous la forme d’un court récit pouvant être lu en une seule fois, avec une fin inattendue (« la chute »).

Après avoir rédigé l’incipit, l’auteur pose le cadre du récit en intégrant le ou les personnages, le lieu et le moment où se déroule l’action. 

De nombreux romanciers comme Edgar Allan Poe, Prosper Mérimée, Stefan Sweig, ont écrit des recueils de nouvelles. Guy de Maupassant reste un des plus célèbres auteurs dans l’art de la nouvelle. Son récit Le Horla, raconte dans un environnement angoissant les troubles psychiatriques dont il fut réellement victime. 

Je le tuerai. Je l’ai vu ! Je me suis assis hier soir, à ma table ; et je fis semblant d’écrire avec une grande attention. Je savais bien qu’il viendrait rôder autour de moi, tout près, si près que je pourrais peut-être le toucher, le saisir ? [… ]

En face de moi, mon lit, un vieux lit de chêne à colonnes ; à droite, ma cheminée ; à gauche ma porte fermée avec soin, après l’avoir laissée longtemps ouverte, afin de l’attirer ; derrière moi, une très haute armoire à glace, qui me servait chaque jour pour me raser, pour m’habiller, et où j’avais coutume de me regarder, de la tête aux pieds, chaque fois que je passais devant.

Guy de Maupassant, Le Horla

L’autobiographie

Lorsque le roman est une autobiographie, l’auteur et le narrateur ne font qu’un. L’écrivain raconte des évènements qui se sont passés dans sa vie privée en exprimant son réel ressenti.

Les premiers textes autobiographiques datent du XVIe siècle avec Les essais de Montaigne. Au XVIIIe Jean-Jacques Rousseau a publié Les Confessions, œuvre composée de douze livres dans lesquels il raconte les cinquante-trois premières années de sa vie.

Je suis né à Genève en 1712, d’Isaac Rousseau, Citoyen, et de Suzanne Bernard, Citoyenne. Un bien fort médiocre à partager entre quinze enfants, ayant réduit presque à rien la portion de mon père, il n’avait pour subsister que son métier d’horloger, dans lequel il était à la vérité fort habile. Ma mère, fille du ministre Bernard, était plus riche ; elle avait de la sagesse et de la beauté : ce n’était pas sans peine que mon père l’avait obtenue. Leurs amours avaient commencé presque avec leur vie : dès l’âge de huit à neuf ans ils se promenaient ensemble tous les soirs sur la Treille ; à dix ans ils ne pouvaient plus se quitter.

Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions, Livre I

Le conte

Le conte, issu du genre narratif, est un récit bref qui émerveille le public. D’abord contés oralement, les récits ont été par la suite retranscrits à l’écrit pour le bonheur des enfants. 

La magie domine le conte, où des personnages extraordinaires, dotés de pouvoirs surnaturels, évoluent dans un univers merveilleux. Magiciens, princes et princesses, fées, sorciers et bien d’autres créatures deviennent les héros d’évènements étranges ou fantastiques, dont le dénouement est toujours heureux. 

Il était une fois un meunier qui possédait un moulin, un âne et un chat et avait trois fils. Lorsqu’il mourut, il laissa en testament le moulin à son fils ainé, l’âne au second, et le chat au plus jeune. Ce dernier se sentait défavorisé et se demandait bien ce qu’il ferait avec seulement un chat.

Le chat, qui entendait cela lui dit d’un air posé et sérieux : Ne soyez pas triste, mon maître ; vous n’avez qu’à me donner un sac et me faire faire une paire de bottes pour aller aux champs, et vous verrez que vous n’êtes pas si mal lotis que vous le croyez.

Charles Perrault, Le Chat Botté

Un sous genre est le conte philosophique, qui cherche davantage à pousser le lecteur à la reflexion sur un thème philosophique.

Le genre poétique

La poésie est un genre littéraire qui présente différentes formes, liées à l’organisation des vers et des strophes, des rimes et des sonorités et du rythme dans les textes. Cet ensemble de techniques, parfois contraignantes, permet au poète de partager ses émotions avec le lecteur, en jouant sur les mots et la musicalité des poèmes.

Plusieurs types de poésie sont à l’origine de recueils littéraires : poésie épique, poésie lyrique, poésie engagée. Les poèmes de forme fixe se caractérisent par une rigueur dans la présentation tandis que ceux à forme libre n’obéissent à aucune exigence particulière.

Ô souvenirs ! printemps ! aurore !
Doux rayon triste et réchauffant !
- Lorsqu'elle était petite encore,
Que sa sœur était tout enfant...
- Connaissez-vous, sur la colline
Qui joint Montlignon à Saint-Leu,
Une terrasse qui s'incline
Entre un bois sombre et le ciel bleu ?

Victor Hugo, Ô souvenirs ! printemps ! aurore !

Certains poèmes à forme fixe qui respectent des règles spécifiques portent des noms particuliers comme le rondeau, la ballade, le haïku, le sonnet, la pantoum… 

Le rondeau

Inventé au XVe siècle, le rondeau est une forme de poème chanté constitué de trois strophes en octosyllabes ou décasyllabes. Construit sur seulement deux rimes, le premier vers est répété à la fin des deuxièmes et troisièmes strophes.

Fut-il jamais douceur de cœur pareille

À voir Manon dans mes bras sommeiller ?

Son front coquet parfume l'oreiller ;

Dans son beau sein j'entends son cœur qui veille.

Un songe passe, et s'en vient l'égayer. 

Ainsi s'endort une fleur d'églantier,

Dans son calice enfermant une abeille.

Moi, je la berce ; un plus charmant métier

Fut-il jamais ? 

Mais le jour vient, et l'Aurore vermeille

Effeuille au vent son bouquet printanier.

Le peigne en main et la perle à l'oreille,

À son miroir Manon court m'oublier.

Hélas ! l'amour sans lendemain ni veille

Fut-il jamais ?

Alfred de Musset, Fut-il jamais douceur de cœur pareille

Le haïku

Le haïku est un poème délicat de forme japonaise très bref, en trois lignes. Soumis à des règles très précises, il doit contenir un mot spécifique évoquant la saison mais pas nécessairement des rimes. Le plus célèbre est celui du Matsuo Basho, maître en la matière, qui évoque le son d’une grenouille qui plonge dans l’étang.

Un vieil étang
Une grenouille qui plonge,
Le bruit de l'eau. 

Ce format d’écriture est encore soigneusement préservé par des passionnés de haïku qui rédigent ce type de poème quotidiennement pour décrire les choses simples de la vie.

La fable

Dans une fable, le récit raconte une histoire imaginaire sous forme de vers, caractéristique du genre poétique. À travers leurs récits, les fabulistes enseignent au lecteur une leçon de vie grâce à une morale implicite ou explicite, placée au début, au milieu ou à la fin du texte.

Étudiées dès l’école primaire, les fables permettent d’évoquer des thèmes comme la vanité, l’avarice, l’hypocrisie, la bonté, le pouvoir et bien d’autres sujets, grâce à ses animaux personnifiés qui représentent la société humaine.

Les Fables de Jean de La Fontaine sont les plus célèbres et ont parfois, en complément de l’instruction morale, une dimension satirique.  Dans Le Loup et l’Agneau, fable qui formule, dès le premier vers, la morale « La raison du plus fort est toujours la meilleure », il est question de la puissance des hommes.

La raison du plus fort est toujours la meilleure :
Nous l'allons montrer tout à l'heure.
Un Agneau se désaltérait
Dans le courant d'une onde pure.
Un Loup survient à jeun, qui cherchait aventure,
Et que la faim en ces lieux attirait.
Qui te rend si hardi (2) de troubler mon breuvage ?
Dit cet animal plein de rage :
Tu seras châtié de ta témérité.
Sire, répond l'Agneau, que Votre Majesté
Ne se mette pas en colère ;
Mais plutôt qu'elle considère
Que je me vas désaltérant

[…]

Jean de La Fontaine, La Cour du Lion

Le genre théâtral

Dans le genre théâtral, l’histoire est jouée directement sur scène devant les spectateurs. Au programme : dialogues, monologues, répliques, tirades … le tout complété par des indications scéniques, jeux de scènes avec une gestuelle parfois très présente. 

Dans la scène qui suit, Harpagon se lance désespérément dans un monologue au caractère comique au sujet de la recherche de sa casquette volée.

Harpagon (Il crie au voleur dès le jardin, et vient sans chapeau.) : Au voleur ! Au voleur ! A l’assassin ! Au meurtrier ! Justice, juste ciel ! Je suis perdu, je suis assassiné, on m’a coupé la gorge, on m’a dérobé mon argent. Qui peut-ce être ? Qu’est-il devenu ? Où est-il ? Où se cache-t-il ? Que ferai-je pour le trouver ? Où courir ? Où ne pas courir ? N’est-il point là ? N’est-il point ici ? Qui est-ce ? Arrête. Rends-moi mon argent, coquin… (il se prend lui-même le bras.) Ah ! C’est moi. Mon esprit est troublé, et j’ignore où je suis, qui je suis, et ce que je fais. Hélas ! Mon pauvre argent, mon pauvre argent, mon cher ami ! On m’a privé de toi ; et puisque tu m’ es enlevé, j’ ai perdu mon support, ma consolation, ma joie ; tout est fini pour moi, et je n’ ai plus que faire au monde : sans toi, il m’est impossible de vivre.

Molière, L’Avare, Acte IV, Scène 7

Le théâtre regroupe plusieurs sous-catégories comme la comédie, la tragédie, le drame, la farce… 

Selon les époques, différents auteurs ont marqué les esprits : Sophocle, William Shakespeare, Molière, Jean Racine, Pierre Corneille, Jean Anhouil… figurent parmi les grands écrivains de l’univers théatral.

Le genre épistolaire

Le terme « épistolaire » désigne tout ce qui a un rapport avec une correspondance par lettres. Des œuvres comme Les Liaisons dangereuses de Pierre Choderlos de Laclos appartiennent au genre épistolaire. Il s’agit d’un recueil de lettres passionnées entre deux amants, le Vicomte de Valmont et la Marquise de Merteuil, qui se racontent par le biais de lettres leurs exploits amoureux.

Lettre CLIII :

Le Vicomte de Valmont à la Marquise de Merteuil.

Je réponds sur-le-champ à votre Lettre, et je tâcherai d'être clair ; ce qui n'est pas facile avec vous, quand une fois vous avez pris le parti de ne pas entendre.

De longs discours n'étaient pas nécessaires pour établir que chacun de nous ayant en main tout ce qu'il faut pour perdre l'autre, nous avons un égal intérêt à nous ménager mutuellement : aussi, ce n'est pas de cela dont il s'agit. Mais encore entre le parti violent de se perdre, et celui, sans doute meilleur, de rester unis comme nous l'avons été, de le devenir davantage encore en reprenant notre première liaison, entre ces deux partis, dis-je, il y en a mille autres à prendre. Il n'était donc pas ridicule de vous dire, et il ne l'est pas de vous répéter que, de ce jour même, je serai ou votre Amant ou votre ennemi. (…)

Deux mots suffisent.

Paris, ce 4 décembre 17**.

Réponse de la Marquise de Merteuil (écrite au bas de la même Lettre).

Eh bien ! la guerre.

Pierre Choderlos de Laclos, Les Liaisons dangereuses

Le genre argumentatif

L’essai

Les essais sont issus du genre argumentatif, au même titre que les discours par exemple. L’objectif pour un auteur d’écrits littéraires de cette catégorie est de donner son opinion et partager ses réflexions à travers son texte. En proposant sa vision sur un sujet spécifique, l’auteur tente de convaincre les lecteurs par des arguments et non par une histoire narrée. 

Les essais peuvent être à dominante historique, philosophique, politique et bien d’autres domaines. Michel de Montaigne est l’auteur qui a publié pour la première fois ses Essais, où il expose son point de vue et sa vision du monde sur différents sujets. L’extrait ci-dessous est issu du chapitre De l’amitié.

Au demeurant, ce que nous appelons ordinairement amis et amitiés, ce ne sont qu'accointances et familiarités nouées par quelque occasion ou commodité, par le moyen de laquelle nos âmes s'entretiennent. En l'amitié de quoi je parle, elles se mêlent et confondent l'une en l'autre, d'un mélange si universel qu'elles effacent et ne retrouvent plus la couture qui les a jointes. Si on me presse de dire pourquoi je l'aimais, je sens que cela ne se peut exprimer, qu'en répondant : « Parce que c'était lui, parce que c'était moi. »

Il y a, au-delà de tout mon discours, et de ce que j'en puis dire particulièrement, ne sais quelle force inexplicable et fatale, médiatrice de cette union. Nous nous cherchions avant que de nous être vus, et par des rapports que nous oyions l'un de l'autre, qui faisaient en notre affection plus d'effort que ne porte la raison des rapports, je crois par quelque ordonnance du ciel ; nous nous embrassions par nos noms.

Michel de Montaigne, Les essais
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Natacha Lovato

Natacha Lovato

Natacha Lovato rédige pour La langue française des articles autour de la linguistique, la littérature et les expressions. Passionnée par la langue française, elle s'est aujourd'hui spécialisée dans la communication écrite afin de transmettre ses connaissances. Elle est aussi gérante d'un organisme de formation dédié à la communication écrite, et accompagne les adultes pour des remises à niveaux en français afin de perfectionner leurs écrits professionnels.

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