La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « périr »

Périr

Définitions de « périr »

Trésor de la Langue Française informatisé

PÉRIR, verbe intrans.

A.− Littéraire
1. Mourir (de mort violente, dans des circonstances dramatiques). Synon. succomber.On les tuait. Il en périt bien douze cents de la sorte, et ce massacre fut accompagné de beaucoup de désordre et de pillage (Barante, Hist. ducs Bourg.,t. 1, 1821-24, p. 235).Les bêtes de somme périrent dans les précipices (Flaub., Tentation,1849, p. 276):
1. L'opinion de Négrel était que pas un des malheureux ne survivait, les quinze avaient à coup sûr péri, noyés ou asphyxiés; seulement, dans ces catastrophes des mines, la règle est de toujours supposer vivants les hommes murés au fond... Zola, Germinal,1885, p. 1550.
[Dans une formule d'imprécation] Périsse l'homme vil! Périssent les flatteurs, Des rois, du peuple infâmes corrupteurs! (Chénier, Odes,1794, p. 241).
[P. allus. à la formule de Robespierre : Périssent les colonies plutôt qu'un principe] Périssent les États-Unis plutôt qu'un principe! (Flaub., Corresp.,1859, p. 311).
SYNT. Périr par l'épée, par le feu, par/de la main de qqn; périr à la guerre, dans un accident; périr de faim, de froid, de misère.
2. En partic. [En parlant d'un navire; de son équipage et de sa cargaison] Disparaître. Périr en mer; périr corps et biens. Un matelot de Jersey, dont le vaisseau avoit péri sur Gracioza plusieurs années auparavant (Chateaubr., Essai Révol., t. 2, 1797, p. 385).Ce marin peu soucieux qui avait vu périr son équipage et sa cargaison (Nodier, Fée Miettes,1831, p. 118).
3. P. exagér. La jolie MmeX... rougit à périr (Barrès, Cahiers,t. 4, 1905, p. 65).Quelle question pourrait jamais formuler l'inexprimable? D'ailleurs ce serait à faire périr de honte, l'humilité ne descend pas jusque-là (Gracq, Beau tén.,1945, p. 33).
Périr d'ennui, s'ennuyer à périr. Pour m'empêcher de mourir de fatigue, il me fait périr d'ennui (Jouy, Hermite,t. 5, 1814, p. 285).Comme elle s'ennuyait à périr dans la classe, mademoiselle la laisse par pitié venir avec nous (Colette, Cl. école,1900, p. 249).
4. Vieilli, pop.
a) Empl. pronom. Mourir. Sa promise l'a quitté... ou on l'a enlevée... ou elle s'est périe... (Ponson du Terr., Rocambole, t. 1, 1859, p. 527).Se suicider. Ils trouvèrent une lettre béante : Je ne peux plus durer; je vais me périr en forêt (La Varende, Pays d'Ouche,1934, p. 94).
b) P. arch., empl. avec l'auxil. être. On croyait qu'il était péri, mais voilà que l'on dit qu'il s'est réveillé à Brest (Péguy, Argent,1913, p. 1233).
B.− [Le suj. désigne un inanimé] Disparaître (complètement, définitivement).
1. [Le suj. désigne un inanimé concr.] Vieilli. Les ruines de l'abbaye ont moins péri que celles-là [les ruines d'un manoir]; mais c'est bien plus déplorable (M. de Guérin, Corresp.,1833, p. 88).Quand ce n'est pas par émiettement, c'est par éboulement que périssent les édifices de terre (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 153).
2. [Le suj. désigne un inanimé abstr.] Littér. La beauté, une idée, la jeunesse, la liberté périt; la monarchie, la république périt. Les vérités écrasantes périssent d'être reconnues (Camus, Sisyphe,1942, p. 166):
2. Voilà donc, s'écrie-t-elle, celui à qui j'ai tout sacrifié! Honneur, repos, vertu, tout a péri dans la fatale passion qui me dévore! Pour toi j'ai livré mon âme aux mauvais génies... Chateaubr., Natchez,1826, p. 409.
Empl. factitif. L'ennui de la vie matrimoniale fait périr l'amour sûrement, quand l'amour a précédé le mariage (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 155).
REM. 1.
Péri, -ie, part. passé ou adj.,rare. Mort. Marin péri en mer. L'âme seule tient dans le corps péri (Claudel, Annonce,1948, III, 2, p. 189).
2.
Périssement, subst. masc.Action, fait de périr. Moi [l'Histoire] la plus périssable des créatures et la plus pauvresse, et la princesse du périssement même (Péguy, Clio,1914, p. 169).
Prononc. et Orth. : [peʀi:ʀ], (il) périt [peʀi]. Ac. 1694 et 1718 : pe-; dep. 1740 : pé-. Étymol. et Hist. 1. Verbe intrans. a) ca 1050 perir « mourir de mort violente ou prématurée » (Alexis, éd. Chr. Storey, 299); 1remoit. du xiies. « mourir de mort spirituelle » (Psautier Cambridge, éd. Fr. Michel, p. 265, 12); b) 1remoitié du xiies. « être anéanti (en parlant d'une chose quelconque) » (ibid., p. 251, 4); spéc. 1188 « être détruit (en parlant d'un bateau) » (Florimont, 436 ds T.-L.); 1530 « être anéanti, ruiné, perdu (en parlant d'un État, des affaires publiques, etc.) » (Palsgr., p. 656); 2. verbe trans. 1121-34 « faire périr » (Les plus anc. lap. fr. ds Romania t. 38, p. 509, 817); mil. du xiies. (Jeu Adam, 374 ds T.-L.); 3. verbe réfl. a) ca 1165 « se donner la mort » (Troie, 29585, ibid.); b) fin du 2etiers du xives. « être détruit, anéanti (en parlant de la chrétienté) » (Joinville, St Louis, éd. N. L. Corbett, § 61, var. ms. A); fin xives. (en parlant de la justice, de la foi, etc.) (E. Deschamps, Œuvres, VI, 179, 4 ds T.-L.); 4. part. passé a) ca 1170 péri « perdu, damné » (M. de France, Lais, Guigemar, 67 ds éd. J. Rychner, p. 7); b) spéc. fin du xives. « qui a fait naufrage (en parlant d'un bateau) » (E. Deschamps, op. cit., V, 218, 4 ds T.-L.). Du lat. perīre « s'en aller tout à fait, disparaître, être détruit, anéanti, perdre la vie » qui servait de passif à perdere (perdre*). Fréq. abs. littér. : 2 549. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 6 801, b) 2 730; xxes. : a) 2 664, b) 1 968.

Wiktionnaire

Verbe - français

périr \pe.ʁiʁ\ intransitif, exceptionnellement pronominal 2e groupe (voir la conjugaison)

  1. Prendre fin ; cesser d’être.
    • M. Duménil, faible alors, condamné à périr bientôt d'un mal incurable, se trouvait rarement en état de diriger les essais du Marquis : […]. — (Marie-Jeanne Riccoboni, Histoire d’Ernestine, 1762, édition Œuvres complètes de Mme Riccoboni, tome I, Foucault, 1818)
    • Par la barbe d’Aaron ! qu’arrivera-t-il si ce jeune homme meurt ? S’il périt entre nos mains, ne serons-nous pas accusés de sa mort […] — (Walter Scott, Ivanhoé, traduit de l’anglais par Alexandre Dumas, 1820)
    • D’ici je puis encore apercevoir l’empereur. S’il périssait pendant la campagne, je ne l’aurais jamais vu. — (Honoré de Balzac, La Femme de trente ans, Paris, 1832)
  2. Avoir une fin malheureuse ou violente.
    • Le sieur Tassin de Montcourt ayant péri révolutionnairement, ses biens, et notamment les deux septièmes qui lui appartenaient dans la terre de Saint-Escobille, furent confisqués au profit de la nation. — (Hospices de Dourdan contre Tassin de Villiers, Cours de Cassation, 6 mai 1818, dans le Journal du Palais : Jurisprudence française, vol. 14 (1817-1818), Paris : chez F.-F. Patris, 1839, page 791)
    • Nous parlons sans ménagement de cette paix qui fut jusque-là la seule dangereuse, des deux ou trois camarades communs qu’elle a fait périr. — (Jean Giraudoux, Retour d’Alsace - Août 1914, 1916)
    • Les fusils partaient, des étrangers étaient tués. L’ordre revenu, on punit quelque fellahs en guise d’exemple. Son père, dont le caractère était vif, périt dans la répression. — (Out-el-Kouloub, Zaheira, dans « Trois contes de l’Amour et de la Mort », 1940)
    • Bientôt tes appels ne seront plus que rauquements de plus en plus sourds, beuglements de désespoir si fatigués qu’ils ne dépasseront plus ta gorge, étranglée de terreur par la furieuse certitude, la peur atroce et annihilante, la frayeur immonde de périr en Fagne […] — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
  3. Être détruit, en parlant des choses.
    • Les sources auxquelles j'ai puisé pour mon travail sont malheureusement loin d'être abondantes. On sait que les commentaires de Sylla ont péri, ainsi que les livres de Tite-Live qui racontaient la guerre sociale. — (Prosper Mérimée, Essai sur la guerre sociale, Paris : chez Firmin Didot frères, 1841, p. 3)
    • Les vaisseaux périrent corps et biens. - Périr au port, dans le port. - Les plus grands empires ont péri. - Périssent avec eux leurs détestables enseignements !
  4. (Figuré) Être ruiné ou anéanti.
    • Mais, les protestants, fussent-ils tous riches comme Crésus, il n'en demeurera pas moins vrai, que le protestantisme périra comme ont péri toutes les autres sectes. — (Jean Perrone, Le protestantisme et l'église catholique: Controverses à l'usage du peuple, traduit de l'italien par Auguste Onclair, Bruxelles & Louvain : chez C.-J. Fonteyn, 1856, p. 31)
    • La liberté périt par la licence. - Les arts périssent s’ils ne sont pas encouragés. - Ce genre de commerce a péri.
  5. (Droit) Tomber en forclusion, en prescription, périmer.
    • Il a laissé périr son appel.
  6. (Pronominal) Se tuer.
    • Faudrait avoir vraiment mauvais cœur pour laisser un pauvre homme se périr — (Pierre Souvestre et Marcel Allain, Les Amours d’un prince, 1912, chapitre XXVI)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

PÉRIR. v. intr.
Prendre fin, cesser d'être. Il signifie ordinairement Avoir une fin malheureuse, violente. La population, une partie de la population a péri de faim et de misère. Il ne peut manquer de périr. Il périrait plutôt, il aimerait mieux périr que de manquer à sa parole. Il se dit aussi des Choses et signifie Être détruit. Les vaisseaux périrent corps et biens. Périr au port, dans le port. Les plus grands empires ont péri. Périssent avec eux leurs détestables enseignements! Par exagération, Périr d'ennui, Être excédé d'ennui. On dit aussi S'ennuyer à périr.

PÉRIR signifie, figurément, Être ruiné, anéanti. La liberté périt par la licence. Les arts périssent s'ils ne sont pas encouragés. Ce genre de commerce a péri. Il se dit, en termes de Jurisprudence, à propos d'une Instance qu'on a négligé de poursuivre pendant un certain temps. Il a laissé périr son appel. On dit aussi Périmer.

Littré (1872-1877)

PÉRIR (pé-rir) v. n.
  • 1Prendre fin. Elle [Mme de Soubise] avait une de ses dents du devant de la bouche un peu endommagée ; ma foi, elle a péri, Sévigné, 21 oct. 1676. Lui [Dieu], aux yeux de qui rien ne se perd… verra-t-il périr sans ressource ce qu'il a fait capable de le connaître et de l'aimer ? Bossuet, Duch. d'Orl. Les corps peuvent donc changer, mais ils ne peuvent pas périr, Malebranche, Rech. vér. IV, 2. Il est trop clair par l'expérience, que Dieu a fait des machines pour être détruites ; nous sommes l'ouvrage de sa sagesse, et nous périssons ; pourquoi n'en serait-il pas de même du monde ? Malebranche, Phil. Newt. I, 6.

    Fig. J'ai de l'ambition, mais plus noble et plus belle : Cette grandeur périt, j'en veux une immortelle, Corneille, Poly. IV, 3. Le psalmiste a dit qu'à la mort périront toutes nos pensées, Bossuet, Duch. d'Orl.

  • 2Être détruit, en parlant d'un pays, d'un royaume, d'un prince, etc. Que s'il se trouve quelque province ou quelque ville qui ne veuille point prendre part à cette fête solennelle, nous voulons qu'elle périsse par le fer et par le feu, Sacy, Bible, Esther, XVI, 24. Mithridate n'aurait point péri, si, dans les prospérités, le roi voluptueux et barbare n'avait pas détruit ce que, dans la mauvaise fortune, avait fait le grand prince, Montesquieu, Esp. XXI, 12.
  • 3En parlant des personnes, mourir, avec l'idée que la fin est prématurée ou violente. Il est beau de périr pour éviter un crime, Corneille, Attila, IV, 6. Vous périssez d'un mal que vous dissimulez, Racine, Phèdre, I, 1. Souvenez-vous que celui qui commande doit être le modèle de tous les autres… ne craignez donc aucun danger, ô Télémaque, et périssez dans les combats plutôt que de faire douter de votre courage, Fénelon, Tél. XI. Il y périt [dans le Languedoc, lors de la révocation de l'édit de Nantes] près de cent mille hommes, dont dix mille moururent par la corde, par la roue ou par le feu, sous l'administration de l'intendant Lamoignon-Bâville, Voltaire, Mél. hist. Observ. sur les mém. de Noailles. C'est après l'hiver et au commencement de la nouvelle saison que les hommes, comme les plantes, périssent en plus grand nombre, Buffon, Prob. de la vie, Œuv. t. x, p. 514. Il est prouvé par des registres d'une autorité certaine que, depuis 1714 jusqu'en 1776, il a péri [à Batavia], dans l'hôpital seulement, 87000 matelots ou soldats, Raynal, Hist. phil. II, 19.

    Par exagération. Périr d'ennui, en être excédé, y succomber.

    À périr, de la façon la plus ennuyeuse du monde. Notre maître est sombre à périr, Beaumarchais, Mère coupable, III, 1. Je vous ai beaucoup d'obligation de me retirer de cette Allemagne où je m'ennuyais à périr, Staël, Corinne, I, 3.

  • 4 Terme de dévotion. Se damner, mourir de la mort spirituelle Il entra dans le monde avec tout ce qu'il faut pour y plaire et pour y périr, Massillon, Or. fun. Conti. Tant de victimes infortunées renoncent à la pudeur pour servir à vos plaisirs, et viennent sur des théâtres criminels chanter des passions pour flatter les vôtres, périr pour vous plaire, Massillon, Pet. carême, Vices et vert. des grands.
  • 5 Terme de marine. Se dit d'un navire qui est détruit et démoli dans un naufrage, ou qui a sombré en mer et dont la perte est complète. Un navire périt corps et biens lorsque, de son équipage, de son chargement, de ses agrès, rien n'échappe.
  • 6Tomber en ruine, en décadence, en parlant des choses. Les maisons inhabitées périssent plus promptement que les autres.

    Fig. La liberté périt par la licence. Cette branche de commerce a péri. Votre bon droit ne peut jamais périr, Sévigné, 30 juin 1681. Tout l'État périssant n'a pu t'encourager ! Racine, Alex. III, 2. Tout pouvoir, en un mot, périt par l'indulgence, Voltaire, Alz. I, 1.

    Être effacé, anéanti. Je conserve le sang qu'elle veut voir périr, Corneille, Cinna, III, 1. Je [Épaminondas] ne compte point mourir sans enfants ; Leuctres et Mantinée sont pour moi deux filles illustres qui ne laisseront point périr mon nom, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. v, p. 445, dans POUGENS. [ô Dieu] J'ai vu tomber ton temple et périr ta mémoire, Voltaire, Zaïre, II, 3. Le nom de mon époux… a donc péri pour vous ! Voltaire, Mérope, I, 2. L'esprit qui l'anima ne périra jamais, Voltaire, Orphel. IV, 4.

  • 7Il se dit en un sens vague de ce qui cesse d'avoir son effet, de valoir. Le jour que je vis périr dans ce nuage épais le soleil qui avait brillé tout le jour, Sévigné, 18 janv. 1690. Je vois le bon usage que vous faites de ce conte… il est vrai qu'il périt entièrement entre mes mains ; vous l'avez ressuscité, ma chère belle, et vous l'avez fort bien appliqué, Sévigné, 30 mars 1689. Ce qui n'est que noble et fier, ce qui ne demande qu'une voix sonore et assurée périt absolument dans sa bouche [de Lekain], Voltaire, Lett. d'Argental, 2 avr. 1755.

    Être inutilement dépensé. Sauvez quelque chose de l'excessive dépense …ayez une vue générale de ne rien laisser périr, et de ne vous relâcher sur rien, Sévigné, 6 avril 1672.

  • 8 En termes de jurisprudence. Synonyme de périmer. Il a laissé périr son appel.
  • 9 Par imprécation. Périsse mon amour, périsse mon espoir, Plutôt que de ma main parte un crime si noir ! Corneille, Cinna, III, 3. Périsse le Troyen auteur de nos alarmes ! Racine, Iphig. II, 3. Périssent enfin ces jalousies fatales qui rendent les hommes ennemis des hommes ! que le sang humain, ce sang qui souille toujours la terre, soit épargné ! Montesquieu, Disc. récept. Acad. fr.
  • 10Périr, construit d'ordinaire avec l'auxiliaire avoir, se construit aussi avec être. Et ce cheval ailé fût péri mille fois, Avant que de voler sous un indigne poids, Corneille, Androm. III, 4. Ainsi est péri devant nos yeux cet homme si aimable et si illustre [le cardinal de Retz], Sévigné, 25 août 1679. L'héritage promis à Jésus-Christ était péri et ses promesses anéanties, Bossuet, Var. 15. Que si l'État [juif] à la fin était péri sous ces rois qui avaient abandonné Dieu, Bossuet, 5e avert. 48. Ne cherchez plus, ni votre père qui doit être péri dans les flots… ni votre mère…, Fénelon, Tél. XX. Mes espérances sont péries, moi-même je me sens périr, Fénelon, t. XXI, p. 304. Des organes qui sont péris faute de pouvoir se conserver, Rousseau, Ém. IV. Si, au moment de la vente, la chose vendue était périe en totalité, la vente serait nulle, Code Nap. art. 1601.

    Avec l'auxiliaire être, périr exprime plus particulièrement l'état ; mais cette nuance n'est pas toujours observée.

HISTORIQUE

XIIe s. Li peccheür periront, Liber psalm. p. 48. Beaus services ne sera jà peris à fin amant qui en bon lieu l'emploie, Couci, p. 124. D'un seul mesfait ne deit nuls huem [nul homme] dous feiz [deux fois] perir ; Quant li clers pert sun ordre, nel puet hum plus hunir, Th. le mart. 28.

XIIIe s. Ha, seigneur, pour Dieu, ne perissons mie la grant honeur que nostre sire nous a faite, Villehardouin, LXXXIX. Un an enter e plus [il] langui ; Trestuz le tenent à peri, Lai del desiré. [Les avares]… les povres dehors regardent De froit trembler, de fain perir, la Rose, 5142. Cil qui en est ferus [de l'épée spirituelle] est peris en l'ame espirituelment, Beaumanoir, XLVI, 11. Se je proeve l'une de ces choses, le [la] querele est perie au demandeur, Beaumanoir, LXI, 18. Sire, ces seigneurs qui ci sont, arcevesques, evesques, m'ont dit que je vous deisse que la crestienté se perit entre vos mains, Joinville, 200. À l'aler que nous feismes outre mer, une nef en semblable fait avoit esté perie, Joinville, 192.

XIVe s. C'est li hons qui nul bien ne fait, Ne em parolle ne en fait ; Mais tous boins fruis en li perist, Jean de Condé, t. II, p. 88.

XVIe s. Saint Paul nous advertit d'estre pelerins au monde, à ce que l'heritage des cieux ne nous perisse [ne se perde pas pour nous], Calvin, Inst. 541. Ne laissons perir l'occasion : empoignons la vistement, Lanoue, 39. Toute humanité estant perie en eux, il ne font pas moins de ravage dans leur propre pays, Lanoue, 13. Cespetites chenilles noires, appellées babotes, perissent la luzerne, la faisant dessecher, De Serres, 273.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « périr »

Provenç. perir ; espagn. perecer ; ital. perire ; du lat. perire, de per, et ire, aller.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Du latin perire (« aller au travers »), composé du verbe ire (« aller ») et du préfixe per (« à travers »).
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « périr »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
périr perir

Fréquence d'apparition du mot « périr » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « périr »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « périr »

  • Il vaudrait mieux sacrifier les colonies qu'un principe.
    Pierre Samuel Dupont, de Nemours — Discours à l'Assemblée constituante, 13 mai 1791 Alphonse de Prât de Lamartine, dans son Histoire des Girondins
  • Je persiste à penser que le poème n’est accompli que s’il se fait chant, parole et musique en même temps. La diction dite expressive à la mode, à la manière du théâtre ou de la rue, est l’anti-poème. Comme si le rythme n’était pas, sous sa variété, monotonie, qui traduit le mouvement substantiel des Forces cosmiques de l’Eternel !… Il est temps d’arrêter le processus de désagrégation du monde moderne, et d’abord de la poésie. Il faut restituer celle-ci à ses origines, au temps qu’elle était chantée – et dansée. Comme en Grèce, en Israël, surtout dans l’Egypte des Pharaons. Comme aujourd’hui en Afrique noire. « Toute maison divisée contre elle-même », tout art ne peut que périr. La poésie ne doit pas périr. Car alors, où serait l’espoir du Monde ?
    Léopold Sédar Senghor — Comment les lamantins vont boire à la source »
  • Selon l'ordre naturel, le père doit finir avant son fils. Si tous les enfants mouraient de douleur à la mort de leur père, le genre humain périrait bientôt.
    Charles Dufresny
  • J’ai un peu de résignation face à cela : la colère, ça prend de l’énergie, je n’ai pas envie d’y céder. Les gens, les jeunes en particulier, ont besoin de sortir, de s‘éclater, d’oublier les soucis, de draguer… On a tous eu 18 ou 20 ans, on est passés par là. Mais avec nous, les soirées sont encadrées, les jeunes s’amusent en sécurité. On est des chefs d’entreprises responsables, des professionnels, on est aussi des parents… Ce ne serait pas une bonne chose de laisser périr les discothèques.
    midilibre.fr — Nîmes : un avenir incertain pour les boîtes de nuit - midilibre.fr
  • La chapelle Notre-Dame de Grâce construite en 1600-1615 par les bourgeois et les marins de Honfleur remplace une ancienne chapelle disparue dans un éboulement de la falaise. Cette chapelle primitive fut fondée avant l’an 1023 par Richard II Duc de Normandie, pour accomplir un voeu fait au cours d’une tempête où il avait failli périr. Depuis le culte de Notre-Dame de Grâce s’est perpétué.
    Unidivers — Visite libre de la chapelle Notre-Dame de Grâce Chapelle Notre-dame de Grace Équemauville samedi 19 septembre 2020
  • Les démocrates Algériens sont au pied du mur. Il leur faut se rassembler, et vite, ou périr.
    Médiaterranée — Les démocrates algériens face aux islamistes : se rassembler ou périr
  • En réponse au texte de Denis Lessard, « Un tramway nommé périr… », publié le 17 juillet
    La Presse — Tramway : le statu quo n’est pas une option
  • Tous ceux qui prennent le glaive périront par le glaive.
    Évangile selon saint Matthieu, XXVI, 52
  • PYRRHUS.Madame, demeurez.On peut vous rendre encor ce fils que vous pleurez.Oui, je sens à regret qu’en excitant vos larmes,Je ne fais contre moi que vous donner des armes ;Je croyais apporter plus de haine en ces lieux.Mais, madame, du moins, tournez vers moi les yeux :Voyez si mes regards sont d’un juge sévère,S’ils sont d’un ennemi qui cherche à vous déplaire.Pourquoi me forcez-vous vous-même à vous trahir ?Au nom de votre fils, cessons de nous haïr.À le sauver enfin c’est moi qui vous convie.Faut-il que mes soupirs vous demandent sa vie ?Faut-il qu’en sa faveur j’embrasse vos genoux ?Pour la dernière fois, sauvez-le, sauvez-vous.Je sais de quels serments je romps pour vous les chaînes ;Combien je vais sur moi faire éclater de haines.Je renvoie Hermione, et je mets sur son front,Au lieu de ma couronne, un éternel affront ;Je vous conduis au temple où son hymen s’apprête ;Je vous ceins du bandeau préparé pour sa tête.Mais ce n’est plus, madame, une offre à dédaigner ;Je vous le dis : il faut ou périr, ou régner.Mon cœur, désespéré d’un an d’ingratitude,Ne peut plus de son sort souffrir l’incertitude.C’est craindre, menacer, et gémir trop longtemps.Je meurs si je vous perds ; mais je meurs si j’attends.Songez-y : je vous laisse, et je viendrai vous prendrePour vous mener au temple où ce fils doit m’attendre ;Et là vous me verrez, soumis ou furieux,Vous couronner, madame, ou le perdre à vos yeux.
    Racine — Andromaque
  • ŒDIPE — […] Est-il homme plus abhorré des dieux ? Étranger, citoyen, personne ne peut plus me recevoir chez lui, m'adresser la parole, chacun me doit écarter de son seuil. Bien plus, c'est moi-même qui me trouve aujourd'hui avoir lancé contre moi-même les imprécations que tu sais. A l'épouse du mort j'inflige une souillure, quand je la prends entre ces bras qui ont fait périr Laïos ! Suis-je donc pas un criminel ? suis-je pas tout impureté ? puisqu'il faut que je m'exile, et qu'exilé je renonce à revoir les miens, à fouler de mon pied le sol de ma patrie ; sinon, je devrais tout ensemble entrer dans le lit de ma mère et devenir l'assassin de mon père, ce Polybe qui m'a engendré et nourri. Est-ce donc pas un dieu cruel qui m'a réservé ce destin ? On peut le dire, et sans erreur.
    Sophocle — Œdipe-roi
Voir toutes les citations du mot « périr » →

Traductions du mot « périr »

Langue Traduction
Anglais perish
Espagnol perecer
Italien perire
Allemand umkommen
Chinois
Arabe يموت
Portugais perecer
Russe погибают
Japonais 滅びる
Basque hilko
Corse perisce
Source : Google Translate API

Antonymes de « périr »

Combien de points fait le mot périr au Scrabble ?

Nombre de points du mot périr au scrabble : 6 points

Périr

Retour au sommaire ➦