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Être comme un coq en pâte : définition et origine de l’expression

Pendant que vous lisez ces lignes, vous sentez-vous comme un coq en pâte ? Si vous ignorez la réponse à cette question, c’est qu’il est peut-être temps de poursuivre votre lecture, afin de comprendre l’origine et la signification de cette formule, employée depuis le XVIIe siècle.

Alors, que signifie l’expression « être comme un coq en pâte », pourquoi convoque-t-elle l’image de ce volatile matinal, et comment s’est-elle introduite dans la langue française ? Réponses dans cet article !

Définition de l’expression « être comme un coq en pâte »

L’expression « être comme un coq en pâte » signifie mener une vie confortable, agréable et douillette ; se sentir dans son élément, apaisé, sans soucis ou tracas. La formule est également employée avec les variantes « heureux comme un coq en pâte », « traité comme un coq en pâte » ou « vivre comme un coq en pâte ».

À chaque fois, l’idée est celle d’un coq qui serait choyé, traité avec soin. Un coq en pâte bénéficie de tout le confort dont il a besoin, voire d’une abondance d’attention quelque peu excessive. On pourra ainsi rapprocher cette expression d’autres locutions françaises, comme « se le couler douce » ou « être aux petits oignons ».

On peut l’employer pour parler de soi (« je suis comme un coq en pâte »), lorsqu’on se sent particulièrement à son aise ; ou pour désigner quelqu’un d’autre (« il est comme un coq en pâte »), souvent avec une pointe d’ironie, laissant entendre que la personne se complait dans une forme d’oisiveté et de paresse rassurantes. André Gide alla même jusqu’à imaginer l’adjectif « coqenpâté » pour désigner le fait de manger suffisamment à sa faim pour « s’empâter », prendre de l’embonpoint.

Origine de l’expression « être comme un coq en pâte »

L’expression « être comme un coq en pâte » proviendrait de figures de langage bien plus anciennes : « coq de panier » ou « coq de bagage », que l’on employait dès le Moyen-Âge pour désigner un coq à la valeur marchande élevée. En effet, les éleveurs prenaient grand soin de choyer leurs volailles, afin que leur plumage, leur allure et leur poids soient susceptibles d’attirer les acheteurs sur le marché. Le coq ainsi bichonné par son propriétaire était ensuite transporté dans un « panier » ou dans un « bagage », d’où l’expression.

Au XVIIe siècle, l’expression évolue et le mot « pâte » vient remplacer le panier et le bagage. Plusieurs hypothèses sont évoquées quant à cette évolution : il pourrait s’agir d’une simple paronomase, jouant sur les sonorités similaires entre « panier » et « pâte » ; ou bien de la « pâte » avec laquelle les éleveurs lustraient le plumage de leurs coqs pour leur donner meilleure allure. 

Dans tous les cas, l’image du coq en pâte a demeuré, et a progressivement pris la signification qu’on lui connaît aujourd’hui. La pâte, quelle que soit son origine, a gardé cette image de substance chaleureuse, douillette et agréable, dans laquelle le coq se sent le mieux possible… Mais aussi très appétissant pour les humains qui le regardent, ce qui devrait nous servir de leçon : la sensation d’être aussi bien qu’un coq en pâte est souvent fugace — gare à ne pas vous bercer d’illusions, au risque de vous laisser manger tout cru l’instant d’après !

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Fait amusant : on trouve des expressions équivalentes dans d’autres langues, mais avec des animaux complètement différents. En anglais, on dit littéralement « heureux comme une palourde à marée haute » (« happy as a clam at high tide »), et en allemand, on dit « vivre comme un ver dans la viande » (« leben wie die made in speck »). On imagine que les Français sont attachés à leur bon vieux coq gaulois… À chacun son style !

Exemples de l’usage de l’expression « être comme un coq en pâte »

De cascade en cascade, j’étais tombé là. J’y étais comme un coq en pâte. J’en suis sorti. Il faudra derechef scier le boyau’, et revenir au geste du doigt vers la bouche béante. Rien de stable dans ce monde. Aujourd’hui, au sommet ; demain au bas de la roue. De maudites circonstances nous mènent ; et nous mènent fort mal.

Denis Diderot, Le Neveu de Rameau

À chaque fois que je rentrais à la maison, ma mère « Ton père, regarde-le, c’est un coq en pâte ! » À la fin de l’été, en septembre, il attrape des guêpes sur la vitre de la cuisine avec son mouchoir et il les jette sur la plaque à feu continu du poêle allumé déjà.

Annie Ernaux, La place

Ses écuries étaient grandes ouvertes. Il donna cinq sous à un garçon d’avoine pour lui permettre d’aller se coucher dans la paille. Il s’y trouva comme un coq en pâte. Le roi n’était pas son cousin. Il s’endormit. Il aurait fait la grasse matinée, mais le goujat le fit décamper.

Jean Giono, L’Iris de Suse
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Nicolas Lafarge-Debeaupuis

Nicolas Lafarge-Debeaupuis

Nicolas Lafarge-Debeaupuis est rédacteur indépendant, et prête ses mots à différents médias et entreprises. Se décrivant volontiers comme « un geek avec une plume », il se sent dans son élément naturel lorsqu’il écrit sur des sites web tels que La langue française.

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