Cucul la praline : définition et origine de l'expression
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Connue de tous, mais souvent source de perplexité quant à son origine, l’expression « cucul la praline » est bien ancrée dans le dialecte populaire français. Elle est ainsi largement utilisée dans le langage courant, pour qualifier quelqu’un de naïf, de sot ou d’enfantin.
Mais savez-vous d’où provient cette formulation quelque peu singulière ? Comment une amande enrobée de sucre, associée à ce qui semble une référence grivoise à l’arrière-train d’un individu, est-elle devenue le symbole de la niaiserie ?
Dans cet article, nous allons explorer la définition, l’orthographe et l’origine de l’expression « cucul la praline ». Bonne lecture !
Définition de l’expression « cucul la praline »
L’expression « cucul la praline » (parfois raccourcie en « cucul ») est généralement associée à quelqu’un (ou quelque chose) de naïf ou de sot, témoignant d’une attitude enfantine, voire ridicule. Il évoque une innocence ou une candeur exagérée, tant et si bien qu’elle en devient risible, et en décalage avec le contexte qui l’entoure.
Par extension, cette mièvrerie renvoie aussi à une forme de bêtise : l’expression « cucul la praline » désigne une certaine simplicité d’esprit, un comportement immature, ou une pensée dénuée de complexité.
D’ailleurs, on retrouve cette idée dans quelques expressions synonymes de « cucul la praline », comme les adjectifs « bébête » ou « niais », ou encore la formule « fleur bleue ».
Notons au passage que la locution elle-même comprend plusieurs dérivés, plus ou moins connus et employés selon les régions, tels que :
- « cucul la praloche »
- « cucul la rainette »
- « cucul la fraise »
- « cucul la noisette »
D’un point de vue orthographique, enfin, les possibilités sont nombreuses, puisque la langue française admet toutes les graphies suivantes : « cucu-la-praline ; cucu la praline ; cucul-la-praline ; cul-cul la praline ; culcul-la-praline ; culcul la praline ». Pour tourner la niaiserie en dérision, vous avez donc l’embarras du choix !
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Origine de l’expression « cucul la praline »
Mais comment une praline, cette délicieuse gourmandise sucrée encore appréciée de nos jours, s’est-elle retrouvée au cœur d’une expression évoquant la mièvrerie ? Une théorie suggère une étymologie pittoresque pour l’expression.
Selon la légende, racontée dans Les 1001 expressions préférées des Français, tout commence aux origines de la praline. Celle-ci fut inventée au XVIIe siècle, par Clément Jaluzot, le chef cuisinier d’un certain duc du Plessis-Praslin, qui s’attribua le nom de la confiserie. Ce dernier était propriétaire d’un archipel également dénommé Praslin, situé aux Seychelles.
Or, on trouvait sur ces îles un fruit semblable à la noix de coco, mais dont la forme suggestive rappelait celle d’une paire de fesses humaines, leur valant le surnom grivois de « coco-fesses ». Le chef Jaluzot, à la réputation de grand maladroit, aurait justement créé la praline après de nombreuses expérimentations malencontreuses, dont l’une impliquait le mélange de « coco-fesses » avec du sirop de sucre.
Il n’en fallut pas moins pour associer la niaiserie du chef cuisinier avec le terme « coco-fesses », devenu « cucul », et avec sa délicieuse sucrerie dénommée « prasline », puis « praline ».
Cette histoire, sans doute romancée, fait toujours débat chez les linguistes, et les origines exactes de l’expression demeurent donc imprécises. La seule certitude, c’est que l’autrice Colette fut parmi les premières à employer le mot « cucu » dans la littérature, en 1933, et que la formule n’a cessé de gagner en popularité par la suite.
Exemples de l’usage de l’expression « loin des yeux, loin du cœur »
Le massif de silènes et de myosotis faisait cucu.
Colette, Chatte
Suivait-il les études du séminaire ? Exerçait-il dans l’église un emploi rémunéré ? Ou était-ce tout simplement un cucul la praline, un bosseur bénévole qui ne pouvait pas se passer du parfum de l’encens, des flammes des cierges et de pieux rabâchages ?
Gerard Reve, Parents soucieux
Sa femme est un peu cucul la praline, vous verrez, mais il en fait ce qu’il veut et elle ne mouftera pas.
Jacques d’Arribehaude, Cher Picaro : journal des années cinquante
C’est le temps où tout ce qui me touche de près m’est étranger. J’émigre doucement vers le monde petit-bourgeois, admise dans ces surboums dont la seule condition d’accès, mais si difficile, consiste à ne pas être cucul.
Annie Ernaux, La place
Nous nous amusions comme des fous et parfois Javier intervenait, avec une dialectique fougueuse, dans ce jeu des choses cucul la praline.
Mario Vargas Llosa, La tante Julia et le scribouillard
Chez grand-mère, sa mémoire fut pérennisée par un objet/souvenir, hérité de la chère dame, qui trôna longtemps sur une étagère et qu’avec mes frères, nous nous accordions pour juger « cucul la praline » : un angelot de biscuit, couché sur le ventre, fesses rebondies et sourire béat.
Paul Malet, Les Voiles de la misère