Être au taquet : définition et origine de l’expression
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Voilà une expression française dont le sens est aujourd’hui pour le moins populaire. Les sudistes de la France vous diront qu’ils sont les initiateurs – voire les détenteurs – de l’expression « être au taquet ». L’origine de cette dernière leur donne-t-elle raison ? Notre article est là pour y répondre. Bonne lecture !
Définition de l’expression « être au taquet »
L’expression « être au taquet » est une locution adverbiale qui use de la comparaison pour désigner un état. La fonction du taquet – objet servant à bloquer quelque chose – est ici prise au sens figuré. Ainsi, dire que l’on est « au taquet », équivaut à dire que l’on est au maximum de ses capacités, que l’on a atteint une limite. Aujourd’hui, le sens en est élargi du fait de son passage dans le langage courant. Attention, l’usage de cette expression est considéré comme faisant partie du langage familier.
On connaît à l’expression plusieurs définitions, toutes assez répandues et plus ou moins proches. On dit que l’on est au taquet, dans le langage familier, pour signifier que l’on est à fond dans quelque chose, très motivé et déterminé. On peut aussi dire : « J’ai au taquet de travail », ce qui signifie avoir beaucoup ou avoir trop de choses à faire. Enfin, la dernière acception qui est de moins en moins usitée, est celle utilisée pour signifier que l’on est arrivé au bout ou au maximum (par exemple : « je roule au taquet »).
NB : il existe une autre définition de l’expression qui n’a aucun rapport avec les trois précédentes : dans le domaine très particulier de la fauconnerie, on dit « nourrir un oiseau au taquet », en parlant de la manière dont on nourrit ou élève les oiseaux en liberté.
Origine de l’expression « être au taquet »
La naissance de l’expression « être au taquet » – au sens figuré – n’est pas claire mais il est certain qu’elle est relativement récente. Elle connaît une nette croissance dans les années 2000. Elle est d’ailleurs quasiment absente de l’univers littéraire avant le XXIe siècle. Pour ce qui est de l’origine sudiste, rien ne permet de la vérifier, si ce n’est la présence de l’expression dans la liste des « mots et expressions du sud de la France », compilée par Wikipédia. On vous laisse choisir votre camp…
Le terme de taquet fait partie de l’univers technique et est appliqué à divers domaines. L’origine du mot elle-même est floue… le mot taquet viendrait du normand estaque, de l’ancien français estache, qui signifie le pieu ou le poteau et / ou du verbe « taquer », d’une origine onomatopéique – du bruit de l’objet lorsqu’on s’en sert – ou encore du latin tangere, toucher.
C’est un petit objet en bois ou en métal qui remplit souvent la même fonction et dont le premier usage est de bloquer ou de maintenir, il joue le rôle de butée ou de verrou. Ainsi, au XVe siècle, c’est un morceau de bois dont le rôle est de tenir une porte fermée. AU XIXe siècle, c’est un bout en bois servant à caler les meubles. Dans le domaine de la voile, et ce depuis le XVIIe, le taquet est un morceau de bois ou de métal « portant deux cornes ou oreilles, fixé en divers endroit du navire pour y tourner des cordages », selon le TLFi. Ceci est une liste non exhaustive, tant le taquet a maintes fonctions toutes plus techniques les unes que les autres (par exemple, un taquet est aussi ce qui sert de maintien au chariot d’une machine à écrire.) Attention cependant à ne pas le confondre avec le sens argotique du taquet qui désigne un coup de poing ou un coup de pied…
Pour aller plus loin : dans le monde de l’escalade, l’expression « être au taquet » signifie que l’on est à la limite de la chute, ou bien parce que l’on est épuisé, que l’on est à court de prises ou que l’on a choisi une voie risquée…
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Exemples d’usage de l’expression « être au taquet »
Hier soir, après la fête de ~SD au VIP Room, nous avons atterri dans un bar des années 40 avec des filles nées dans les années 80 (mieux vaut cela que l’inverse). Nous étions dopés comme Richard Virenque au col du Tourmalet. Je beuglais : Chuis au taquet ! À côté de moi, comme nous étions très serrés, une poupée mordorée me faisait du genou sans le faire exprès.
Frédéric Beigbeder, L’Egoïste romantique, Collection Folio, Gallimard, 2005
…il faut rappeler entre douze heures et treize heures, le 12, le 14 ou le 15 mai, il ne dit pas ce qu’il fait après, ce qui laisse l’inconscient travailler. En rappelant bien sûr c’est toujours occupé, tous les cinglés de Paris et de la petite couronne étant au taquet depuis le début de la matinée pour ne pas rater …
Danièle Pétrès, Tu vas me manquer, Collection Romans français, Denoël, 2008
D’abord pour tout dire j’étais au taquet, je ne sentais plus rien justement. Comme le lecteur peut-être, je ne cherche pas à gonfler. J’avais besoin d’exaltation. Je pris par l’escalier dit du sous-sol.
Collectif, La Nouvelle Revue Française, Gallimard
Ce qui explique en partie leur attitude à l’égard de la nouvelle grille des salaires et de l’avancement au mérite. Comme dit l’un d’eux: « À trente et un ans, je suis T4. En fait, je suis déjà au taquet jusqu’à la fin de ma carrière. »
Le Monde, 28-29 déc. 1986, p. 11, col. 4, dans Bernet–Rézeau 1989
N’hésitez pas à compléter cet article si nécessaire et à ajouter vos réflexions sur cette expression française en commentaire.
Sur les voiliers ont trouvait des taquets au bord de la coque pour retenir les écoutes. Lorsque le vent forçait le bateau gitait jusqu’a ce que l’eau frôle les taquets. Le bateau était alors à son maximum de vitesse, d’où l’expression être au taquet lorsque l’on est à son maximum.