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Le jeu en vaut la chandelle : définition et origine de l’expression

Que ce soit pour justifier un effort considérable ou encourager à poursuivre une entreprise coûteuse, l’expression « le jeu en vaut la chandelle » est courante dans les conversations de tous les jours. Mais que signifie-t-elle exactement, et d’où vient-elle ? Explorons cette expression imagée.

Définition de l’expression « le jeu en vaut la chandelle »

Dire que « le jeu en vaut la chandelle » signifie que l’effort fourni, même s’il est important, sera récompensé de manière suffisante pour justifier les moyens engagés. Autrement dit, les résultats attendus sont assez satisfaisants pour compenser les risques, la fatigue ou l’investissement réalisé.

Dans son usage courant, cette expression traduit un rapport bénéfice/coût positif : si l’enjeu est jugé suffisant, il légitime les efforts consentis. On l’emploie aussi bien pour des décisions du quotidien — passer des heures à rénover un meuble ancien, par exemple — que pour des choix de vie majeurs comme entreprendre des études longues ou lancer un projet ambitieux. C’est une expression d’encouragement : faisons cela puisque le jeu en vaut la chandelle !

Des synonymes de « le jeu en vaut la chandelle » existent et transmettent une idée similaire :

  • Cela vaut le coup
  • Cela en vaut la peine
  • La fin justifie les moyens
  • Ce n’est pas peine perdue

À noter qu’on emploie également cette expression dans sa forme négative : « le jeu n’en vaut pas la chandelle », dans le sens que ça ne vaut pas le coup, que l’effort ne mérite pas le gain supposé.

Origine de l’expression « le jeu en vaut la chandelle »

L’expression remonte au XVIe siècle. À cette époque, les jeux d’argent, tels que les jeux de cartes ou de dés, étaient des divertissements populaires. Toutefois, les conditions matérielles pour y jouer n’étaient pas celles d’aujourd’hui : l’éclairage était sommaire, et on devait allumer des chandelles à la tombée de la nuit pour continuer à jouer.

Or, les chandelles représentaient alors une dépense non négligeable. Ainsi, jouer une partie la nuit obligeait à brûler une chandelle, ce qui n’était justifié que si les gains espérés surpassaient le prix de celle-ci. Si le gain potentiel était inférieur ou égal à la valeur de la chandelle consumée, continuer à jouer n’avait aucun sens économique : « le jeu n’en valait pas la chandelle ».

C’est ainsi que la formule « le jeu en vaut la chandelle » est née : elle traduit très littéralement une question de rentabilité matérielle immédiate. Il s’agissait d’une évaluation pragmatique : le plaisir ou les gains issus du jeu devaient compenser le coût de la chandelle.

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La première apparition de cette expression est attestée au XVIᵉ siècle. Elle a été notamment popularisée par des auteurs comme Michel de Montaigne, qui l’emploie dans ses Essais (1580). Chez Montaigne, la locution conserve déjà son sens actuel, celui de justifier des efforts par la récompense qui en découle :

Quand les choses surviennent, je me comporte virilement ; dans la conduite, puérilement. L’horreur de la chute me donne plus de fièvre que le coup. Le jeu n’en vaut pas la chandelle.

Montaigne, Essais, édition établie par Bernard Combeaud, Bouquins, p.630

Désormais, on utilise l’expression dans un sens plus général, dès lors qu’une évaluation entre coût et bénéfice est en jeu.

Exemples d’usage de « le jeu n’en vaut pas la chandelle »

Il faudra faire quelques sacrifices pendant tout l’été, vivre séparément chacun dans nos familles aux frais de nos parents, tandis que nos salaires tomberont chaque mois sur nos comptes. Économiser jusqu’au dernier sou. Mais le jeu en vaut la chandelle.

Catherine Cusset, Confessions d’une radine

J’appréciais son humour corrosif, son sens de la dérision, ses connaissances encyclopédiques, qui avaient été un handicap dans sa scolarité parce que, à force de tout savoir, comme il le disait lui-même, il ne savait jamais quoi dire : « Tu sais, répétait-il à tout propos, je me demande si le jeu en vaut la chandelle. » C’était son expression favorite, la question revenait sans cesse dans sa bouche et, quand il la formulait, il rabattait en arrière ses longs cheveux…

Bruno Le Maire, L’ange et la bête

J’embrassais des filles, l’essentiel de mon existence était tout entière à l’extérieur de cette classe étriquée, eh oui les gars, la vie est ailleurs, allez en cours si ça vous amuse, moi j’embrasse des filles et tant pis si j’attrape des trucs, croyez-moi, le jeu en vaut la chandelle, et je peux vous dire que mes yeux se ferment sans même que j’aie à leur imprimer la moindre impulsion tant la passion embrase tous nos sens…

Fabrice Caro, Le discours

Et puis ceux-là, personne n’en veut, à part Halil le Tzigane. Et lui, il ne nous en donne que vint-cinq ou trente livres. Le jeu n’en vaut pas la chandelle.

Yachar Kemal, Alors, les oiseaux sont partis…

Arjuna est engagé corps et âme dans une guerre sans merci. Krishna lui fait valoir que le jeu n’en vaut pas la chandelle. Il lui explique que la vérité est ailleurs et l’exhorte à la distance et au retrait en soi.

Jean d’ Ormesson, C’était bien

Pour aller plus loin, découvrez l’expression « battre le briquet ».

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Nicolas Le Roux

Nicolas Le Roux

Nicolas est le fondateur du site. Il a rédigé plusieurs centaines d'articles sur les difficultés de l'orthographe française depuis 2015. Passionné de littérature, il publie de temps en temps des critiques littéraires.

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