Mi-figue, mi-raisin : définition et origine de l’expression
Sommaire
Dire de quelqu’un qu’il est « mi-figue mi-raisin » n’a rien à voir avec ses goûts personnels pour certains fruits. C’est encore une des nombreuses expressions tirées du lexique gastronomique et utilisées afin de décrire le caractère d’une personne. Vous désirez l’employer à bon escient ? Notre article vous explique son origine dans les moindres détails. Bonne lecture !
Définition de l’expression « mi-figue mi-raisin »
On utilise l’expression « mi-figue mi-raisin » afin de qualifier l’attitude ou le trait de caractère d’une personne. Cela revient à dire que cette personne se conduit de manière ambigüe, ou a une fâcheuse tendance à être tantôt agréable, tantôt désagréable. Cette locution adjectivale, péjorative dans la majeure partie des cas, désigne donc une appréciation en demi-teinte de la conduite d’un quidam. Elle renvoie ainsi à la dualité d’un caractère ou de quelqu’un qui affiche deux attitudes radicalement opposées, une bonne et une mauvaise. Par extension, l’expression désigne aussi une action faite moitié de gré, moitié de force, ou l'indécision.
Cette expression, familière, peut aussi être utilisée à propos d'un objet ou d'une situation, désignant alors un résultat ou un constat mitigé face à quelque chose qui est à la fois plaisant et déplaisant (ex : « c’est un lundi mi-figue mi-raisin, sous les nuages… »).
Concernant l'écriture de l'expression, sachez qu'on accepte aussi bien la forme « mi-figue mi raisin » sans virgule que « mi-figue, mi raisin ». On n'inversera cependant pas les deux fruits, c'est toujours la figue qui vient avant le raisin !
Évolution et origine de l’expression «mi-figue mi-raisin »
L’expression « mi-figue mi-raisin » a subi de nombreuses variations au cours des époques. A l’origine elle se trouvait écrite comme suit : « moitié-figue, moitié raisin »
Les plus grands Seigneurs de France / Ont courtisé son Eminence / Moitié figue moitié raisin…
Les Larmes Mazarines, 1651, Gallica BnF
On en trouve d’ailleurs une définition dans l’Abrégé de la prononciation françoise de Sieur de Veneroni datant de 1703 : « Moitié figue, moitié raisin, id est (c’est-à-dire), un peu de force, un peu par amitié. » (Gallica BnF)
L’expression semble trouver son origine au XIVe siècle : lors du Carême (période de jeun et d’abstinence observée par les catholiques durant quarante jours précédant Pâques), les fruits secs étaient à l’honneur. Les paniers étaient généralement composés de figues et de raisins, consommés durant la période de privation. Le raisin avait davantage de succès de par son goût plus sucré et doux, mais aussi plus raffiné (en raison de son coût), tandis que la figue, plus populaire et davantage bon marché, était aisément délaissée au profit de son concurrent.
Au XVIe siècle, l’expression aurait été utilisée afin de qualifier un partage des tâches équitable : l’un s’occupe de la figue, l’autre du raisin. Par ailleurs, la figue n’avait pas bonne réputation de sa présumée ressemblance avec un excrément animal. C’est ainsi, qu’au fil des siècles, s’est formée l’opposition entre la figue et le raisin. Le sens de l’expression telle qu’on l’emploie aujourd’hui se serait fixé au XVIIe siècle. Ce n’est qu’au XVIIIe que le terme « moitié » se trouve simplifié et remplacé par « mi ».
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Pour aller plus loin :
Une autre théorie, plus controversée, attribue à l’expression « mi-figue mi-raisin » une toute autre origine. Il est raconté que durant l’Antiquité, les Corinthiens, qui faisaient commerce avec les Vénitiens, auraient glissé des figues dans leurs livraisons de raisins (les figues étant moins chères et plus lourdes). Les Vénitiens, découvrant le frauduleux stratagème eurent une réaction pour le moins mitigée : contrariés d’avoir été ainsi trompés, mais soulagés d’avoir des figues en contrepartie.
Exemples d’usage de l’expression « mi-figue mi-raisin »
[…] c’est en ces termes que Georges Hardy présentait en 1925 un bilan mi-figue mi-raisin des premières décennies de recherches.
Sophie Dulucq, Écrire l’histoire de l’Afrique à l’époque coloniale (XIXe-XXe siècles), Éditions Khartala, 2009, page 209
Elle éclata encore de rire, en la voyant ainsi accoutrée, nageant dans le pardessus de son homme, le feutre bois-de-rose vissé sur son front, laissant échapper une mèche blonde. Là, tu es belle, le vrai baigneur ! L'autre jeta un coup d'œil mi-figue, mi-raisin à l'image d'elle que lui renvoyait la grande glace du fond.
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Le record du monde du ridicule. Tant pis, je suis aussi barje que vous ! Trois jours plus tard, tout était prêt. Température idéale. Vent de nord/nord-est force faible. - On met la barre à 2,30 mètres pour vous échauffer ? demanda Perrigot mi-figue mi-raisin. Les officiels avaient du mal à garder leur sérieux.
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