Les Lumières (XVIIIe siècle) : mouvement littéraire et philosophique
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« Chaque siècle a eu sa marotte », écrit Marivaux dans La Première surprise de l’amour (I, 2). Celle du siècle des Lumières, qui ne s’est pas limitée à la sphère littéraire, a eu tant d’écho qu’elle a largement outrepassé les frontières du XVIIIe siècle. Portée sur des thèmes centraux tels que l’autonomie, la finalité humaine et l’universalité, la pensée des Lumières est l’une des plus significatives de son époque comme de celles qui ont suivi, en témoigne sa prépondérance dans les débats intellectuels, politiques et sociaux qui ont émaillé les deux siècles qui nous précèdent.
Le courant de pensée du siècle des Lumières, apparu dès le milieu du XVIIe siècle et qui se développe sous différentes formes, en France et dans toute l’Europe, durant tout le XVIIIe siècle, se donne pour but d’éclairer les esprits par le biais de la connaissance et de les tirer des ténèbres de l’ignorance.
Les révolutions (anglaise, américaine, française…) quadrillent cette époque livrée à de grandes mutations, de nouvelles visions du monde portées par différentes écoles, sans qu’il y ait nécessairement consensus entre elles, balaient les anciennes, on se tourne davantage vers la science, la physique, la chimie, la sociologie, la psychologie… Le siècle n’est pas celui des grandes innovations, mais d’une immense synthèse de savoirs. Les idées des Lumières se fondent tout autant sur l’Antiquité, que le Haut Moyen Âge, la Renaissance et l’époque classique.
« Durant les trois quarts de siècle qui précèdent 1789 s’est produit le grand basculement qui, plus que tout autre, est responsable de notre identité présente », écrit le critique littéraire bulgare Tzvetan Todorov dans son essai L’Esprit des Lumières. Qu’il s’agisse des droits de l’homme, de l’école laïque, de la souveraineté populaire ou encore de l'universalité, on parle encore aujourd’hui de « rallumer les Lumières ».
Comment apparaît le courant des Lumières ?
Contexte historique des Lumières
Le mouvement des Lumières trouve ses racines dans les siècles qui le précèdent et qui ont préparé le terrain à l’apparition des courants philosophiques à venir.
La Renaissance avait été une époque de transition et de basculement : des progrès sont fait dans tous les domaines, dont les plus importants sont la défense de l’héliocentrisme par Nicolas Copernic au XVIe siècles développé par le biais des théories physiques de Galileo Galilei (1564-1642) – la Terre n’est donc pas le centre de l’Univers –, la pensée de Renée Descartes, qui place la raison (le cogito ergo sum) au centre d’une nouvelle méthode de réflexion philosophique et la diffusion du livre et des écrits des Anciens.
De la même manière, des idées telles que l’humanisme, la condamnation de l’esclavage, la légitimité du pouvoir ou la réflexion (citons par exemple le Discours de la servitude volontaire par Etienne de La Boétie en 1577), ont déjà été avancées dans les décennies qui précèdent les Lumières. Mais la pensée du XVIIIe pousse plus loin cette observation réaliste de l’homme et, par l’agencement des idées, acte le passage de la théorie des livres à la pratique dans le monde réel.
Deux événements, historiques quant à eux, sont à noter comme déclencheurs de la propagation des Lumières en Europe. Tout d’abord, la seconde révolution anglaise, appelée Glorieuse révolution, en 1688 et 1689. A l’issue de celle-ci, une monarchie constitutionnelle est mise en place, suivie de la Déclaration des droits (Bill of rights), censée encadrer les pouvoirs du monarque.
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De ce premier événement naît une réflexion approfondie sur la légitimité de la monarchie. Le philosophe anglais John Locke, contemporain de cette révolution, est aussi considéré comme un des précurseurs de la pensée des Lumières.
John Locke fonde sa philosophie sur l’empirisme et promeut une politique fondée sur la notion de droit naturel. En effet, selon Locke, l’état de nature est d’être un homme libre aspirant au bonheur, disqualifiant ainsi toute souveraineté remise aux mains d’un homme providentiel.
Le second événement concerne directement la France : il s’agit de la mort de Louis XIV, monarque de droit divin, en 1715 à l’âge de 72 ans. Le règne du Roi-Soleil a été associé à la gloire du classicisme, mais aussi par des guerres (comme la guerre de Hollande, 1672-1678) et l’intransigeance religieuse – avec la révocation de l’Edit de Nantes en 1685.
De son vivant, certains auteurs se risquent déjà à la critique de l’absolutisme royal (citons Fénelon qui fait paraître Les Aventures de Télémaque en 1699). La régence de Philippe d’Orléans est vécue comme un temps de relâche, et les règnes des deux rois suivants (Louis XV et Louis XVI) voient le recul de l’influence française et du pouvoir monarchique.
La naissance des Lumières
C’est donc dans ce contexte, où l’on constate que les valeurs traditionnelles laissent place à des idées révolutionnaires, que la pensée des Lumières se développe. Elle s’appuie sur une « sainte Trinité », c’est-à-dire trois idées phares de ce courant : l’autonomie, la finalité humaine et l’universalité. La littérature qui naît de ce mouvement de pensée est une littérature majoritairement savante, moralisatrice ou critique.
Le premier principe qu’est l’autonomie de l’homme est principalement fondé sur la raison et la connaissance. Comme nous l’avons vu, le XVIIIe siècle voit une diffusion massive des ouvrages qui, jusqu’alors, étaient surtout accessibles à la noblesse ou au clergé. En parallèle, on accorde davantage d’intérêt aux sciences. Car l’autonomie de l’homme passe nécessairement par la connaissance des choses, l’accumulation de savoirs, qui lui permettent d’établir une critique et de s’éloigner de l’endoctrinement. Cette critique participe à l’émancipation de l’individu en société.
Ainsi, le but des Lumières est de révéler un monde « désenchanté ». Cela passe donc aussi par l’émancipation à l’autorité, notamment celle de la religion. La pensée des Lumières se veut détachée de tout carcan religieux, elle se réclame « non de l’athéisme, mais de la religion naturelle, du déisme ou d’une de leurs nombreuses variantes », commente Tzvetan Todorov. En effet, de l’autonomie de l’individu découle aussi sa pluralité, d’où l’exploration des multiples croyances et, nous le verrons plus tard, d’autres civilisations.
Mais la première autonomie conquise reste celle, suprême, de la connaissance. « A la certitude de la Lumière venue d’en haut viendra se substituer la pluralité des lumières qui se répandent de personne à personne ».
C’est ainsi que naît l’Encyclopédie de Denis Diderot (1713-1784), grande figure des Lumières. Son Encyclopédie, ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers (1778) constituée en « société de gens de lettres » (d’Alembert, 1717-1783 ; Voltaire, 1694-1778 ; ou le naturaliste Buffon, 1707-1788), a pour but de collecter les savoirs et de les transmettre, afin de rendre les hommes « plus instruits, plus vertueux, plus heureux ».
Avec les œuvres de Diderot (dont font aussi partie les Pensées philosophiques, en 1746 et Jacques le fataliste, en 18785), citons celles de :
- François-Marie Arouet, dit Voltaire (1729-1799) : Candide, en 1759 ; Traité sur la tolérance, 1763 ou L’Ingénu, en 1767.
- Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) : Du contrat social, en 1762 ; Emile ou l’éducation, la même année ; Les Confessions, en 1782 ou Les Rêveries du promeneur solitaire en 1782.
- Charles Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu (1689-1755) : De l’esprit des lois, en 1748 et les Lettres persanes, en 1721.
- Marivaux (1688-1763) : Le Jeu de l’amour et du hasard, en 1730 ; L’Île des esclaves, en 1725 et Le Paysan parvenu en 1734.
- Pierre-Augustin Caron, dit Beaumarchais (1732-1799) : Le Mariage de Figaro, en 1784 ; Le Barbier de Séville, en 1775 ou Eugénie, en 1767.
Ainsi naît une « littérature savante, les genres nouveaux qui mettent l’individu au centre de leur attention : roman d’une part, autobiographie de l’autre. Genres qui n’aspirent plus à révéler les lois éternelles des conduites humaines, ni le caractère exemplaire de chaque geste, mais qui montrent des hommes et des femmes singuliers, engagés dans des situations particulières », décrit Tzvetan Todorov.
Il ajoute, à propos de la peinture (Boucher, Cardin, Jean-Louis David, etc.), qu’elle « détourne les grands sujets mythologiques et religieux pour montrer des êtres humains nullement exceptionnels, saisis dans leurs activités communes, dans les gestes les plus quotidiens ».
La littérature de l’époque est aussi infusée d’autres grands thèmes en vogue. Notons par exemple la nouvelle importance accordée au monde sensible (Rousseau peut être désigné comme l’un des précurseurs du romantisme, de l’écriture de soi et du rapport à la nature comme vecteur pour traduire ses sentiments).
On trouve aussi très ancrée l’idée de la finalité des actions humaines libérées, c’est-à-dire un humanisme renouvelé, où même l’Etat ne se fixe plus pour but le service d’un dessein divin, mais le bien-être des citoyens. « La quête du bonheur remplace celle du salut », selon la formule de Todorov.
Enfin, les penseurs de l’époque sont attachés tant à l’idée d’égalité qu’à celle d’universalité. En effet, prenant à leur compte le concept de droit naturel, les Lumières avancent que « tous les êtres humains possèdent, de par leur nature même d’humains, des droits inaliénables ». Des droits communs à tous les habitants, d’où qu’ils proviennent. Ainsi naissent les Droits de l’homme. « L’exercice de la liberté se trouve donc contenue dans l’exigence d’universalité » (Todorov).
Cette ruée vers l’autre provoque plusieurs avancées sociales dont nous avons aujourd’hui hérité, comme la lutte contre l’esclavage, les droits des femmes (même si, rappelons-le, la Révolution française, conséquence indirecte de la pensée des Lumières, a été très peu féministe), la défense des pauvres et des marginaux, et enfin une ouverture vers l’étranger. « C’est ainsi que le Français Montesquieu peut critiquer les Persans, mais aussi imaginer les Persans critiquant judicieusement les Français » (Todorov).
Ajoutons, enfin, la conception du pouvoir. La question de la légitimité du pouvoir politique n’est pas nouvelle, comme nous l’avons vu. Mais, au XVIIIe siècle, deux interprétations s’affrontent. Selon les premiers, le roi a de fait reçu sa couronne de Dieu, et il n’a de compte à rendre à personne. Selon les autres, le pouvoir du roi lui vient d’un contrat social fait entre individus ayant pour seul but l’intérêt général et le bien commun.
Rousseau est le plus radical de ceux-là, fondant l’origine du pouvoir royal uniquement dans l’assentiment populaire, qu’il appelle volonté générale. C’est-à-dire que le pouvoir confié au prince peut lui être repris à tout moment, tel que Rousseau l’expose dans Du contrat social.
En 1776, plus de dix ans après la publication de cet essai, un groupe d'hommes, dans une colonie britannique, tire les conséquences d’une telle vision du pouvoir et proclame son droit à l’indépendance. C’est ainsi que naît la première république moderne, les Etats-Unis. Treize années plus tard, la Révolution française éclate. Les Lumières ont triomphé.
Principes des Lumières
Les idées développées dans la littérature des Lumières, qui repose sur des registres didactique, ironique, parodique – dans le but d’amuser et de séduire le lecteur, mais aussi d’éviter la censure – découlent des principes intellectuels avancés par les penseurs de l’époque.
- La prépondérance de la raison et de la connaissance est l’un des principaux traits du siècle des Lumières. Comme nous l’avons vu, la littérature se donne désormais pour but de participer à l’émancipation de l’homme, en lui permettant d’adopter une attitude critique . A la question : « Qu’est-ce que les Lumières ? », Kant répond : « Sapere aude : Aie le courage de te servir de ta propre intelligence ! Voilà donc la devise des lumières ». La raison est considérée comme la maître-étalon de la conscience de l’individu.
- L’autonomie de l’individu au sein de la société, (la finalité humaine) conséquence de son émancipation. L’individu se délivre de toute autorité, peut choisir librement sa religion et organiser sa vie privée comme bon lui semble. Rousseau est celui qui s’exprime le plus vigoureusement sur le sujet, considérant que la société, bien qu’on ne puisse tout à fait s’en extraire (l’homme, et l’enfant surtout, n’étant pas autosuffisant), est dangereuse pour le « moi » et que la solitude est parfois préférable. Cette première conception de l’individu en société est au fondement de la laïcité, souhaitée par les penseurs des Lumières.
- La conception d’un pouvoir soumis à la souveraineté populaire est, sur le plan politique, une mutation majeure (rappelons ici la limite d’une telle pensée qui peut entrer en conflit avec l’idée d’une liberté individuelle).
- L’universalité est mise en avant et va de pair avec l’idée qu’on se donne de l’humanité (tous les hommes appartiennent à la même espèce et ont de ce fait les mêmes droits), une conception qui conduit à se battre pour l’égalité entre les hommes.. « Tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits », affirme la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789.
Citations d’auteurs des Lumières
Chacun des auteurs des Lumières a été en quelque sorte le père et initiateur de mouvements littéraires qui se développent au siècle suivant : Diderot pour le roman réaliste, Rousseau pour l’écriture du moi, Voltaire, pour une nouvelle conception de la morale fondée sur la philosophie, ou encore Marivaux, qui renouvelle l’approche faite de la psychologie humaine doublée d’une critique parodique des sphères sociales de son temps… Nous vous citons ici une sélection d’extraits de ces auteurs qui ont bâti la pensée des Lumières (aussi disponibles sur Wikisource).
Extrait de l’Encyclopédie de Denis Diderot, sur l’Autorité politique
Aucun homme n'a reçu de la nature le droit de commander aux autres. La liberté est un présent du Ciel, et chaque individu de la même espèce a le droit d'en jouir aussitôt qu'il jouit de la raison. Si la nature a établi quelque autorité, c'est la puissance paternelle : mais la puissance paternelle a ses bornes ; et dans l'état de nature, elle finirait aussitôt que les enfants seraient en état de se conduire. Toute autre autorité vient d'une autre origine que la nature. Qu'on examine bien et on la fera toujours remonter à l'une de ces deux sources : ou la force et la violence de celui qui s'en est emparé ; ou le consentement de ceux qui y sont soumis par un contrat fait ou supposé entre eux et celui à qui ils ont déféré l'autorité.
Lire l'Encyclopédie sur Wikisource >
Extrait de la Première promenade des Rêveries du promeneur solitaire de Jean-Jacques Rousseau
Me voici donc seul sur la terre, n'ayant plus de frère, de prochain, d'ami, de société que moi-même Le plus sociable et le plus aimant des humains en a été proscrit. Par un accord unanime, ils ont cherché dans les raffinements de leur haine quel tourment pouvait être le plus cruel à mon âme sensible, et ils ont brisé violemment tous les liens qui m'attachaient à eux. J'aurais aimé les hommes en dépit d'eux-mêmes. Ils n'ont pu qu'en cessant de l'être se dérober à mon affection. Les voilà donc étrangers, inconnus, nuls enfin pour moi puisqu'ils l'ont voulu. Mais moi, détaché d'eux et de tout, que suis-je moi-même? Voilà ce qui me reste à chercher. Malheureusement cette recherche doit être précédée d'un coup d'œil sur ma position. C'est une idée par laquelle il faut nécessairement que je passe pour arriver d'eux à moi.
Lire les Rêveries du promeneur solitaire sur Wikisource >
Extrait du Chapitre III de Candide de Voltaire
Vous pouvez retrouver un commentaire du Chapitre III de Candide sur notre site.
Rien n'était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons, formaient une harmonie telle qu'il n'y en eut jamais en enfer. Les canons renversèrent d'abord à peu près six mille hommes de chaque côté ; ensuite la mousqueterie ôta du meilleur des mondes environ neuf à dix mille coquins qui en infectaient la surface. La baïonnette fut aussi la raison suffisante de la mort de quelques milliers d'hommes. Le tout pouvait bien se monter à une trentaine de mille âmes. Candide, qui tremblait comme un philosophe, se cacha du mieux qu'il put pendant cette boucherie héroïque.
Enfin, tandis que les deux rois faisaient chanter des Te Deum chacun dans son camp, il prit le parti d'aller raisonner ailleurs des effets et des causes. Il passa par-dessus des tas de morts et de mourants, et gagna d'abord un village voisin ; il était en cendres : c'était un village abare que les Bulgares avaient brûlé, selon les lois du droit public. Ici des vieillards criblés de coups regardaient mourir leurs femmes égorgées, qui tenaient leurs enfants à leurs mamelles sanglantes ; là des filles éventrées après avoir assouvi les besoins naturels de quelques héros rendaient les derniers soupirs ; d'autres, à demi brûlées, criaient qu'on achevât de leur donner la mort. Des cervelles étaient répandues sur la terre à côté de bras et de jambes coupés.
Extrait de l’incipit du Paysan parvenu de Marivaux
Le titre que je donne à mes Mémoires annonce ma naissance ; je ne l’ai jamais dissimulée à qui me l’a demandée, et il semble qu’en tout temps Dieu ait récompensé ma franchise là-dessus ; car je n’ai pas remarqué qu’en aucune occasion on en ait eu moins d’égard et moins d’estime pour moi.
J’ai pourtant vu nombre de sots qui n’avaient et ne connaissaient point d’autre mérite dans le monde, que celui d’être né noble, ou dans un rang distingué. Je les entendais mépriser beaucoup de gens qui valaient mieux qu’eux, et cela seulement parce qu’ils n’étaient pas gentilshommes ; mais c’est que ces gens qu’ils méprisaient, respectables d’ailleurs par mille bonnes qualités, avaient la faiblesse de rougir eux-mêmes de leur naissance, de la cacher, et de tâcher de s’en donner une qui embrouillât la véritable, et qui les mît à couvert du dédain du monde.
Or, cet artifice-là ne réussit presque jamais ; on a beau déguiser la vérité là-dessus, elle se venge tôt ou tard des mensonges dont on a voulu la couvrir ; et l’on est toujours trahi par une infinité d’événements qu’on ne saurait ni parer, ni prévoir ; jamais je ne vis, en pareille matière, de vanité qui fît une bonne fin.
C’est une erreur, au reste, que de penser qu’une obscure naissance vous avilisse, quand c’est vous-même qui l’avouez, et que c’est de vous qu’on la sait. La malignité des hommes vous laisse là ; vous la frustrez de ses droits ; elle ne voudrait que vous humilier, et vous faites sa charge, vous vous humiliez vous-même, elle ne sait plus que dire. Les hommes ont des mœurs, malgré qu’ils en aient ; ils trouvent qu’il est beau d’affronter leurs mépris injustes ; cela les rend à la raison. Ils sentent dans ce courage-là une noblesse qui les fait taire ; c’est une fierté sensée qui confond un orgueil impertinent.
Lire Le Paysan parvenu sur Wikisource >
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