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Oeuf

Définitions de « oeuf »

Trésor de la Langue Française informatisé

OEUF, subst. masc.

I.
A. − Corps arrondi et dur que produisent les femelles des oiseaux, qui est constitué d'une coquille calcaire renfermant le germe de l'embryon et les substances de réserve destinées à nourrir celui-ci pendant l'incubation. OEuf d'autruche, de cane, de merle, d'oie, de pigeon, de poule; pondre, couver un oeuf; couvaison, incubation, éclosion de l'oeuf. Le nid ravagé d'une hirondelle, d'un pinson ou d'un rossignol, avec les écailles de ses petits oeufs gris éparses à terre (Lamart.,Tailleur pierre, 1851, p.398):
1. ... quittant le rocher nuptial, l'espoir de la progéniture, toutes [les femelles des guillemots] s'envolèrent en poussant des clameurs horriblement stridentes. (...) nous étions honteux du vacarme, et surtout lorsque nous vîmes tous les oeufs malheureux délaissés, plus maintenus contre la pierre, dégringoler de la falaise. (...) Certaines couveuses plus dévouées tentèrent en s'envolant d'emporter l'oeuf entre leurs pattes, mais leur oeuf bientôt échappé s'était éclos sur la mer bleue. Gide,Voy. Urien, 1893, p.55.
B. − En partic.
1. OEuf de poule, utilisé dans l'alimentation. Synon. (lang. des enfants) coco2.Les poules en liberté picoraient de menus vermisseaux et les petits cailloux qui devaient former la coquille de leurs oeufs (Pergaud,De Goupil, 1910, p.104):
2. −Notre domestique (...) nous envoie des oeufs; sur la coquille, pour économiser trois sous de timbre, il écrit ses lettres. On peut lire: «Bonjour, monsieur et madame. Moi je vais bien, et vous de même». Avec deux douzaines d'oeufs, on a une lettre complète. Renard,Journal, 1897, p.435.
SYNT. OEuf frais, gâté, pourri; oeuf du jour; blanc d'oeuf; jaune d'oeuf; gober un oeuf cru; mirer un oeuf; coquille d'oeuf (en parlant d'une couleur); boîte à oeufs.
OEuf de coq/oeuf blanc. OEuf sans jaune, de début ou de fin de ponte.
Battre un oeuf. Mélanger énergiquement le contenu d'un oeuf afin de mêler le blanc et le jaune:
3. Battez ensuite douze oeufs (les plus frais sont les meilleurs); le sauté de laitance et de thon y sera versé (...). Confectionnez ensuite l'omelette à la manière ordinaire... Brillat-Sav.,Physiol. goût, 1825, p.317.
Battre des blancs d'oeufs en neige. V. neige2II E 2.
OEuf + déterminant précisant un mode de préparation culinaire.OEuf dur, mollet; oeuf frit; oeuf en gelée, en meurette, à la russe.
OEuf à la coque*.
OEufs à la crème. OEufs sortis de leur coquille, placés dans de la crème fraîche préalablement chauffée et cuits au four ou au bain-marie. Vous n'oublierez pas au moins de me donner mes oeufs à la crème dans une assiette plate? (Proust,Swann, 1913, p.57).
OEufs au bacon*. OEufs brouillés*. OEuf mimosa*. OEuf poché.
OEuf sur le plat, au plat (moins fréq.). OEuf sorti de sa coquille et cuit à la poêle dans du beurre à peine fondu. Je ne suis pas meilleure qu'une autre, (...) mais je sais bien faire un oeuf sur le plat. Quand je saurai me tailler une chemise, je ne serai pas bête (Renard,Journal, 1908, p.1215).
[Entremets sucrés] OEufs à la neige*, oeufs au lait*.
2. En partic.
a) OEufs rouges (vieilli). OEufs durs dont la coquille est teinte en rouge, que l'on confectionne à l'occasion de Pâques. C'était le jeudi saint, quand les cloches sonnent, avant qu'elles partent pour Rome, et qu'on fait cuire les oeufs rouges (Claudel,Violaine, 1892, iv, p.560):
4. Gaspard naquit le beau jour du lundi de Pâques, où les anciens Ambertois allaient s'égayer et manger des oeufs rouges dans les verts prés de Roddes, près de la fontaine d'eau piquante. Pourrat,Gaspard, 1922, p.49.
b) OEuf de Pâques. OEuf dur, dont la coquille est colorée ou décorée, que les enfants vont traditionnellement chercher de maison en maison, ou qui sont déposés à leur intention dans les jardins, au moment de Pâques. C'est l'oeuf de Pâques. (...) Aux gamins [les enfants de choeur], on donne un oeuf teint en rouge, en jaune ou en bleu, où l'on fait des dessins en y laissant couler de la bougie (Renard,Journal, 1898, p.480):
5. Ce que je les ai aimées dans mon enfance provinciale, les vieilles cloches (...) et pour la tendre légende attachée à leur mutisme pieux (...) et aussi pour les beaux oeufs de Pâques, teints de violet, de bleu pâle et de rose vif, qu'elles semaient, de ci, de là, dans les plants de salades et les bordures de buis... Lorrain,Sens. et souv., 1895, p.2.
P. anal. Confiserie en forme d'oeuf, plein ou creux et rempli de friandises, qui se confectionne surtout pour Pâques. OEuf en chocolat; oeufs à la liqueur; oeuf enrubanné. Un matin, Charlotte trouvait sur une chaise au chevet de son lit un oeuf en sucre rose, presque aussi grand qu'elle (Beauvoir,Mém. j. fille, 1958, p.12).
Au plur. Présent à l'occasion de Pâques:
6. 1eravril. −Aux Maritain en leur envoyant une copie de mon chapitre sur le «paradis»: «Voilà, mes chers filleuls, ce que vous offre le parrain, en manière d'oeufs de Pâques (...)» Bloy,Journal, 1907, p.342.
C. − Loc., expr. et proverbes
1. [P. réf. à la fragilité de l'oeuf]
Avoir un oeuf sous le pied (dans le lang. des automobilistes). Appuyer très légèrement sur la pédale d'accélération, pour diminuer la consommation de carburant (d'apr.Rob. Suppl. 1970).
(Exécuter la) danse des oeufs. (Exécuter l')attraction qui consiste à passer, les yeux bandés, entre des oeufs disposés par terre en damier. Le Léandre (...) suspendant ses pas comme une bohémienne qui exécute la danse des oeufs (Gautier,Fracasse, 1863, p.126).
P. métaph.:
7. [Robert] appelle une conversation avec papa: la danse des oeufs, parce qu'il faut pirouetter habilement parmi les sujets délicats en tâchant de ne pas les frôler. Gide,École femmes, 1929, p.1264.
Marcher (comme) sur des oeufs. V. marcher1II A 3 a.Au fig. Agir avec une extrême circonspection dans une situation délicate (d'apr. Ac. 1835-1935).
Mettre tous ses oeufs dans le même panier. Placer toutes ses ressources dans une même entreprise, au risque de tout perdre. Décampons ensemble, partageons la somme afin de ne pas mettre tous les oeufs dans un panier, et marions-nous (Balzac,Splend. et mis., 1844, p.344).
Proverbe. On ne fait pas d'omelette sans casser* des oeufs.
2. [P. réf. au fait que l'oeuf est une chose qui a peu de valeur]
Proverbes. Donner un oeuf pour avoir un boeuf*. Qui vole un oeuf vole un boeuf*. Tuer la poule* aux oeufs d'or.
Expr., pop. Va te faire cuire un oeuf! [Formule utilisée pour se débarrasser d'un importun] Synon. va te faire voir (fam.), va te faire foutre (vulg.).Ta vieille (...) qu'elle aille se faire cuire un oeuf! (Simonin,Cave se rebiffe, 1954, p.97).
3. [P. réf. à l'aspect ou à la conformation de l'oeuf]
a) [En parlant de choses]
Aux oeufs, loc. adj. ou adv., pop. Parfait. Synon. au poil, aux pommes.Ça serait aux oeufs, si t'es libre, bien entendu. −Si je suis libre! Quand est-ce qu'on commence? (A. Le Breton,Les Pégriots, Paris, Le Livre de poche, 1980, p.271).
Être égal (à qqn) comme deux oeufs (fam., vieilli). Être indifférent. Tant pis pour la maison qu'il faut abattre afin de sauver toutes les autres! Moi, messieurs, quand l'intérêt du roi parle, ces choses-là me sont égales comme deux oeufs (Stendhal,L.Leuwen, t.3, 1835, p.81).
Être plein comme un oeuf (fam.). Être tout à fait plein. La grande salle était pleine comme un oeuf; il avait fallu tout ouvrir, les portes et les fenêtres, pour respirer (Erckm.-Chatr.,Hist. paysan, t.1, 1870, p.140).
Se ressembler comme deux oeufs (fam., vx). [En parlant de deux choses] Être parfaitement semblables (d'apr. Ac. 1835, 1878).
b) [En parlant de pers.]
OEuf (pop.). Niais, nigaud. Quel oeuf! V. chiard ex. de Barbusse.
Faire l'oeuf (pop.). Faire l'idiot. Léon, qu'on lui a dit, le matin où il débutait, fais pas l'oeuf dans ta nouvelle place, te fais pas repérer pour tes idées à la manque (Céline,Voyage, 1932, p.579).
Crâne d'oeuf, tête d'oeuf (pop., parfois utilisé comme injure, et ironique). [P. réf. au fait que les intellectuels passent pour avoir un front allongé et dégarni] Intellectuel. L'enquête conduite l'an dernier par Jacques Delors, une des «têtes d'oeuf» du parti socialiste, aujourd'hui enseignant à l'Université Paris-Dauphine (Le Point, 5 avr. 1976, p.102, col. 3):
8. Quelques savants qui, ces jours-ci, confortablement installés à Pasadena, dans un immeuble climatisé du paradis californien, font, paraît-il, joujou avec un appareil plutôt laid −Viking −qu'ils ont réussi à expédier là-bas [sur Mars] et qui gratouille le sol; de temps à autre, l'un de ces crânes d'oeuf, la mine soucieuse, accepte de faire quelques confidences à un journaliste blasé. Le Point, 16 août 1976, p.44, col. 1.
Être plein comme un oeuf (pop.). Être repu ou saoul:
9. Je vous préviens que l'adjudant-major se doute que vous vous rincez la gueule à longueur de journée! Sûrement qu'il y en a eu un, plein comme un oeuf, qui est allé lui rouler dans les jambes! Vercel,Cap. Conan, 1934, p.23.
Tondre sur un oeuf, sur les oeufs (vieilli); tondre un oeuf (pop.). Être pingre. Avec ça, ils auraient tondu un oeuf. Des pingres, quoi! Des gens qui cachaient leur litre, quand on montait, pour ne pas offrir un verre de vin (Zola,Assommoir, 1877, p.499).
4. [P. allus. à une anecdote historique] Être comme, ressembler à l'oeuf de Christophe Colomb. Être facile à réaliser à condition de faire preuve d'ingéniosité. Cette solution ressemble à l'oeuf de Christophe Colomb tant elle semble s'imposer. Mais peut-être le fait d'être si évidente l'empêche-t-elle d'être perçue? (Le Monde, 13 mars 1982, p.2, col. 6).
5. Sortir de l'oeuf (fam.). Être d'une naïveté juvénile ou être frais émoulu (d'un établissement). Des polytechniciens, aux yeux aveugles derrière leurs binocles, des saints-cyriens sortant de l'oeuf! (Mauriac,Journal 2, 1934, p.126).
D. − P.anal.
1.
a) Objet, creux ou plein, de forme ovoïde. Un ancien oeuf à chapelet en nacre (Colette,Cl. école, 1900, p.136).
En oeuf, loc. adj. En forme d'oeuf. C'était un petit homme (...) la tête était en oeuf, toute en hauteur (Huysmans,Là-bas, t.1, 1891, p.209).
Crâne d'oeuf. Crâne chauve. Il ne s'est pas regardé, avec son nez en bec de corbeau et son crâne d'oeuf (Vailland,Drôle de jeu, 1945, p.250).
b) Spécialement
ARTS MÉN. OEuf (à repriser). Boule ovoïde, généralement en buis, que l'on utilise pour faire des reprises (aux bas et aux chaussettes notamment). Il tournait des coquetiers de buis, ou bien, ces billes ovales, qu'on appelle des «oeufs», et qui servent aux ménagères à ravauder leurs bas (Mirbeau,Journal femme ch., 1900, p.102).
HORLOG. OEuf de Nuremberg. Montre dont le boîtier est ovoïde, que l'on fabriquait à Nuremberg. Une grosse montre, un oeuf de Nuremberg, (...) curieusement émaillée de diverses couleurs, constellée de brillants (Gautier,Fracasse, 1863, p.106).
SKI. Position en oeuf et, p.ell., oeuf. Position destinée à accroître la vitesse du skieur (skis légèrement écartés et parallèles, buste en avant, tête relevée et genoux fléchis). La grande victime de ces échecs, écrit Henri Bonnet, était notre position de recherche de vitesse, le fameux oeuf français (GautratSki1969).
c) Arg., fam. ou pop.
Pop. Ecchymose enflée au visage. Le cadet recevait sans mot dire, en plein front, une échelle de six mètres, et rapportait avec modestie un oeuf violacé entre les deux yeux (Colette,Mais. Cl., 1922, pp. 14-15).
Arg. du rugby. Ballon ovale utilisé pour jouer au rugby. Toi aussi on te mettra aux Invalides quand (...) tu n'auras plus le coeur de te coucher sur l'oeuf, de plaquer aux jambes (Arnoux,Suite var., 1925, p.42).
Fam. OEuf colonial. Ventre proéminent qui se remarque souvent chez les personnes ayant vécu longtemps outre-mer. Un petit homme au crâne rose, poussant devant lui un gilet exténué par cette sorte de ventre qu'on appelait jadis «l'oeuf colonial» (H. Bazin,L'Église verte, Paris, Le Livre de poche, 1983 [1981], p.138).
Pop. OEufs sur le plat. Poitrine de femme menue et plate. Vise la môme et ses oeufs sur le plat (Sandry-Carr.1963).
2. OEuf de mer. Oursin:
10. ... les chercheurs de fruits de mer (...) le coupent [l'oursin] en quatre et le mangent cru, comme l'huître. Quelques-uns trempent leur pain dans cette chair molle. De là son nom, oeuf de mer. Hugo,Travaill. mer, 1866, p.257.
E. − [Dans une comparaison, pour évaluer le volume d'une chose] Des grêlons gros comme des oeufs de pigeon. Vous êtes sortie du palais avec tous vos bijoux. Votre broche seule a des perles grosses comme un oeuf (Cocteau,Machine infern., 1934, i, p.57).
II. − Produit des femelles ovipares. OEufs d'esturgeon, de saumon; oeufs d'insectes; oeufs de couleuvre, de grenouille, de seiche. Un lézardet à peine déroulé de l'oeuf, déjà tout vert avec des gouttes d'eau à tous ses ongles (Giono,Gd troupeau, 1931, p.208).L'oeuf d'oursin ne produit pas directement un petit oursin, mais une larve (...) qui ressemble à une petite tour Eiffel translucide (J. Rostand,La Vie et ses probl., 1939, p.46).
OEuf de fourmi. Larve de fourmi. Ce Vulcain, du nom de Trouduc, (...) est tellement riche, (...) qu'il dépense 80.000 francs chaque année, en oeufs de fourmis pour la nourriture de ses faisans (Bloy,Journal, 1900, p.28).
III. − Spécialement
A. − EMBRYOLOGIE
1. Première cellule d'un être vivant à reproduction sexuée, résultant de la fusion de deux cellules reproductrices (mâle et femelle). Synon. zygote.P. méton. Cette même cellule ayant subi des divisions. Nidation, segmentation de l'oeuf. L'oeuf (c'est-à-dire l'ovule fécondé) est un véritable trait d'union entre les deux progéniteurs puisqu'il est commun à leurs deux substances (Bergson,Évol. créatr., 1907, p.43):
11. Le premier acte du développement, c'est la fusion de la cellule femelle avec la cellule mâle. Quelques heures plus tard, l'ovule −devenu l'oeuf −se partage en deux cellules, dont chacune, après un nouveau délai de quelques heures, se partagera en deux, et ainsi de suite, jusqu'à ce que l'oeuf se trouve découpé en un certain nombre de cellules plus petites. J. Rostand,La Vie et ses probl., 1939, p.35.
OEuf (vierge). Cellule reproductrice femelle avant sa fécondation. Synon. oosphère, ovule.Nous ne comprenons pas non plus la participation de deux organismes à un même processus physiologique, tel que la fécondation de l'oeuf par le spermatozoïde (Carrel,L'Homme, 1935, p.238).
2. Au fig. Commencement, stade initial du développement de quelque chose. L'idée première, le croquis, qui est en quelque sorte l'oeuf ou l'embryon de l'idée, est loin ordinairement d'être complet (Delacroix,Journal, 1854, p.169).Il était patriote, moi je ne le suis pas, parce que, le patriotisme, c'est encore une religion. C'est l'oeuf des guerres (Maupass.,Contes et nouv., t.2, Oncle Sosthène, 1882, p.21).
Loc. verb. Écraser, étouffer, tuer (ou un verbe du même paradigme) dans l'oeuf. Anéantir quelque chose dans sa phase initiale, avant sa complète manifestation. ÉdouardVII aurait pu pousser au conflit immédiat. Plus d'un faiseur de pronostics annonçait qu'il y aiderait, pour écraser dans l'oeuf la nouvelle flotte allemande (Maurras,Kiel et Tanger, 1914, p.174):
12. ... du reste, l'affaire ne fera aucun tapage. Si je ne l'étouffais dans l'oeuf et ne faisais le nécessaire pour épargner, et à vous, qui êtes un gentil garçon, et au gouvernement, qui n'a pas besoin de ça, des complications superflues, vous me prendriez pour un daim. Courteline,Ronds-de-cuir, 1893, 6etabl., II, p.233.
B. − OBSTÉTR. Produit de la conception au cours de son développement intra-utérin, comprenant l'embryon ou le foetus et leurs annexes (d'apr. Man.-Man. Méd. 1980).
Loc. pop. Casser ses oeufs. ,,Accoucher avant terme`` (Littré). Casser son oeuf. ,,Faire une fausse-couche`` (Car. Argot 1977).
IV.
A. − ALCHIM. OEuf philosophique ou oeuf des Sages. Matière initiale préparée pour produire la transmutation des métaux. C'est (...) à l'idée de germe, mais de germe d'une vie spirituelle, que se réfère la tradition alchimique de l'oeuf philosophique (Symboles1968).
B. − MYTHOL. et PHILOS. ANC. OEuf d'Orphée ou oeuf primitif. Symbole du principe fécondant de la nature (d'apr. DG).
Prononc. et Orth.: [oef], plur. [ø] et, parfois, [oef]. On ne dit plus un oeu(f) frais, oeu(f) dur (en dernier lieu ds Littré). Mart. Comment prononce 1913, p.231, signale, quant au plur., une répartition qu'il qualifie lui-même de «curieuse»: trois oeu(fs), douze oeu(fs), en présence d'un [z] de liaison, mais quatre oeufs, huit oeufs, combien d'oeufs. Observation identique ds Fouché Prononc. 1959, p.421. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1120-34 of «corps plus ou moins gros, dur et arrondi que produisent les femelles des oiseaux et qui contient le germe de l'embryon et les substances destinées à le nourrir pendant l'incubation» (Philippe de Thaon, Bestiaire, éd. E. Walberg, 1265: ses os pundra); 1830 écraser une chose dans l'oeuf (Hugo, Hernani, p.48); 1846 sortir de l'oeuf au fig. (Balzac, Cous. Bette, p.64); 2. a) xiiies. «ce corps produit par la poule, utilisé comme aliment» (Aucassin et Nicolette, éd. M. Roques, XXX, 17); ca 1306 oefs durs (Joinville, Vie St Louis, éd. N. L. Corbett, § 376); 1399 eufs de Pasques «oeufs que les enfants vont demander aux portes à Pâques» (A. N. JJ 154, fo264 rods Gdf. Compl.); b) loc. et expr. 1526 tondre sur ung oeuf «faire son profit de tout» (Cl. Marot, L'Enfer, 122 ds OEuvres satiriques, éd. C. A. Mayer, p.59); 1640 plein comme un oeuf (Oudin Curiositez); 1680 ne pas mettre tous ses oeufs dans un panier (Boursault, Lett. nouv., t.III, p.394 ds Pougens ds Littré); 1690 marcher sur des oeufs (Fur., s.v. marcher); 1842 c'est l'oeuf de Colomb (d'apr. Gottsch., p.440, peut-être l'attest. de L. Jourdan ds Lar. 19e) ; 1954 aller se faire cuire un oeuf (Simonin, loc. cit.); 3. 4equart xives. «produit de la ponte des femelles ovipares en général, reptiles, insectes, poissons, batraciens» oeufvres des brochés (Taillevent, Viandier, éd. Pichon-Vicaire, p.67); 4. 1690 ``chez les mammifères, semence`` (Fur.); 5. a) 1765 oeuf de mer (Encyclop. t.11); b) 1845 «morceau de bois en forme d'oeuf qui sert à repriser les bas» (Besch.); 6. 1860 fam. «nigaud» (d'apr. Esn.); 1932 fais pas l'oeuf! (Céline, Voyage, p.579); 7. ca 1960 sports (d'apr. Gautrat Ski). D'un lat. pop. *ovum, issu du lat. class. ovum «oeuf», devenu oumo s'est ouvert par dissimilation puis *ovum refait sur le plur. ova (cf. Bl.-W.5). Fréq. abs. littér.: 2244. Fréq. rel. littér.: xixes.: a)2317, b) 3754; xxes.: a) 3435, b) 3488.
DÉR. 1.
OEufrier, subst. masc.a) Ustensile de cuisine en fil métallique, où l'on dispose des oeufs que l'on veut cuire à la coque et que l'on plonge dans l'eau bouillante. (Dict. xxes.). b) Pièce de vaisselle destinée à présenter à table des oeufs à la coque dans leurs coquetiers. OEufrier en faïence (Lar. mén. 1926). c) Récipient destiné à ranger, à transporter des oeufs. OEufrier de réfrigérateur (Pt Rob. 1980). [oefʀije]. 1resattest. a) 1840 «ustensile de cuisine permettant de faire cuire plusieurs oeufs à la coque» (Ac. Compl. 1842), b) 1903 «plateau destiné à recevoir des coquetiers» (Nouv. Lar. ill.); de oeuf, suff. -ier, avec un -f- peut-être dû à l'infl. de gaufrier*.
2.
OEuvé, -ée, adj.[En parlant d'un poisson femelle] Qui contient des oeufs. Hareng oeuvé; carpe, truite oeuvée. (Dict. xixeet xxes.). p.métaph. La foi à une chute prochaine de M. B. est dans l'air; on me l'écrit de toutes parts. Charles disait tout à l'heure en fumant son cigare: 1855 sera une année oeuvée (Hugo,Corresp., 1855, p.204). [oeve]. Att. ds Ac. dep. 1694. 1resattest. a) 1erquart xiiies. «enflé, gros» (Reclus de Molliens, Charité, 117, 3 ds T.-L.), en a. fr. seulement, b) a/) subst. ca 1393 «oeufs que porte un poisson» (Ménagier, éd. Sté Bibliophiles, II, 88), b/) adj. 1575 «plein d'oeufs» poisson ... ouvé (Thevet, Cosmogr., X, 10 ds Hug.); de oeuf, suff. *.
BBG.Arnould (G.). Ling. et alim. In: La Géogr. alim. en France... Nancy, 1981, pp. 11-22. _ Darm. 1877, p.108 (s.v. oeufrier). −Quem. DDL t.24. _ Scherwinsky (F.). Die Neologismen in der modernen französischen Science-Fiction. Meisenheim, 1978, p.375.

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

ŒUF. (Dans ce mot, on ne prononce l'F qu'au singulier.) n. m.
Masse de matière arrondie et enveloppée d'une coque calcaire, que pond la femelle des oiseaux et qui renferme le germe de l'oiseau futur, enveloppé de liquides destinés à nourrir celui-ci jusqu'à son éclosion. Œuf de poule, de canard, de pigeon, d'autruche, etc. Les oiseaux pondent des œufs, couvent des œufs. Faire éclore des œufs. Le mâle et la femelle ont abandonné leurs œufs.

ŒUF se dit absolument pour l'Œuf de poule employé comme aliment. Blanc d'œuf. Jaune d'œuf. Coquille d'œuf. Œuf frais. Une douzaine d'œufs. Faire cuire des œufs à la coque, sur le plat, au beurre noir, brouillés, pochés, etc. Œuf mollet. Œuf dur. Gober un œuf. Battre des œufs pour faire une omelette. Des œufs farcis. Battre des blancs d'œufs. Des œufs au lait, à la neige. Œufs rouges, Œufs durs dont la coque est teinte en rouge et qu'il est d'usage de vendre vers le temps de Pâques. Par analogie, Œuf de Pâques, Sorte de friandise, en sucre ou en chocolat, qui a la forme d'un œuf. Fig. et fam., Donner un œuf pour avoir un bœuf, Faire un léger présent dans l'espoir d'en obtenir en retour un considérable. Fam., Plein comme un œuf, Tout à fait plein. Fam., Il tondrait sur un œuf se dit d'un Homme fort avare, qui cherche à faire du profit sur les moindres choses. Fig. et fam., Mettre tous ses œufs dans le même panier, Placer tous ses fonds dans une même affaire. Il signifie aussi Faire dépendre d'une seule chose son sort, sa fortune, son bonheur, etc. Fig. et fam., Marcher sur des œufs, Marcher avec une précaution excessive. Il signifie aussi Être obligé par des circonstances délicates de se conduire avec une extrême circonspection.

ŒUF se dit, par analogie, d'un Objet en bois, en forme d'œuf de poule, dont on se sert pour repriser plus commodément les bas. Il se dit aussi, par extension, des Produits des animaux vivipares qui servent à leur reproduction. Œuf de poisson. Œuf de serpent. Œuf de fourmi, de ver à soie. Il signifie encore, au figuré, Germe, principe, commencement. Tuer dans l'œuf. Écraser une sédition dans l'œuf.

Littré (1872-1877)

OEUF (euf ; au pluriel, l'f ni l's ne se prononcent : des eû ; l's se lie : des eû-z au beurre noir ; d'après Chifflet, Gramm. p. 208, au XVIIe siècle, au singulier l'f ne sonnait pas devant les consonnes, et devant les voyelles il était indifférent de la prononcer ou non ; aujourd'hui encore quelques-uns disent un eu frais, un eu dur) s. m.
  • 1Masse qui se forme dans les ovaires et les oviductes des oiseaux, et qui, sous une enveloppe commune, renferme le germe animal futur (ovule), et certains liquides destinés à le nourrir pendant quelque temps. Des œufs de rossignol. Les oiseaux viennent d'œufs, pondent des œufs, couvent des œufs. On a pris la mère sur les œufs. Dès qu'un œuf est pondu, il commence à transpirer, et perd chaque jour quelques grains de son poids par l'évaporation des parties les plus volatiles de ses sucs, Buffon, Ois. t. III, p. 112. Ces œufs [d'autruche] sont très durs, très pesants et très gros ; mais on se les représente quelquefois encore plus gros qu'ils ne sont, en prenant des œufs de crocodiles pour des œufs d'autruche, Buffon, ib. t. II, p. 252. L'œuf de poule est composé de blanc, de jaune, de ligaments qu'on nomme glaire, de la cicatricule, d'une membrane mince intérieure, et d'une coquille solide placée au dehors et servant d'enveloppe à toutes les parties qui en constituent l'ensemble, Fourcroy, Connaiss. chim. t. X, p. 307, dans POUGENS.
  • 2 Absolument, œufs se dit pour œufs de poule, qui sont d'un grand usage comme aliment. Un œuf mollet. Un œuf dur. Une omelette de six œufs. Elle [la grenouille] qui n'était pas grosse en tout comme un œuf, La Fontaine, Fabl. I, 3. Notre laitière ainsi troussée Comptait déjà dans sa pensée Tout le prix de son lait, en employait l'argent, Achetait un cent d'œufs, faisait triple couvée, La Fontaine, ib. VII, 10. Il [Charlemagne] ordonnait qu'on vendit les œufs des basses-cours de ses domaines et les herbes inutiles de ses jardins, Montesquieu, Esp. XXXI, 18. Pour juger qu'un œuf est frais, les ménagères le présentent à la lumière d'une chandelle : s'il est transparent et plein, c'est la preuve qu'il vient d'être pondu, Parmentier, Instit. Mém. scienc. 1806, 2e sem. p. 47.

    Œuf à la mouillette, œuf à la coque, œuf cuit dans la coquille de manière que le blanc soit seul pris, et que le jaune reste liquide.

    Œufs clairs, œufs qui n'ont pas été fécondés par le coq. Ces œufs pondus sans coq sont ce qu'on appelle vulgairement des œufs clairs, et l'on ne sait pourquoi ils ont été accusés d'être moins sains et moins savoureux que les autres, Parmentier, Instit. Mém. scienc. 1806, 2e sem. p. 37.

    Œufs rouges, ou œufs de Pâques, œufs durcis dont la coque est teinte en rouge et qu'on vend vers le temps de Pâques. Autrefois c'était l'usage le lundi de Pâques de donner aux enfants des œufs durcis et teints, avec lesquels ils jouaient à certains jeux ; cet usage tend à se remplacer par l'usage d'œufs en carton dans lesquels on met comme dans une boîte de petits jouets et des bonbons. Mme R… était vêtue d'un rouge foncé qui lui sied mal ; et notre ami lui disait : Comment ! chère sœur, vous voilà belle comme un œuf de Pâques, Diderot, Mém. t. I, p. 339, dans POUGENS.

    Œufs de Pâques, dans le Midi, œufs que les paroissiens donnent à leur curé qui va bénir les maisons.

    Fig. et familièrement. Donner à quelqu'un ses œufs de Pâques, lui faire quelque présent à Pâques. Ô mes anges, daignez recevoir pour vos œufs de Pâques ce Droit du seigneur [comédie de Voltaire], Voltaire, Lett. d'Argental. 10 avr. 1762.

    Œuf blanc, celui qui ne renferme pas de jaune.

    Œuf de coq ou cocatrix, œuf regardé par la superstition populaire comme résultat de l'accouplement d'un serpent et d'une poule, ou d'un vieux coq et d'une couleuvre ; ce n'est qu'un œuf avorté de poule qui a de la ressemblance avec les œufs véritables de couleuvres, dont la présence est assez fréquente dans les poulaillers. Le cultivateur du Bocage qui trouve un œuf de coq dans sa basse-cour se signe et l'écrase du pied, de peur qu'il ne soit trouvé par un chat ; condition nécessaire pour qu'un basilic vienne au monde, Viaud-Grand-Marais, les Serpents de la Vendée, dans Revue de Paris, 20 nov. 1867, p. 286.

    Fig. Marcher sur des œufs, aller avec précaution, ménagement. Le premier [Villeroy] était vendu au duc du Maine ; l'autre [l'évêque de Troyes], marchant sur des œufs, n'osait être que complaisant, Saint-Simon, 422, 93. Dubois avait marché sur des œufs à l'égard du parlement, Saint-Simon, 508, 199. Je marche sur des œufs entre ces deux partis, Mme du Deffand, Lett. à H. Walpole, t. II, p. 207, dans POUGENS.

    Plein comme un œuf, tout à fait plein.

    Être plein comme un œuf, avoir bien mangé.

    Chercher à tondre sur un œuf, agir en avare qui cherche à faire du profit sur les moindres choses.

    Fig. Il pond sur ses œufs, il couve ses œufs, se dit d'un homme riche qui n'a pas besoin de travailler.

    Fig. Mettre tous ses œufs dans un même panier, mettre tout son avoir dans une même entreprise, dans un même placement, de manière que, s'il y a un revers, on perdra tout ; et aussi faire dépendre d'une seule chose son sort, sa fortune, son bonheur. Je jure de ne plus mettre Tous mes œufs dans un panier, Boursault, Lett. nouv. t. III, p. 394, dans POUGENS.

    Se ressembler comme deux œufs, se dit de choses qui se ressemblent tout à fait. Un œuf n'est pas plus semblable à un œuf que les observations de Bullus le sont aux miennes, Jurieu, dans BOSSUET 6e avert. 80.

    Cela est égal comme deux œufs, se dit d'une chose indifférente.

    Fig. Donner un œuf pour avoir un bœuf, faire de petits présents dans l'espérance d'en recevoir de gros en retour. Comme il n'y a pas de proportion entre ces choses-là, je n'aime point à donner un œuf pour avoir un bœuf, Rousseau, Lett. à Panckoucke, 21 déc. 1764.

    Je ne lui ai dit ni œuf ni bœuf, je ne lui ai dit ni grosse ni petite injure.

    Il ne saurait pas tourner un œuf, se dit d'un maladroit qui ne sait rien faire.

    Il aimerait mieux deux œufs qu'une prune, se dit d'un homme qui ne fait pas le dégoûté.

    Ris-t-en, Jean, on te frit des œufs, se dit pour se moquer de quelqu'un qui rit.

    Populairement. Elle a cassé ses œufs, se dit d'une femme qui accouche avant terme.

  • 3 Par extension, le nom d'œufs se donne aux produits, analogues aux œufs des oiseaux, qui se forment dans le corps des femelles appartenant à de tout autres classes d'animaux. Œufs de couleuvre. Œufs de brochet. Un œuf de tortue. Des œufs de ver à soie. Il est des œufs d'insectes qui ont une sorte de couvercle que le petit fait sauter ou qu'il soulève pour venir au jour, Bonnet, Contempl. nat. Œuv. t. VIII, p. 327, dans POUGENS.

    Œufs de fourmis, très petits œufs, presque imperceptibles, qui donnent naissance aux larves et nymphes, dites improprement œufs de fourmis (voy. FOURMI).

  • 4Chez les mammifères, on donne le nom d'œuf au produit de la conception, quand il est parvenu dans la matrice ; jusque-là il porte celui d'ovule.
  • 5En un sens plus général, dans le langage des physiologistes, œuf désigne à la fois l'ovule ou germe dont l'existence est absolument générale, et l'œuf proprement dit qui résulte de l'addition successive à l'ovule de nouvelles parties durant son évolution et son trajet. Harvey prétend que l'homme et tous les animaux viennent d'un œuf, que le premier produit de la conception chez les vivipares est une espèce d'œuf, et que la seule différence qu'il y ait entre les vivipares et les ovipares, c'est que les fœtus des premiers prennent leur origine, acquièrent leur accroissement, et arrivent à leur développement entier dans la matrice, au lieu que les fœtus des ovipares prennent à la vérité leur première origine dans le corps de la mère, où ils ne sont encore qu'œufs…, Buffon, Hist. anim. chap. 5. Il [Vallisnieri] ajoute qu'il est persuadé que l'œuf est caché dans la cavité du corps glanduleux [l'ovaire], et que c'est là où se fait tout l'ouvrage de la fécondation, quoique, dit-il, ni moi ni aucun des anatomistes en qui j'ai eu pleine confiance, n'ayons jamais vu, ni trouvé cet œuf, Buffon, ib.
  • 6 Terme d'anatomie. Œufs de Graaf, ou vésicules de Graaf, petits sacs membraneux qui se trouvent dans l'ovaire.

    Œufs de Naboth, nom donné à des concrétions globuleuses distendant les follicules qui occupent la membrane interne du col de l'utérus.

  • 7Œuf de serpent, espèce d'amulette des druides, auquel ils attribuaient de grandes vertus, et qu'ils croyaient formé de la bave des serpents, lorsqu'ils étaient entortillés ensemble.
  • 8Œuf primitif, ou œuf d'Orphée, symbole mystérieux de certains philosophes anciens pour désigner le principe intérieur de fécondité.

    Œuf philosophique, la matière préparée des alchimistes, pour produire le grand œuvre, ou transmutation des métaux.

  • 9Œuf de vache, œuf de chamois, espèce de bézoard, qui se trouve dans le ventre de ces animaux.
  • 10Tout ce qui a la forme d'un œuf. Les femmes se servent d'œufs en bois pour raccommoder les bas.
  • 11Se disait, chez les Grecs, de petites pièces de poésie, dont les vers, de différentes longueurs et placés les uns sous les autres, représentaient grossièrement la forme d'un œuf ; on en trouve des exemples dans l'Anthologie.
  • 12 Terme de marine. Œuf d'autruche, sorte de bouchon pour boucher les trous de boulet.
  • 13Œufs fossiles, pierres qui paraissent être des échinites.
  • 14Œuf du diable, espèce de champignon.

    Petits œufs, espèce d'agarics.

    Œufs à l'encre, à la neige, divers champignons.

  • 15Œuf marin, oursin.

    Œuf de poule ou œuf papyracé, coquille univalve.

    Œuf de vanneau, autre coquille univalve.

HISTORIQUE

XIIIe s. …Comme est l'escaille d'un uef, qui enclost et enserre ce qui est dedanz, Latini, Trés. p. 110. Et maintenant fist atourner cuir de beuf de quatre doubles, ausi ront come un oef, Ch. de Rains, p. 95. Une geline oï cover, Que desor li avoit douze oes, Ren. 23389. Atant es vos une mesenge Sor la branche d'un chesne crues [creux], Où ele avoit repost ses oes, ib. 1728.

XIVe s. Un vaisselet d'argent à mangier œufs, que donna à Monseigneur Mons r d'Estampes, De Laborde, Émaux, p. 424. Une couppe d'un euf d'autruce, et est d'argent blanc, greneté dedans, De Laborde, ib. p. 407. Lesquelz allerent demander leur potage, que en appelle eufs de pasques, Du Cange, ovum.

XVe s. Mais se je truis [si je trouve] le kokin et le sourt, Lequel on dit qu'il voelt [veut] nos oes humer…, Froissart, Poésies mss. p. 300 dans LACURNE. Et estoit son scel, sa bouche et son dire lettriage, leal comme or fin et entier comme un œuf, Chastelain, Éloge du bon duc Philippe.

XVIe s. M'as-tu donc baillé ceste bride ? M'as-tu pellé cest œuf mollet [joué ce mauvais tour] ? Rec. de farces, etc. p. 393. Huile d'œufs, Paré, V, 29. Alembic, calcinatoires, fours secrets des philosophes, œufs des philosophes, cornue, Paré, t. III, p. 638. Il partiroit un œuf en deux ; il trouveroit à tondre sur un œuf ; il ne donneroit pas un gros œuf pour un menu ; pour dire il est avare, H. Estienne, Précell. p. 77 et 78. Il est fait comme quatre œufs [mal fait, de mauvaise grâce], Oudin, Curios. franç. À l'aventure met on les œufs couver, Leroux de Lincy, Prov. t. I, p. 187. Je mange un œuf mollet, je suis bien empesché, Leroux de Lincy, ib. t. II, p. 205. Ne romps l'œuf mollet, si ton pain n'est apresté, Leroux de Lincy, ib. p. 354. Tel cuide avoir des œufs au feu, qui n'a que des escailles, Leroux de Lincy, ib. p. 420. Un œuf ne vault guere sans sel, Leroux de Lincy, ib. p. 432. Aigle né dans le haut des plus superbes aires, Ou bien, œuf supposé, puisque tu degeneres, Degeneré Henri, D'Aubigné, Tragiques, Princes.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

ŒUF. Ajoutez :
16Œuf de Nuremberg, nom ancien d'une espèce de montre fabriquée en Allemagne. Ce sont les ouvriers de Nuremberg qui firent les premières montres portatives que l'on avait à la cour de Charles IX et de Henri III… les plus ordinaires, de forme ovale ou d'amande, étaient nommées à Paris, dit-on, des œufs de Nuremberg, Journ. offic. 28 août 1876, p. 6649, 3e col.
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Étymologie de « oeuf »

Berry, œu ; bourg. eu ; wallon,  ; picard, , œuf, u, œufs ; provenç. ov, uov, ueu ; cat. ou ; espagn. huevo ; port. ovo ; ital. uovo ; du lat. ovum ; grec, ὠὸν ; all. Ei ; angl. egg. ; gaél. ubh ; bas-bret. ui ; irl. ugh. Comme on a pour ὠὸν les formes dialectales argien ὤϐεον et lesbien ὤϊον, on peut supposer, pour forme grecque primitive, ὤϝιον, répondant à ovum, et que Benfey, approuvé par Curtius, a conjecturé représenter en sanscrit un avyam, qui serait un adjectif venant d'avi, oiseau, et qui équivaudrait pour le sens à ὀρνίθειον.

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Phonétique du mot « oeuf »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
oeuf œyf

Fréquence d'apparition du mot « oeuf » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « oeuf »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « oeuf »

  • L'oeuf ne danse pas avec la pierre.
    Proverbe africain
  • Est-ce l'oeuf le père de la poule ou la poule la mère de l'oeuf ?
    Raymond Devos
  • L'amour est un oeuf frais Le mariage est un oeuf dur Et le divorce un oeuf brouillé.
    Père d'Oliban
  • Le passé est un œuf cassé, l'avenir est un œuf couvé.
    Eugène Grindel, dit Paul Eluard — Les Sentiers et les routes de la poésie, le Boniment fantastique , Gallimard
  • Qui vole un oeuf vole un boeuf.
    Proverbe français
  • Le ciel est un oeuf, la terre en est le jaune.
    Chag Heng
  • Une poule est seulement la façon d'un oeuf de faire un autre oeuf.
    Samuel Butler — Vie et habitude
  • Le passé est un oeuf cassé, l’avenir est un oeuf couvé.
    Paul Eluard — Les Sentiers et les routes de la poésie
  • Mieux vaut oeuf donné qu’oeuf mangé.
    Proverbe gallica
  • On ne demande pas à un cheval de pondre un oeuf.
    Proverbe québécois
Voir toutes les citations du mot « oeuf » →

Traductions du mot « oeuf »

Langue Traduction
Anglais egg
Espagnol huevo
Italien uovo
Allemand ei
Chinois
Arabe بيضة
Portugais ovo
Russe яйцо
Japonais
Basque arrautza
Corse ovu
Source : Google Translate API

Combien de points fait le mot oeuf au Scrabble ?

Nombre de points du mot oeuf au scrabble : 7 points

Oeuf

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