À la mords-moi le nœud : définition et origine de l'expression
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La beauté de la langue française réside dans ses multiples expressions imagées. Dans cet article, on s’intéresse à l’expression « à la mords-moi le nœud ». Cette expression populaire (certains diront vulgaire) est intéressante dans sa construction. Découvrez ci-dessous la définition et l’origine de l’expression « à la mords-moi le noeud » !
Définition de l’expression « à la mords-moi le nœud »
L’expression « à la mords-moi le noeud » désigne quelque chose de peu intéressant, qui ne sert à rien, voire de stupide ou d’idiot. On peut ainsi dire d’un arbitre qu’il est un « arbitre à la mords-moi le nœud » lorsqu’on trouve son arbitrage mauvais ou inapproprié. On dira qu’on ne veut pas lire des « articles à la mords-moi le nœud » quand ceux-ci, (contrairement, on l’espère, aux articles de ce site), sont d’une piètre qualité !
À noter qu’on trouve parfois l’expression raccourcie « à la mords-moi », qui a la même signification. Il arrive de trouver certaines variantes :
- À la mords-moi le jonc
- À la mords-moi le nez
- À la mords-moi le pif
- À la mords-moi le doigt
Variantes orthographiques :
- à la mords-moi-le-nœud
- à la mords-moi-l’nœud
Dans cette expression, le verbe « mordre » est conjugué à l’impératif. On l’écrit donc « mords » à la deuxième personne du singulier.
Synonymes de « à la mords-moi le nœud » :
- bâclé
- fait n’importe comment
- stupide
- idiot
- peu sérieux
- inutile
- à l’arrache
Origine de l’expression « à la mords-moi le nœud »
L’origine de l’expression « à la mords-moi le nœud » est incertaine. On trouve d’abord l’expression « à la mords-moi-le-jonc » en 1910, avec la même signification, dans l’ouvrage La Vie parisienne : moeurs élégantes, choses du jour, fantaisies, voyages, théâtres, musique, modes d’Émile Planat Marcellin :
Le « jonc », en argot du XXe siècle, désignait l’or. Une origine possible de cette expression serait à chercher dans les faux monnayeurs qui sévissaient au XXe siècle. Pour s’assurer qu’une pièce était bien en or, il fallait alors croquer dedans et voir si le metal résistait. D’où cette combinaison du verbe mordre et de « jonc ».
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Mais à partir de la fin du XXe siècle (le dictionnaire de l’argot Blob mentionne une occurrence en 1982), « jonc » désigne également en argot le sexe masculin. De fil en aiguille, le « jonc » a été remplacé par le « nœud », qui désigne aussi le sexe masculin, d’où l’expression « à la mords-moi le nœud ».
Une autre hypothèse sur l’origine de l’expression « à la mords-moi le nœud » est à chercher dans le domaine maritime. En effet, pour défaire un nœud mal fait, il faut bien souvent y mettre les dents ! À la mords-moi le nœud désignerait donc naturellement un ouvrage mal fait.
L’analyse des occurrences de « mords-moi le nœud » dans les textes publiés montre que celle-ci apparaît à partir de la moitié du XXe siècle :
Exemples d’usage de l’expression « à la mords-moi le nœud »
Michèle l’avait traité de cynique, lui de Mère Teresa à la mords–moi le nœud, visant bien sûr le ballot qu’elle transportait depuis Paris, au prix d’un supplément acquitté à l’aéroport.
Elisabeth Barillé, Singes
Après des discours à la mords-moi le nœud, il nous demandait notre avis. Voulant lui foutre de la poudre aux yeux, je rétorquais « A proprement parler, la dialectique de l’oligarchie rapport à la dictature du prolétariat marxiste telle que la concevait Karl Marx était une aberration pure et simple ».
Patricia Finaly, Le gai ghetto
Et sa fameuse entreprise est sans doute un squat plein d’utopistes à la mords-moi-le-nœud embrumés par le shit. Je les imagine sans peine, dix ou douze types malades entassés dans une cabane et vomissant le système.
Tristan Egolf, Jupons et violons
T’es pas de mon avis ? Je le regarde tandis qu’il s’embarque dans ses explications à la mords-moi-le-noeud.
Philippe Djian, Criminels
Et tout ça, c’est des statistiques (me dit mon père) pas une de ces histoires à la mords-moi le nœud qu’il invente rien que pour le plaisir.
Philip Roth, Portnoy et son complexe