Dare-dare : définition et origine de l'expression
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Peut-être qu’un jour, un vieil oncle, vous a dit de venir « dare-dare » ? Ou peut-être que non, après tout… Toujours est-il que nous nous intéressons à l’expression « dare-dare » dans cet article, expression populaire et un tantinet désuète. Découvrez sa signification et les hypothèses sur son origine. Bonne lecture !
Définition de l’expression « dare-dare »
L’expression « dare-dare » signifie « tout de suite, rapidement, sans le moindre délai ». On l’utilise donc pour signifier qu’il faut vite faire quelque chose, sans attendre.
Exemples :
- Je veux que tu rappliques dare-dare, tu es en retard !
- Elle va s’habiller dare-dare avant de rejoindre ses amis.
Synonymes de dare-dare :
- vite
- rapidement
- sans délai
- tout de suite
- immédiatement
- illico
- illico presto
- à toute allure
Orthographe de dare-dare
Au fil du temps, on trouve différentes orthographes du mot « dare-dare ». Si la forme avec le trait d’union est celle privilégiée par les dictionnaires d’aujourd’hui, on trouve également la graphie « daredare », notamment dans le Littré (qui admet les deux orthographes).
Le dictionnaire de l’Académie française n’intègre cette expression que dans son édition de 1935, et ne mentionne que « dare-dare ».
On trouve une autre orthographe « d’arre d’arre » dans Eugénie Grandet de Balzac, bien que celle-ci ne se trouve dans aucun dictionnaire :
Quant à toi, mademoiselle Eugénie, si c’est pour ce mirliflor que tu pleures, assez comme cela, mon enfant. Il partira, d’arre d’arre, pour les grandes Indes. Tu ne le verras plus…
Balzac, Eugénie Grandet
On trouve également, chez Labiche (Deux papas), l’orthographe « dar… dar… » :
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MÉDARD,
Labiche, Deux papas
revenant à la gauche de Tourterot.
Oui ! Dar.. dar… quoi !… dar… dar…
En conclusion, vous pouvez encore écrire aujourd’hui « dare-dare » ou « daredare ». L’analyse de l’usage des deux orthographes montre cependant que « dare-dare » avec un trait d’union est plus populaire :
Origine de l’expression « dare-dare »
L’origine de l’expression « dare-dare » est quelque peu mystérieuse. Plusieurs hypothèses s’affrontent :
- L’Académie française précise que l’expression fait son apparition au XVIIe siècle. Elle estime qu’elle est « peut-être formée par réduplication sur « dard », à partir d’emplois populaires tels que courir comme un dard, « filer à toute vitesse ». »
- Le TLFi va dans le même sens et évoque un redoublement expressif formé à partir du verbe « (se) darer » au sens de « s’élancer » (ce verbe vient de « dard », ancienne arme de jet). Lorsqu’on s’élance vers quelque chose, on souhaite aller vite, d’où la signification de « dare-dare ».
- Le mot « dare » apparaît dans l’édition du Littré de 1872–1877. Selon le Littré, « dare » serait une interjection populaire signifiant « à la hâte ». L’exemple donné montre qu’on avait tendance tout d’abord à utiliser « dare » seul : « Dare, dare, dare, voilà un homme qui vient en cabriolet, comme si le diable l’emportait » (Diderot, Encyclopédie, définition de POITEVIN). Le doublement du mot peut s’expliquer par un désir d’accentuation, dans le but de signifier que lorsqu’on va « dare-dare », on va très vite.
Sur Gallica, la première occurrence de « dare-dare » en français se trouve en 1663 dans le Dictionnaire italien et françois d’Antoine Ondin. L’analyse des occurrences de l’expression dans les textes publiés montre toutefois son essor à partir de la seconde moitié du XIXe siècle (voir graphique d’usage plus haut).
Exemples de l’usage de l’expression « dare-dare »
Carmagnoles, jazz, barricades abstraites, moi là qui date, et qui le sais, vous pensez que je suis très en quart ! que surgissent les Afro-Asiates, enchaînent Achille, bradent la N.R.F., alors ! daredare, vieillard! suis! je vous retrouve!
Louis-Ferdinand Céline, Rigodon
On rentra daredare au commissariat en soulevant les gerbes d’eau des flaques. Opération menée à bien, le prisonnier au violon et les gardiens de la paix qui s’ébrouent dans leur habituelle odeur de cuir bouilli et de vinasse, en rigolant.
Claude Mourthé, Le temps des fugues
« Le pauvre garçon était comme fou. Il voulait remonter immédiatement à cheval, repartir pour Coloma. Il me suppliait de l’accompagner daredare […] »
Blaise Cendrars, L’Or
KADIDJA, montrant Pierre.
Jean Genet, Les Paravents
Mais. celui-là, là, c’est celui qu’elle traîne
PIERRE
Elle ne pouvait pas suivre. Elle tient bon à la terre, la garce. Moi, j’ai raléjé dare-dare.
Je suis redescendu dare dare chercher de l’aide dans le quartier pour coincer Kieffer par la porte et le toit et tenter une entrée simultanée. En arrivant dans la rue, j’aperçois Franquin et Gomelski que j’avais eu l’occasion de connaître sur d’autres affaires.
Marc Villard, La dame est une traînée
Le troisième jour, pendant qu’on attelait les voitures, nous nous rencontrâmes, Mme Tim, le procureur et moi, à l’angle de la terrasse d’honneur, près du petit oranger en caisse qu’il allait falloir rentrer dare-dare dans la serre […]
Jean Giono, Un roi sans divertissement
L'expression a connu une seconde jeunesse avec le très suivi "D'art d'Art", série de billets audiovisuels de 1'30" consacrés chacun à un chef d'oeuvre de la peinture (production France TV).