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Bon an, mal an : définition et origine de l’expression

Avez-vous déjà entendu l’expression « bon an, mal an », et vous êtes-vous demandé ce qu’elle signifie ?

Clarifions tout d’abord son orthographe : il s’agit bien de « bon an, mal an » et non « bonnant malant » comme on le voit parfois écrit de manière erronée. Notons toutefois que la formule peut se rédiger avec ou sans virgule : « bon an, mal an » ou « bon an mal an ».

Mais qu’en est-il de son sens ? C’est la question à laquelle nous allons répondre dans ces lignes, en explorant la définition et l’origine de l’expression « bon an, mal an ». Bonne lecture !

Définition de l’expression « bon an, mal an »

L’expression « bon an, mal an » signifie « en moyenne par an », en prenant en considération les années favorables et défavorables. On emploie en effet cette locution lorsqu’un fait se répète sur une certaine durée et qu’on veut en dégager une tendance ou une moyenne.

En effectuant une pondération sur cette période, on tient compte à la fois des succès et des échecs. Cela permet de calculer une tendance « lissée » pour des phénomènes qui sont sujets à des variations annuelles.

Par exemple, un agriculteur aura des années de bonnes récoltes (« bon an ») et d’autres de mauvaises récoltes (« mal an »). Mais, sur le long terme, la moyenne entre les années « bonnes » et « mauvaises » traduit souvent une certaine stabilité : « Il récoltait bon an mal an dix tonnes de blé chaque année ».

C’est également le cas pour la production viticole : certes, d’un millésime à l’autre, la qualité et le volume peuvent fluctuer, mais « bon an, mal an », les quantités de vin produites restent relativement équilibrées, si tant est que les techniques et les surfaces de culture demeurent constantes.

Citons quelques expressions similaires, ou apparentées par le sens :

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Notons enfin qu’il existe des équivalents dans d’autres langues.

  • Through good years and bad (anglais) : à travers les bonnes et les mauvaises années. 
  • Un anno si, un anno no (italien) : une année oui, une année non.
  • Entra ano, sai ano (portugais) : une année entre, une année sort. 

Origine de l’expression « bon an, mal an »

L’expression « bon an, mal an » est utilisée en français au moins depuis le XVIIe siècle, et trouve ses racines au Moyen Âge, principalement dans le contexte agricole. À cette époque, les paysans devaient composer avec les variations météorologiques, ce qui rendait les récoltes très différentes d’une année à l’autre, tantôt bonnes, tantôt mauvaises.

Cette expression reflète donc les fluctuations naturelles de la vie rurale. Il convient d’ailleurs de rappeler que le terme « an » vient du latin « annus », désignant à la fois l’année, mais aussi la récolte.

Avec le temps, la formule a évolué et s’est étendue à d’autres domaines que l’agriculture (et à d’autres périodes que l’année, au sens strict). L’expression rappelle qu’en dépit des hauts et des bas rencontrés dans divers aspects de la vie, il est généralement possible de trouver une forme de stabilité dans la durée.

On remarque que l’usage de l’expression « bon an mal an » dans les écrits décline depuis une quarantaine d’années :

Fréquence d'usage de « bon an mal an » dans les textes publiés depuis 1700. Source : Google Ngram / Gallicagram
Fréquence d’usage de « bon an mal an » dans les textes publiés depuis 1700. Source : Google Ngram / Gallicagram

Exemples de l’usage de l’expression « bon an, mal an »

Les nageurs déjà se classaient, le peloton rapide en tête, quelques suiveurs où se précipitaient deux ou trois espoirs, puis la masse, bon an mal an, et enfin les distancés, ceux qui s’étaient jetés avec les autres, par une illusion extraordinaire, sans connaissance de leurs forces, et qui n’avaient pas seulement froid, qui avaient honte.

Louis Aragon, Aurélien

Du vent dans les voiles, et bon an mal an 
Et bois sec bois vert, engrangeait le temps 
Qui passe et qui bruit, pour le disperser 
En sensé caviar d’une ponte insensée

Guy Goffette, Le pêcheur d’eau

Je suis né le 28 avril 1882, à Tortisambert, petit village bien joli du Calvados, dont on aperçoit le clocher à main gauche quand on va vers Troarn en quittant Livarot. Mes parents tenaient un commerce d’épicerie qui leur laissait, bon an, mal an, cinq mille francs de bénéfice.

Sacha Guitry, Mémoires d’un tricheur

Produit net, bon an mal an, sept cents francs. Il en vivait. Pas mal. Comment ? Nous l’allons dire. Marius occupait dans la masure Gorbeau, moyennant le prix annuel de trente francs, un taudis sans cheminée qualifié de cabinet où il n’y avait, en fait de meubles, que l’indispensable.

Victor Hugo, Les Misérables

Son écurie de courses, une des plus célèbres de Paris, lui coûtait un argent fou ; ses pertes au Cercle impérial se chiffraient chaque mois par un nombre de louis inquiétant ses maîtresses lui dévoraient, bon an mal an, une ferme et quelques arpents de terre ou de forêts, tout un lambeau de ses vastes domaines de Picardie.

Emile Zola, Nana
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Nicolas Lafarge

Nicolas Lafarge

Nicolas Lafarge est rédacteur indépendant, et prête ses mots à différents médias et entreprises. Se décrivant volontiers comme « un geek avec une plume », il se sent dans son élément naturel lorsqu’il écrit sur des sites web tels que La langue française.

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