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Fumer le calumet de la paix : définition et origine de l’expression

Connaissez-vous l’expression « fumer le calumet de la paix », et savez-vous ce qu’elle signifie ? Rassurez-vous, contrairement à ce que la formulation pourrait laisser penser, il n’est pas nécessaire d’être un amateur de tabac pour mettre cet adage en pratique. De fait, la formule évoque un geste bien plus universel et porteur de sens que le simple tabagisme.

Mais ne laissons pas planer le suspens plus longtemps : cet article vise à éclairer le sens de cet idiome, en explorant à la fois sa signification et ses racines historiques et culturelles. Bonne lecture !

Définition de l’expression « fumer le calumet de la paix »

« Fumer le calumet de la paix » est une expression qui signifie faire la paix, trouver un accord, se réconcilier ou résoudre un conflit entre deux parties. De ce fait, la formule est voisine d’une autre locution francophone, à la définition équivalente, qui est « enterrer la hache de guerre »

Aussi, cette image s’emploie lorsque des individus, des groupes ou des nations décident de mettre fin à une période de discorde ou de lutte, pour inaugurer une ère de coopération et d’entente mutuelle. L’expression est aujourd’hui presque systématiquement utilisée au sens figuré, pour décrire et illustrer la résolution de conflits politiques, personnels ou professionnels.

Il n’y a pas qu’en français que l’on a recours à cette métaphore : on la retrouve également dans d’autres langues, ce qui s’explique aisément lorsqu’on connait l’origine de cette expression :

  • Allemand : die Friedenspfeife rauchen
  • Anglais : to smoke the peace pipe
  • Espagnol : fumar la pipa de la paz
  • Néerlandais : de vredespijp roken
  • Polonais : palić fajkę pokoju
  • Suédois : röka fredspipa
  • Turc : barış çubuğunu tüttürmek

Origine de l’expression « fumer le calumet de la paix »

L’expression « fumer le calumet de la paix » renvoie aux traditions des tribus amérindiennes d’Amérique du Nord. Le calumet, aussi appelé pétunoir, était utilisé au sein de ces communautés comme objet rituel, mais également comme outil diplomatique lors des négociations entre différentes tribus.

Le rite du calumet impliquait de fumer du tabac – ou d’autres herbes sacrées – dans cette sorte de pipe soigneusement ornée, souvent lors de rassemblements solennels ou de cérémonies officielles, destinées à sceller des accords ou à célébrer des alliances.

Ces rites pouvaient en effet servir à renforcer l’unité au sein d’une même communauté, ou à mettre fin à des hostilités entre groupes rivaux. Lorsque deux tribus décidaient de cesser les combats, les chefs avaient alors coutume de s’asseoir ensemble pour « fumer le calumet de la paix », symbolisant ainsi la paix retrouvée.

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Les Occidentaux, qui ont observé ces pratiques lors de la conquête de l’Amérique, au XVIe siècle, ont été impressionnés par cette manière pacifique de résoudre les conflits, ce qui a mené à l’adoption de l’expression dans les langues européennes.

D’ailleurs, l’expression parallèle « enterrer la hache de guerre » trouve également son origine dans les coutumes amérindiennes : pour marquer la fin d’un conflit, il était courant d’enterrer une hache, appelée tomahawk par les tribus amérindiennes.

Cette expression, apparue au XVIe siècle, est de plus en plus utilisée au fil du temps :

usage calumet de la paix
Fréquence d’usage de « calumet de la paix » dans les textes publiés depuis 1800. Source : Google Ngram / Gallicagram

Exemples de l’usage de l’expression « fumer le calumet de la paix »

Si quelqu’un de leurs parents voulait les secourir, on se moquait de lui, on l’en empêchait. Ils préféraient en général être tués solennellement. On donnait une fête, on fumait le calumet de la paix, on chantait un chant de mort, on dansait, on chantait encore, et le fils tuait son père d’un coup de tomahawk.

Simone de Beauvoir, La Vieillesse

Reste jusqu’au mois de janvier, si tu veux, pour te rétablir, te panser, te rengraisser ; mais, pour Dieu, viens fumer le calumet de la paix.

Gustave Flaubert, Correspondance

Assis, le regard tourné vers le sud, les lointains et la coulée du Rhône, on fumait le calumet de la paix en rêvant de l’Amérique de Buffalo Bill, de la prairie et des gauchos, du Canada et de ses bûcherons, de l’Alaska et de ses trappeurs. Notre Pacific-Railway, c’était le Paris-Marseille ou l’omnibus Lyon-Saint-Etienne.

Georges Navel, Passages

Les bons apôtres ajoutaient même qu’ils se reprocheraient d’induire les femmes en erreur, de leur donner de faux espoirs, aucune disposition ne pouvant être prise en temps voulu. Léon Baréty, le Sioux de l’Alliance Démocratique avait fumé le calumet de la paix avec les Sioux du parti socialiste.

Louise Weiss, Ce que femme veut

Je lui tendis le paquet. Elle en prit une et ramena ses jambes sous elle. J’allumai nos deux cigarettes et elle ferma les yeux, tira trois bouffées de suite, comme si elle fumait le calumet de la paix.

Chris Wiltz, La mort tourne en rond
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Nicolas Lafarge

Nicolas Lafarge

Nicolas Lafarge est rédacteur indépendant, et prête ses mots à différents médias et entreprises. Se décrivant volontiers comme « un geek avec une plume », il se sent dans son élément naturel lorsqu’il écrit sur des sites web tels que La langue française.

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