Franchir le Rubicon : définition et origine de l’expression
Sommaire
D’où vient l’expression « franchir le Rubicon », souvent utilisée lorsqu’une personne prend une décision importante qui peut avoir de lourdes conséquences sur la suite des évènements ? Découvrez dans cet article tout ce que vous devez savoir à propos de cette expression. Bonne lecture !
Définition de l’expression « franchir le Rubicon »
L’expression « Franchir ou passer le Rubicon » est utilisée lorsqu’une personne fait un choix décisif et irréversible qu’il faudra assumer par la suite s’il vire à la catastrophe. Elle signifie qu’on prend une décision en assumant toutes les conséquences.
Nature de cette expression : infinitif qui a la fonction de sujet et qui implique une action sur le COD qu’est le Rubicon, un fleuve comme nous le verrons un peu plus loin.
Évolution historique de l’usage de l’expression « franchir/passer le Rubicon »
L’étude des occurrences dans les ouvrages publiés montre l’évolution de l’usage de l’expression « franchir/passer le Rubicon » au fil du temps (source : Google Ngram) :
Origine de l’expression « franchir le Rubicon »
Vers l’an 49 avant Jésus-Christ, César, après avoir vaincu les Gaulois, revient avec ses troupes sur les terres qui sont aujourd’hui l’Italie. À cette époque il y avait deux consuls qui gouvernaient Rome : César et Pompée. En l’absence de César, Pompée dirigeait les affaires à Rome et avait ordonné que tout général, visant notamment César, devait impérativement déposer les armes et disperser ses armées avant de rentrer dans Rome, précisément au niveau du fleuve Rubicon.
Quand César arriva à la frontière entre la Gaule et l’Empire romain, marquée géographiquement par le Rubicon, il décida cependant de franchir le fleuve avec ses soldats, assumant en âme et conscience ce choix en employant sa fameuse formule « alea jacta est » (« le sort en est jeté ») que nous avons tous appris en latin ! Par cette décision qui allait à l’encontre des ordres du consul Pompée et du Sénat, César a fait ce qu’on pourrait appeler aujourd’hui « un coup de poker. » L’ambitieux consul romain a alors eu conscience que son action était décisive et irréversible, pouvant conduire le pays dans une nouvelle guerre civile. Pompée dut finalement fuir de Rome avant de perdre la bataille de Pharsale contre César.
De cette histoire, l’expression « franchir le Rubicon » est reprise dans Les Mémoires de Saint-Simon au XVIIIe siècle :
Je représentai au régent que mollir serait sa perte, que le Rubicon était passé.
Saint-Simon, Mémoires
Saint-Simon incite alors le Régent à assumer sa décision risquée et de ne pas la remettre en question. Le régent vient de franchir le Rubicon mais ne doit pas se laisser « mollir », c’est-à-dire affaiblir par les conséquences lourdes de son choix et doit continuer de gouverner d’une main ferme.
Inscrivez vous au Parcours Expressions & Proverbes
Découvrez chaque mercredi la signification et l'origine d'une expression ou proverbe francophone.
Par ailleurs, l’expression « franchir le Rubicon » peut renvoyer au mariage qui est un acte décisif et irréversible dans la vie d’un être humain. Idée illustrée dans Un Acte de Vertu de Charles de Bernard au XIXe siècle : « Je faisais, en l’honneur du célibat, des prosopopées autrement éloquentes que les tiennes ; et pourtant j’ai fini par passer le Rubicon [je me suis marié] ».
Exemples d’usages de l’expression « franchir le Rubicon »
Mais l’étudiant n’était pas encore arrivé au point d’où l’homme peut contempler le cours de la vie et la juger. Jusqu’alors il n’avait même pas complètement secoué le charme des fraîches et suaves idées qui enveloppent comme d’un feuillage la jeunesse des enfants élevés en province. Il avait continuellement hésité à franchir le Rubicon parisien.
Honoré de Balzac, Le Père Goriot.
Il n’était pas le seul à souhaiter ou à organiser la révolte des Français d’Algérie et-de l’armée mais, à partir de la déclaration communiquée à la presse le 15 mai, à l’heure où les demi-insurgés d’Alger semblaient hésiter à franchir le Rubicon, c’est lui qui, directement ou par personnes interposées, mena le jeu…
Raymond Aron, Démocratie et totalitarisme.
La crainte fantasme ou alibi de voir s’évanouir Céline comme une aiguille dans la botte de foin des llanos du côté de l’Orénoque m’empêcha, à plusieurs reprises, de franchir le Rubicon sur un « chiche » qui eût tout simplifié.
Régis Debray, Les Masques.
Nous le savions, elle avait prévu qu’il ferait franchir le Rubicon à son armée, pousserait jusqu’à Rome et accepterait la couronne de César.
Philip K. Dick, L’œil de la Sibylle.
Trop tard pourtant. Qu’il ait franchi le Rubicon sans le vouloir ou non importait peu, il était là où il ne devait pas se trouver, et son père ne ferait pas de quartier.
Guy Goffette, Un Été autour du cou.
N’hésitez pas à compléter cet article si nécessaire et à ajouter vos réflexions sur cette expression française en commentaire.
alea, ce n'est pas le sort, mais LES DES ! le pluriel des noms communs utilisent la conjugaison au singulier, comme en grec ancien : les dés sont jetés, les animaux courent: en grec ta zoa trekei !!!
André