La mouche du coche : définition et origine de l’expression
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En voilà une expression qui fait mouche ! Insecte vif et rapide dont le bourdonnement agaçant peut être très désagréable, la mouche a un comportement parfois gênant. Quel lien a-t-elle avec le coche, véhicule de transport de passagers, utilisé à partir du XVIe siècle dans les villes et sur les routes ?
L’expression « La mouche du coche » provient d’une fable de Jean de La Fontaine qui raconte qu’une mouche s’agite avec empressement autour d’un coche qui se trouve dans une situation délicate.
Comme dans toutes les fables, il y a une morale de cette histoire. Pour bien comprendre l’origine et la signification de cette expression, la réponse est dans notre article. Ne ratez pas le coche… Bonne lecture !
Définition de l’expression « La mouche du coche »
L’expression « La mouche du coche » désigne une personne qui s’agite beaucoup et inutilement sans rendre réellement le service attendu. Appelées familièrement les « Monsieur Je-Sais-Tout », les personnes qui font la mouche du coche sont persuadées d’apporter une aide précieuse, étant plutôt dans le paraître.
En se donnant ainsi de l’importance, la mouche du coche s’attribue souvent des succès et un certain mérite qui ne sont pas de sa responsabilité. Elle estime que son intervention est plus que nécessaire même si le résultat n’est pas au rendez-vous.
Les verbes faire ou jouer précèdent souvent cette expression : faire la mouche du coche / jouer à la mouche du coche.
Alors, je dis « non » à tout le reste ! Un homme qui a un métier à exercer ne doit pas s’en laisser distraire pour aller faire la mouche du coche dans les affaires auxquelles il n’entend rien. Moi, j’ai un métier. J’ai à résoudre des problèmes précis, limités, qui sont de mon ressort, et dont souvent dépend l’avenir d’une vie humaine d’une famille, quelquefois.
Roger Martin du Gard, Les Thibault
Origine de l’expression « La mouche du coche »
Apparue au XVIe siècle, cette expression trouve son origine dans une fable de Jean de La Fontaine : « La coche et la Mouche », dont voici le texte intégral :
Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé,
Jean de La Fontaine, Le Coche et la Mouche
Et de tous les côtés au soleil exposé,
Six forts chevaux tiraient un Coche.
Femmes, Moine, Vieillards, tout était descendu.
L’attelage suait, soufflait, était rendu.
Une Mouche survient, et des Chevaux s’approche ;
Prétend les animer par son bourdonnement ;
Pique l’un, pique l’autre, et pense à tout moment
Qu’elle fait aller la machine,
S’assied sur le timon, sur le nez du Cocher ;
Aussitôt que le char chemine,
Et qu’elle voit les gens marcher,
Elle s’en attribue uniquement la gloire ;
Va, vient, fait l’empressée ; il semble que ce soit
Un Sergent de bataille allant en chaque endroit
Faire avancer ses gens, et hâter la victoire.
La Mouche en ce commun besoin
Se plaint qu’elle agit seule, et qu’elle a tout le soin ;
Qu’aucun n’aide aux Chevaux à se tirer d’affaire.
Le Moine disait son Bréviaire ;
Il prenait bien son temps ! une femme chantait ;
C’était bien de chansons qu’alors il s’agissait !
Dame Mouche s’en va chanter à leurs oreilles,
Et fait cent sottises pareilles.
Après bien du travail le Coche arrive au haut.
Respirons maintenant, dit la Mouche aussitôt :
J’ai tant fait que nos gens sont enfin dans la plaine.
Ça, Messieurs les Chevaux, payez-moi de ma peine.
Ainsi certaines gens, faisant les empressés,
S’introduisent dans les affaires :
Ils font partout les nécessaires,
Et, partout importuns, devraient être chassés.
La fable met donc en scène six chevaux qui ne parviennent pas à tirer un coche, grande voiture autrefois utilisée pour le transport en commun des voyageurs, dans une montée difficile. Les passagers du coche, descendus pour aider les chevaux, parviennent à sortir le véhicule de la situation, malgré la présence envahissante d’une mouche.
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Cette dernière, persuadée d’avoir joué un rôle essentiel dans cet incident, s’empresse de s’attribuer cette réussite pour laquelle elle n’est pour rien. Cependant, la mouche, convaincue, prétend que c’est grâce à son intervention que le coche est parvenu à gravir la pente avec succès !
Cette fable a donc donné l’expression « la mouche du coche » , l’empressement inutile de la mouche représentant le comportement parfois désagréable de toute personne s’agitant pour apporter son aide mais au final, sans réelle contribution.
Exemples d’usage de l’expression « La mouche du coche »
L’irrévérencieux courtisan et photographe zélé, soudain impatient et affairé plus que la mouche du coche, nous poussant, se répandant, saluant à la ronde avec importance, faisant mille et mille courbettes pour ne pas passer inaperçu.
Blaise Cendras, Bourlinguer
Félicité, plus utile que la mouche du coche, faisait parfois toute la besogne en bourdonnant aux oreilles de Pierre.
Émile Zola, La Fortune des Rougon
D’autant plus magnifique à voir, que, tout en ayant l’air de jouer le rôle de la mouche du coche, Chicot jouait en réalité un rôle beaucoup plus sérieux. Chicot, petit à petit, et pour ainsi dire homme par homme, mettait sur pied une armée pour le service de son maître.
Alexandre Dumas, La Dame de Monsoreau
M. Walters crut devoir se distinguer à son tour, et il remplit le rôle de la mouche du coche avec une activité peu commune. Il allait et venait, donnait des ordres et des contre-ordres, distribuait des remontrances ou des éloges à droite et à gauche.
Mark Twain, Les Aventures de Tom Sawyer
—Bah ! et s’il s’en fait l’éditeur ? Cet homme-là, qui n’est qu’une mouche du coche, est plus jaloux cent fois de Mme de Vernage que s’il était son mari ; et en supposant qu’elle lui récite ce beau roman inventé sur mon compte, crois-tu qu’il s’amuse à en garder le secret ?
Alfred de Musset, Le secret de Javotte
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