Le plancher des vaches : définition et origine de l’expression
Sommaire
Issue du vocabulaire maritime, l’expression « le plancher des vaches » est née au XVIe siècle. Le plancher et la vache sont des termes qui composent de nombreuses expressions comme : « débarraser le plancher », « mettre le pied au plancher », « peau de vache », « pleuvoir comme vache qui pisse ». Pourquoi associer le plancher aux vaches, espèces bovines occupant nos campagnes ?
Découvrez dans cet article toute la signification et l’origine de l’expression « Le plancher des vaches ». Bonne lecture !
Définition de l’expression « Le plancher des vaches »
Le plancher des vaches désigne la terre ferme, par opposition à la mer et au ciel.
Lorsqu’on se trouve sur le pont d’un navire ou à bord d’un avion, le sol est moins stable. On est donc loin du « plancher des vaches ».
Encore utilisée aujourd’hui, cette expression pouvait autrefois prendre la tournure suivante : « Il n’est rien tel que le plancher des vaches », autrement dit « Voyager par la terre représente moins de danger que voyager en mer ».
Proche de l’expression « au ras des paquerettes », qui signifie concrètement terre à terre, le plancher des vaches s’utilise quand on se déplace sur la terre ferme, bien ancré sur le sol.
En linguistique, il s’agit d’une périphrase, qui consiste à remplacer un mot par une expression équivalente.
Origine de l’expression « Le plancher des vaches »
Apparue au XVIe siècle, cette expression était employée sous la forme « le plancher aux vaches ».
Inscrivez vous au Parcours Expressions & Proverbes
Découvrez chaque mercredi la signification et l'origine d'une expression ou proverbe francophone.
Elle se retrouve dans quelques romans d’Émile Zola :
M. Madinier songea à faire une galanterie aux dames; il leur offrit de monter dans la colonne (Vendôme) pour voir Paris (…) ça ne manquait pas d’intérêt pour les personnes qui n’avaient jamais quitté le plancher aux vaches.
Emile Zola, L’assommoir
Tous les Floche s’égayèrent de cette plaisanterie, tandis que les Mahé, vexés, déclaraient que Rouget était un gaillard tout de même, et qu’il risquait sa peau, lorsque d’autres, au moindre coup de vent, préféraient le plancher aux vaches.
Emile Zola, La fête à Coqueville
Les marins sont à l’origine de cette expression. Lors d’un long séjour en mer, rares sont les fois où ces derniers pouvaient se retrouver face à des vaches, animaux de la terre ferme. Les planchers des anciens bateaux en bois sur lesquels les marins se déplaçaient étaient loin d’être aussi stables que le sol en milieu sec, contrairement à l’environnement dans lequel vivent les vaches.
Cette idée de mouvance et de déséquilibre de la mer s’oppose à la robustesse du sol ferme de la terre, sol que quittait les marins pendant plusieurs mois.
Certains voient dans cette expression une métaphore moqueuse, qui oppose le caractère obstiné de la vache, et donc celui des êtres humains enracinés dans leurs terres paysannes, au tempérament aventureux des marins.
L’expression « pays de vache » était également employée par Rabelais pour désigner son pays natal.
C’est des horribles faits et prouesses de Pantagruel, lequel j’ai servi à gages dès ce que je fus hors de page, jusqu’à présent, que par son congé m’en suis venu visiter mon pays de vache, et savoir si en vie était parent mien aucun.
François Rabelais, Pantagruel
Dans le Quart Livre, il emploie l’expression « plancher des vaches » pour désigner les gras pâturages de la campagne du bassin de la Loire, mais aussi son pays natal et celui de Gargantua, qui fut nourri par les vaches laitières de la région.
Ha ! pour manoir deifique et seigneurial, il n’est que le plancher des vaches.
François Rabelais, Le Quart Livre
Exemples d’usage de l’expression « Le plancher des vaches »
Ribouldingue et Filochard faisaient, entre le plancher des vaches et le pont du bateau, des comparaisons qui n’étaient point à l’avantage de ce dernier.
Louis Forton, L’épatant
(…) sur l’Océan, ce labeur dur et solitaire loin du plancher des vaches interdisent au pêcheur de profiter des satisfactions auxquelles tout homme peut prétendre. Depuis douze ans qu’il naviguait, San n’avait jamais eu de relations normales, acceptables, avec une femme.
Jack Couffer, Le rat qui rit
Le mot fameux de Palmerston : que la vie serait supportable sans ses plaisirs, est vrai de la vie en société, aussi bien sur l’eau que sur le plancher des vaches.
Henry Carton de Wiart, Mes vacances au Congo
Sur ces paroles, qui empruntaient à la bouche d’où elles étaient émanées une autorité sibylline, les matelots se regardèrent furtivement (…).Encouragé par les signes de ses camarades, Pompon-Filasse se décida cependant à faire une nouvelle tentative pour rompre le silence inquiétant de Bertrand.
— Maître ? dit-il timidement.
— Qu’est-ce qu’il y a, mon garçon ?
— C’est y vrai que vous avez servi dans le temps sur le plancher des vaches et que vous vous êtes croché avec les terriens anglais.
Edmond Rousseau, La Monongaléha
Dans un lieu féerique, les fées n’apparaissent pas. Elles s’y promènent invisibles. Elles ne peuvent apparaître aux mortels que sur le plancher des vaches.
Jean Cocteau, Antigone
J’ai une carte de la région. Tu as une voiture aussi, ou bien on y va à pied? En avion. Si on voit quelque chose d’intéressant, on revient par le plancher des vaches.
J.M. Flynn, Un coup de sombrero
N’hésitez pas à parcourir les autres articles de cette section dédiée aux expressions francophones