Minute papillon ! : définition et origine de l’expression

Sommaire

• Définition de l’expression « minute papillon ! » 
• Origine de l’expression « minute papillon ! »
• Exemples de l’usage de l’expression « minute papillon ! »

Minute papillon ! Avant de vous lancer dans la lecture de cet article, avez-vous pris le temps de terminer ce que vous étiez en train de faire ? Peut-être vous trouviez-vous au beau milieu d’une séance de sport, au cœur d’une journée de travail, ou en pleine conversation avec l’un de vos proches, lorsque que vous avez soudain saisi votre ordinateur ou votre téléphone pour consulter cette page. Mais, minute papillon, êtes-vous sûr que cette activité ne peut pas attendre une minute de plus ? 

Fort bien, puisque vous avez l’air certain d’être fin prêt à poursuivre votre découverte de cette page, nous allons pouvoir revenir, dans les lignes à venir, sur la définition, l’origine et l’emploi de cette amusante expression de la langue française, « Minute papillon ! », que l’on utilise pour inviter autrui à faire preuve de patience. Explications.

Définition de l’expression « minute papillon ! » 

« Minute papillon ! » est une exclamation que l’on adresse à quelqu’un pour l’inviter à patienter, ou à prendre son temps. On l’emploie généralement quand l’interlocuteur nous agace par son insistance, ou qu’il se laisse emporter par son empressement.

Par exemple, on pourra dire « Minute papillon ! » à une personne qui s’apprête à prendre une décision irréfléchie, ou à quelqu’un qui nous demande de nous dépêcher dans l’exécution d’une tâche réclamant de la rigueur. 

La langue française comprend d’autres expressions du même acabit, comme « Du calme ! », son pendant familier « Calmos ! », ou la plus littéraire « Patience ! ». Toutes ont une fonction équivalente : celle de signifier à son interlocuteur qu’il « va trop vite en besogne ».

Origine de l’expression « minute papillon ! »

Lorsqu’on sait que la plupart des papillons ne vivent qu’une journée, et n’ont donc pas une minute à perdre, on est en droit de se demander pourquoi cet animal, plutôt qu’un autre, a été choisi pour incarner les vertus de la patience.

Cette expression est apparue au début du XX^e siècle, mais les historiens de la langue française n’ont pas de réponse tranchée quant à son origine exacte. Selon une première théorie, l’exclamation renverrait à l’image convoquée par le verbe « papillonner » : celle d’un insecte qui bat des ailes en permanence, butinant de fleur en fleur sans jamais se poser. Ainsi, « minute papillon ! » serait une façon d’inviter l’autre à s’arrêter de bouger pour faire le point.

Une seconde interprétation nous plonge dans le Paris des années 1930. L’expression aurait été démocratisée par les journalistes du Canard enchaîné, qui avaient coutume de fréquenter le café du Cadran dans le 2^e arrondissement de Paris. L’un des serveurs dudit café, au patronyme de « Papillon », avait pour habitude de s’exclamer « Minute ! » aux clients trop pressés — une forme contractée de la phrase « J’arrive dans une minute » ou « Je suis à vous dans une minute ». Cette formule lui aurait valu le surnom de « Minute papillon », et la locution se serait ensuite popularisée. 

Exemples de l’usage de l’expression « minute papillon ! »

Le capitaine Hermann m’avait prévenu. Oui, il parlait le français comme père et mère, avec une pointe d’accent parigot il répétait toujours « Minute, papillon. » C’était son mot. « Minute papillon, m’a-t-il dit entre quatre-z-yeux, votre devoir, à vous, c’est de vous évader, c’est d’accord, mais le mien, à moi, c’est de vous garder, c’est d’accord ? Oui, mon capitaine. ».

Jean-Louis Bory, Voir les passants ou Les miettes célibataires

— De quoi ? De quoi ? fit l’ami Pollak Henri, plié en deux par cette extravagante requête.

Et de lui expliquer que – minute papillon – il était hors de question de faire des bêtises avant d’y avoir réfléchi, qu’il fallait voir à voir, qu’il avait à l’extérieur, dans le civil, à Montparnasse dont il était natif duquel, y étant né, des copains à lui (c’était nous les copains à lui), et qu’avant toute chose, il allait aller leur demander ce qu’ils en pensaient.

Georges Pérec, Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ?

Mais vous comprenez, on leur dit « C’est bien à vous, Monsieur ? » ils ne vont pas répondre non, surtout qu’ils ne savent même pas, et si moi je viens dire que minute, papillon, c’est pas à eux, tout ça, mais à moi, et que moi je sais très bien où je les ai mis, mes jetons, et même qu’ils peuvent regarder mon tableau, s’ils savent lire, c’est logique, c’est écrit noir sur blanc (…)

Emmanuel Carrère, Hors d’atteinte ?

Alors Poltrier, jusque-là parfaitement gentil et compréhensif, se dressa comme un coq : « Aucun individu n’a de droits sur un autre. » « Et les gens de votre parti alors, ils n’ont pas de droits sur vous ? » « Minute, papillon, dit Poltrier, n’embrouillons pas tout. Le Parti a tous les droits sur moi, quant à ses membres. »

Clarisse Francillon, Les Meurtrières

Alors tu montes ou tu prends racine ? Minute papillon, j'arrive, fit-elle. T'es aimable, c'est un plaisir. Denise s'installa avec précaution à côté de lui, claqua la portière.

Agathe Godard, Pousse avec ton pain

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