Mort aux vaches : définition et origine de l’expression
Sommaire
Si vous prononcez l’expression « Mort aux vaches » à l’encontre d’un policier, vous vous exposez à des risques de poursuites judiciaires. Apparue pour la première fois au XVIe siècle, cette expression est considérée comme une injure envers toute forme d’autorité.
Définition de l’expression « Mort aux vaches »
« Mort aux vaches » est une expression injurieuse qui s’adresse aux représentants des forces de l’ordre, le mot « vaches » désignant les agents de police dans un langage argotique.
Dans la même tournure, on peut entendre également : « Mort aux flics », « À bas les vaches », « Mort à la police », « Mort aux condés » (condés designant un policier en argot), comme dans l’extrait de cette chanson anarchique :
Moi qui était son homme et pas une peau de vache
Parabellum, Cayenne
Moi qui dans ma jeunesse pris des principes d’apache
Sortis mon 6.35 et d’une balle en plein cœur
Je l’étendis raide mort et fus serré sur l’heure
Mort aux vaches, mort aux condés
Vive les enfants d’Cayenne, à bas ceux d’la sûreté
Au milieu du XXe siècle, l’expression « Mort aux vaches » représente également un tatouage prenant la forme d’un symbole : trois points ordonnés en un triangle. Souvent dessiné sur la main, ce tatouage connote une relation conflictuelle envers la police ou toute autre forme d’autorité.
Origine de l’expression « Mort aux vaches »
Plusieurs origines sont données à l’expression « Mort aux vaches », dont la plus lointaine remonte à l’époque d’Henri IV, quand ce dernier s’empare de la ville de Paris, avec des étendards sur lesquels deux vaches sont représentées.
Une autre origine proviendrait du XIXe siècle pendant la guerre franco-allemande. À la frontière, les postes de garde allemands portaient l’inscription « Wache » qui signifie « garde, sentinelle » en allemand. Les Français clamaient « Mort aux Waches », en prononçant le « W » comme un « V ».
Cette expression fut ensuite élargie aux forces de l’ordre qui sont devenues les principales destinataires de cette injure, plus particulièrement pendant les mouvements sociaux ou les manifestations.
Lors des évènements de mai 1968, dans un climat de tension sociale, l’expression « Mort aux vaches » fut très employée à l’encontre des policiers et gendarmes.
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Georges Brassens cita même l’expression dans sa chanson Hécatombe, sortie en 1953, dont voici un extrait :
Au marché de Briv’-la-Gaillarde,
Georges Brassens, Hécatombe
A propos de bottes d’oignons,
Quelques douzaines de gaillardes
Se crêpaient un jour le chignon.
A pied, à cheval, en voiture,
Les gendarmes, mal inspirés,
Vinrent pour tenter l’aventure
D’interrompre l’échauffouré’.
[…]
En voyant ces braves pandores
Être à deux doigts de succomber,
Moi, j’bichais car je les adore
Sous la forme de macchabées.
De la mansarde où je réside
J’excitais les farouches bras
Des mégères gendarmicides
En criant : »Hip, hip, hip, hourra ! »
Frénétiqu’ l’une d’elle attache
Le vieux maréchal des logis
Et lui fait crier : « Mort aux vaches,
Mort aux lois, vive l’anarchie ! »
Exemples d’usage de l’expression « Mort aux vaches »
Non, certes, je ne méconnais pas les services modestes et précieux que rendent journellement les gardiens de la paix à la vaillante population de Paris. Et je n’aurais pas consenti à vous présenter, Messieurs, la défense de Crainquebille, si j’avais vu en lui l’insulteur d’un ancien soldat. On accuse mon client d’avoir dit : “Mort aux vaches!“. Le sens de cette phrase n’est pas douteux. Si vous feuilletez le dictionnaire de la langue verte, vous y lirez : “Vachard, paresseux, fainéant; qui s’étend paresseusement comme une vache, au lieu de travailler”. – Vache, qui se vend à la police ; mouchard. “Mort aux vaches!” se dit dans un certain monde. Mais toute la question est celle-ci : Comment Crainquebille l’a-t-il dit? Et même, l’a-t-il dit? Permettez-moi, Messieurs, d’en douter. Je ne soupçonne l’agent Matra d’aucune mauvaise pensée. Mais il accomplit, comme nous l’avons dit, une tâche pénible. Il est parfois fatigué, excédé, surmené. Dans ces conditions il peut avoir été la victime d’une sorte d’hallucination de l’ouïe. Et quand il vient vous dire, Messieurs, que le docteur David Matthieu, officier de la Légion d’honneur, médecin en chef de l’hôpital Ambroise-Paré, un prince de la science et un homme du monde, a crié : ” Mort aux vaches!”, nous sommes bien forcés de reconnaître que Matra est en proie à la maladie de l’obsession, et, si le mot n’est pas trop fort, au délire de la persécution. Et alors même que Crainquebille aurait crié: “Mort aux vaches!“, il resterait à savoir si ce mot a, dans sa bouche, le caractère d’un délit. Crainquebille est l’enfant naturel d’une marchande ambulante, perdue d’inconduite et de boisson, il est né alcoolique. Vous le voyez ici abruti par soixante ans de misère. Messieurs, vous direz qu’il est irresponsable.
Anatole France, L’Affaire Crainquebille
Le Concierge. — Dame ! monsieur le juge, je ne peux pas nier, mais c’est de la prison honorable.
Maurice Blanc et Francis de Croisset, Arsène Lupin, nouvelles aventures
Le Juge. — Comment ?
Le Concierge. — Oui, monsieur le juge, la première fois, j’étais alors valet de chambre, c’est pour avoir crié, le premier mai : « Vive la grève ! »
Le Juge. — Vous étiez valet de chambre chez qui ?
Le Concierge. — Chez M. Jaurès.
Le Juge. — Ah ! bon, et votre deuxième condamnation ?
Le Concierge. — C’est pour avoir crié sur le seuil de Sainte-Clotilde : « Mort aux vaches ! »
T’aurais quand même pas
Renaud Séchan, Le Petit chat est mort
Voulu qu’y vive comme un con
Sur le canapé
Loin des gouttières des pigeons
C’était un aventurier
T’aurais pas voulu qu’on l’attache
Y t’aurais miaulé: « Mort aux vaches!«