Par monts et par vaux : définition et origine de l'expression
Sommaire
« Par monts et par vaux » est une expression courante qui est composée de deux termes au pluriel : « monts » et « vaux ». Si nous imaginons bien que les monts désignent les montagnes, à quoi correspondent les vaux ?
Apparue au XVe siècle sous diverses formulations, l’expression « par monts et vaux » est encore très répandue. Découvrons ensemble la signification et les origines de cette expression. Bonne lecture !
Définition de l’expression « par monts et par vaux »
L’expression « par monts et par vaux » signifie « partout, de tous côtés » et s’utilise la plupart du temps associée à des verbes de déplacement et de mouvement comme aller, voyager, être.
Autrement dit, cela signifie que nous sommes partout à la fois, dans tous les lieux possibles et imaginables. Si vous voyagez beaucoup ou êtes rarement chez vous, il n’est pas rare d’entendre une personne vous dire que vous êtes toujours par monts et par vaux, c’est-à-dire sans cesse en vadrouille.
Cette expression apparaît même au début d’un poème de Raymond Queneau quand il décrit l’efficacité du travail de la moissoneuse-batteuse, toujours en mouvement.
La moissonneuse-batteuse-lieuse
Raymond Queneau, Une histoire fabuleuse
s’en va par monts et par vaux
elle n’est point paresseuse
c’est une bonne travailleuse
et vaut bien le prix qu’elle vaut
le taureau roulant ses gros yeux
se dit : oh la belle bête
Pasiphaë pesait bien peu
à côté de cette conquête.
Origine de l’expression « par monts et par vaux »
Pour retrouver les origines de l’expression « par monts et par vaux », il faut remonter au XVe siècle. Le mot « vaux » était employé en tant que pluriel du mot « vau », ce dernier étant une ancienne forme de « val », synonyme de vallon ou petite vallée.
Aujourd’hui, on trouve le mot « val » dans des textes littéraires célèbres comme Le Dormeur du val, poème d’Arthur Rimbaud, mais aussi dans les noms de lieux géographiques comme le Val de Loire.
C’est un trou de verdure où chante une rivière,
Arthur Rimbaud, Le dormeur du val
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.
Le terme en ancien français apparaît également dans cette pièce de théâtre Les mamelles de Tirésias de Guillaume Apollinaire :
Inscrivez vous au Parcours Expressions & Proverbes
Découvrez chaque mercredi la signification et l'origine d'une expression ou proverbe francophone.
Vous étiez, sur votre beau cheval
Guillaume Apollinaire, Les mamelles de Tirésias
Vous représentiez l’ordre et par mont et par val
Nous faisions que revint dans la race française
Le goût d’être nombreuse afin de vivre à l’aise
Ainsi que les enfants du mari de Thérèse
L’expression « être par monts et par vaux » marque donc une notion de mouvement (montées et descentes) sur tous les plans, dans tous les sens, à l’image des montagnes et des vallées.
Il faut savoir qu’au XVe siècle, cette expression était synonyme de « monts et merveilles » désignant des avantages considérables, merveilleux et la plupart du temps impossibles. Les formulations « promettre monts et vaux », « faire croire les monts et les vaux » étaient utilisées à l’époque à la place de celle que l’on connaît aujourd’hui « promettre monts et merveilles ».
Exemples d’usage de l’expression « par monts et par vaux »
Elle est toujours par monts et par vaux ; le garde champêtre l’a surprise dans les blés entre les bras de Gaspar et la baisant sur la bouche.
Anatole France, L’Île des Pingouins
Cheminant, sautant, l’aile ouverte
Maurice Rollinat, Les Névroses, La sauterelle
Elle va par monts et par vaux,
Et voyage à la découverte
De quelque pelouse bien verte :
En vain, elle a plus d’une alerte
Parmi tant de pays nouveaux,
Cheminant, sautant, l’aile ouverte,
Elle va par monts et par vaux.
Tel fut ce roi des bons chevaux,
William Shakespeare, Le Songe d’une nuit d’été, Acte III, Scène 2
Rossinante, la fleur des coursiers d’Ibérie,
Qui trottant nuit et jour et par monts et par vaux,
Galopa, dit l’histoire, une fois en sa vie
Nicolas Boileau, Sur le cheval de Don Quichotte
PUCK — Par monts et par vaux, par monts et par vaux
Je vais les mener par monts et par vaux
Je suis redoutée à la campagne, à la ville :
Lutin, mène-les par monts et par vaux
En voici un qui vient.
Puisqu’on imprime ce livre, je vais l’avoir bientôt, n’est-ce pas ? J’admire qu’étant mondaine et toujours par monts et par vaux, et très occupée de la famille et du ménage, vous ayez le temps d’écrire et de penser. Au reste, cette activité est bonne à l’esprit ; mais n’y usez pas trop le corps.
George Sand, Correspondance 1812-1876
Hier soir il s’est vu dans ses rêves tombant sur trois mille moutons blancs. Après ça plus moyen de dormir ! Il s’est mis en route pour aller les trouver. Il est passé par monts et par vaux, à travers forêts de sapins et de pins, de châtaigniers et de chênes verts.
Zacharias Papantoniou, Les Hautes Montagnes
Le jeune homme, qui n’est pas contrariant, a laissé son amie faire ce qu’elle voulait. Mais, comme il n’est pas non plus romanesque, ayant vu à sa portée, sur une toute petite commode à grands pieds, un volume des Mousquetaires d’Alexandre Dumas, il l’a ouvert et accoté sur d’autres livres, et il s’amuse à lire les aventures de d’Artagnan, tandis que sa grande amoureuse épuise les mystérieuses joies du non-être. Il ne se lasse pas de suivre par monts et par vaux le Gascon infatigable et ses amis, Athos, Porthos et Aramis.
Théodore de Banville, La Lanterne magique