Pleurer comme une Madeleine : définition et origine de l'expression
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Qui n’a jamais eu un chagrin si fort à en pleurer toutes les larmes de son corps sans pouvoir s’arrêter ? « Pleurer comme une Madeleine » (avec une majuscule au m de madeleine) est une expression d’origine biblique qui fait référence à l’histoire de Marie-Madeleine, et non au petit gâteau traditionnel lorrain, comme on pourrait l’imaginer ! Nous vous donnons dans cet article toutes les explications sur l’origine et les significations de cette expression. Bonne lecture !
Définition de l’expression « pleurer comme une madeleine »
L’expression « pleurer comme une Madeleine » signifie « pleurer abondamment » et à chaudes larmes. Une émotion qui vous submerge, une envie incontrôlable de verser des larmes… beaucoup de larmes… Vous pourrez alors dire que vous pleurez comme une madeleine. L’expression est souvent employée pour désigner des pleurs excessifs et non justifiés.
La madeleine, en plus d’être un petit gâteau moelleux, est également le nom d’une pécheresse repentante, dans l’Évangile : Madeleine. Cette locution est apparue pour la première fois au XIIIe siècle avec la formule « faire la Madeleine » qui signifiait « affecter le repentir ».
C’est par la suite, au XIXe siècle, que l’expression a pris la forme « pleurer comme une Madeleine », utilisée par Honoré de Balzac dans son roman La Comédie Humaine.
À noter qu’au pluriel, on écrit « pleurer comme des Madeleine » sans accorder « Madeleine » puisqu’il s’agit d’un nom propre.
Origine de l’expression « pleurer comme une Madeleine »
Cette expression trouve son origine dans la Bible, faisant référence à l’histoire de Marie dans le Nouveau Testament.
Marie, de la ville de Magdala, en Galilée, nommée Marie la Magdaléenne ou Marie-Madeleine, était une ancienne prostituée. En apprenant la venue de Jésus à Magdala, Marie-Madeleine, envahie par le remords de ses actes passés, se présenta à lui. En confessant ses péchés, elle pleura tellement sur les pieds du Christ qu’ils furent arrosés de larmes, avant de les sécher grâce à ses cheveux. Jésus lui pardonna et Marie-Madeleine devint ensuite l’une de ses plus fidèles disciples.
Et voici, une femme pécheresse qui se trouvait dans la ville, ayant su qu’il était à table dans la maison du pharisien, apporta un vase d’albâtre plein de parfum, et se tint derrière, aux pieds de Jésus. Elle pleurait; et bientôt elle lui mouilla les pieds de ses larmes, puis les essuya avec ses cheveux, les baisa, et les oignit de parfum. Le pharisien qui l’avait invité, voyant cela, dit en lui-même: Si cet homme était prophète, il connaîtrait qui et de quelle espèce est la femme qui le touche, il connaîtrait que c’est une pécheresse.
La Bible, Le Nouveau Testament, Luc 7 : 37-39
Lors de la Résurrection, Marie-Madeleine fut la première personne à rencontrer le Christ. En sanglots devant le tombeau de Jésus, elle le vit apparaître et ce dernier l’interrogea sur ses pleurs. Suite à cette histoire, l’image de Marie-Madeleine pleurant aux pieds du Christ va perdurer, inspirant les grands peintres de la Renaissance.
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Elle devient alors une référence naturelle en littérature pour souligner le caractère inépuisable d’une crise de larmes. L’expression « pleurer comme une Madeleine » est ainsi peu à peu passé dans le langage courant.
Elle leva la tête en haut comme au ciel, et je vis ses grands yeux bleus mouillés comme ceux d’une Madeleine. Pendant qu’elle priait, il prenait le bout de ses longs cheveux et les baisait sans faire de bruit.
Alfred de Vigny, Servitude et grandeur militaires
Exemples d’usage de l’expression « pleurer comme une Madeleine »
Il ne revint pas pour dîner, et rentra fort tard. Je vous le jure, je restai dans ma chambre à pleurer comme une Madeleine, au coin de mon feu.
Honoré de Balzac, La comédie humaine
Moi, le désir d’apprendre m’a tenaillé quand j’avais seize ans. Une sorte de honte qui m’a pris. Je me sentais comme une bête, je devenais hargneux, je me cachais pour pleurer comme une madeleine.
Robert Sabatier, Les noisettes sauvages
Celui qui rit comme un bossu et pleure comme une madeleine a intérêt à boire souvent pour ne pas se déshydrater.
Pierre Perret, Pensées
Quand j’ai vu cela, j’ai pleuré comme une Madeleine. N’est-ce pas, madame Désirée ?
Romain Rolland, Jean-Christophe
— Quand je suis entrée, dit celle-ci, Madame m’a fait peur. Madame était toute blanche. Madame était comme morte. Christophe rit.
Actuellement t’es bouleversé… ça se comprend un peu…T’as chialé comme une Madeleine.
Louis-Ferdinand Céline, Mort à crédit
La comtesse avait repris son auguste sérénité ; elle se repentait presque de m’avoir dévoilé ses douleurs et d’avoir crié comme Job, au lieu de pleurer comme la Madeleine, une Madeleine sans amours, ni fêtes ni dissipations, mais non sans parfums ni beautés. La seine ramenée à ses pieds fut pleine de poissons : des tanches, des barbillons, des brochets des perches et une énorme carpe sautillant sur l’herbe.
Honoré de Balzac, Le lys dans la vallée
Nous, nous pleurons comme des Madeleine. Ça n’a pas d’importance.
Edmée Renaudin, Edmée au bout de la table
Le 17, le Pasteur fêta son soixantième anniversaire. Sa famille vint pour cela déjeuner avec lui, et nous allâmes le féliciter au dessert. […]. L’émotion du Pasteur et des siens fut incroyables. Il pleurait à chaudes larmes et, par contagion, nous nous mîmes tous à pleurer, comme des Madeleine, même Deloiseau le cynique.
Lucien Diamant Berger, Prisons tragiques, prisons comiques, prisons grivoises.
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