Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse : définition et origine
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Voici une expression qui ne manque pas de classe ! Utilisée par les fêtards, les mondains, les bambocheurs, l’expression « Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse » est une manière élégante de dire que peu importe les formes tant qu’on peut se bourrer la gueule ! Mais son sens premier était bien différent. Souvent, on ne se doute pas d’où vient cette expression. On vous aide ? Les explications ci-dessous.
Que signifie « Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse » ?
L’expression « Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse » est utilisée pour dire que peu importe la personne, le lieu ou n’importe quelle chose, tant qu’on l’aime ou qu’on se dédie à une activité qu’on apprécie. En résumé : peu importe l’objet de notre amour ou de notre plaisir, tant qu’on l’aime ou l’apprécie.
Par extension, puisqu’on parle d’ivresse ici, l’expression est souvent utilisée pour justifier la consommation d’alcool de mauvaise qualité. Peu importe si le vin est imbuvable, tant que ses effets sont là ! On le voit, d’une signification ayant trait à l’amour, l’expression est peu à peu passée dans les mains des alcooliques !
Origine de « Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse »
L’expression « Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse » est à attribuer à Alfred de Musset, dans La Coupe et les Lèvres (1831). Le poète romantique utilise cette expression dans une dédicace à un ami, positionnée en exergue de la pièce manuscrite :
Doutez, si vous voulez, de l’être qui vous aime,
Alfred de Musset, La Coupe et les Lèvres, Dédicace
D’une femme ou d’un chien, mais non de l’amour même.
L’amour est tout, — l’amour, et la vie au soleil.
Aimer est le grand point, qu’importe la maîtresse ?
Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse ?
Alfred de Musset conseille ainsi à son ami de ne jamais douter de l’amour, même si l’être aimé est l’objet, lui, de doutes. La formule « Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse ? » résume cette idée : peu importe si l’être aimé n’est pas parfait, tant que notre amour l’est.
L’analyse de l’usage des deux membres de cette expression montre qu’elle est de plus en plus populaire au fil du temps après la publication de la pièce de Musset en 1831 :
Exemples d’usage de « Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse »
Cette citation d’Alfred de Musset est passée à la postérité, et est utilisée dans la littérature comme dans les conversations de tous les jours. Voici quelques exemples.
Papa, tu aurais pu sortir les beaux verres, tout de même! Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait, vous connaissez la suite, plaisanta Isabelle.
Hervé Jaouen, Hôpital souterrain
Je sais bien qu’on m’objectera cette vieille rengaine d’Augier « Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse » Hé bien, Robert a peut-être l’ivresse, mais il n’a vraiment pas fait preuve de goût dans le choix du flacon !
Marcel Proust, À la recherche du temps perdu
Les infirmières n’ont vu que l’acteur. Qu’importe le flacon, pourvu qu’il y ait l’ivresse. La leur. Il y a adjoint un bocal de foie gras que nous ne mangerons pas tout de suite. Je le confie benoîtement à la surveillante générale pour qu’il se conserve dans le réfrigérateur de la salle de garde.
Antoine Blondin, Ma vie entre des lignes
Qui des deux lui avoue son amour, elle ne sait, mais, apparemment, cela lui est déjà égal qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse!
Anton Tchékhov, Œuvres