« Bienvenue », « bienvenu » ou « bien venu » ?

Sommaire

• Faut-il écrire « bienvenu » ou « bienvenue » ?
• Faut-il écrire « bienvenu » en un mot ou « bien venu » en deux mots ?

« Bienvenue mon ami. Tu es le bienvenu dans ma maison et en plus ta visite est bien venue ! »

Nous souhaitons quasiment tous les jours la bienvenue en français à quelqu’un. Mais il n’est pas rare de voir une erreur d’orthographe se glisser à l’écriture de ce mot.

Écrire « bienvenu » avec ou sans -e dépend du contexte de la phrase. De plus, lorsque nous séparons le mot en deux, alors c’est le sens qui diffère ! Il convient donc d’étudier les différences d’orthographe et de sens entre « bienvenue », « bienvenu » et « bien venu ». Bonne lecture !

Faut-il écrire « bienvenu » ou « bienvenue » ?

En français, on écrit « bienvenu » avec ou sans « e » en fonction du contexte de la phrase et du sens qu’on veut lui donner.

Règle 1 : lorsque « bienvenue » est en début de phrase alors on l’écrit toujours un -e. « Bienvenue » est alors une interjection qui permet de marquer la bienveillance ou une forme de civilité à l’égard d’une personne qui arrive.

Exemples :

Bienvenue dans notre nouvelle maison. Bienvenue les enfants !

Ils ont goûté au Feu de l’Illumination ! Bienvenue parmi les Péithologiens, nouveaux Poètes et Aventuriers !

Melissa de La Cruz, Bloody Valentine, dans la série : Les vampires de Manhattan.

Nadia commença d’abord à entendre, en boucle, un son qui disait : « Bienvenue aux nouveaux venus ! Bienvenue aux nouveaux venus !… », entrecoupé de messages incompréhensibles.

Pierre Hainzelin, Bienvenue au Purgatoire, 2014

Règle 2 : lorsque on souhaite la bienvenue à quelqu’un (un homme ou une femme), alors « bienvenue » s’écrit avec un -e (bienvenue est alors un nom commun au féminin).

Exemples :

On but de l’alcool de canne en l’honneur de D’Arrast, après que le maire, verre en main, lui eut souhaité la bienvenue et tout le bonheur du monde.

Camus, L’Exil et le royaume, 1957

Godeschal (…) n’était pas clerc à laisser se perdre la précieuse tradition de la bienvenue. La bienvenue est un déjeuner que doit tout néophyte aux anciens de l’Étude où il entre.

Balzac, Un Début dans la vie, 1842

… il le fit entrer à seize ans comme page chez le duc de Penthièvre. Pour sa bienvenue, le chevalier but avec les autres pages du duc tant de café et de liqueurs.

Anatole France, La Vie littéraire, 1888

Le train stoppa dans une clameur de joie et de bienvenue. On descendait, on était accueillis avec enthousiasme.

Van der Meersch, Invasion 14, 1935

Règle 3 : lorsque on dit de quelqu’un qu’il est le bienvenu dans le sens de « que l’on accueille avec plaisir, qui arrive à propos », alors « bienvenu » est un adjectif et s’accorde en genre et en nombre.

Exemples :

• Ton frère est le bienvenu dans notre association. (masculin singulier)
• Ta soeur est la bienvenue dans l’usine. (féminin singulier)
• Vous êtes les bienvenus. (masculin pluriel)

N’ayez pas peur de venir aux Jardies tant que vous voudrez, car quoiqu’on y travaille beaucoup, jamais vous n’y serez que bienvenue.

Honoré de Balzac, Correspondance, 1838

Sois le bienvenu. Reste, ami! ne te fais faute De rien. Quant à ton nom, tu te nommes mon hôte. Qui que tu sois, c’est bien! et, sans être inquiet, J’accueillerais Satan, si Dieu me l’envoyait.

Victor Hugo, Hernani, 1830

L’humidité avait été profitable, aussi Armstid a dit « Vous êtes les bienvenus chez moi. Vous pouvez la laisser là. »

William Faulkner, Tandis que j’agonise

L’analyse de l’usage des deux formes dans les livres et le journaux de Gallica montre que « bienvenue » au féminin est davantage écrit que sa contrepartie masculine « bienvenu » :

Faut-il écrire « bienvenu » en un mot ou « bien venu » en deux mots ?

Règle 4 : on écrit « bien venu » en deux mots pour exprimer l’idée « qui est effectivement venu » ou « qui se présente bien, qui arrive à propos ». Bienvenu(e) s’écrit toujours en un seul mot quand il s’agit de l’accueil d’une personne. Dans les autres cas, on a le choix entre l’écriture en un mot ou deux mots selon le sens qu’on veut donner à la phrase. En deux mots, « venu(e) » s’accorde en genre et en nombre.

Exemples :

• Une idée bienvenue (= qui arrive à propos, à point nommé)
• Une idée bien venue (= bien faite, élégante, habile).

Si les pages de ce livre se permettent quelque vers bien venu, que le lecteur me pardonne la discourtoisie de l’avoir usurpé moi-même par anticipation.

Jorge Luis Borges, L’or des tigres

C’est bien venu tout d’un coup, n’est-ce pas? Cela est venu tout d’un coup, vous n’êtes plus maître de vous-même.

Eugène Ionesco, Le Roi se meurt

L’analyse des occurrences des deux formes dans les livres numérisés de Gallica et la presse montre que le mot « bienvenu(e) » en un seul mot est beaucoup plus utilisé que « bien venu(e) » en deux mots :

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