« Réalistement » ou « réalistiquement » ?
Sommaire
Pas facile de choisir tel ou tel adverbe en français, et de ne pas s’emmêler les pinceaux avec leur orthographe ! Parfois, il est plus aisé de ne pas utiliser d’adverbe du tout, et de se contenter d’une périphrase pour décrire ce que l’on souhaite. Dans cet article, on s’intéresse à l’adverbe « réalistement » (de manière réaliste) et sa curieuse variante orthographique observée sur Internet « réalistiquement ». Bonne lecture !
On écrit « réalistement » ou « réalistiquement » ?
Règle : tous les dictionnaires officiels mentionnent « réalistement » mais aucune trace de « réalistiquement ». « Réalistement » est un adverbe qui signifie « d’une manière qui reflète ou vise à refléter la réalité ».
Le mot « réalistique » n’apparaît pas non plus dans les dictionnaires usuels, si ce n’est dans le TLFi qui le mentionne comme un terme vieilli et dans un emploi strictement artistique (lié au réalisme dans l’art et la littérature). Il n’y a donc aucune raison de créer l’adverbe « réalistiquement » à partir de « réalistique ». Il faut préférer le mot « réaliste » et son adverbe « réalistement ».
Exemples :
- Il observe la situation réalistement, avec toute la lucidité de l’expérience.
- Le portrait représente réalistement le premier Roi de France.
On observe que l’adverbe « réalistiquement » est utilisé à partir de la fin du XIXe siècle, bien que la forme « réalistement » soit bien plus populaire :
Exemples d’usage de « réalistement » et « réalistiquement »
Il importe de se poser un problème préalable et d’essayer de le résoudre. De copier réalistiquement une idée abstraite de tableau.
Jean Cocteau, Le Passé défini
Une fois de plus, j’assiste avec stupeur à cet incroyable sang-froid, coupé de larmes, qui les adapte réalistement à toutes les situations.
Philippe Sollers, Femmes
Le Quichotte exprime poétiquement, et réalistement, la tension de l’auteur et de l’Espagne tout entière, prise entre un Moyen Age dont on ne peut déjà plus rêver, et le monde moderne…
Alain-René Lesage, Histoire de Gil Blas de Santillane
Première vague, donc, celle que nous pouvons identifier au nom-symbole de Machiavel, soit ce qui est communément reconnu comme l’apparition d’une politique pure, une politique réalistement regardée en elle-même et sans autre fin qu’elle-même, hors de toute considération religieuse et morale.
Marcel Gauchet, La condition politique
Qu’on lise « Le Communisme à l’heure de la vérité » de Péju, qu’on lise Sartre, et qu’on interroge les progressistes de ses connaissances. Dépouillée de son attirail pseudo-dialectique, prosaïquement, réalistement, platement formulée, voilà leur thèse.
Claude Lefort, Éléments d’une critique de la bureaucratie