« Obnubiler », « obnibuler », « omnibuler » ou « omnubiler » ?
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« Il est resté obnubilé devant la splendeur de la nuit. »
Il y a certains mots français qui connaissent des déformations orthographiques de la pire espèce. C'est le cas de « obnubiler » qui s'est découvert quelques variantes sous forme de barbarisme : « omnibuler », « omnubiler » ou encore « obnibuler ». Comment éviter ces fautes d'orthographe ? Nous vous expliquons tout dans cet article. Bonne lecture !
Faut-il écrire « obnubiler », « obnibuler », « omnibuler » ou « omnubiler » ?
On écrit toujours « obnubiler » : le mot « obnubiler » vient du latin obnubilare, littéralement « couvrir de nuages. » Au sens propre, il signifie « faire disparaître, faire oublier » quelque chose, avec l'idée que les nuages présents dans son étymologie vont servir de voile. Au sens figuré, « obnubiler » signifie « priver de discernement, de lucidité, d'une manière obsédante. » En savoir plus sur les définitions d'obnubiler >
On n'écrira donc jamais
omnibuler,
omnubiler ou
obnibuler (inversion du -u et du -i). Une astuce consiste à partir de son étymologie, et de garder en tête le mot nube en latin (nuage). Pour expliquer cette confusion orthographique, l'Académie française évoque l'hypothèse de la rareté de l'usage du mot « obnubiler ». Les sages expliquent également que ce mot « présente une parenté sonore avec le terme plus familier omnibus », ce qui pourrait nous inciter à écrire les barbarismes omnibuler et omnubiler.
L'analyse des occurrences de ce verbe dans les écrits publiés depuis 1800 montre en effet qu'il était davantage utilisé au cours du XXe siècle, et que son usage aujourd'hui a tendance à décroître :
Enfin, les conjugaisons du verbe « obnubiler » au présent de l'indicatif sont les suivantes :
- j'obnubile
- tu obnubiles
- il obnubile
- nous obnubilons
- vous obnubilez
- ils obnubilent
Exemples d'usage du verbe « obnubiler »
Il eut contre lui cette malheureuse vanité qui parfois obnubile son orgueil et lui fait écrire des choses très regrettables.
Paul Valery, Lettres à quelques-uns
Et voilà. Ça y est. On y croit. Dur comme fer. Le prestige de l'écriture. Le ton assuré de l'écrivain. On est obnubilé.
Nathalie Sarraute, Les Fruits d'Or
Encore moins l'érudit Drion de nos jours admet-il que les fumées du vin de son ancêtre aient pu quelque peu obnubiler Ney le jour du combat.
Marguerite Yourcenar, Souvenirs pieux
Et Alain, obnubilé, crut voir glisser sur les fleuves ténébreux de l'enfer, l'âme courroucée d'une reine morte.
Jean Giono, Angélique
C'était bien là la besogne des démons, disperser ses pensées, obnubiler sa conscience, en l'assiégeant aux portes de la chair lâche et corrompue.
James Joyce, Portrait de l'artiste en jeune homme
L'allégorie est claire et pourtant on l'interprète toujours à contresens ceux qui, devant le tableau allégorique, se hâtent d'applaudir Beethoven, ne comprennent rien à son orgueil ; ce sont le plus souvent des gens obnubilés par la politique, les mêmes qui préfèrent Lénine, Castro, Kennedy ou Mitterrand à Picasso ou Fellini.
Milan Kundera, L'Immortalité
Vous avez désormais toutes les clés en main pour ne pas utiliser les paronymes et barbarismes du verbe « obnubiler » ! N'hésitez pas à poser vos questions en commentaire et à parcourir nos autres articles sur l'orthographe.
Jean Alphonse