Enculer les mouches : définition et origine de l'expression
Sommaire
Dans cet article, on s’intéresse à une expression particulièrement vulgaire mais qui fait partie de ces expressions populaires qui se distinguent par la créativité de leurs images en français. Que signifie l’expression « enculer les mouches » ? D’où vient-elle ? On vous explique ci-dessous.
Définition de l’expression « enculer les mouches »
L’expression « enculer les mouches » signifie qu’on parle beaucoup pour ne rien dire, qu’on pinaille, ergote, qu’on se montre tatillon pour pas grande chose, qu’on porte une attention excessive à des détails de moindre importance.
À noter que du fait de l’utilisation du verbe « enculer » (sodomiser), cette expression est d’un usage vulgaire.
Synonymes d’enculer les mouches :
- Pinailler
- Ergoter
- Tatillonner
- Perdre son temps inutilement
L’expression « enculer les mouches » se rapproche de « peigner la girafe », qui signifie effectuer une tâche longue, fastidieuse et inutile, ou « pisser dans un violon » qui désigne une action inutile qui n’aboutit à rien. On note aussi l’expression « discuter sur le sexe des anges » qui signifie qu’on perd du temps à débattre de choses sans intérêt.
Origine de l’expression « enculer les mouches »
L’expression « enculer les mouches » est composée du verbe « enculer », qui signifie (de manière vulgaire) « sodomiser », et de « les mouches », ces petits insectes qui volent à notre grand déplaisir au milieu de la maison.
L’association de ce verbe avec « les mouches » crée un effet comique. On voit bien que dans ce cas on emploie les gros moyens de manière inutile face aux minuscules mouches ! Ici, le verbe « enculer » fait figure d’hyperbole tant il est disproportionné par rapport à la mouche.
L’expression « enculer les mouches » apparaît au XXe siècle. Une analyse de l’usage de cette expression sur Gallica montre qu’une première occurrence apparaît en 1948, dans un roman de Jacques Panijel, La rage :
Inscrivez vous au Parcours Expressions & Proverbes
Découvrez chaque mercredi la signification et l'origine d'une expression ou proverbe francophone.
Ce n’est pas couper les cheveux en quatre, ce n’est pas enculer les mouches, ce n’est pas inutile, ce n’est pas absurde
Jacques Panijel, La rage
L’analyse des occurrences de l’expression dans les publications écrites montre qu’elle prend ensuite peu à peu son essor :
Exemples de l’usage de l’expression « enculer les mouches »
Ils s’entortillaient dans un vermicelle de déductions, balayaient tous les recoins de leur subconscient, les replis de l’âme, en sortaient des moutons et nodosités qu’ils examinaient au microscope, désintégrant jusqu’à la moindre amibe velue, coupant les poils d’aisselle en quatre, enculant les mouches à tel point qu’on n’en trouvait plus une dans toute la maison, que c’en était une véritable hécatombe et qu’on se disait que ça ne pouvait pas durer…
Jeanne-Marie Andrieu, La Faute à qui ?
Si elle comprend bien, traduit en français moderne, il lui reproche d’enculer les mouches. Lui, lorsqu’il dit « Je n’ai jamais souffert », il déclare qu’il n’a jamais connu de douleur morale.
Camille Laurens, L’Avenir
Alors je vais te dire ils vont se pointer dans ton restau un jour où ce sera plein de journalistes et de personnalités qui dégusteront du pinard en enculant les mouches, ou bien au cours d’un banquet d’étudiants en commerce bien propres sur eux, et ils vont commencer à jouer les malpolis, tu sais ?
Hervé Le Corre, Du sable dans la bouche
J’allais oublier je suis « infiniment reconnaissante » à mon copain Djordje Djuric, dit le Gros, qui joue à l’éditeur et qui, en ces temps de guerre, encule les mouches et veut bien faire paraître des livres sur la vie amoureuse de nos grand-mères.
Slobodan Selenić, Meurtre avec préméditation
Il y a deux façons d’enculer les mouches : avec ou sans leur consentement.
Boris Vian, Cantilènes en gelée
conjugaison d'aboutir!!! merci.