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Prendre ses jambes à son cou : définition et origine de l’expression

Savez-vous ce que veut dire l’expression « prendre ses jambes à son cou » ? Au-delà de son caractère humoristique, la formule interpelle par son originalité, et son apparente impossibilité physique — à moins d’être vraiment très souple, on imagine que vous aurez beaucoup de mal à « prendre vos jambes à votre cou » de manière littérale.

Pour faire la lumière sur cet amusant dicton, nous vous proposons, dans cet article, de dévoiler sa signification précise, ainsi que les racines historiques et culturelles qui l’ont façonné. Découvrons ensemble la définition et l’origine de l’expression « prendre ses jambes à son cou ».

Définition de l’expression « prendre ses jambes à son cou »

« Prendre ses jambes à son cou » est une locution verbale, qui signifie s’échapper rapidement d’une situation, souvent en courant, ou tout du moins de manière impulsive et précipitée.

Cette expression permet généralement de souligner l’ampleur de l’urgence, ou l’intensité de la peur qui motive cette échappée ; voire le caractère lâche de la personne qui décide de s’évader, plutôt que d’assumer ses responsabilités ou d’affronter le danger.

Diverses formules françaises traduisent également l’idée d’une fuite rapide :

Tout comme « prendre ses jambes à son cou », elles véhiculent l’image d’un départ hâtif, souvent pour se soustraire à une menace ou éviter une confrontation imminente.

Il existe également des expressions synonymes à « prendre ses jambes à son cou » :

Origine de l’expression « prendre ses jambes à son cou »

L’expression originelle, selon le lexicographe du XVIIe siècle Antoine Furetière, était « prendre les jambes sur son col ». Initialement utilisée vers 1618, cette expression signifiait simplement « se mettre en chemin » ou « partir en voyage ».

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La phrase faisait alors allusion aux préparatifs d’un périple, où l’on emporte avec soi ses biens les plus nécessaires, souvent dans un sac ou un baluchon porté en bandoulière. Un trait d’esprit de l’époque consistait à rappeler de ne pas oublier ses jambes, essentielles pour le trajet, dans ce sac porté près du « cou » (alors appelé « col »).

Une autre interprétation, attribuée au Bescherelle, suggère que l’expression pourrait se référer au jeu de quilles. Ces dernières, surnommées avec malice des « jambes », étaient emballées et transportées dans un sac à la fin de la partie. Ainsi, « prendre ses jambes à son cou » pourrait initialement avoir signifié emporter les quilles, dans un sac suspendu au cou.

Avec le temps, l’expression a évolué pour revêtir son sens plus spécifique de fuite rapide, illustrant l’idée que, dans l’urgence, les jambes semblent presque rejoindre le cou à cause de la vitesse de la course. 

On remarque que l’expression est devenue très populaire ces dernières années :

usage prendre ses jambes à son cou
Fréquence d’usage de « prendre ses jambes à son cou » dans les textes publiés depuis 1800. Source : Google Ngram / Gallicagram

Exemples d’usage de l’expression « prendre ses jambes à son cou »

Intriguée, j’ai cherché à voir où elle allait, mais elle s’est aperçue, sans doute, que je la suivais ; elle a pris ses jambes à son cou, et je l’ai perdue dans les petites ruelles qui montent à la Ville-Haute.

André Theuriet, Le Secret de Gertrude

« Te sauve pas, dit Gros-Louis. Je ne vais pas te manger. » Le monsieur allongea le pas, Gros-Louis se mit à boitiller derrière lui, en lui tendant le livret militaire ; le monsieur finit par prendre ses jambes à son cou et se sauva en poussant un petit cri de bête.

Jean-Paul Sartre, Le sursis

J’étais allé m’asseoir auprès d’elle ; je voulais lui offrir un bouquet de bluets que j’avais cueillis dans les seigles ; mais ses deux grands yeux se tournèrent vers moi d’une si drôle de façon, que je pris mes jambes à mon cou, et me sauvai en emmenant ma sœur par la main.

Jules Sandeau, Le Château de Montsabrey

Pendant des années, les O’Hara avaient vécu en mauvais termes avec la police anglaise, qui les suspectait de se livrer à un certain genre d’activité contre le gouvernement, et Gérald n’était pas le premier O’Hara à prendre ses jambes à son cou et à quitter l’Irlande au petit jour.

Margaret Mitchell, Autant en emporte le vent

Mais Pontis leur fit observer qu’en courant ils seraient remarqués, rappelés, peut-être, qu’il fallait, au contraire, s’éloigner lentement, en se dandinant, en regardant le ciel et l’eau ; puis, à un détour du chemin, prendre ses jambes à son cou, et faire le quart de lieue en cinq minutes.

Auguste Maquet, La Belle Gabrielle
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Nicolas Lafarge

Nicolas Lafarge

Nicolas Lafarge est rédacteur indépendant, et prête ses mots à différents médias et entreprises. Se décrivant volontiers comme « un geek avec une plume », il se sent dans son élément naturel lorsqu’il écrit sur des sites web tels que La langue française.

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