Un livre « a paru » ou « est paru » ?

Voici une question de grammaire française qui vous permettra de briller lors d’une soirée mondaine, ou simplement de passer un bon moment à analyser les subtilités de la langue française en lisant cet article !

Faut-il dire qu’un livre « a paru » ou « est paru » ? Si les deux auxiliaires peuvent être utilisés avec le verbe paraître, le sens diffère en fonction de qu’on utilise l’un ou l’autre. On vous explique tout ci-dessous.

On écrit « a paru » ou « est paru » ?

Selon le contexte et le sens de la phrase, on utilise l’auxiliaire avoir ou être. Parfois, les deux sont interchangeables.

On utilise l’auxiliaire avoir « le livre a paru »

Règle : selon l’Office québécois de la langue française, on utilise l’auxiliaire avoir avec le verbe paraître lorsqu’on veut insister sur une date de parution dans le passé.

Exemples :

• Il y a cent ans, cet ouvrage a paru et s’est trouvé dans toutes les bonnes bibliothèques d’Europe.
• Ce roman a d’abord paru dans une version numérotée sur papier glacé, avant qu’on en fasse un livre de poche.

Il reste des photos et un livre a paru en 2019 qui raconte tout ça « L’Île des enfants perdus » de Nicolas Chaudun chez Actes Sud.

France Inter, « L’Enragé » de Sorj Chalandon : qu’en a pensé Le Masque & la Plume ?

On utilise l’auxiliaire être « le livre est paru »

Règle : il est préférable d’utiliser l‘auxiliaire être pour signifier que le livre « est paru » depuis une date donnée et est disponible depuis cette date.

Exemples :

• Ce livre est paru à la rentrée littéraire de septembre 2023 et peut s’acheter dans toutes les bonnes librairies.
• Depuis que le dernier tome de cette trilogie est paru, on le retrouve dans toutes les devantures des librairies.

Écrit, courant 2023, le livre est paru le 15 février 2024 et se trouve disponible dans les librairies nantaises, aux éditions Beluga.

Ouest-France, Liza Kerivel est l’auteure d’un ouvrage pour enfants illustré et traduit en breton

Parfois les auxiliaires avoir et être sont interchangeables

Dans d’autres cas qui ne répondent pas aux deux règles ci-dessus, vous pouvez choisir entre l’auxiliaire avoir ou être, sans préjudice. Attention, conformément aux règles d’accord du participe passé, n’oubliez pas que l’accord ne se fait pas avec l’auxiliaire avoir et se fait avec l’auxiliaire être.

Exemples :

• Une version poche du dernier roman d’Orhan Pamuk a paru / est parue.
• L’annonce de ses obsèques a paru / est parue dans la rubrique funéraire du journal.

Si on analyse l’usage du verbe paraître avec l’auxiliaire avoir ou être, on constate qu’il est davantage utilisé avec l’auxiliaire avoir :

Auxiliaires avoir et être dans le cas d’autres sens de paraître

À noter enfin que le verbe paraître peut s’utiliser dans d’autres sens :

• Celui de « sembler, avoir l’air ». Il s’utilise alors toujours avec l’auxiliaire avoir. Exemple : Il nous a paru une bonne idée de partir plus tôt que prévu.

Pour frapper l’opinion, elles proposaient que des femmes, connues et inconnues, déclarent que personnellement elles avaient avorté. L’idée m’a paru bonne.

Simone de Beauvoir, Tout compte fait

• Celui de « se présenter, se montrer » (paraître quelque part) : dans ce cas on accepte les deux auxiliaires, même s’il semble que l’usage de l’auxiliaire avoir soit plus fréquent. Exemple : Il n’est pas paru / n’a pas paru à l’endroit indiqué pour le rendez-vous.

C’est peut-être cette qualité qui, plus tard, lorsqu’elle a paru dans le monde et qu’elle a osé parler, lui a fait jouer un rôle si brillant.

Stendhal, De l’amour

Vous connaissez tout des subtilités de ce point de grammaire qui occasionne bien des confusions. Si vous voulez explorer d’autres difficultés de la langue française, n’hésitez pas à visiter notre rubrique consacrée à l’orthographe.

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