« Avoir affaire » ou « avoir à faire » ?
« J'ai eu affaire à un bandit en me promenant hier soir. J'ai plein de choses à faire aujourd'hui. »
Il y a des expressions qui rentrent dans l'usage courant de la langue française mais on les utilise bien souvent à l'oral, ce qui peut entraîner quelques fautes d'orthographe à l'écrit ! Alors faut-il écrire « avoir affaire » ou bien « avoir à faire » ? On vous explique tout dans cet article. Bonne lecture !
On écrit « avoir affaire » ou « avoir à faire » ?
On écrit « avoir à faire » : il est possible d'écrire « avoir à faire » pour signifier qu'un travail est à réaliser. Vous utiliserez cette orthographe si vous pouvez remplacer l'expression par « avoir à réaliser (quelque chose) » ou « avoir à refaire (quelque chose) ».
Exemples :
Je m'en vais : j'ai à faire.
Henry de Montherlant, La Ville dont le prince est un enfant
Écoutez, mon petit, je n'ai pas le temps de chercher à comprendre, ni de dénicher des sujets de reportages humains et palpitants. J'ai à faire.
Lionel White, Tout ce joli monde…
Parfois nous croisions un homme vêtu de bleu dont aucune tache ne souillait la combinaison et qui semblait ne rien avoir à faire qu'écouter; c'était un mécanicien.
Jean Lartéguy, La grande aventure de Lacq
Cela fait jaser, c'est inutile, et vos parents, je le suppose, seront de mon avis. Que de préparatifs ils vont avoir à faire ! Marier une fille, c'est un remue-ménage !
Louise de Vilmorin, Les Belles amours
On écrit « avoir affaire à... » / « avoir affaire avec » : l'expression qu'on utilise généralement est « avoir affaire à » dans le sens de « être en rapport avec ». Il n'est pas rare que cette expression prenne une teinte acrimonieuse, exprimant par exemple une confrontation ou un duel entre deux personnes. On peut également utiliser « avoir affaire avec », plus neutre.
Exemples :
Non pas moi, dit Charles avec un embarras visible, car j'ai précisément affaire à cette heure-ci.
Balzac, Annette et le criminel, 1824
Je suis mortifié que votre départ soit aussi prompt ! J'ai affaire où vous allez; je vous aurais accompagnée.
Restif de La Bretonne, Monsieur Nicolas, 1796
Quoique Olivier eût souvent affaire avec lui, ils se voyaient très peu.
Rolland, Jean-Christophe, 1904-1912
Il n’aimait pas à avoir affaire avec les dvorovy, qu’il regardait comme des parasites.
Leon Tolstoï, Guerre et Paix
Je dois dire que, d'abord, elle m'étonna non seulement elle semblait avoir lu tous mes livres et les connaître par cœur, mais encore elle me fit des critiques si concrètes, si précises, que je sus avoir affaire à une professionnelle mystérieusement sauvée du grand cataclysme de l'édition et du journalisme modernes.
Philippe Sollers, Le Lys d'or
Zénon douta toujours si quelqu'un avait averti le prieur des Cordeliers, ou si au contraire celui-ci en offrant à un voyageur de monter dans son coche à Senlis savait avoir affaire au philosophe dont on brûlait sur la place publique un ouvrage fort controversé.
Marguerite Yourcenar, L'Œuvre au Noir
On écrit « avoir affaire de... » : Bien que cet usage soit vieilli, on peut écrire « avoir affaire de » dans le sens de « avoir besoin de ». Son usage est plutôt littéraire.
Exemples :
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... mais le duc de Bourbon, le duc d'Alençon et les jeunes seigneurs ne voulaient point des gens des communes, et disaient que ceux qui n'étaient point de leur avis avaient peur. « Qu'avons-nous affaire de ces gens de boutique? disaient-ils; nous sommes déjà trois fois plus nombreux que les Anglais.
P. de Barante, Histoire des ducs de Bourgogne, 1824.
Qu’ai-je affaire de l’estime de gens que je ne puis estimer ?
Gide, Feuillets d’automne, 1949
Confusion entre « avoir affaire » et « avoir à faire »
Le Grevisse montre que la graphie « avoir affaire » est apparue avec l'habitude. C'est pourquoi il est possible de voir écrit « avoir à faire » dans le sens de « avoir affaire ». Les deux orthographes peuvent donc se confondre et être utilisées sans préjudice :
Dans ces trois expressions [avoir affaire à; - avec; - de] l'usage est d'écrire affaire, en un mot, mais cette orthographe se fonde sur des habitudes prises plutôt que sur des raisons de sens. L'Office de la Langue française (cf. Figaro, 5 févr. 1938) acceptait avoir à faire à aussi bien que avoir affaire à. Pour Littré écrire avoir à faire de « ne peut être considéré comme une faute; car à faire ici convient mieux que affaire ». En fait, pour les trois expressions, il n'est pas rare de rencontrer l'orthographe à faire.
Grevisse, 1964, § 916-917
Exemples :
Il faut qu’il ait à faire à quelque vainqueur.
Saint Beuve, Port Royal, 1840 - 1859
Des enfants pataugent, qui portent un collier pour tromper les démons et leur faire croire qu’ils ont à faire à des chiens.
Morand, Rien que la terre, 1926
C’est ce que vit peut-être M. de Rebours, à qui il eut d’abord à faire.
Mauriac, Blaise Pascal et sa soeur Jacqueline, 1931
L'analyse des occurrences des deux formes dans les textes écrits depuis deux siècles montre toutefois que la graphie « avoir affaire » est plus populaire que « avoir à faire » :
Vous savez tout sur « avoir affaire » et « avoir à faire ». La première est la graphie à privilégier mais la deuxième peut encore être utilisée ! Vous pouvez maintenant découvrir nos autres règles d’orthographe.
Non…
« avoir affaire » est très vieilli (si jamais un jour ça s’est réellement dit)
et même l’expression j’ai eu à faire en elle-même est très datée…
Dans tout les cas on dit : j’ai eu à faire…
(d’ailleurs, on ne pourrait pas dire j’ai eu fort affaire face à des ignares…
« Avoir affaire » est une pure fantaisie (que certains ont peut-être employée dans le commerce, à une époque très ampoulée)…