« Saoul » ou « soûl » ?
« Après avoir bu du vin, je suis complètement saoul. Mon frère aussi est soûl. »
Nous continuons notre série sur les mots français à double orthographe. Dans cet article, on explique l'orthographe de « saoul » / « soûl ». Ce mot a également évolué avec la réforme de l'orthographe de 1990. On vous explique tout dans cet article. Bonne lecture !
On écrit « saoul » ou « soûl » ?
Règle : on peut écrire « saoul » ou « soûl », les deux formes sont justes.
Le mot vient du latin satullus, de satur (« rassasié ») et s'est peu à peu changé en « saoul » au XVIIe siècle. À partir du XVIIIe siècle on retrouve des occurrences de « soûl ».
La réforme de l'orthographe de 1990 propose d'enlever l'accent circonflexe et incite donc à écrire « soul ». Cette réforme n'est qu'une recommandation, on peut donc toujours écrire « saoul » ou « soûl ».
À noter qu'au féminin, le mot s'accorde en genre et en nombre, donc on ajoutera un -e : « saoule » ou « soûle ».
Définition (source) : Qui a mangé ou bu à satiété, qui est complètement rassasié, repu. Synonymes : aviné, pompette, ivre, bourré etc.
On peut aussi dire que quelque chose vous « saoul/soûl », dans ce cas, cela signifie : être dégoûté, fatigué de quelque chose ou de quelqu'un.
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L'analyse des occurrences des deux termes dans les oeuvres littéraires montre que l'ancienne forme « saoul » garde les faveurs des écrivains. Toutefois, la réforme récente de l'orthographe pourrait rendre plus populaire l'orthographe « soul », jugée plus simple :
Exemples d'usage de « saoul/soûl »
Quand elle [la vache] sort du pré, elle est déjà saoule, et elle mange, le long du mur, comme si elle crevait de faim. Sa mâchoire laborieuse ne refuse rien.
Renard, Nos frères farouches, 1910
Tu me reviendras le lendemain tout meurtri de ses caresses anguleuses et soûl de ses larmes, de ses petits bonnets ginguets, de ses pleurnicheries qui doivent faire de ses faveurs des averses !
Balzac, Cous. Bette, 1846
Le dernier soir [de la vie de sa mère], papa est rentré fin saoul, comme d'habitude.
Bernanos, Journal curé camp., 1936
Ma maîtresse est là, à côté, couchée et saoule d'absinthe. Je l'ai grisée et elle dort.
Goncourt, Journal, 1859
Ils étaient saouls comme des grives et, réveillés en sursaut ils ne savaient plus ce qu'ils faisaient. Si Jacques ne lui avait pas carrément enlevé le carafon des mains, monsieur Pierre aurait arrosé le corps avec du punch.
Jean Giono, Les Âmes fortes
J'use de ma permission de rire tout mon soûl, quand je vous entends parler sérieusement de cet ivrogne.
Renan, Drames philosophiques, Caliban, 1878
Vous savez désormais la différence entre « saoul » et « soûl ». Vous pouvez aussi prolonger votre lecture en parcourant le site et la section des autres petites règles d’orthographe.
Je suis surpris de l'amalgame qui est fait entre l'adjectif "soûl" (ou saoul) et le mot "soûl" employé substantivement avec les adjectifs possessifs "mon, ton, son, leur" et qui signifie "autant qu'on veut".
Par ailleurs, je suis d'accord avec l'observation de R Lejeune concernant le "e" final du verbe.